JOURNÉES EUROPÉENNES
DU
PATRIMOINE 2019
21 et 22 septembre
Le thème des Journées Européennes du Patrimoine (JEP) 2019 choisi par le Ministère de la Culture était "Arts et divertissements".
A Saint-Chamond, la municipalité a décidé depuis quelques années de choisir son propre thème. Pour 2019, il s'agissait de "Patrimoine en chantiers", en relation avec les travaux effectués à l'église Saint-Pierre et à la Maison des Chanoines, deux bâtiments du XVIIe siècle. Pour notre association, il va de soi que ce sujet nous convenait davantage. Notre exposition a eu pour but d'évoquer tous les métiers du bâtiment pour lesquels nous disposions d'outils, d'ouvrages divers, avec pour titre "Les bâtisseurs de cathédrales et de châteaux".
Si ce choix était facile, il n'en était pas de même de la réalisation. Notre local ne pouvant recevoir des visiteurs du fait du non-respect des normes ERP, il nous fallait trouver un lieu fermé, suffisamment grand. Fermé car en 2017 et en 2018, la mairie avait mis à notre disposition 5 chapiteaux installés sur un parking près de notre local : en 2017, la pluie et le froid ont été de la fête, en 2018 quelques rafales de vent ont eu raison de certaines grilles, heureusement sans dommage majeur. Les responsables locaux n'avaient pas davantage de solution à nous proposer : nous étions prêts à abandonner le projet. Par chance, lors d'une réunion préparatoire, le directeur d'un établissement municipal, proposa un local de 300 m2, de plain-pied, très lumineux, avec l'approbation des élus. Contact fut pris par notre vice-présidente, responsable d'une équipe de dentellières et l'affaire fut conclue. Dentellières et ARCOMA se retrouvèrent une nouvelle fois pour exposer le fruit de leur travail.
Les métiers concernés étaient : l'arpenteur-géomètre, le forgeron (indispensable pour fabriquer ou restaurer le matériel), le cloutier, le maçon, le tailleur de pierre, le charpentier, l'ardoisier, le couvreur, le menuisier et l'ébéniste, le serrurier, le vitrailliste, le plâtrier-staffeur, le plombier, le paveur, le jardinier.
Bien que nous ayons déjà réalisé plus de quarante expositions, il a fallu trouver de nouvelles idées. A partir du mois d'avril et jusqu'au 17 septembre, nous avons créé 11 nouveaux panneaux, ce qui veut dire enlever la rouille, faire briller les cuivres, nettoyer et cirer les manches. Au total, environ 150 outils sont passés de l'ombre à la lumière.
Ce n'était pas suffisant. Depuis toujours, nous avons essayé de trouver des ouvrages réalisés par les artisans. Nous n'avons pas les moyens (ni le savoir-faire, bien sûr) des Compagnons du Devoir ou des M.O.F. avec lesquels nous avons toujours rêvé de collaborer. Dans un premier temps, nous avons réalisé deux maquettes évoquant ces bâtisseurs : Notre-Dame-de-Paris (d'actualité) et le château de Chenonceau, toutes les deux en puzzle 3D. Ce n'est pas ce que l'on peut rencontrer au Louvre ou au Musée des Arts et Métiers. Il semble, cependant, que l'illusion était correcte : les visiteurs ont tous été très étonnés en apprenant leur mode de construction. Chacune nous a demandé environ 25 heures de patience et de concentration.
Pour le menuisier, ou plutôt, le sculpteur sur bois, nous disposions de panneaux gothiques originaux, de la fin du XIVe siècle, début du XVe Sur le panneau médian, on peut voir une fleur de lys et un dauphin, symboles royaux : un connaisseur en héraldique nous serait utile. Leur provenance : un objet religieux ? Un coffre ?
Il y a une quinzaine d'années, nous avons pu récupérer, pour ne pas dire sauver, un chapiteau de confessionnal néogothique, de la deuxième moitié du XIXe siècle. Nous en sommes les dépositaires, non les propriétaires. Nous l'avons remis en état, nettoyé, ciré. Encore un travail très long, mais qui nous a permis de voir qu'il est en chêne et que quelques pièces sont teintées d'or (vraisemblablement de la peinture). Un travail remarquable de sculpteur sur bois.
