ECLAIRAGE

 

 CHEMINS DE FER

 

 

La réalisation de cet article nous pose quelques problèmes dus à une mauvaise connaissance du sujet, une documentation insuffisante, hors Internet, et une mise en rédaction un peu tardive. Dans un premier temps, nous vous présentons les lanternes dont nous disposons, avec quelques explications. Puis, nous reviendrons sur le texte lorsque les contacts que nous avons pris nous auront répondu.

Cet article fait écho à l'Histoire des chemins de fer du Pays du Gier, dans la rubrique "Métiers d'antan".

Nous présenterons successivement des lanternes "S.N.C.F.", puis des lanternes des chemins de fer sans appartenance précise. Une fois de plus, l'avis des spécialistes sera accueilli avec plaisir.

La source de lumière a, peut-être, été à l'origine la bougie. Bien plus sûrement, l'huile et le pétrole ont été utilisés jusqu'à la découverte de l'acétylène et de la possibilité de fabriquer simplement ce gaz, par action de l'eau sur le carbure de calcium. L'acétylène devint, à partir de la fin du XIXe siècle, le gaz d'éclairage favori dans les maisons, mais aussi sur les chantiers, dans les mines, sur les automobiles, les bicyclettes… Dans les chemins de fer (S.N.C.F.), l'acétylène ne fut remplacé qu'au début des années 1950 par l'électricité.

Le système de production de l'acétylène est, dans le cas le plus fréquent, composé:

- d'un récipient inférieur, le carburateur, contenant le carbure de calcium, d'où sort le gaz par l'intermédiaire d'une buse terminée par un bec brûleur ;
- d'un récipient supérieur contenant l'eau qui tombe sur le carbure de calcium contenu dans le récipient inférieur. Le débit de l'eau, modulé par un pointeau, cranté ou non, permet de régler la production de l'acétylène et, donc, l'intensité de la flamme.

 

Au cours des Journées Européennes du Patrimoine 2015, nous avons eu la chance de rencontrer un spécialiste des voies ferrées françaises. Nous vous présentons en bleu les précisions qu'il nous a données.

 

 

Lanternes SNCF

 

N° 1

   
 

                          Lampe à carbure SNCF   Etablissement               ENTRETIEN
                                                                     A.BUTIN                 CHATEAUROUX     
                                                                        PARIS                                 12

                         25 (31 avec poignée) x 11,5 x 11,5   diam. base 15,5  

 

 

     

 

Lanterne en fer blanc et laiton. En démontant la vis située dans la poignée, on accède à une réserve de becs brûleurs. Ce dispositif ne se trouvait que dans les lanternes de chefs de train et d'agents de gare. Le pointeau de réglage du débit de l'eau est cranté. Les trois vitres sont incolores. Derrière le bec, on devine le réflecteur.

La société Albert BUTIN a fabriqué de très nombreuses lanternes pour les compagnies privées de chemins de fer : P.L.M., Chemins de fer du Nord, de l'Est, du Midi, d'Alsace Lorraine, de Paris-Orléans. A partir de 1938, sa production concerne surtout la S.N.C.F., mais aussi les mines, les ateliers, … Plusieurs de ses modèles ont été copiés par d'autres fabricants.

D'après J.C. : "Lanterne d'un agent d'exploitation à quai : chef ou sous-chef de gare, agent de quai. La lanterne doit posséder sur les côtés un verre rouge et un vert, celui-ci pouvant être occulté."

 

 N° 2

 

   
 

                     Lanterne à carbure S.N.C.F.          ETABLISSEMENTS                 RESMOND
                                                                                   ALBERT BUTIN
                                                                           35, RUE DES MARTYRS                                                                                             PARIS                                    7
                    
22 x 10 x 10

 

 

     

 

Lanterne en tôle de fer et laiton. La poignée est constituée d'une chainette. La réserve de becs se situe dans un tube fermé par une vis (manquante), au dos de la lampe (lanternes de pointeur ou de mécanicien). Une vitre latérale est incolore ; les deux autres sont rouges. Le pointeau est cranté. Le réflecteur occupe tout le fond.

Resmond : nom de lieu, de poste, d'employé ?

 

D'après J.C. : "Lanterne de roulant, sans doute un chef de train ou un mécanicien."

