LES MÉTIERS DU TEXTILE

 

 

LES OUTILS

 

 

DOCUMENTATION GÉNÉRALE

 

 

Dans ce chapitre, nous souhaitons présenter les instruments, les machines, les outils utilisés dans les différents types de fabrication des tissus au sens large du terme. La tâche n'est pas facile. Bien des documents sont protégés, en particulier ceux que l'on peut trouver sur Internet. Nous devons nous contenter de notre documentation, en particulier de livres, de cartes postales, de catalogues datant de plus de 70 ans pour respecter le droit de propriété ou d'auteur. Certaines photographies ont déjà été présentées dans des chapitres précédents : aucun commentaire ne les accompagnera.

 

1 PRÉPARATION DES FIBRES

De l'Antiquité au XIXe siècle

Les gravures montrent la nette prédominance des femmes dans les préparations des fibres.

 

   
                               Comment on filait et tissait dans l'Égypte ancienne : esclaves en train de filer au fuseau   

                                          

 

     
                                                                Réunion de plusieurs fils minces en un fil fort  

 

 

   
                                                      Veillée des fileuses à la quenouille et au fuseau  

 

 

   
  Fileuse à la quenouille et au rouet  

 

 

     
                                    Cahotage du lin                                                                               Broie (lin, chanvre)  

 

 

     
  Lin : peignage à la main  

 

Le peignage est réalisé avec des sérans ou cardes. Il produit des fibres qui seront transformées en fils et des déchets, l'étoupe, qui restent dans les peignes. Ces déchets ne sont pas perdus. Ils sont traités dans un nouveau peignage qui démêlent les fibres, les redressent et permet de les employer en filature.

 

À partir du XIXe siècle : mécanisation

Les femmes sont encore majoritaires, même si les machines utilisées deviennent de plus en plus lourdes et complexes. Les enfants sont également présents.

 

   
  Machine à broyer le lin  

 

       

   
  Machine à teiller le lin  

 

 

   
  Peignage mécanique du lin  

                                                        

 

   
  Machine à étaler (lin)       

     

  

   
  Banc à broches  

 

 

       
 

        Métier à filer                                  Métier à filer le lin au mouillé                            Métier à filer le lin au mouillé
        le lin à sec                                      (le fil passe dans l'eau chaude)                            (les bobines trempent dans un
                                                                                                                                            bain d'eau froide)

 

 

 

   
  Ouvrage et battage du coton (Industriel, fin XIXe siècle)  

 

   

   
  Carderie de coton  

 

 

   
  Doubleur étireur (coton)  

        

 

   
  Métier à filer type mull-jenny (coton)  

                    

Cette machine produit la torsion du fil. "Les bobines venant des bancs à broches sont placées sur des axes verticaux disposés sur un râtelier et autour desquels elle peuvent tourner librement. Le ruban F, en les quittant, passe à travers une première paire de cylindres lamineurs, qui par leur mouvement l'attirent et le font dérouler de la bobine. En sortant des cylindres lamineurs, il passe en A entre des cylindres étireurs, puis entre deux paires de cylindres lamineurs et étireurs qui le livrent à l'appareil de torsion. Celui-ci se compose d'une série de broches inclinées B, portées sur un chariot mobile, qui a la largeur du râtelier et peut s'en éloigner ou s'en rapprocher alternativement en glissant sur des rails. Les broches reçoivent d'un tambour T un mouvement de rotation très rapide ; sur ces broches, on fixe à frottement les bobines sur lesquelles doit s'enrouler le fil tordu, et l'on attache à chacune des broches le bout de fil sortant d'une paire de cylindres. Par le mécanisme de la machine, le chariot s'éloigne à mesure que les cylindres fournissent, et, pendant ce recul, les broches en tournant rapidement tordent le fil comme le faisait l'ailette du métier continu. Quand le chariot est arrivé à l'extrémité de sa course, il s'arrête : la longueur du fil qui a été livrée par les cylindres s'appelle "aiguillée". Pendant cet arrêt du chariot, les cylindres cessent de livrer. Il faut maintenant renvider sur la bobine l'aiguillée du fil ; pour cela, l'ouvrier repousse le chariot vers le bâti et agit sur une roue V qui fait tourner les broches plus lentement que tout à l'heure et produit le renvidage : pour que ce renvidage se fasse sur toute la hauteur de la bobine, il abat sur tous les fils une baguette de fer D qui les abaisse progressivement ; en même temps, un autre tringle E, placée au-dessous des fils, le soutient et maintient leur développement. Lorsque le chariot est revenu au point de départ, l'aiguillée est renvidée et le mouvement recommence. L'habileté de l'ouvrier consiste surtout dans le maniement de la baguette qui détermine le renvidage."

 

   
  Self-acting ou métier renvideur automatique  

 

Ce métier est automatique : l'ouvrier n'a qu'à régler son métier et à s'occuper des fils cassés.

