HISTOIRE DE L'HABILLEMENT

 

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LA FRANCE

 

XVIe siècle

 

 

 

Notre histoire de l'habillement a, jusque-là, suivi une évolution de siècle en siècle. Une autre approche semble nécessaire, tenant compte des rois et des dates de leurs règnes. Bien souvent, en effet, la mode est à l'image de ce qu'en font rois et reines, eux-mêmes influencés par des critères économiques, politiques, scientifiques, technologiques ou, tout simplement, par des goûts personnels… Nous allons donc commencer ce chapitre par les vingt dernières du règne de Louis XI pour terminer avec la fin des Valois et la mort d'Henri III, en 1589.

L'iconographie de Louis XI en a fait un roi austère, pour ne pas dire sinistre. Pour sa défense, il faut considérer l'état financier de la France à son arrivée au pouvoir. En bon "père de famille", il a donc préconisé des économies : l'habillement en a fait les frais. Selon son conseil Philippe de Commynes, "nostre roy s'habilloit fort court, et si mal que pis ne se pouvoit ; et assez mauvois draps portoit aucunes foys, et un mauvais chapeau différent des aultres, une ymage de plomb dessus". L'idée de ce comportement est simple : donner l'exemple. S'habiller modestement, récompenser les gens habillés sans ostentation et de tissus simples limite les achats de draps fins, de soies, de velours venus de l'étranger et permet de diminuer la fuite de capitaux bien nécessaires à la France. Ce procédé a un retentissement beaucoup plus rapide et surtout beaucoup plus efficace que toute ordonnance somptuaire détournée depuis toujours. Louis XI ne s'est pas contenté de cette manœuvre. Il a en même temps réorganisé l'industrie textile pour produire sur notre territoire les tissus précieux jusque-là importés de Flandre et d'Italie. Après une bonne gestion de son pays, l'état des finances publiques et privées lui permet de revenir à des considérations plus royales, suivi en cela par les nobles, les ecclésiastiques et la bourgeoisie marchande. Le même  conseil écrit en cette fin de règne : "Il se vestoit richement, ce que jamais n'avoit accoustumé par avant et ne portoit que robbes de satin cramoisy, fourrées de bonnes martres ; et il en donnoit aux gens, sans que on les luy eust demandées". Chaque chose en son temps. Un bel exemple que l'on souhaiterait voir aujourd'hui encore..!

Le résultat de cette nouvelle industrie française est le luxe que l'habillement français retrouve, à l'image de celui des Bourguignons, pas encore français, riches des fabriques flamandes. "Ceste année [1467], les hommes se vestoient si court que leurs chausses leur valoient presque autant que s'ils avoient esté tout nuds et avec ce, ils faisoient fendre les manches de leurs robes et de leurs pourpoints de telle sorte qu'on voyoit leurs bras à travers une déliée chemise qu'ils portoient, laquelle chemise avoit la manche large. Dessus leurs longs cheveulx, ils avoient bonnets de drap d'un quart et demi de hault. Et les nobles et riches portoient grosses chaisnes au col, avec pourpoints de velours ou de drap de soye, et longues poulaines à leurs souliers, aussy longues qu'estoient leurs bonnets, et à leurs robes, gros mahoistres [bourrelet d'étoffe rembourré] sur leurs épaules pour les fayre apparoir plus fournis et de plus belle encolure ; et pareillement à leurs pourpoints lesquels on garnissait fort de bourre. Et s'ils nestoient ainsy habillés, ils s'habilloient tout long jusques en terre de robbes, et partant se vestoient tantost long, tantost court. Et n'y avoit si petit compaignon de mestier quy n'eust une longue robbe de drap jusques aux talons".

Le luxe des vêtements de dessus s'accompagne de celui de la lingerie, blanche, en fine toile que les élégants s'efforcent de montrer. Le procédé est simple : on taille tout ce qui peut l'être : robes, jaquettes, pourpoints, aux bras, puis aux épaules, à la taille, aux cuisses. C'est à cette époque qu'apparaît la braye proéminente qui deviendra la brayette, puis la braguette. Quant aux braies, elles deviennent une lingerie de dessous, ancêtres des caleçons. Dans le même temps, les cheveux s'allongent, souvent teints en blond, et sont recouverts soit d'un chapeau haut pointu, soit d'un chapeau à large rebord garni de fourrure. Quant aux poulaines, elles disparaissent en 1480 : Louis XI donne l'exemple avec des souliers arrondis ; les courtisans suivent en coupant l'extrémité de leurs chaussures pour donner des pantoufles becquues, en bec de canard. Pour l'hiver, apparaissent des chaussons plus ou moins hauts : les escafignons et les bottines. Il n'est pas rare que les deux chaussures soient différentes.

