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TAILLEUR DE LIMES

Nous avons vu dans l'Histoire des tailleurs de limes du Pays du Gier les outils nécessaires pour exercer ce métier. Nous les retrouvons, à leur place, dans cette photographie :

Nous ne disposons ni d'un billot creusé dans sa partie supérieure pour recevoir l'enclume, ni de l'enclume, de 50 à 80 kg (selon les auteurs), parallélépipédique avec un piètement évasé et une table munie d'une encoche pour recevoir le berceau.

Le berceau bien nommé doit recevoir l'enfant, en l'occurrence la barre de fer ou d'acier qui va subir la taille. Autant dire qu'il y a autant de berceaux que de formes de limes. Nous n'en avons qu'un qui devait servir à faire des tiers-points.

(Les deux fils métalliques permettent de fixer le berceau sur un panneau de bois pour nos expositions).

Après élimination de la chaux (anti-rouille) et graissage ou huilage, la barre triangulaire (dans notre cas) est placée dans le berceau. Le berceau peut être remplacé par une feuille de plomb ou d'étain posée sur l'enclume qui préserve des coups de marteau les stries déjà réalisées sur un premier côté.

La barre est maintenue par une courroie, comme on peut le voir sur la photographie ci-dessus.

Le tailleur prend un ciseau en acier pour réaliser les stries : il le maintient entre deux doigts, ou à l'aide d'un lacet en cuir, ou encore, si la lime est très courte, avec un étau à main, proche de celui qu'utilise le bijoutier ou l'horloger.

(Bis : Les rondelles de bois et les fils métalliques maintiennent les ciseaux sur le panneau d'exposition)

"Le ciseau doit être fait avec le meilleur acier possible, ayant du corps et du nerf, car son tranchant est très affilé et il faut qu'il résiste assez pour que l'ouvrier ne soit pas contraint à le repasser trop souvent, surtout pour qu'il ne s'émousse pas au milieu d'une course, ce qui est toujours un inconvénient qui laisse assez souvent des traces. Il ne faut pas que ce ciseau soit trop long ou trop évidé car alors il prend du fouet sous le coup de marteau… il faut que le coup porte toujours d'a-plomb."

Le tranchant est à deux biseaux symétriques ou dissymétriques, ce qui joue sur l'angle d'attaque, de 20 à 30°.

Il reste à frapper ce ciseau avec un marteau au manche court et légèrement courbé.

On devine sur le haut du manche du marteau n°3 la marque de la main du tailleur.

Marteau                                                                 Essonne           SOMBORN                       Fer L 6,7/6   tête 5 x 5 / 4,7 x 4,7   manche 29                        poids 2,650 kg

Ce dernier marteau mérite toute notre considération et son propriétaire certainement davantage. La deuxième photographie montre l'usure du manche, à la limite de la rupture, et l'empreinte laissée par la main de l'artisan. Cela explique sa mise en place sur un support spécialement fait pour lui.

Tous les outils sont en place. Il ne reste plus qu'à frapper le ciseau avec le bon marteau.

La lime que nous présentons aurait été taillée de cette façon. Nous laissons seuls juges les vrais connaisseurs ! Si c'est le cas, nous n'avons pas l'intention de compter le nombre de coups de marteau nécessaire pour la réaliser.

Lime ronde Loire L 52   diam. 3

Si cet article est court, il nous permet de découvrir des outils communs - enclume, marteaux, ciseaux -, mais de forme très particulière, qui ne laissent aucun doute quant à leur utilisation.

FIN

A.R.C.O.M.A.  NOS OUTILS ANCIENS DE TAILLEUR DE LIMES