          

 

     
                                  Carde à laine                                                                                            Peigne battant  

 


 

   
  Défeutreur-étireur (laine)    

 

 

   
  Peignage de la laine  

     

 

   
  Tirage de la soie  

 

 

   
  Torsion de la soie  

 

 

 

2 Instruments de tissage

Ce paragraphe concerne les instruments, les machines…qui permettent de réaliser un tissu au sens large du terme : drap, tricot, broderie, dentelle. Nous retrouverons des photographies déjà présentées dans les chapitres précédents, sans explication particulière. Les nouvelles photographies seront accompagnées d'un commentaire.

 

Les Métiers à tisser : fabrication des tissus et des tapisseries

Il n'est pas question de présenter ici tous les types de métiers utilisés dans le passé ou encore aujourd'hui. Chaque civilisation a inventé son propre métier : certains ont évolué dans le temps, d'autres plus simples restent toujours d'actualité.

Les tissus sont composés de deux types de fils : les fils de chaîne, disposés parallèlement à eux-mêmes suivant la longueur de l'étoffe, et les fils de trame perpendiculaires aux précédents, suivant la largeur. La chaîne subit des tensions plus importantes : les fils doivent donc être plus résistants.

          

 

     
  Métier à tisser de l'Égypte ancienne  

 

 

   
  Métier à tisser grec (VIe siècle av. J.C.)  

 

La tension sur les fils de chaîne est obtenue à l'aide de poids en plomb ou en pierre.

 

 

   
  Métier à tisser du Moyen-Âge (XIVe siècle)  

 

Le métier est entraîné par un ouvrier devant le métier. A vrai dire, nous n'avons guère de renseignements sur ces trois métiers. Les deux premiers semblent verticaux et donc dits de haute lisse, contrairement au troisième dit de basse lisse.

 

Avant de passer sur le métier à tisser, les fils de chaîne doivent être disposés parallèlement dans un appareil appelé ourdissoir.

 

   
  Ourdissoir  

 

Les fils des bobines passent à travers les dents d'un peigne qui, moyennant un déplacement vertical, les distribue sur un dévidoir animé d'un mouvement de rotation autour d'un axe vertical. Les fils s'enroulent parallèlement à eux-mêmes sans risquer de se mêler. D'un mécanisme artisanal ci-dessus, le XIXe siècle nous fait passer à un mode industriel.

                                                    

   
  Ourdissage mécanique  

                                  

La résistance des fils de chaîne est obtenue par un encollage ou parage qui les rend également plus lisses, notamment au contact de la navette. Cette technique est soit manuelle, soit mécanique et consiste à les faire passer dans un bain de pâte de farine et d'amidon. Après séchage à l'aide d'un ventilateur ou de tubes chauffés à la vapeur, ils s'enroulent sur un cylindre, l'ensouple. Les fils de soie ne nécessitent pas ce traitement grâce à leur résistance et élasticité naturelles.

 

   
  Encollage ou parage des fils  

 

Quant aux fils de trame, ils sont simplement enroulés sur des petites bobines, les canettes, qui sont véhiculées dans la navette. La machine utilisée est une canetière.

                             

   
  Navettes  

 

Nous avons vu qu'un tissu est constitué d'un entrecroisement de fils de chaîne et de trame. Celui-ci, appelé aussi "armure", peut se faire de très nombreuses manières. Pour les étoffes unies, il existe en cette fin de XIXe siècle 4 armures fondamentales : la toile, la batavia, le sergé et le satin. La batavia semble avoir disparu à notre époque et est considérée comme un sergé croisé. A partir de là ont été inventées des armures dérivées, composées, avec mélange de couleurs, de fibres… Nous ne verrons ici que le tissage de l'armure-toile, la plus simple. Pour une meilleure compréhension et, plutôt que de rédiger un résumé approximatif, nous copions le texte rédigé par Paul Poiré.

              

     
  Métiers à tisser       

    

Le métier (photographie de gauche, ci-dessus) est constitué d'un bâti en bois à l'arrière duquel est placée l'ensouple E. "Vers le milieu du métier, dans sa longueur, sont suspendus deux organes L1 L2, appelés lames. Chacune d'elles se compose de deux barres de bois reliées par des fils verticaux ou lisses ; au milieu de ces lisses se trouvent des anneaux ou maillons. Si l'on suppose que l'on numérote les fils de la chaîne en allant d'une lisière à l'autre, les uns seront pairs et les autres impairs. Chaque fil impair de la chaîne est passé dans un maillon de la lame n° 1, et chaque fil pair dans un maillon de la lame n° 2. A la sortie des lames, ces fils sont engagés entre les dents d'un peigne P, suspendu à un battant B, qui peut basculer autour d'un axe placé soit en haut, soit en bas du métier. Sur le devant du bâti  est un rouleau R, sur lequel s'enroulera l'étoffe au fur et à mesure de sa fabrication.