Le vitrail occupe une place primordiale dans ces bâtiments, qu'ils soient laïcs ou religieux. Là encore, nous disposons de deux vitraux de la fin du XIXe siècle pour lesquels nous avons réalisé une mise en semaine compatible avec nos grilles, supports de panneaux.
Le staffeur intervenait davantage dans les châteaux. Nous avons quelques pièces que le dernier staffeur de Saint-Etienne nous a données, en même temps que ses outils, il y a une dizaine d'années.
Travail de menuisier et de staffeur : nous avons exposé deux tableaux donnant la liste des adhérents d'une congrégation et d'une confrérie. Les visiteurs pouvaient y retrouver le nom d'un parent, d'un proche ayant vécu au début du XXe siècle.
Enfin, nous avons eu la chance d'avoir un coffrage pour la construction d'une voûte. Le tailleur de pierre qui demeure à la Terrasse-sur-Dorlay l'avait présenté sur Facebook. Dès le lendemain, nous lui avons demandé s'il pouvait le mettre à notre disposition. Il était bien sûr hors de question d'avoir les pierres taillées correspondantes représentant plusieurs centaines de kilogrammes. Nous avons évoqué la réalisation d'une copie en polystyrène. Le 21 septembre, avant l'ouverture de l'exposition au public, nous avons eu le plaisir de voir arriver notre tailleur de pierre avec le coffrage et les fausses pierres taillées remarquablement peintes. Plus d'un visiteur s'est, là encore, laissé prendre. Un grand merci à cet artisan pour son travail et sa participation.
Le vendredi 20, nous étions 6 pour charger une camionnette et 5 véhicules de tourisme, puis monter l'exposition. Au total 7 heures de travail et plus d'une tonne de matériel comprenant 23 grilles, 83 panneaux, 3 grandes vitrines, 4 petites vitrines. Le tout pour 17 heures d'exposition ouverte au public.
Le dimanche 22, nous étions 12 dont 9 membres de l'association (soit 50 %). La pluie était aussi au rendez-vous. Le démontage a été beaucoup plus rapide : environ 2h30. Quant au rangement, il aura nécessité environ une dizaine d'heures. Dans notre local, nous en profitons maintenant pour refaire notre petit musée (100 m2 consacrés à l'exposition) qui ne comprend que les objets appartenant à l'association. La visite est réservée aux adhérents. Nous avons, à ce propos, créé une nouvelle catégorie : les membres temporaires, qui, pour une cotisation modique, découvrent et participent éventuellement à nos activités pendant 1j et jusqu'à 3 mois.
Pour ces JEP, nous nous sommes entendus avec 2 autres associations de Saint-Chamond pour proposer un parcours aux visiteurs : d'une part, la maison paroissiale Sainte-Thérèse qui occupe l'ancien Carmel visitable au cours de ces JEP ; d'autre part, les Amis du Vieux Saint Chamond qui disposent d'une maquette de ce Carmel et de nombreux documents sur son histoire. Le tout dans un rayon d'à peine 500 m.
Pour évoquer ce long discours, nous vous proposons quelques photographies.
Premiers panneaux : présentation de notre association, de notre site, de nos flyers et des extraits d'annuaires dans lesquels les visiteurs peuvent retrouver un parent, un proche qui était artisan au début du XXe siècle.
Vue d'ensemble
Toute construction nécessite au préalable des mesures du terrain : longueur, largeur, pente, dénivelé : c'est le travail de l'arpenteur (-géomètre).
Indispensable dans un chantier, le forgeron : il est présent du début à la fin de la construction, au service de tous les autres artisans pour fabriquer des outils à la demande, mais surtout pour les restaurer. A l'époque, l'acier ou le fer ne sont pas toujours d'excellente qualité et, surtout, le traitement qu'ils subissent explique à lui seul leur usure prématurée.
En bas, le cloutier avec ses enclumes et son marteau caractéristique.
Le maçon construit les fondations, entre autres… sans lui, pas de bâtiment.
Viennent, ensuite, les métiers de la pierre : le carrier, le tailleur de pierre, le sculpteur sur pierre.
Parmi les nombreux ouvrages effectués par le tailleur de pierre, la construction de voutes revêt un caractère particulier : coffrage, clef de voute sont nécessaire… Nous en avons parlé plus haut.
Coffrage : L environ 240, h environ 90
Pour faire court, le charpentier intervient après le maçon et le tailleur de pierre.