 

N° 3

 

   
 

                         Lanterne à carbure S.N.C.F.       G R
                                                                              78
                        
25 x 10,5 x 10,5

 

 

 

       

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

Lanterne en tôle peinte. L'accès au bec (manquant) se fait par le haut. Sur le côté, une vitre transparente sur laquelle vient se plaquer une vitre orange. Le pointeau est cranté. Annotations : G R 78 ?

 

 D'après J.C. : "Lanterne de roulant, comme la précédente."

 

 

Lanternes d'autres compagnies de chemins de fer

L'aspect de ces lampes est très évocateur des lanternes utilisées par les compagnies de chemin de fer privées qui géraient les différentes lignes, jusqu'au 1er janvier 1938, date à laquelle fut créée la Société Nationale des Chemins de Fer Français (S.N.C.F.). Certains modèles assez proches sont utilisés pour l'éclairage des camions. Nous les présentons dans un chapitre consacré aux véhicules automobiles.

 N° 4

 

   
   

                     Lampe à pétrole     DEHAIL & GRENIER
                                                        CONSTRUCTEURS
                                                   AV PHILIPPE AUGUSTE  PARIS
                                                               

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

Lanterne en tôle de fer vernie. Elle comporte deux vitres incolores. Pour sortir le réservoir, une poignée solidaire,située sous la lanterne, permet de le faire tourner de 180°. Il est vraisemblable qu'un verre surmontant le réservoir diffusait la lumière, comme dans la lanterne suivante.

Les constructeurs "DEHAIL & GRENIER" ont fabriqué des lanternes pour les compagnies P.L.M. et P.O. avant de travailler pour la S.N.C.F.

D'après J.C. : "Lanterne de passage à niveau ou de service de la voie, à pétrole. A l'arrière, le verre est rouge."

 

 

 N° 5

 

   
     

Lanterne à pétrole   1912       APPAREILS D'ECLAIRAGE
                                                           H.LUCHAIRE
                                                          27 RUE ERARD        
                                                                 PARIS
30 (40 avec poignée) x 13 x13

 

 

 

 

 

 

   

 

Lanterne en tôle de fer et cuivre. Ce modèle est très proche du précédent. La lumière est diffusée à travers un verre oblong. Les deux vitres rondes sont incolores. On retrouve une poignée sous la lanterne pour faire tourner le réservoir de 180° pour le sortir.

D'après J.C. : "Lanterne de passage à niveau ou de service de la voie, à pétrole."

La société H. Luchaire a été créée au XIXe siècle. Au fil des années, sa production s'est diversifiée : lanternes de bicyclette, masques à gaz, explosifs…

Monsieur S. BORDERIEUX, ancien directeur de l'usine Nexter Munitions, nous donne des précisions sur la société Luchaire :

 

"L’origine de l’entreprise Luchaire date de 1720, mais son essor débute à la fin du 19ème siècle et n’a rien à voir avec les munitions, mais avec des lampes !!

Léon Luchaire, né le 15 juin 1830 à Paris, débute sa carrière dans les chemins de fer comme inspecteur de l’éclairage. Ayant pour mission d’améliorer à moindre coût les appareils d’éclairage en usage, il adopte l’éclairage aux huiles minérales dans les chemins de fer. Il fait également des perfectionnements sur les falots de machines et sur les lanternes à signaux. Il se fait remarquer par monsieur Blazy (ferblantier, négociant) qui le prend comme associé en 1859 dans la fabrique Blazy-Luchaire située rue Galande à Paris. (Nota : Léon épousa la fille de Mr Blazy)

Le pétrole pour les lampes vient de faire son apparition et Léon invente divers brûleurs, solides et simples, dont celui à bec rivé à charnière qui était toujours utilisé à la fin du 19ème siècle sur beaucoup de lignes de chemin de fer françaises et étrangères.

          Il crée également des falots à pétrole et des lampes à bec rond pour l’éclairage des voitures des trains. Son succès est tel pour la fabrication des lampes et des becs à pétrole qu’en 1864 il déménage pour s’installer dans une usine plus grande rue Erard à Paris. En 1867, il vole de ses propres ailes pour devenir la société Luchaire.

          Les articles qu'il fabrique sont des appareils d'éclairage, des lampes et des lanternes pour phares. Ses clients sont :

- La Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditérranée (PLM) pour les lampes, mais également pour le chauffage des voitures et les récipients et barils de tous genres.