L'ouvrier, assis sur le devant du métier, pose les pieds sur deux pédales ou marches M, N, qui sont reliées aux lames par des fils et des leviers de différents noms et disposés de telle sorte qu'en appuyant sur la pédale M avec le pied gauche, on lève la lame n° 1 et l'on abaisse la lame n° 2 ; qu'en appuyant sur la pédale N, on fasse l'inverse. L'ouvrier a à sa disposition une navette, c'est-à-dire un outil en bois, qui a la forme d'une nacelle ; cette navette est creuse vers son milieu, et l'on y place une canette ou bobine sur laquelle est enroulé le fil de trame, qui sort par un trou ou par une fente latérale.

Le métier étant préparé, supposons que l'ouvrier appuie sur la marche M : tous les fils de rang impair vont se lever et ceux de rang pair vont s'abaisser ; il y aura ainsi deux nappes de fils de chaîne faisant entre elles un certain angle, comme le représente la figure théorique ci-dessous] :                                                              

                                                 

 

   
  Théorie du métier à tisser  

 

Tenant la navette de la main gauche, par exemple, il la fera glisser dans l'intervalle des deux nappes, perpendiculairement à la direction de la chaîne ; la trame se déroulera de la canette, et quand la navette aura parcouru toute la largeur des deux nappes, elle aura inséré entre elles une longueur de fil appelée duite. L'ouvrier cessant d'appuyer sur la marche M, les fils vont revenir à leur position primitive et la duite se trouvera prise entre les fils pairs et les fils impairs, mais sa direction sera plus ou moins régulière. Pour la bien fixer perpendiculairement à la chaîne, l'ouvrier amène à lui le peigne battant, dont les dents rencontrent la duite et la disposent perpendiculairement aux fils de la chaîne. Cela fait, il appuie avec le pied droit sur la marche N qui lève à son tour les fils pairs et abaisse les impairs ; dans le nouvel angle formé, le tisserand passe une nouvelle duite, et ainsi de suite, de manière à produire un entrelacement de fils de chaîne et de trame tel qu'un même fil de chaîne passe successivement au-dessus et au-dessous des duites successives. On voit cet entrelacement sur la figure [ci-dessus], où les fils de trame sont représentés par de petites baguettes horizontales. Le plus souvent l'ouvrier ne manœuvre pas la navette à la main : elle se trouve dans une boîte placée sur le côté du peigne battant, et en tirant une corde convenablement disposée, il met en mouvement dans la boîte un taquet qui, frappant sur la navette, la lance de droite à gauche ; elle arrive dans une boîte symétrique située à gauche, et il l'en fait sortir, à la duite suivant, par le même moyen".

Une fois de plus, le XIXe siècle apporte des modifications qui accélèrent la production et diminue l'emploi. Reprenons les explications de Paul Poiré : "Supposons qu'il s'agisse de faire mouvoir mécaniquement la chaîne, de la lever et de l'abaisser successivement : on dispose sur le côté du métier un disque R, composé de segments circulaires présentant des saillies H convexes ; un levier L est relié à la lame par l'intermédiaire de leviers A et B ; il peut osciller autour de son extrémité et porte un galet g capable de rouler entre les saillies des segments, qui sont d'ailleurs mobiles comme les pièces d'un jeu de patience, et que l'on peut juxtaposer de différentes manières.

                                           

 

   
  Tissage mécanique  

                                         

Sur la figure, la juxtaposition est faite pour produire l'armure-toile. En effet, quand le disque R tournera autour de son centre, le galet g parcourra les concavités C et les convexités H : il est facile de voir que, lorsque le galet montera sur une convexité H, la chaîne s'abaissera, et quand il descendra dans une concavité C, elle s'élèvera. Deux disques reliés chacun à une lame et mus mécaniquement détermineront donc le soulèvement des fils pairs et impairs. Si en même temps, une navette est lancée entre les nappes de fils soulevés et abaissés, à chaque mouvement des lames, une duite pourra être insérée : un peigne battant, mû aussi mécaniquement, viendra faire l'office du peigne employé dans le tissage à la main."

Il suffisait d'y penser…!

Ce n'est pas tout ! Les fils levés sont dits fils pris, ceux qui sont abaissés, fils laissés. Dans le cas de cette armature, on a donc la succession fil pris, fil laissé, fil pris, fil laissé… : l'armure-toile a pour rythme un pris, un laissé. Pour préparer le métier, l'ouvrier se base sur une mise en carte préparée par le concepteur de l'étoffe. Ce n'est autre qu'un damier où les bandes verticales correspondent aux fils de chaîne, les bandes horizontales aux fils de trame. À la première duite, tous les fils impairs sont pris : les carrés correspondants sont teintés en noir ou rouge, les pairs restant blancs. À la seconde duite, ce sera l'inverse, ce qui donne :

                                              

 

   
  Armure toile et sa mise en carte  

L'armure-toile, la plus simple, envisagée jusqu'à présent, permet de fabriquer mousselines, percales, taffetas, gros de Naples, pou-de-soie, marceline, foulard… : la différence réside dans la grosseur des fils.