Le luxe vestimentaire des Bourguignons n'attire pas que les hommes. Les femmes s'inspirent en cette fin de siècle des modèles de leurs consœurs étrangères, sans délaisser complètement les vêtements du début du siècle. Apparaissent ainsi les robes sans queue, aux manches soit longues, larges et serrées aux poignets, soit courtes, dévoilant la chemise. Comme chez l'homme, les taillades dévoilent, à dessein, la lingerie. Le décolleté de la poitrine s'accompagne d'un décolleté dans le dos, tous les deux entourés d'une collerette de gaze, la gorgiase. Pour le couvre-chef, on porte toujours hennin ou chaperon, avec soit un voile très long à porter sur le bras, le couvre-chef à bannière, soit une bande de velours ou de gaze, le touret de front. Un moine cordelier décrit cette tenue, "signe que le diable a gagné le chasteau contre Dieu" : "La teste qui souloit estre cornue, maintenant est mitrée en ces parties de France ; et sont ces mitres en manière de cheminées ; et grand abus est que, tant plus belles et jeunes elles sont, plus hautes cheminées elles ont. C'est grant folie d'ainsi lever et hausser le signe de son orgueil. Je vois aultre mal à ce grand estendard qu'elles portent, ce grand couvre-chef délié qui leur pend jusqu'au bas par derrière. Par détestable vanité, elles font faire leurs robes si basses à la poitrine et si ouvertes sur les espaules, qu'on voit bien avant dans leur dos ; et si estroites par le faux du corps qu'à peine peuvent-elles dedans respirer ; et souvantes fois grant douleur y souffrent pour faire le gent corps menu. Et quant aux pieds, elle font faire les souliers si estroits qu'à peine peuvent-elles endurer, et ont souvent les pieds contrefaits, malades et pleins de cors."

Ces excentricités apparaissent donc vers 1470 -1480. Une personne échappe à cette mode, l'épouse de Louis XI, la reine Charlotte de Savoie, qui semble jusqu'à la fin du règne avoir préféré la simplicité et l'économie dans ses achats vestimentaires.

D'après les chroniqueurs, il semble que la paysannerie suit cette évolution, avec les restrictions financières et professionnelles qui s'imposent. Pour l'homme, chausses longues, plus ou moins ajustées, braies rappelant celles des gaulois, surcots dégagés, chapeaux de feutre, robes de draps de serge ou de futaine. Pour les femmes, la jupe longue est relevée par un cordon sous la ceinture pour le travail manuel, mais laissée libre pour monter à cheval.

 

1483 : Fin du règne de Louis XI. Les finances publiques se portent mieux, aux dépends des privées. Et pourtant, les achats de belles étoffes explosent à tel point qu'un projet de loi somptuaire datant de Charles VII ressort des tiroirs :"Après que le victorieux roy Charles Septiesme fut venu à bout de ses ennemys, il fuste présenté audict seigneur que, de toutes les nations de la terre habitable, il n'y en avait point de si difformée, variable, oultrageuse, excessive, ni inconstance en vestemens et habitz, que la nation françoise ; et que par le moyen des habitz, on ne coignoist l'estat et vacation des gens, soient princes, nobles hommes, bourgeois ou gens de mestier, pour ce que l'on toéroist à ung chascun de se vestir à son plaisir, fust homme ou femme, soit de drapd'or ou d'argent, de soye ou de laine, sans avoir esguard à son estat et vacation. Et à ceste cause, plusieurs bonnes maisons ont été mises à destruction et povreté par les bobans oultrageux des dicts Françoys : qui est au grand dommage de la chose publique, à laquelle il appartienct, selon droict, que les subjects d'icelle demeurent et soyent riches. Pour y pourveoir, ledict seigneur fust en plusieurs lieux conseillé de faire deffense de ne vendre draps d'or, d'argent, ni de soye, comme velours, satin, cramoisy, à personne quelconque, sinon aux princes et gens de sang royal, et aussy aux gens d'Église pour faire aournements, sur peine de confiscation desdicts habitz et soixante livres parisis d'amende. Et, au surplus, seroit ordonné que, de par le dict seigneur, seraient pourtraictz et baillez certains patrons et formes des vestemens et habitz que l'on porterait chacun selon son estat, avec deffense de non excéder lesditz formes et patrons".

Pas plus que son aïeul Charles VII, le roi Charles VIII ne signe cette loi. Il se contente d'une ordonnance somptuaire  déclarant que "l'excès de dépense en habitz estoit une offense envers le Créateur". De plus, les draps d'or et de soie sont interdits à tous, les soieries autorisées pour les gentilshommes justifiant d'un revenu déterminé, le velours réservé à ceux ayant le titre d'écuyer, avec risque de confiscation et d'amende. Comme d'habitude, cette ordonnance n'est pas respectée, en particulier par le roi lui-même.

 

 

       
 

                  Louis XI                                                     Charles VIII                                             Louis XII

 

 

 

     
 

                                               Anne de Bretagne                                          Marie de Bourgogne

                                     Fin XVe - début XVIe siècle                                            Vers 1480

 

 

Anne de Bretagne, doublement reine de France en épousant Charles VIII puis Louis XII, parvient à limiter certains excès tout en accédant aux désirs exprimés par les hommes - des vêtements plus longs -, et par les femmes - des vêtements moins serrés. Ainsi apparaissent les ancêtres de nos grands couturiers dont l'excentricité de certains projets n'a rien à envier à celles de nos contemporains. Seule différence, suivant leurs inventions, ils sont appelés gorriers, bragards, freluquets, frisques, fringants.

