PAYS DU GIER
HISTOIRE DES TONNELIERS & BOISSELIERS
MERRANDIERS, DOLEURS, CERCLIERS…
Dans ce dossier, nous allons regrouper plusieurs métiers liés, à un moment ou à un autre, par des outils communs. D'un bout à l'autre, nous parlerons du tonnelier et de ses outils : ce sera la trame de ce dossier. Interviendront de loin en loin d'autres métiers exercés, aussi, par le tonnelier : le merrandier, le doleur, le cerclier et le boisselier.
En ce qui concerne l'histoire de ces métiers dans le Pays du Gier, on ne peut pas dire, une fois de plus, qu'ils aient intéressé nos historiens locaux. Un seul, récemment, a évoqué la présence d'un tonnelier à Saint-Chamond, en 1742 : les registres paroissiaux en témoignaient. Il faudra donc poursuivre des recherches dans ce type d'archives : une aiguille dans une botte de foin !
Et pourtant, la demande de récipients devait être grande : tonneaux, brocs, cuves, seaux… Sur le flanc nord de notre vallée, le nombre de vignerons était supérieur à celui des laboureurs. La lecture du registre de Saint-Martin-la-Plaine, de la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe en atteste. Sans doute, faudra-t-il faire des recherches comme pour d'autres métiers déjà abordés.
On sait, aussi, que les habitants du Bessat, durant les longs hivers, se transformaient en boisseliers, sans le savoir : ils fabriquaient des cuillers en bois, des mortiers à piler le sel et des tonnelets creusés dans la masse. La vie était très dure dans ces montagnes. C'était une façon de gagner quelques sous à une période de l'année où le sol était trop gelé pour être travaillé.
Pour preuve de l'existence des tonneliers dans notre vallée, nous avons eu la chance d'être appelés, il y a quelques années, pour vider ce qui restait d'un atelier de tonnelier, à Saint Chamond. Tout allait partir à la benne. Par chance, le propriétaire avait pour aide un de nos amis qui a eu la présence d'esprit de nous prévenir.
Pour terminer cette histoire bien courte, nous avons extrait quelques lignes du livre de G.TOUCHARD-LAFOSSE, "LA LOIRE", Les Editions du Bastion – SEPEC 2002. A plusieurs reprises, nous avons parlé des forgerons de notre vallée. D'autres dossiers nous permettent encore de les évoquer. En rapport avec le tonnelier, un forgeron célèbre fabriquait des rubans en fer pour réaliser des cercles de tonneaux :
"La population de St Genis-Terrenoire se livre à la fabrication de quincaillerie pour Saint- Etienne. Il existe depuis longtemps dans cette commune une fonderie pourvue d'un fourneau à réverbère : appareil qui a l'avantage de chauffer le fer plus également, de produire moins de déchets et de consommer moins de houille. Les propriétaires de cette usine, MM Neyrand frères et Thiollière, possesseurs de la forge de Lorette font fabriquer à St Genis-Terrenoire des rubans de fer pour cercler les tonneaux, d'après des procédés pour lesquels ils ont pris un brevet d'importation.
A Saint-Paul-en-Jarret, le nombre de fonderies est de cinq à six, et le produit plus considérable qu'à Saint-Genis…les rubans de fer descendent dans le midi ou remontent en Bourgogne et jusqu'en Champagne."
Vous voulez faire un tonneau ? Rien de plus simple ..!
- Trouver un beau chêne, de préférence dans la forêt de Tronçais, dans l'Allier, mais chaque terroir de vignoble a aussi son terroir de chênes âgés d'au moins 150 ans.
- Après l'avoir abattu, couper le tronc encore vert de la longueur des douelles et le fendre en quartiers à l'aide du départoir frappé avec une mailloche. Retirer le cœur et l'aubier avec un coutre : on obtient le bois merrain. Laisser sécher pendant 3 ans, à l'air libre.
- Ebaucher alors la douelle avec la doloire ; sur le banc d'âne, travailler la douelle avec une plane pour lui donner sa courbure transversale qui est contrôlée avec un calibre.
- La passer, ensuite, sur la colombe pour lui donner un chanfrein latéral.
- Réunir les douelles par leur partie supérieure : humidifier ce tronc de cône et le placer sur un feu. Les douelles, assouplies par ce traitement, vont pouvoir être courbées et assemblées à leur base grâce au bâtissoir.
- Préparer les cercles de fer en rivant les deux extrémités d'un ruban avec une bigorne et un marteau.
- Placer les cercles de fer pour maintenir les douelles entre elles à l'aide du traitoir, et de la chasse ou du sergent. Les cercles en châtaignier sont encochés avec le cochoir et le hachereau.
- Raboter les deux extrémités des douelles pour les égaliser, puis préparer le jable avec le jabloir, le chanfrein avec l'asse de rognage.
- Avec curette, affleuroir, guistre, plane, rabot, wabstringue…éliminer les aspérités du bois.
- Placer le fond préparé avec une petite doloire, à l'aide d'un tire-fond.
- Percer la bonde avec la bondonnière.
- Mettre votre marque avec le mandrin-capsuleur ou la rouanne.
Vous avez bien compris : en vous précipitant demain dans la forêt voisine, votre tonneau sera prêt dans plus de 3 ans. Si vous souhaitez y faire reposer le produit de votre vigne, veillez à réaliser un tonneau du volume qui convient. Et, surtout, ne pensez pas que de disposer du nom du tonneau va vous indiquer son volume qui varie d'une région à l'autre, pour ne pas dire d'une ville à l'autre.
A titre d'exemples, voici quelques noms : fût, pièce, feuillette, muid, pipe, tonne, foudre auxquels on peut faire précéder "demi-", et bien d'autres noms encore.
Quant aux volumes, ils varient énormément : le demi-muid correspond à 152 l, mais peut monter à 600 l ; la feuillette passe, plus raisonnablement, de 112 à 134 l ; la pipe, de 410 à 650 l…
Et si voulez voir des tonneaux gigantesques, jusqu'à 1 million de litres, rendez-vous ici
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Trois tonneaux de taille déjà respectable Bachole Sur la droite, on devine une cuve de foulage |
Baquet réalisé à partir d'un tonneau coupé en 2 Broc |
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Baratte Tonnelet monoxyle creusé dans la masse |
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Crochet de tablier de tonnelier |
FIN