 

L'armure batavia a pour rythme deux pris, deux laissés :

                                            

   
  Armure-batavia et sa mise carte  

 

L'armure sergé a pour rythme un pris, trois laissés :

 

   
  Armure sergé et sa mise carte  

 

Enfin, l'armure satin a pour rythme un pris, quatre laissés :

 

   
  Armure satin et sa mise en carte  

 

La machine est automatique : l'ouvrier, après l'avoir réglée, surveille et rattache les fils cassés.

   

   
  Atelier de tissage mécanique  

 

Pour des motifs plus compliqués, il faut multiplier les lames et les disques (jusqu'à 20, maximum) et disposer les segments comme il convient. Dans ce cas, pour faciliter le déplacement des lames, des ouvriers spécialisés, les tireurs de lacs, sont chargés de soulever chacun des groupes de la chaîne à l'aide de cordes préalablement disposées : un travail très pénible du fait de la position courbée des ouvriers.  Cette pénibilité est sans doute l'une des causes des recherches de Joseph-Marie Jacquard (1752 – 1834). Sa première invention, en 1801, concerne la fabrication des filets de pêche, suivie de peu par celle du métier qui porte son nom et supprime l'emploi des tireurs de lacs. L'emploi de ce métier est dans un premier temps source de mécontentements : de la part des tireurs de lacs qui n'ont plus lieu d'être, de la part des tisserands qui ne savent pas s'en servir. Ce n'est qu'à partir de 1812 que les industriels lyonnais plébiscitèrent cette machine.

 

     
  Métier à tisser Jacquard  

En L,L, les lissettes à l'extrémité desquelles sont suspendus des plombs pour les maintenir tendus ou les abaisser lorsqu'elles sont abandonnées par les griffes.

En b,b, le système de cordes qui produisent le mouvement de la navette. En C,C, le jeu de cartons ; en M, la marche qui soulève la griffe.

 

Nous avons vu dans le chapitre 3 consacré au tissage que cette invention était la résultante d'inventions préalables (le cylindre de J. Vocanson, les aiguilles de B. Bouchon et les cartes perforées de Falcon). Elle permet avec une seule pédale de faire lever un grand nombre de groupes de fils de chaîne. Revenons de nouveau sur les explications de Paul Poiré : "Chaque fil horizontal cc' de la chaîne est lié à un fil vertical ff', dit lisette, qui est suspendu à une tige métallique verticale tt, terminée à sa partie supérieure par un crochet C ou bec-de-corbin. Pour lever le fil de chaîne, il suffira que le crochet de la tige soit pris par la griffe j au moment où, appuyant sur la pédale unique P, l'ouvrier soulèvera cette griffe par l'intermédiaire du levier LL'. Mais si, à ce moment, le crochet était dévié de la verticale, il est évident que l'ouvrier pourrait impunément soulever la griffe et le fil de chaîne ne se soulèverait pas. Tout revient donc à trouver un moyen de dévier à volonté la tige à crochet.

 

   
  Organes essentiels du métier Jacquard  

 

Pour cela, cette tige traverse un anneau pratiqué dans une aiguille horizontale AA'. ; à l'extrémité A de cette aiguille est un ressort r qui, poussant l'aiguille, maintient le crochet dans la verticale ; supposons d'ailleurs que l'on puisse repousser l'aiguille de gauche à droite, le ressort va se comprimer et le crochet sera dévié. Il n'y a donc plus enfin qu'à trouver le moyen de produire ce mouvement. A cet effet une pièce de bois B est percée d'un trou dans lequel viendra se loger l'extrémité A' de l'aiguille, quand le fil devra être levé ; si l'on bouchait à ce moment le trou, l'aiguille serait repoussée et dévierait le crochet de la verticale. Il suffit donc de pouvoir à volonté boucher ou déboucher le trou en question ; c'est ce que font des morceaux de carton qui forment chapelet et qui sont les uns pleins, les autres percés d'un trou correspondant à celui du morceau de bois. Il y a autant de cartons qu'il y a de duites à passer pour l'exécution du dessin. Le chapelet des cartons se déroule par le jeu même du métier. Il est évident que lorsqu'un carton plein se présente en face de l'aiguille, le trou sera bouché et le fil correspondant ne se lèvera pas ; lorsque ce sera, au contraire, un carton troué, l'aiguille entrera dans le trou et le fil sera levé.