Après la charpente, la couverture qui, pour ce genre de bâtiments, est en ardoise. Deux métiers interviennent : l'ardoisier qui extrait l'ardoise et le couvreur qui la pose (2 panneaux, à gauche).
Sur la table, un porte-tarière de charpentier.
Menuisier, ébéniste et sculpteur sur bois prennent le relais.
Quelques outils étaient présentés dans des vitrines : galère, affutoir de gouge, bouvets divers, plate-bande, demi-varlope monoxyle, feuilleret…
Pour évoquer ces métiers du bois, nous présentons des panneaux gothiques et un chapiteau de confessionnal.
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Panneaux gothiques XIVe – XVe siècle Chapiteau de confessionnal XIXe siècle |
Pour fermer portes et fenêtres, le serrurier intervient. Nous présentons ses outils que l'on retrouve dans d'autres métiers : métaux, art… Plusieurs panneaux sont consacrés aux clefs et aux serrures (fin XVIIe siècle à XIXe siècle).
Dans la photographie de droite, on distingue un trousseau de clef, dit passe-partout ou rossignol. Ce dernier nom lui vient de son inventeur, cryptologue et agent secret de Louis XIV, Antoine ROSSIGNOL.
Sur ce même panneau, en bas à droite, une pièce en fer forgé qui nous pose problème. Un maître-serrurier de passage évoque une pièce qui permet de maintenir une machine à forer contre le mur. Sans certitude.
La visite continue avec le vitrailliste. Nous n'avons pas d'outils propres à ce métier. Juste des ciseaux de verrier et des marteaux, pinces et roulettes ou diamants de vitrier. Par contre, nous avons pu présenter deux vitraux pour évoquer ce métier qui prit un essor considérable avec le gothique.
L'ouverture de la porte décorée des panneaux gothiques donne sur la mort sous l'œil sarcastique du visage en plâtre. Le vitrail suivant montre le Christ en lumière, tourné vers la mort.
On peut voir également sur cette dernière photographie les deux tableaux de la Congrégation de l'Immaculée conception et de la Confrérie du Saint Sacrement. Ils sont placés là pour évoquer le métier suivant, celui de peintre-staffeur.
Pour ces panneaux, on pourrait parler également du maçon et du menuisier. En ce qui concerne le premier, maçons et plâtriers étaient dans la même corporation au XIVe siècle : ils avaient de nombreux outils en commun, pouvant varier dans leur forme, comme les truelles. Le menuisier aurait très bien pu utiliser les gouges, les ciseaux… situés sur le panneau en bas à gauche. Les outils des deux panneaux de gauche nous ont été donnés par le dernier staffeur de Saint-Etienne.
Objets de décoration moulés en staff (toile de jute et plâtre)
( A droite, les 4 néons du plafond !)
Les deux panneaux de droite sont consacrés au plombier, avec, notamment, les battes, les boules à couder et les toupies en buis.
Dans les photos suivantes, on découvre la suite des outils du plombier (chalumeaux, lampes à souder…), puis les métiers d'extérieur : paveur et jardinier.
L'utilisation de ces outils a permis la construction de bâtiments qui font la richesse du patrimoine français, pour ne pas dire de l'humanité, quelles que soient les cultures, les croyances. Pour les évoquer, nous avons exposé deux maquettes : une laïque, le Château de Chenonceau, l'autre religieuse, Notre-Dame-de-Paris.
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Tous les outils que nous avons présentés sont décrits en détail dans les articles des métiers auxquels ils appartiennent. Il se peut que certains, acquis plus récemment, n'y figurent pas encore. Des mises à jour viendront dans les mois à venir.
A l'issue de ces JEP, les dentellières ont décidé de nous rejoindre au sein de l'association. Leur travail artisanal remarquable vient concrétiser le message que nous souhaitons faire passer : l'outil, en l'occurrence le carreau, est, par l'intelligence du geste, le prolongement de la main et l'instrument du savoir-faire.
Quelques photographies vous mettront d'apprécier la qualité exceptionnelle de leur travail.
La visite est terminée. Les lumières se sont éteintes. Toutes les pièces que nous vous avons présentées ont réintégré l'obscurité des cartons.
FIN
A.R.C.O.M.A. NOS EXPOSITIONS