PAYS DU GIER

 

HISTOIRE DES BOURRELIERS - SELLIERS

 

 

Le bourrelier travaille grâce à certains déchets provenant des tanneries : la bourre, les poils, dont il garnit selles et colliers. Son travail concerne également les harnais, les bâches, les tabliers…Il est amené à travailler le cuir, mais aussi le bois, le fer, le cuivre, les grosses toiles et la laine.

Ce métier est donc nécessaire dans toutes les campagnes de France, du moins tant que le cheval et le mulet sont indispensables à l'agriculteur ou au marchand. Curieusement, nous n'avons trouvé aucun artisan de ce métier dans les documents dont nous disposons. Et pourtant, la présence de tanneries sur place limite le coût du transport ce qui justifie amplement la présence de ces artisans dans notre vallée.

Tout au plus sont cités un bastier, en 1528, à Rive de Gier et un maître bastier, Jean Grange, à Saint Chamond, au XVIIe siècle. On a vu l'importance des mulets pour le transport du charbon de terre, mais aussi des clous et des marchandises, en général, dans notre vallée, jusqu'au XIXe siècle. Ce silence est peut-être lié au trop grand nombre de bourreliers exerçant leur art dans le royaume. Pourtant, il en était de même pour les forgerons, les menuisiers et bien d'autres métiers artisanaux. Nous reviendrons sur ce sujet lorsque nous aurons trouvé d'autres sources d'information et … le temps de les exploiter !

A ce métier de bourrelier, on peut associer, par les outils anciens communs, ceux  de sellier, de maroquinier, de malletier… Au Moyen-âge, "si les vêtements et objets usuels étaient déposés dans des sacs de bon cuir de veau ou de mouton, doublés de bonne toile forte, il fallait par contre que tous les objets précieux (vaisselles d'argent, joyaux, etc…) et religieux soient enfermés dans des bouges (sortes de petites valises) confectionnées en bon cuir, avec trépointes et ourlets, bien cousues avec de la ficelle poissée et doublées de drap fin. Bouges et bougettes étaient encore d'emploi courant au XVIIIe siècle. De même, et encore au XIXe siècle, on accrochait à la selle deux sacoches, les fontes qui contenait l'indispensable pour le cavalier et le cheval1.

D'après les auteurs du livre "La Sellerie-Maroquinerie 1", ce métier ne semble pas accessible à tout le monde. Le postulant doit répondre à des critères physiques parmi lesquels :

- Aspect général : …être de taille normale et être capable d'un effort musculaire assez grand…le matériel est de dimensions uniformes, à l'intention de sujets normaux.

- Membres supérieurs : …Les articulations doivent être absolument intactes et une grande dextérité manuelle est obligatoire…tous les outils et machines sont conçus pour l'usage de la main droite.

- Membres inférieurs : Le maintien de la pince à coudre entre les jambes nécessite une conformation normale de ces dernières.

- Fonctions diverses : bonne vision, sensibilité du toucher et bon odorat.

- Contre-indications formelles : taille trop réduite ou nettement trop élevée, gauchers, trop grande moiteur des mains…1

Les critères intellectuels ne sont pas à négliger : l'attention, la mémoire visuelle et auditive, la compréhension rapide, une instruction générale du niveau du certificat d'études primaires ainsi que des notions plus particulières de dessin1.

Un dernier extrait de ce livre nous donne quelques précisions sur le mesurage de la peau :

Ne serait-ce que pour confirmer l'ancienneté de la Sellerie-Maroquinerie, nous rappelons que les selliers d'autrefois se servaient de l'empan pour mesurer les longueurs et du travers de doigt pour évaluer les largeurs.

Un empan comptait pour 18 à 24 cm et un travers de doigt pour 2 à 3 cm.

Il n'est pas rare de rencontrer encore chez certains vieux selliers de province, l'usage du pied, du pouce, et de la ligne.

Et jusqu'en 1941, il était normal que :

a)    Les cuirs plein suif soient vendus au poids ;

b)    Les bandes et collets soient débités au mètre carré ainsi que les cuirs nourris et les flancs ;

c)     Les peaux de chèvre, de mouton, de box soient calculées en pieds carrés ;

d)    Les peaux sciées minces soient négociées à la douzaine.

Actuellement [1949], certaines conventions obligent les négociants en cuirs et peaux à facturer leurs marchandises d'après les surfaces calculées en décimètres carrés.

Nous nous contenterons simplement d'indiquer la valeur des anciennes mesures.

a)    Mesures linéaires :

1 pied français   = 0 m. 324
1 pouce    "         = 0 m. 027
1 ligne     "         = 0 m. 00225
1 pied anglais    = 0 m. 3048
1 pouce   "          = 0 m. 0254
1 ligne    "          = 0 m. 00211

b)    Mesures de surfaces :

1 mètre carré =  9,5 pieds carrés français
                       = 10, 76      "          anglais

                                                            

Nous terminerons ce chapitre sur le mesurage de la peau en précisant que le compas d'épaisseur est très souvent utilisé à la réception des peaux pour en contrôler l'épaisseur et en permettre le classement avant l'utilisation1.

Bien que cet ouvrage, destiné à des apprentis, ait été rédigé largement après la période qui nous concerne, il nous est apparu intéressant d'en copier de larges extraits pour montrer la continuité de l'exercice de ces métiers au fil du temps. Les variations des équivalents en cm de l'empan et du travers de doigt montrent, également, les difficultés que devaient rencontrer les marchands et les artisans du cuir.

 

Bibliographie

1     P. Quef et E. Audrain, La sellerie – Maroquinerie, Editions Montély et CIE, Paris 1949