Supposons sur le morceau de bois autant de trous que d'aiguilles, et, par suite, que de fils de chaîne ; le jeu des cartons troués ou pleins divisera à un moment donné les fils de chaîne en fils baissés et en fils relevés."

Le perçage des cartons dépend du dessin à effectuer : c'est le travail du lisseur et du metteur en cartes.

 

À côté de ces métiers de tissage permettant d'obtenir des tissus, on distingue également des métiers de haute lisse et de basse lisse.  Ces métiers ne peuvent  travailler que selon l'armure toile pour réaliser des tapis ou des tapisseries. Les fils de trame recouvrent complètement les fils de chaîne.

Dans les métiers de basse lisse, les fils de chaîne sont quasiment à l'horizontale, permettant - sans obligation -  un travail à l'envers plus rapide, donc plus rentable. Ils nécessitent l'utilisation de cartons. Le nombre de lames peut aller jusqu'à 8 permettant de produire des tapisseries de plus de 3m de large : la taille de ces métiers est très variable, souvent très importante. Ils sont également utilisés pour la fabrication des rubans unis.

    

     
   Métiers de basse lisse (BnF – Diderot)  

        

A l'inverse, dans les métiers de haute lisse, les fils de chaîne sont verticaux. Le travail est réalisé de face et non à l'envers. Le dessin peut être reproduit sur les fils de chaîne ; dans ce cas,  les cartons ne sont pas indispensables. La taille de ces métiers est beaucoup plus réduite : un simple cadre peut suffire. D'utilisation plus difficile, ils servent aussi à fabriquer des rubans façonnés, à l'unité.                                                                                

     

   
  Métiers de haute lisse des Gobelins (BnF - Diderot)  

 

Nous en avons terminé avec ces métiers à tisser destinés à la fabrication de tissus, de tapisseries et de tapis. Il est évident que notre exposé n'est pas du tout exhaustif et ce sujet est donc loin d'être épuisé. Nous espérons simplement faire comprendre certains mécanismes.

En annexe, nous vous proposons une copie du catalogue non daté des établissements "Guillaume DIEDERICHS", installés à Ste Colombe-les-Vienne. Cette entreprise (1882 – 1938), d'abord consacrée au tissage, se spécialise en 1923 dans la construction de machines textiles. Elle sera l'un des premiers constructeurs mondiaux. Pour en savoir plus, voir l'article de Jérôme ROJON.

 

Les Métiers à tisser : fabrication des rubans

La fabrication des rubans est le fait des ribandiers ou tissutiers-rubaniers ou passementiers ou encore les ouvriers de la petite navette. Nous avons vu, ci-dessus, que les métiers de base lisse et de haute lisse permettent de fabriquer des rubans à l'unité, unis pour les premiers, façonnés pour les seconds. Compte-tenu de la demande pour la mode vestimentaire et l'embellissement des intérieurs, les passementiers devaient travailler durement : la production était très lente.

Comme nous l'avons vu dans la rubrique "Histoire des métiers d'antan", la révolution  pour ce type de tissage arrive avec le métier à la barre ou métier à la zurichoise. Il permet de réaliser jusqu'à 30 rubans simultanément. Son coût élevé et quelques privilèges royaux en limitent l'utilisation. Il n'arrive dans notre vallée que vers 1750.

Nous présentons, ci-dessous, un dessin et une photographie de ce métier. Ils sont extraits d'un livre rédigé par Claude LEBOIS (1845-1919), professeur de sciences, mais surtout à l'origine de l'enseignement technique. Ce livre "Les Métiers à tisser le ruban", écrit en 1899, évoque en détails la description, l'étude des mouvements et le réglage de ces métiers. En faire un résumé aurait été prétentieux et sûrement incomplet. Nous indiquons le lien pour nos lecteurs qui souhaitent en savoir davantage.

 

     

 

 

     
                            Métiers de passementier (Maison du passementier de Saint-Jean-Bonnefonds - Loire)  

 

 

   
                                        Métier de passementier : Le Tisseur stéphanois et son métier (carte postale)  

 

 

 

   
                                                      Métier de passementier (Mobilier National)  

                          

       
 

                                                                 Métier de passementier (Mobilier National)

 

 

     
 

                                       Métier de passementier : navettes et cartes Jacquard (Mobilier National)

 

 

Les Métiers à tisser :  fabrication des tresses et lacets

 

Nous avons déjà abondamment parlé de l'histoire de ces métiers dans le chapitre 3 consacré au tissage. Retenons deux noms : Perrault, qui fabrique le premier en bois inspiré d'un modèle allemand en fer et Richard-Chambovet qui développe cette industrie, copié en cela par de nombreux industriels de notre vallée du Gier et d'ailleurs…

Ces métiers sont composés d'un bâti en bois, de section carrée. Si la hauteur est toujours sensiblement la même, de 90 cm, la longueur des côtés varie suivant le nombre de fuseaux. Il est surmonté d'un renvidoir à roue autour duquel s'enroule la tresse au fur et à mesure de sa fabrication.

