JOURNÉES EUROPÉENNES
DU
PATRIMOINE 2020
19 et 20 septembre
Le thème des Journées Européennes du Patrimoine (JEP) 2020 choisi par le Ministère de la Culture était "Patrimoine et éducation", c'est-à-dire le rôle de l'éducation dans le patrimoine, le patrimoine comme un outil d'apprentissage, etc....
A Saint-Chamond, la municipalité a décidé depuis quelques années de choisir son propre thème. Pour 2020, il s'agissait des "Châteaux de l'Industrie", ces châteaux construits à Saint-Chamond, lors de la Révolution industrielle au XIXe siècle. S'il y eut un certain nombre d'importantes maisons bourgeoises, il n'y eut que deux châteaux : le château du Jarez et le château Balas-Prodon.
Comme nous l'avons dit à plusieurs reprises, le local mis à notre disposition par la mairie pour le stockage et l'entretien de nos collections ne répond pas aux normes E.R.P. Nous ne pouvons donc y recevoir du public. Nous avons été accueillis par le directeur du restaurant municipal avec l'accord de notre maire : un local moderne très agréable, de plain-pied, de 300 m2.
Que pouvions-nous présenter ? Des outils pour la construction de ces bâtiments ? Nous l'avions fait l'année dernière pour évoquer les métiers du bâtiment. Nous nous sommes donc orientés sur l'évocation des "Arts de la table". Les objets présentés recouvraient près de 150 ans, d'environ 1780 à 1930 : meubles, ustensiles de cuisine, vaisselle en porcelaine de Limoges, en métal argenté, en étain, en verre ou cristal, nappe et serviettes brodées. Les visiteurs ont été conviés à 8 visites guidées sur les deux jours. Suivant l'intérêt manifesté par l'auditoire, ces visites ont duré de 45 à 1h30. Trois personnes ont assisté 2 fois à ces visites. La base de nos explications reposait sur l'article que nous avons présenté sur le site dans la rubrique "La vie domestique", "A la salle à manger – Les arts de la table". Une gageure car le texte est très long, l'éventail des informations est énorme : la salle à manger, les meubles, les nappes et les serviettes, la vaisselle (couverts, verre, assiettes, plats et annexes), les règles de bienséance, le service, les mets. De nombreux oublis ont été inévitables : nous nous en sommes rendu compte trop tard. Chaque visiteur est parti avec son flyer et les coordonnées de notre site avec la possibilité de lire la totalité de notre article.
Depuis un an, notre association a le plaisir de compter parmi ses adhérents des dentellières qui réalisent un travail magnifique. Nous vous l'avons d'ailleurs signalé dans notre document sur les Journées Européennes du Patrimoine 2019. A plusieurs reprises, certaines d'entre elles ont exposé leurs réalisations à nos côtés, venant animer nos expositions un peu statiques par des démonstrations suscitant toujours l'émerveillement. Cette année donc, elles étaient membres d'A.R.C.O.M.A. à part entière et ont complété le thème des arts de la table par la "Veillée" dans nos châteaux : couture, broderie, dentelle, utilisation du rouet, de la table à carder la laine…autant d'activités que les châtelaines exerçaient autrefois pendant que les hommes buvaient, fumaient, refaisaient le monde. Grâce à leur savoir-faire, nous avons pu présenter une quinzaine de mannequins portant des tenues des années 1870 à 1930, mais surtout leurs travaux, notamment des tableaux, des colliers, des bracelets, des éventails...
A nos côtés, enfin, nous avions une tapissière qui a montré aux visiteurs la façon de restaurer un fauteuil, une chaise. Un métier très physique et qui nécessite un véritable savoir-faire. A l'issue du week-end, elle nous a donné deux fauteuils de style Louis XVI sortis de son atelier "Le crapaud et la bergère". Tout un programme ! Un grand merci à elle pour sa participation et ce don.