- La Marine pour les appareils d'éclairage, les lampes, les becs à plusieurs mèches et les becs à mèches concentriques pour les phares.

- Le ministère de la Guerre.

- Les administrations.           

 Certaines villes et communes, comme par exemple la ville de Dun-sur-Auron qui équipe son éclairage public de lampes à pétrole Luchaire en juin 1895. Léon dépose en 1886 un brevet concernant un réverbère à courant d'air ascendant brûlant sans verre cheminée.

Son rayonnement dépasse les frontières et il exporte ses appareils (lampes, becs,…) dans différents pays : Angleterre, Turquie, Espagne, Brésil, Roumanie, Siam, Amérique du sud, Portugal.

Léon Luchaire est fait chevalier de la légion d’honneur le 20 Octobre 1889. Il meurt dix ans plus tard.

Son fils Henri Luchaire, né le 13 septembre 1861 à Paris, poursuit l’activité sur les appareils d’éclairage et agrandit l’entreprise en 1913 en s’installant rue de La Chapelle à Saint-Ouen pour fabriquer des projecteurs de guerre et de marine : phares, bouées, balises.

 En 1910, Henri Luchaire met au point un appareil d'éclairage par la vapeur de pétrole pour équiper les phares. Au début du 20ème siècle, Henri s’adapte aux nouvelles technologies en déposant des brevets sur des lanternes électriques.

 L’usine de Saint-Ouen est agrandie en 1930 par Maurice Luchaire, fils de Henri Luchaire suite à la reprise des établissements Baysselange et Munie pour y réaliser diverses activités : chaudronnerie, tôlerie, emboutissage, construction mécanique, installations urbaines, caoutchouc."

 

 N° 6

 

   
 

                                             Lanterne à carbure
                                             28 (37 avec poignée) x 11 x 13

 

 

 

 

   

 

Lanterne en tôle de fer, laiton et fonte. Aucune marque sur cette lanterne à carbure ne permet d'en donner l'origine. Le réflecteur manque : ne reste que le support. Les trois vitres sont incolores. Le récipient contenant le carbure de calcium est en fonte.

D'après J.C. : "Lanterne d'un agent d'exploitation, à quai : chef ou sous-chef de gare, agent de quai. La lanterne doit posséder sur les côtés un verre rouge et un vert, celui-ci pouvant être occulté".

 

N° 7

 

   
 

                                              Lanterne à pétrole (de chantier ?)
                                              28 (35 avec poignée) x 13,5 x 13,5

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

Lanterne en tôle de fer peinte. Le réservoir placé sur des glissières peut être sorti simplement en le tirant en avant. Trois vitres-loupes bombées diffusent la lumière : les deux latérales sont orangées, celle de l'avant est incolore. Six "petits verres" arrondis, rouges, font office de catadrioptes (!?).

 

D'après J.C, grand spécialiste des chemins de fer, membre de l'association CERPI, à St Chamond, : "Quelques doutes, ici. Ce pourrait être un fanal de queue anglais ou américain".

Une précision sur cette lanterne nous est donnée par J.P. Nous évoquons une lanterne de chantier. Il semble que ce soit le cas, mais pour des axes routiers : "ce type de lanterne a servi dans la plupart des cas comme lampe de signalisation de chantier sur les routes Nationales, départementales, communales, pour sécuriser les chantiers sur les accotements, voire éventuellement de route barrée ; compte tenu qu'elle n'a pas de marquage spécifique, et je n'ai pas de photos pour étayer cette situation, mais je l'ai fait par des recoupements d'informations."

La discussion est ouverte.

 

 

N° 8

 

   
 

                                                      Lanterne à carbure
                                                      18 (25 avec poignée) x 9 x 7,5

 

 

     

 

Lanterne en tôle de fer peinte et laiton. Le générateur d'acétylène et le bec sont fixés sur la porte arrière. Le réservoir d'eau sert en même temps de réflecteur. Les trois vitres sont incolores.

Quelles catégories de personnels se servaient de cette petite lanterne ?

J.P nous donne son avis sur les lanternes 6 et 8 : "les lanternes n° 6 et n° 8 (verte) sont des lanternes de copies de modèles ferroviaires et ne possédant pas de plaques de marquage distinctes ni d'identification peuvent être à usage dite de privé, telle que certains fabricants et fournisseurs ( LUCHAIRE, BUTIN, GILLET-FOREST,...) ont pu vendre à des sociétés, des communes, ou des services de surveillance, de police, douanes,  mines, carrières, voire militaire."