Pour chaque métier, le mouvement des canettes et du renvidoir peut être obtenu en tournant une manivelle dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Lorsque plusieurs métiers sont utilisés simultanément, on utilise la force hydraulique par l'intermédiaire d'une roue à augets qui entraîne des axes en bois, les ménards, reliés aux métiers par une poulie d'entraînement et une courroie en cuir. Cette source d'énergie qui nécessite une installation près d'une rivière est remplacée au XIXe siècle par des machines à vapeur, puis l'électricité.

 

 

     
                    Métier à tresses et lacets                                                       Renvidoir               Fuseaux et cannettes  

    

 

   
                                                                                    Poulie d'entraînement  

 

 

             
                    Poupée arbrée du sommet à la base, avec les canettes sur les fuseaux, les pompes et les engrenages  

 

Comme on peut le voir sur la photographie de droite, les engrenages nécessitent un graissage fréquent. Graisse et poussières donne cet encrassement qui demande un nettoyage fréquent et une attention toute particulière pour ne pas salir les tresses (métier présenté en l'état).

L'entrecroisement des fils se fait par la rotation en sens opposés de deux circuits de canettes qui circulent en zig-zag. Les fils s'entrelacent de façon oblique contrairement au tissage des rubans où les fils de la trame ou de la chaîne sont parallèles entre eux. Pour obtenir un cycle complet dans notre exemple, 8 tours et demi de la manivelle sont nécessaires pour que chaque canette revienne à sa place initiale.                                                                

                              

   

 

La mécanique elle-même comprend des "poupées arbrées" formées à leur base d'un engrenage et, au milieu et en haut, d'encoches, appelées ouches, dans lesquelles sont maintenus les fuseaux, supports des canettes.

A l'intérieur des fuseaux, on introduit un poids, la pompe, dont le grammage varie d'à peine plus de 1g à 50 grammes, en fonction du fil utilisé : une balance adaptée permet de le mesurer. La pompe a deux rôles distincts : d'abord, elle intervient dans la tension du fil ; ensuite, en cas de rupture de celui-ci, elle bloque le système tout entier. Dans ce cas, pour éviter que la pompe ne sorte du fuseau, celle-ci est munie d'un taquet d'arrêt fileté ou, pour les plus légères,  d'un taquet sur tige-ressort.

 

     
                                                               a : fuseau  b pompe et taquet d'arrêt c  

 

Le fil sort du fuseau par une fenêtre latérale rectangulaire "a", y revient par une autre fenêtre ronde "b", passe ensuite dans un anneau mobile "c" dépendant du fuseau, puis dans un anneau de la partie supérieure de la pompe "d", revient dans l'anneau mobile "e" et, enfin, ressort par le haut du fuseau "f".

       

   
 

                 Fuseau et pompe  
Parcours du fil depuis la cannette a, b, c, d, e, f

 

 

Les fils sont alors guidés par deux crochets métalliques, les cornes, et s'entrecroisent grâce au déplacement en zig-zag des fuseaux, formant la tresse ou le lacet qui se déplace sur un bec à rouleau ou à poulie, un emploi (tambour à surface rugueuse : papier verré ou peau de poisson) et, enfin, sur le renvidoir.

  

 

     
                                 Emploi (peau de poisson)                                                                Emploi (papier verré)  

 

 

 

       

 

       

 

       
 

 Suivre la flèche blanche : aller-retour de la cannette jaune, de droite à gauche, puis de gauche à droite.

                                                    Une photographie pour un tour de manivelle.

 

 

La production de ces métiers en bois ne dépasse guère 8m par heure.

Il nous est difficile de rentrer plus avant dans la technique de ces métiers. Suivant l'assemblage et le nombre de fuseaux (pair ou impair), suivant le nombre d'encoches sur les poupées arbrées…, on obtient une tresse tubulaire, avec ou sans âme (bourre de coton à l'intérieur de la tresse) ou plate. Les métiers sont dits ouverts, Damier, fermés, retour. Pour en savoir plus, se reporter à "L'atelier de tressage"  ou au site de l'entreprise "GAUTHIER Fils".  

Nous conseillons également la visite de la "Maison des tresses et lacets", à la Terrasse-sur-Dorlay (Loire), à environ 25 km de Saint-Etienne.

Pour finir, un petit détail sur les laceteuses et leurs habitudes alimentaires.

 

 

   








 
                                                             Ouvrière laceteuse au travail (carte postale)  

 

 Toujours dans ce même article, nous vous proposerons prochainement une documentation sur les outils des "Ouvrages de dame" selon la maison Sajou !