Pour l'homme, la robe est donc longue, traînante, portée sur les épaules, ouverte devant, montrant le pourpoint avec ses crevés (fentes) ; les manches sont fendues pour laisser passer les bras et peuvent être ornées de rubans ou d'aiguillettes. La mode change avec les guerres d'Italie : la robe disparaît, le pourpoint est très serré à la taille, armé de lames d'acier recouvertes de velours, les écrevisses de velours, à l'origine du corset de la femme. La chemise prend du volume entre pourpoint et haut de chausses et devient visible au niveau de l'encolure et entre pourpoint et hauts de chausse. Hauts de chausses à braguette, bas de chausses en mi-partie (étoffes, couleurs, décorations différentes) ont déjà été vus au cours du XVe siècle. Le chapeau, d'abord large, à bord relevé et plumet couché, recouvre une calotte, le bicoquet. Il s'allège, ensuite, en forme de mortier, orné d'une médaille, tandis que la calotte devient chapeau en soi ou toque à cheveux tirés. Les souliers, enfin, sont dits pattés, à semelle triangulaire, large au bout du pied.

Pour la femme, la reine donne l'exemple de la simplicité et de l'harmonie tout en accédant à la demande des courtisanes. La chemise est longue, en fine toile de Hollande ou de Bretagne (!), constituée de deux parties cousues sur les côtés et manches descendant aux poignets. La robe de dessous, cotte ou corset, est à manches étroites, évasées aux mains, ouverte devant en échancrure arrondie, ample des hanches aux pieds, avec queue, puis plus courte à partir de 1488. L'échancrure est cachée par la pièce maintenue par un lacet passant par des œillets. La gorgerette est toujours utilisée, nommée doulx fillet lorsqu'elle est en dentelle. De même, le demi-ceint est toujours en place pour recevoir une bourse, un épinglier et un couteau. La robe, vêtement de dessus, est ouverte au niveau de l'encolure, laissant voir lingerie et pendentif - la bague ! Longue, elle est relevée aux hanches avec les mêmes troussoirs. Le corsage est plat, ajusté à manches larges. De même, la ceinture est orfévrée. Le couvre-chef est soit une coiffe en cape, soit un calot de soie blanche, avec un tour de visage, la templette, soit un chaperon d'étoffes luxueuses ou de drap simple, noir pour les nobles, écarlate pour les bourgeoises. [La coiffure] "estait-elle que tout le front et la chevelure leur paraissoient, dont partie pendoit derrière entortillée, et l'autre leur couvrant la moitié de la joue descendoit près des espaules, en retournant joindre l'entortillure de derrière". Viennent en plus le chapelet ou patenôtres, le ruban à lier les cheveux, des anneaux aux doigts dont le signet ou cachet monté en bague. La mode italienne a franchi les Alpes comme pour les hommes. Ainsi la longue cordelière qui remplace la ceinture plate.

À la sagesse d'Anne de Bretagne, décédée en 1514, suivent la jeunesse et la fougue de la nouvelle reine, Marie d'Angleterre, qui apporte quelques rajeunissements  comme les cheveux en passe-filon - petites mèches tortillées en pointe sur le front – ou le chaperon fait en poupée - chignon.

1515 : la date historique la plus connue des français, la victoire de François 1er à Marignan. C'est aussi, depuis quelques années, la victoire de l'imprimerie qui diffuse des textes grecs et latins qui vont influencer les artistes de tout bord et les écrivains, à l'exception des créateurs de la mode vestimentaire. L'une des raisons avancées est la simplicité des vêtements de l'Antiquité dont la reproduction pourrait porter préjudice à l'industrie textile. Autre raison avancé, le goût du luxe du nouveau roi pour lui-même, mais aussi pour son entourage immédiat, hommes et femmes réunis en un même lieu pour créer la "cour". Et pour permettre l'accession à ce luxe, le roi donne non seulement des moyens financiers à ses courtisans, mais aussi des robes et parures, car " toute la décoration d'une cour estoit de dames". Il s'inspire de la mode italienne et utilise à l'excès les riches étoffes de la péninsule.

 

   

 
 

François 1er

À droite, toque ornée d'une plume d'autruche, chemise à encolure dégagée. Pourpoint à jupes et à crevés, manches bouffantes.

 

                                        

Ces dépenses inconsidérées de notre roi-chevalier devenu roi-courtois ont bien sûr des conséquences néfastes pour le trésor public. Une nouvelle loi somptuaire est signée en 1518 interdisant l'importation et la mise en vente des soieries de luxe. Tout marchand qui en détient doit les vendre dans les six mois à des princes ou à des ecclésiastiques, ou les rendre aux fabricants (!). En 1540, les étoffes de luxe sont taxées. En 1543, seuls les princes du sang ont le droit d'en posséder. Par contre, les femmes oubliées dans les textes en profitent. Une fois de plus, les lois somptuaires sont sans effet.

De l'habillement de cette époque, François Rabelais donne une description détaillée : "Les hommes étaient habillés à leur mode ; chausses, pour les bas, d'étamet ou serge drapée en écarlate, migraine blanc ou noir, pour les hauts, de velours, des mêmes ou bien très approchant, brodés et déchiquetés suivant leur invention, le pourpoint de drap d'or ou d'argent, de velours, satin, damas, taffetas, des mêmes couleurs, déchiquetés, brodés et accoutrés à l'avenant. Les aiguillettes des mêmes couleurs, avec les fers d'or bien émaillés, les saies et chamarres de drap d'or, drap d'argent, velours pour filer à plaisir ; les robes autant précieuses comme celles des dames ; les ceintures de soie des couleurs du pourpoint, et chacun la belle épée au côté, la poignée dorée, le fourreau de velours de la couleur des chausses, le bout d'or et d'orfèvrerie, le poignard de même ; le bonnet de velours noir, garni de forces bagues et boutons d'or, la plume blanche mignonnement partagée de paillettes d'or".