 

 

 N° 9

 

   
  
                            Lanterne fanal de locomotive                              ANCIENNES MAISONS
                    45 (avec poignée 51) diam. 21,5                 J.GUICHARD & C.OUVRARD

                    prof. 16   diam. base 14,5                                               REUNIES
                                                                                                                                       
C.OUVRARD & M.VILLARS
                                                                                              
?????CONSTRUCTEURS?????                                                                                                                         74 RUE CHAMPIONNET                                 
                                                                                                                    (ancre)    PARIS    (ancre)
 

 

 

 

 

 

 

   

 

Lanterne en tôle de fer et laiton. Imposante, elle est évidemment incomplète : manquent le verre et le dispositif de production de la lumière, pétrole ou carbure de calcium. Les inscriptions sont très difficiles à lire : quelques incertitudes sur le nom de la rue et une ligne illisible.

Quant aux fabricants, ils semblent avoir conçus de très nombreux modèles. Toute information sera la bienvenue, tant pour la lanterne que pour les fabricants.

 

D'après J.C. : "Fanal à pétrole, placé à l'avant de la locomotive. Le verre est blanc bleuté."

 

 

 N° 10

 

   
 

                                                  Lampe à carbure en bakélite
                                                  23 (29 avec poignée) x 10,5 x 11

 

 

     

 

Lanterne en bakélite. Originaire d'Allemagne, fabriquée entre 1930 et 1945 (?), elle est pourvue de caches en aluminium pour réaliser des signaux.

 

D'après J.C. : "Lanterne utilisée par un agent de train."

 

N° 11

 

   
 

                                             Lanterne à pétrole   B R
                                             h 50 (avec poignée) x 17 x17

 

 

 

 

     
 

                                                                                   Cheminée h 8   diam. 10

 

 

Lanterne à pétrole en tôle peinte. Le verre frontal manque. Seule indication : B R. Initiales associées à un fabricant, une compagnie, une locomotive ?

 

D'après J.C. : "Lanterne de queue. Le verre est rouge : lentille de Fresnel. Les verres latéraux sont des témoins d'allumage. B.R. = British Railways, compagnie créée en 1948."

 

 

 N° 12

 

   
   
                         Lanterne à carbure          DIOGENES
                                                      
MARCA REGISTRADA
                         22 (32 avec bec) x 10

 

     

 

Lanterne en tôle de fer peinte. Cette lanterne est munie d'un bec double, dit conjugué. Elle devait être utilisée dans les ateliers ou sur les chantiers, peut-être pas uniquement par les compagnies de chemins de fer. Les deux becs donnaient une lumière plus intense.

D'après J.C. : "Aucune information complémentaire pour ce modèle."

 

Les lanternes que nous vous présentons, si elles sont peu nombreuses, sont assez caractéristiques de celles qui étaient utilisées jusque dans les années 50 par les compagnies de chemins de fer : robustes, colorées soit par la peinture dont elles étaient recouvertes, soit par la présence de laiton. Soumises à de lourdes contraintes, elles devaient souvent faire l'objet de réparations avec des soudures à l'étain. C'était le travail des lampistes, dans les ateliers spécialisés, les lampisteries, que l'on retrouvait, également, chez les mineurs.

D'autres lanternes pouvaient être utilisées par les agents de ces compagnies, mais aussi par tout un chacun. Nous les retrouvons dans d'autres dossiers de la rubrique "Eclairage".

Pour terminer, nous vous proposons une carte des voies ferrées françaises, vers 1947 (environ 1,20 x 1 m) :

 

 

 
 
 

 

Cet article peut paraître un peu simple pour les nombreux spécialistes de l'éclairage par l'acétylène ou tout autre moyen. Il nous permet juste d'illustrer par quelques photographies l'importance qu'a jouée le chemin de fer dans le développement économique du Pays du Gier.

 

Pour en savoir plus :

Le Tunnel      

acethylene.com 

Les lampes à carbure

 

Et à propos de la société BUTIN :

catanaute.com 

exploration.urban

 

 

 

FIN

 

 

 

A.R.C.O.M.A. NOS LANTERNES ANCIENNES DE CHEMINS DE FER