 

 

Les instruments du tricotage

Le matériel nécessaire pour la réalisation d'un tricot est simple : des petits bâtons. À l'origine, ils sont en os, en bois, en bronze. Au Moyen-Âge, ils sont en acier et, à partir de la fin du XIXe siècle, en celluloïd. Ils sont communément appelés aiguilles ou broches à tricoter.

                       

   
 

   A Broches en acier, pointues aux deux bouts (5 par jeu) ; B Broches en os, avec boule (2 par jeu) ; C Protège-pointes.

 

 

Une nomenclature précise s'est imposée, vraisemblablement au XIXe siècle. Suivant le travail à exécuter, on distingue, au début du XXe siècle :

- les aiguilles en acier (nickelé ou non), pointues aux deux bouts, en trois longueurs : 19,5, 22 et 28 cm. Les plus fines sont numérotées de 8 à 1, puis 0, 1/0, 2/0… jusqu'à 12/0 pour les plus grosses. De 3 à 6/0, elles servent pour la réalisation des manchettes et des bas.

- les broches d'acier, avec boule d'acier, d'une longueur de 3 ou 40 cm. La numérotation des plus fines aux plus grosses va de 24 à 12. Elles sont utilisées pour la réalisation des fichus.

- les broches en os, avec boule ou à deux bouts pointus se font en 20 et 22cm. La numérotation des plus fines aux plus grosses va de 1 à 11. Elles servent à tricoter la laine.

- les broches en buis avec boule mesurent 40 cm de longueur. La numérotation est la même que pour les broches en os. Elles permettent de réaliser des ouvrages de grande dimension : jupons, gilets…

- les broches en celluloïd se font en toutes longueurs et diamètres. La numérotation est la même que pour les deux précédentes.

 

   
                                          A à E : position successive des aiguilles ; F Montage des mailles tricotées  

 

Il faut attendre la fin du XVIe siècle pour qu'apparaisse la première machine à tricoter et passer de l'artisanat à l'industrie. Mais le tricotage est resté une distraction pour de nombreuses maîtresses de maison et leurs filles.

 

Les instruments de la broderie

La broderie nécessite un matériel peu important : un métier et des aiguilles ou des crochets.

Le métier de base est le doigt : "l'étoffe est maintenue à droit fil sur l'index, le contour du dessin tourné vers la brodeuse. Il est cependant préférable de bâtir l'étoffe à broder sur de la toile cirée, ou de la molesquine, ou mieux, s'il s'agit d'un travail compliqué et délicat, de la monter sur un métier à broder".

Le métier à broder sert à tendre l'étoffe. Le plus simple, dit au tambour, est composé de deux cercles concentriques pénétrant l'un dans l'autre, entre lesquels on met le tissu à broder. Pour les ouvrages plus importants, on utilise un métier châssis, monté sur pied ou non, constitué d'un cadre rectangulaire "composé de deux traverses principales  qui en forment les côtés et dont les extrémités ont des ouvertures faites pour y passer des règles plates perforées nommées lattes. Celles-ci constituent le haut et le bas du cadre et servent à maintenir l'écartement des traverses ; à cet effet, les lattes sont percées de distance en distance de petits trous, dans lesquels on enfonce des chevilles. Sur chacune des traverses se trouve clouée une bande de coutil destinée à tenir l'étoffe à broder. On coud en premier lieu, sur deux côtés opposés de cette étoffe, un ruban de fil, de 3 à 4 centimètres de large (spécial pour cet usage), légèrement froncé. On coud ensuite chaque côté resté libre sur le coutil d'une traverse. Si, l'étoffe étant étendue, les traverses sont écartées de plus de la longueur des lattes, on l'enroule sur une des traverses, broderie en-dessus, jusqu'à ce que les lattes puissent maintenir l'écartement des traverses. L'étoffe se trouve ainsi tendue dans un sens. Pour tendre dans l'autre sens, on prend une ficelle, que l'on passe alternativement dans le ruban de fil (par quelques trous que l'on y fait à cette intention), et autour de la latte d'une traverse à l'autre."

                                                

   
                                                                         Métier châssis et Métier tambour  

 

Les aiguilles sont dotées d'un chas très allongé, ce qui permet l'enfilage des soies floches (à brins non moulinés). Pour certaines broderies, on emploie les aiguilles dites harness dont la pointe est arrondie, le chas rond avec gouttière et la tige assez fine.

                                                     

   
                                                                                      Aiguilles à broder  

 

Certains types de broderie exigent l'utilisation d'aiguilles ou de crochets  particuliers. C'est le cas de la broderie bouclette et de la broderie haute laine. Elles permettent de réaliser soi-même (!) des tapis, des coussins de pied, voire même de grandes carpettes.