Quelques remarques. Trois vêtements de dessus, amples et courts, sont utilisés. La chamarre, ouverte devant, doublée de fourrure ou de soie, avec emmanchures bouffantes ornées de galons ou passementerie, est formée de bandes de soie ou de velours tenues par des galons, d'où le terme "chamarré". La casaque, paletot sans ceinture, fendue sur le côté, attachée par des cordelettes, descendant aux genoux, à manches courtes et larges, refendues, laissant l'avant-bras découvert. Enfin, la soie ou saie, dérivée de la cotte militaire passée par-dessus l'armure, ouverte devant, à manches larges. Le pourpoint est déchiqueté, c'est-à-dire tailladé, laissant voir le haut de la chemise à travers un décolleté bateau. Les hauts-de-chausses, séparés des bas,  sont bouffants, collants ou en velours tailladé - la mode est dite "aux crevés" -, de même couleur ; les bas-de-chausses sont en serge ou étamet, de couleur variable - on les dits "parties", de couleur différente pour chaque jambe -, parfois tailladés. Ils peuvent être en tonnelet, moulant la cuisse ou à la martingale formant la culotte à pont. La bréguette est proéminente "bien joyeusement attachée avec deux belles boucles d'or". Le couvre-chef est un  bonnet de velours noir orfévré ou une toque très large, puis petite, posée sur une chevelure longue derrière, courte devant, enfin rase pour copier le roi qui se fait raser suite à une blessure. La barbe devient coutumière, à l'image de celle du roi. Les chaussures deviennent plus légères : les escafignons décolletés, larges, renflés au bout du pied et les eschappins sans talons, fermés et tailladés.

Les femmes ne sont pas en reste pour Rabelais : "Les dames portaient chausses d'écarlate ou de migraine, et lesdites chausses montaient au-dessus du genou, juste de la hauteur de trois doigts ; et la lisière était de quelques belles broderies ou découpures. Les jarretières étaient de la couleur de leurs bracelets et serrées au genou par-dessus et par-dessous. Les souliers, escarpins, et pantoufles, de velours cramoisi, rouge ou violet, étaient déchiquetés à barbe d'écrevisse. Par-dessus la chemise, elles vêtaient la belle vasquine de quelques camelots de soie, et sur cette vasquine vêtaient la vertugade de taffetas blanc, rouge, etc. Au-dessus la cotte de taffetas d'argent, faite à broderie de fin or, entortillée à l'aiguille… Les robes, selon la saison, de toile d'or à frisures d'argent, de satin rouge, etc. En été quelquefois, au lieu de robes, elles portaient belles marlottes des étoffes susdites, ou des bernes à la mauresque. Et toujours de beaux panaches selon les couleurs des manchons, bien garnis de papillottes d'or. Les patenôtres, anneaux, jazerans, carcans étaient de fines pierreries. L'accoutrement de la tête était selon le temps : en hiver, à la mode française, au printemps, à l'espagnole, en été, à la turque".

Là encore, quelques précisions s'imposent, parfois avec quelques contradictions. La robe de dessus, à large décolleté carré, fendue devant, découvrant la cotte. À mi-siècle, le décolleté est recouvert par un tissu léger, la gorgerette, ornée de broderies de perles. Les manches en sac avec fourrure laissent voir la chemise serrée aux poignets. La chemise est en toile fine. Un corsage sans manches, serré à la taille, armaturé, deviendra le corset : c'est la raquine ou vasquine ou basquine. Vers 1540, apparaît un jupon cerclé, la vertugale ou vertugade, d'origine espagnole, qui s'élargit de la taille aux pieds. Par-dessus, vers 1530, vient la marlotte, un manteau mi-long, à manches rembourrées aux épaules, ouvert devant. À la même époque, un autre manteau, la berne, est assez mal défini : grand manteau rectangulaire venant d'Andalousie, posé sur la tête pour certains, drapé en apostolique pour d'autres, passant sous un bras et noué sur l'épaule opposée, sans manches, à grand collet retombant en arrière ou encore : casaque longue recouvrant une cotte ouverte sur la vertugade formée d'un drap d'or, d'argent ou de soie, visible, prolongé par un gros canevas invisible (pour des raisons économiques).  Le couvre-chef à la mode française est un chaperon de velours à queue pendante ou une crépine d'or frisée ; à la mode espagnole, une toque de velours couverte de pierreries et ornée d'une plume ; à la turque ou celle des dames de Florence, une petite coiffe de linon, assujettie sur le front et sur les tempes par des ornements d'orfèvrerie. Les chaussures sont larges au bout, crevées ou bridées sur le cou-de-pied. Viennent, ensuite, les accessoires habituels aux multiples appellations : éventoir à plumes ou beau panache, carcan, jazeran…et, surtout, la ferronnière, un bijou en forme d'anneau qui orne le haut et le milieu du front. Enfin, de très nombreux parfums comme l'ambre gris, le musc, le romarin, la civette, la rose, l'oranger, le chypre viennent embaumer l'atmosphère.