                                                

   
                                           A Crochet pour broderie haute laine  -  B Aiguille pour broderie bouclette  

 

Le crochet sur métier permet de réaliser la broderie dite de Lunéville, pour exécuter le point de chaînette, ou pour coudre les perles et les paillettes. Il nécessite un dé spécial, formé d'une feuille de laiton enroulée, qu'on peut passer dans n'importe quel doigt, ouvert et biaisé en haut, entaillé par une petite encoche qui se place au-dessus de l'angle. Le fil doit être fortement tordu pour ne pas être divisé par le crochet. Cette pratique a été abandonnée au profit de la machine à coudre, plus rapide, pour le point de chaînette.

 

   
 

                                            A Position des mains pour l'exécution du crochet sur métier   B  Crochet

 

 

Nous avons vu dans l'histoire des métiers du textile l'engouement pour la broderie et l'apparition dès le début du XVIe siècle de catalogues de broderie. Pour tracer les dessins, on peut utiliser un festonneur à roulettes constitué d'une roulette de caoutchouc sur laquelle est gravé en relief le dessin, d'une roulette "encreuse", le tout fixé dans un appareil à manche. "Ces roulettes ne peuvent servir à dessiner des dessins formant des carrés ou des rectangles (mouchoirs, taies d'oreiller, dessus de plateau). Dans ce cas, on emploie de préférence, à défaut de nombreux décalquables donnés par la Mode pratique et la Corbeille à ouvrage, des plaques de cuivre découpé ou un dessin piqué, et de la poudre à poncer qu'on fixe à l'aide d'un fer modérément chaud".

 

   
                                                                                    Festonneur à roulettes  

 

    

   

 

 

   

 

 

Les instruments de la dentellerie

Le "métier" lui-même est souvent le reflet d'habitudes locales :

- le métier du Velay ou d'Auvergne, le plus connu et le plus utilisé autrefois : un pupitre recouvert de toile curée, un cylindre tournant et rembourré, garni de flanelle blanche sur lequel on tend le carton "piqué" ou "modèle".

- le métier saxon  ou manchon : cylindrique, il doit être posé dans une corbeille plate ou calé sur une table entre deux objets (!). Il peut être fabriqué par la dentellière avec une toile de coton, du carton, de la sciure de bois. Il est recouvert d'une housse de satin de coton de teinte pâle.

- le métier plat : de forme carrée, hexagonale ou octogonale, en bois léger ou en carton épais, de 45 à 50 cm de côté par 5 à 6 d'épaisseur.

- le carreau ou coussin : pelote de reps de laine pouvant être utilisée en plein air, mais d'utilisation très limitée du fait de la difficulté de placer le piqué.

 

   

 

Quelques accessoires sont indispensables :

- les fuseaux. Les plus simples sont en bois léger, en buis, en os sur lesquels on bobine le fil. En bois léger, ils ne tendent pas suffisamment les fils qui ont tendance à s'emmêler. En os, ils sont couteux et fragiles. Les mieux adaptés sont en buis. La difficulté de leur utilisation réside dans l'amarrage du fil, c'est-à-dire la réalisation d'un nœud tournant destiné à faciliter le défilement du fil en l'empêchant de se dérouler complètement. Plus facile d'utilisation, le fuseau Cottier, creux, contenant des petites pelotes de fils appelées cops dont l'extrémité sort par un petit trou pratiqué dans le haut du fuseau.

- les épingles. Choisir de préférence des épingles en cuivre qui ne rouillent pas, à petites têtes ou à tête de verre de couleur.

- le piqué réalisé sur des bandes de bristol de couleur jaune ou vert pâle.

                            

   

 

Pour les finitions, un fer à repasser de très petite taille, de même que des ciseaux également petits et s'inspirant souvent, dans leur décoration, de végétaux ou d'animaux.

Nous en avons terminé avec la documentation dont nous disposons. Il va de soi que cet exposé n'est absolument pas exhaustif. Certaines normes ont également pu changer au cours du XXe siècle.

Dans un prochain article, nous vous présenterons nos collections.

 

 

 

 FIN

 

 

 

 

                                                                                                                     

ANNEXE

 

 

 

  

         

                                                         

 

     

 

 

     

 

 

     

 

 

     

 

 

     

 

 

     

 

 

     

 

 

Bibliographie

P. Poiré, A travers l'industrie, Librairie Hachette et CIE, Imprimerie Lahure, Paris, 1891

Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, imprimerie Jean Didier, mars 1985

Machines textiles pour Soieries, Ateliers de construction Guillaume Diederichs Ste Colombe
les-Vienne (registre du commerce de Lyon N° B 4584)

Nouveau dictionnaire de la vie pratique, Librairie Hachette, 1923

E.Chancrin et F.Faideau, Larousse Ménager illustré, Librairie Larousse, 1926

Cartes postales JYB

H. Kraemer, L'Univers et l'Humanité, Éditions Bong & Cie, ?

BnF Gallica