           

     
                                                                 La (belle) ferronnière : chaînette ceignant la tête  

 

                                        

   
 

La dame : chaperon, fraise tuyautée, corps piqué, manches bouffantes, vertugadin.
L'homme : fraise tuyautée, pourpoint à jupes ou basques, hauts-de-chausses allongés.

 

 

Si Rabelais était un médecin, un touche-à-tout, un créateur de génie, on ne peut pas dire que ses deux descriptions soient très claires. Nous avons essayé de les simplifier et de les compléter : il n'est pas sûr que nous y soyons parvenus. On peut dire qu'à priori, il n'y a pas de grand changement entre les derniers valois et le premier valois-angoulême. Pour certains, ce règne correspond pourtant à l'une des plus belles époques dans l'histoire du costume français, malgré quelques excentricités. N'oublions pas que c'est l'époque de la Renaissance, avec ses changements touchant la pensée, l'art, le bâtiment, les fêtes pour lesquels la richesse de la cour et de la bourgeoisie ont joué un grand rôle.

 

1547 : le roi est mort, vive le roi Henri II. Depuis la fin du premier quart de siècle, l'influence de la mode espagnole se fait ressentir. Est-ce en relation avec le mariage, en 1530, de François Ier avec la sœur de Charles Quint, Éléonore d'Autriche ? On peut se poser la question. À cela, il faut ajouter les goûts personnels du roi, attiré par les vêtements de couleur sombre, éventuellement réhaussée de fil d'or. La pondération est donc de rigueur sans rompre avec le bon goût et l'harmonie du règne précédent. Et quoi de mieux qu'une nouvelle loi somptuaire combattue par la maîtresse du roi, Diane de Poitiers, mais signée par le jeune roi en 1549. Elle concerne, dans le détail, tout ce qui concerne l'habillement, en particulier : "… tous boutons, ferrements, broderies, passements ont leur place fixée et doivent être de soie, l'or et l'argent réservés aux seuls boutons et fers de lacets ; le rouge cramoisi réservé aux princes et princesses, et pour les gentilshommes et leur femme autorisé dans un seul vêtement de dessous ; les demoiselles de compagnie de la reine ont droit à toutes couleurs, sauf le cramoisi, et celles des princesses ne porte que noir ou tanné ; les femmes de la classe moyenne ne doivent avoir de velours qu'en cottes ou manches, et leurs maris ne porter qu'un vêtement de soie, dessus ou dessous, et l'autre de drap ; les artisans et paysans n'ont droit ni à velours, ni à soie, même en accessoires ; les domestiques de grande maison seuls ont bouffants de soie et bandes de velours à leurs habits de drap" (voir le texte intégral en annexe).

Le détail du costume masculin nous est donné par une peinture, le portrait du roi Henri II, réalisé par Clouet : le pourpoint à collet droit devient vêtement de dessus, à manches larges, rétrécies au poignet, sans taillades ; une camisole à manches en satin s'intercale entre pourpoint et chemise ; la chemise à col rabattu, visible au cou et aux poignets ; une saie sans manche collant au buste, avec basques, ouverte devant, sans bouton ni garniture. Le surtout est un casaquin ou une cape à collet carré. Les hauts-de-chausses sont en culotte bouffante, souvent rembourrés de crin, hauts et bas tenant ensemble. Les chaussures basses sont en cuir, satin ou velours, avec crevés sur l'empeigne ; elles peuvent laisser place à des bottines d'étoffe ou à des grandes bottes. Les couvre-chefs sont soit des toques, soit des chapeaux à larges bords, les albanais. C'est à cette époque que le travail de la maille utilisé depuis le XIIe siècle intervient dans la fabrication des bas en soie ou en laine, dits de tricot. Cette appellation vient soit de la ville de Tricot en Beauvaisis, soit des bâtonnets, les tricots, qui permettent de réaliser ces tissus.

  

     
 

                                                      Henri II                            et la reine               Catherine de Médicis

                                      Costume sombre à filets d'or.                                        Le jour de son mariage
                      Pourpoint serré à basques. Hauts-de-chausse                Fraise sur collet droit manches bouffantes
                      bouffants, courts. Braguette encore volumineuse.                      aux épaules, puis étroites.
                               Cape. Souliers à empeigne tailladée.

 

 

 

     
 

                                                                              Catherine de Médicis
                               Elle garda cet habit de deuil                       Costume de deuil : fraise, coiffure en raquette
                                jusqu'à son décès, en 1589                                         corps piqué, gants

 

 
            

   
  Hauts-de-chausses bouffants, bas-de-chausses collants. Manteaux courts portés sur les épaules, non "enfilés", tenus par des cordelières, à manches rayées pendantes. Souliers à empeigne  tailladée.  

 

Le costume féminin est composé d'une robe tailladée devant et sur les manches, devenue montante, à collet relevé orné de fraise, dont la cotte est ouverte du haut en bas, sauf à la ceinture et au cou. L'encolure est entourée d'une collerette montante, brodée, godronnée. Le vêtement de dessous, visible, est à manches tailladées, des manches amples aux épaules, serrées aux poignets, surmontées d'épaulettes. Le couvre-chef, sur cheveux frisés aux tempes, est une toque, un chapeau ou chaperon couronné d'une pièce carrée qui se rabat sous les yeux, le touret de nez. Les souliers sont des escarpins sur patins à semelle de liège. Il semble que de cette époque date la tradition de la robe de la mariée blanche, à l'image de la robe de Marie Stuart pour son mariage avec le dauphin François.

Au roi éphémère François II, succède son frère Charles IX, en pleine crise des guerres de religions et auteur de nouvelles lois somptuaires toujours aussi inefficaces. Une fois de plus, ces lois autorisent à la cour ce qui est interdit au reste de la société. Montaigne le confirme : "La façon de quoy nos loix essayent à régler les folles et vaines despenses des tables et vestemens semble estre contraire à sa fin. Le vray moyen, ce seroit d'engendrer aux hommes le mespris de l'or et de la soye, comme choses vaines et inutiles ; et nous leur en augmentons l'honneur et le prix, quy est une bien inepte façon pour les en dégouster. Car dire ainsy qu'il n'y aura que les princes qui mangent du turbot et qui puissent porter du velours et de la tresse d'or, qu'est-ce aultre chose que mettre en crédit ces choses-là, et faire croistre l'envie à chacun d'en avoir ? Que les rois commencent à quitter ces déspenses, ce sera faict en un mois sans édict et sans ordonnace : nous irons tous aprez. La loi debvroit dire au rebours que le cramoisy et l'orfèvrerie est deffendue à toute espèce de gens, sauf aux bateleurs et aux courtisanes".  On retrouve là l'esprit et la sagesse de Louis XI et des souhaits toujours d'actualité, surtout en période de crise…

                                            

 

   
 

François II
Toque ornée d'une plume, fraise en dentelles. Pourpoint tailladé.

 

 

Dans ces lois, il y a également un côté paradoxal car les deux personnages régnants, Charles IX et Catherine de Médicis, ne partagent pas ce goût du luxe pour eux-mêmes, soit par dédain, soit par rigorisme de veuve. Ils ne le souhaitent que pour la cour, une cour qui se doit d'être étincelante et respectant une certaine bienséance vestimentaire. Ce goût du luxe a un effet direct sur l'artisanat : orfèvres dentellières, passementiers, tailleurs. Les innovations sont nombreuses : des montres enfermées dans des boîtes en forme d'œuf, les Œufs de Nuremberg, les montres plates suspendues au milieu de la parure, les poches dans les vêtements, réminiscences des ponches, puisettes ou pouches du XIIIe siècle qui remplacent, désormais, les escarcelles…

                    

 

     
                                                    Charles IX                          et la reine                    Élisabeth d'Autriche
                                   Costume sombre à fils d'or,                                            Fraise godronnée en dentelle
                               toquet à plume, fraise godronnée                             Guimpe du corsage en réseau de perles et de
                                                                                                              rubis sur gaze bouillonnante. Manches à crevés
 

 

   
  Charles IX : on retrouve la sobriété de son père : toquet à plume ;  fraise et collet droit ; pourpoint serré à la taille avec  
  basques ou jupe et manchettes tuyautées ; hauts-de-chausses courts et bouffants, cape ; souliers à empeigne tailladée.
 

 

Au début de ce règne, la mode ne change guère  pour les hommes et les femmes : L'homme a le buste serré, et le bas s'élargit à partir de la ceinture. Pour des motifs de sécurité policière, les chausses larges sont interdites - elles peuvent cacher des armes -, au moins pour un temps, ce qui donne lieu à de multiples formes aux appellations plus ou moins évocatrices : chausses à la marine, à la prêtre, à la matelote, à l'espagnole, à la flamande, à la napolitaine, à l'italienne, à la martingale. Les bas courts sont retenus par des jarretières, les longs sont dits d'attache car reliés aux hauts par des aiguillettes. Entre bas et hauts, des genouillères, les canons du XVIIe siècle. La cape est sans collet, dite à l'espagnole, ou à collet droit ou rabattu ou à capichon. Sous le nom de casaque, elle comprend des fentes pour passer les bras et des manches volantes après ces fentes.

Pour les femmes, la vertugade prend du volume. Le juppon cerclé espagnol est remplacé par un bourrelet circulaire donnant plus d'ampleur à la jupe à fronces, à tel point qu'il faut inventer une chaise dite "à vertugadin". Une fois de plus, cette anomalie vestimentaire fait réagir Montaigne :"Pourquoi les femmes couvrent-elles de tant d'empêchements les uns sur les autres les parties où loge principalement notre admiration ? et à quoi servent ces gros bastions de quoi les femmes viennent d'orner leurs flancs, qu'à leurrer notre appétit et nous attirer à elles tout en nous éloignant ?". À la fin du XVIe siècle, la vertugade prend la forme d'une roue ou d'un tambour plat sur lequel la robe s'étale. La robe habillée présente une queue très longue relevée pour la danse. Poitrine, cou et épaules sont entourés d'une collerette terminée par une fraise. A l'initiative de Catherine de Médicis, habituée aux promenades à cheval, nait l'amazone, une jupe longue, ample entièrement fermée permettant de mettre la jambe dans l'arçon. Pour se faire la taille fine, les femmes inventent le busc ou corps piqué, un véritable instrument de torture qui, selon Ambroise Paré lui-même, a pour conséquence "les costes chevauchant les unes par-dessus les autres". Réalisé en éclisses de bois, d'ivoire, de baleine ou de métal, cet "accessoire" est porté sous le pourpoint. Selon Montaigne, "Pour faire un corps bien espagnolé, quelle géhenne les femmes ne souffrent-elles pas, guindées et sanglées avec de grosses coches sur les costes jusques à la chair vive". Les chausses portent le nom de caleçon. La coiffure est constituée d'un réseau de rubans d'or et de soie et masque de velours pour les nobles : c'est l'escoffion. Un bonnet, l'attifet, est soutenu par des cercles de fer, les arcelets. Le noir du veuvage est institué par la reine avec, pendant deux ans le port d'un voile en cornette court aux épaules, et deux pans tombant devant jusqu'aux pieds, ainsi qu'une robe montante avec collerette droite dite barbe.

En 1574, Henri III succède à son frère Charles IX et le moins que l'on puisse dire est que les goûts entre les deux sont radicalement opposés. Le nouveau roi avait, en effet, "un goût indicible pour tout ce qui était le propre des femmes, à ce point que pas une des nouveautés qu'il introduisit dans le costume ne lui vint d'autre part que de ses études sur la garde-robe de la reine". Il en résulte un certain nombre de changements, très souvent extravagants et critiqués tant par les étudiants que par des écrivains reconnus comme Agrippa d'Aubigné. Outre ces goûts personnels, il faut noter, également, l'évolution de l'industrie textile française. Il n'est pas possible de donner ici la liste de tous les métiers concernés. Citons tout de même : mouliniers, tisserands, teinturiers, foulons, bonnetiers…et autant de marchands dans les différentes spécialités. Cela concerne surtout la soie, mais aussi le coton, et ce, sur tout le territoire national, avec la domination de Tours et de Lyon. En 1540, une ordonnance établit un véritable protectionnisme sur les tissus étrangers destinés à l'habillement en instaurant des taxes sur les entrées, entrées réservées à certaines villes, puis expédiées à Lyon qui perçoit les taxes. En 1572, l'exportation de matières premières textiles est interdite, de même que l'importation de l'étranger de draps, toiles, velours… Enfin, l'esprit "Renaissance" ouvre la voie à de nombreux échanges ou inspirations, notamment vestimentaires, avec l'empire Ottoman, la Mauritanie, le monde arabe, mais aussi des pays européens proches comme l'Espagne, le Provinces réunies, l'Italie, la Hongrie, la Pologne… Tout cela, avec un luxe jamais égalé, malgré les difficultés économiques et les guerres de religion.

 

   
                                                                           Henri III  

 

 

   
 

Marguerite de Valois, François d'Alençon, Henri III

Fraise, décolleté bas, taille serrée, robe ouverte pour Marguerite
Fraise, panseron à taillades, culotte et haut-de-chausses simulé terminant le panseron pour le roi.

 

 

 

   
    Bal à la cour d'Henri III
À gauche, le roi, la reine, la reine-mère : fraise, corps-piqué, manches bouffantes, vertugadin pour les dames ; pourpoint à pointe, fraise, hauts-de-chausses bouffants, courts pour les hommes.
 

 

Le pourpoint présente une bosse allongée, la pointe en bas, dite panse ou panseron rembourrée de coton, avec des manches pendantes à crevées. Le col, d'abord rabattu à l'italienne, devient, en 1578, collerette à tuyaux ou fraise godronnée, provoquant la verve des étudiants : "A voir la teste d'un homme sur ces fraises, il sembloist que ce fust le chef de saint Jean sur un plat" ou "A la fraise, on connaît le veau.". À l'origine, le collet droit du pourpoint ou de la robe qui laisse voir le col ou ruché de la chemise. Celui-ci grandit à partir 1550 pour devenir la fraise indépendante en 1575. Il semblerait que cet accessoire provienne des Indes ou de Ceylan où il protège les vêtements des cheveux huilés. Suivant le pays, les formes sont plus ou moins complexes. En France, elle est d'abord à un seul rang, ouverte devant, plus large que haute ; en fin de siècle, elle a plusieurs rangs, dite "à la confusion" ou du "collet monté", avec dentelle.

Les chausses ou grègues, d'abord bouffantes, dites à la grecque, deviennent courtes et collantes à l'image du caleçon des dames ; elles ne couvrent que les hanches et les reins : ce sont les culots qui dépassent à peine la basque réduite du pourpoint. D'autres, recouverts à la taille par un bourrelet, le lodier, descendent jusqu'au genou. La braguette disparaît. Le chapeau en pain de sucre devient un bonnet à aigrette copiant l'escoffion des dames : il s'inspire du toquet à la polonaise. La cape descend jusqu'aux hanches, ouverte et attachée sur l'épaule gauche. Les cheveux sont coiffés en raquette. Les souliers dérivent des pianelles italiennes, soutenues par des patins de Turquie. Le tout aux couleurs multiples. Mais il faut suivre la mode du roi pour être bon courtisan malgré le ridicule que l'on peut ressentir avec un tel accoutrement.

                                                    

   
  Large fraise godronnée, panseron, manches bouffantes,
  haut-de-chausse très court dit culot.
 

 

 

À la tête des femmes, l'escadron volant de la reine mère défend "leur mode" : robes à jupe fermée devant mais laissant voir le bas, très serrées à la taille avec corsage en pointe, vertugade, manches ballonnées et immense fraise remplacée par le col Médicis, un éventail de dentelle. Pour les cheveux, la coiffure en raquette est adoptée : raie au milieu et cheveux relevés sur les tempes, maintenus par un arcelet donnant au visage une forme de cœur. Le couvre-chef est une toque à aigrette ou un chaperon en forme de cœur dont la base avance sur le front et les côtés recouvrent le bouffant des cheveux, prenant le nom d'attifet, réminiscence du XVe siècle. C'est à cette époque que sont inventées les conques, voiles légers sur armature métallique, dressés sur la tête, enveloppant le dos : couvre-chef de veuve, mais pas seulement. Curieusement, et sauf exception, les femmes ne porteront plus de toques à partir de la fin du siècle et pendant près de 200 ans. Les souliers sont des mules plates de Venise ; les gants sont frangés et parfumés. L'éventail plumé, l'éventoir, est remplacé par une innovation du moment, l'éventail pliant.                                                                      

Si la mode des hommes a été influencée par les rois, celle des dames le furent par des maîtresses de rois comme Agnès Sorel, Diane de Poitiers ou par des reines comme Catherine de Médicis ou, mieux, sa fille Marguerite de Valois, la reine Margot à qui sa mère disait : "C'est vous qui inventez et produisez les belles façons".                                         

 

   
  Margot ou le miroir des courtisanes
  Collet rabattu, manchettes, corps piqué, chaperon
 

 

     
                   Marguerite de Valois, 1ère épouse d'Henri IV                                  Diane de Poitiers, maîtresse d'Henri II  

 

 

Jusqu'ici, nous nous sommes attachés à la mode des grands, de ceux qui ont le pouvoir. On trouve malheureusement une iconographie beaucoup plus importante pour ceux-ci.

La mode évolue aussi pour le petit peuple, bien souvent en relation avec les obligations et le besoin de confort ou de sécurité liés au métier.

 

 

     
                                              Atelier d'armuriers                                                                                Imprimeurs
            Tablier en cuir sur robe ou pourpoint à jupe pour les hommes,
                                   Cotte ample pour les femmes
 

 

   

       
                 Paysan vers 1500                                 Paysanne à la baratte                                      Paysanne au marché
       Blouse lâche avec ceinture.            Chaperon en drap, sur coiffure en raquette :               Corsage lacé, tablier
      Bonnet de feutre ou de drap                         elle suit la mode (1570)                               Grand chapeau de paille

        sur voile contre le soleil.                                                   
      Chausses serrés au genou
       par une courroie en cuir.
 

 

   
  Collecteurs d'impôts, greffiers et "imposables"  

 

L'économie générale du pays, publique ou privée, est mise à bas par les guerres civiles et religieuses. Des entreprises textiles, pourtant en pleine expansion dans les premières années du règne d'Henri III, sont obligées d'interrompre leurs activités. Les étoffes viennent dès lors d'Italie ou d'Espagne à des prix beaucoup plus élevés. Comme au temps de Louis XI, un siècle plus tôt, des restrictions vont s'imposer pour redresser les finances. Ce sera le rôle du futur roi, le premier des Bourbons, Henri IV.

Ces cent années, à cheval sur les XVe et XVIe siècles ont donc vu d'importants changements dans les différentes parties du costume. La difficulté pour suivre cette évolution est la conservation des appellations des vêtements qui sont modifiés. A l'inverse, il faut noter l'arrivée de nouvelles pièces, vêtements ou accessoires comme le caleçon ou l'éventail pliant.

Sur le plan de la compétitivité avec les pays européens proches, la France "…offre les variations séduisantes de l'élégance malgré les troubles et les violences… Sans imposer des lignes et des formes, le costume français introduit dans les autres pays un esprit de mobilité générateur d'ajustements nouveaux : c'est sous la Renaissance que se poursuit et se précise cette espèce de vocation d'adaptation et de refonte, déjà sensible depuis le Moyen-Âge, qui deviendra cet art des nuances propre au goût français en matière de costume".

La fin du XVIe siècle va constituer une période de transition avec le siècle suivant où le costume va prendre une toute autre forme.

 

 

ANNEXE

 

 

   
   
   
   

 

 
Bibliographie
G.G. Toudouze, Le Costume Français, Librairie Larousse, 1945
F. Boucher, L'Histoire du costume, Flammarion, 1983
M.Valtat, Le vêtement témoin de l'évolution historique et du mode de vie, édition SITAS
M.Zamacoïs, Le Costume, Voir et Savoir, Ed. Flammarion, 1936
N.Bailleux et B.Remaury, Modes et vêtements, Gallimard, 1995

Encyclopédie par l'image, Histoire du costume, librairie Hachette, 1924
Histoire de France, librairie Larousse, 1986
L'Histoire de la Civilisation, Ameublement, Costume, Vie privée, Librairie Armand Colin, 1926

Modes pratiques, Revue d'histoire du vêtement et de la mode

 

Sur Internet, nous avons découvert quelques sites, parfois très documentés, sans les exploiter.

 Le costume historique
 
OpenEdition journals

 Les costumes portés en France de 450 à 1850