La préparation nous a demandé plusieurs centaines d'heures : création des objets en dentelles, sélection et, parfois, restauration des vêtements anciens en fonction des mannequins dont nous disposons, travail sur les mannequins eux-mêmes (il est difficile de disposer de mannequins aux tailles incroyables de nos aïeules qui devaient subir le supplice du corset). Côté "Arts de la table", création d'un cadre pour supporter un drap sur lequel a été peinte une cheminée pour la cuisine (2,50 x 2 m), réparation de certains meubles suivie de leur nettoyage et de leur passage à la cire, remise en état d'un miroir dont le cadre en bois était vrillé, ne pouvant donc supporter le miroir qui lui, bien sûr, était parfaitement plan ; nettoyage de l'argenterie à la Pierre verte ou à l'Argentil, nettoyage des cuivres au Miror, à l'acide chlorhydrique ou à l'ammoniaque suivant l'état, nettoyage de l'étain à la pâte "Ça va seul, Métaseul" (Étains du Manoir. Un produit belge ancien retrouvé sur une étagère : le produit le plus actif que nous ayons utilisé pour l'étain), nettoyage du fer blanc à la brosse nylon suivi d'un traitement au Rustol, lavage éventuel des verres et des assiettes, bien sûr à la main ; lavage et repassage de la nappe et des serviettes, création de nouvelles étiquettes plus petites… Au total, 17 personnes (dont une majorité du groupe dentellière) ont participé à cette préparation. Le 18 septembre au soir, tout était prêt, dans des cartons (une vingtaine) pour les petits objets, les mannequins habillés emmaillotés dans des draps. Le 19 au matin, tout ce matériel a été chargé dans une camionnette et deux voitures de tourisme. A 15h, nous débarquions au restaurant municipal. A 19h30, le plus gros du travail était fini. Le lendemain matin, 1h30 nous a suffi pour finaliser complètement l'exposition, y compris le coup de balai.
Malgré la concurrence de la vogue, malgré le temps, malgré la Covid, nous avons vu passer 157 visiteurs dont des élus de la ville et du département, en 16 heures d'exposition. "Tout ça pour ça" ! On pourrait le dire, mais l'ambiance entre nous et l'étonnement des visiteurs, a priori sincères, valaient tout ce travail. Une fois de plus, certains se sont étonnés que Saint-Chamond, la deuxième ville de la Loire, n'ait toujours pas son musée, et ce malgré les promesses des élus depuis plus de 12 ans. L'une d'entre elles nous a déclaré en début d'année : "Peut-être avons-nous eu tort !?" Un aveu, un regret…? Comme nous l'avons signalé dans nos "Actualités", des démarches ont été entamées en décembre dernier. Le musée devrait ouvrir dans 5 ou 6 ans. Au train où vont les choses, on peut émettre de sérieux doutes : l'élu animateur de nos réunions dit lui-même dans le magazine de la ville lorsqu'il parle de l'ouverture de ce musée "je l'espère".
Manifestement, cette réalisation a rappelé des souvenirs d'enfance à de nombreux visiteurs qui retrouvaient là la table de fête de leurs grands-parents : porcelaines de Limoges, verres en cristal de St Louis ou de Baccarat ou plus simplement et plus souvent verres ciselés, argenterie surtout en métal argenté, belle nappe, beaux habits : l'esprit de fête que les plus vieux d'entre nous ont revécu avec une pointe de nostalgie.
Le dimanche à 17h, il a fallu plier bagages pour laisser le local à sa destination première. Tout a été démonté et re-stocké en 2h30. Il reste maintenant à tout ranger, mais nous avons le temps. Pour quelques jours, c'est un repos bien mérité pour tous.
Pour terminer, il convient de remercier tous les membres de l'association qui ont permis de réaliser cette exposition. Nous n'oublions pas non plus les amis et les parents qui nous ont aidés pour le montage, le démontage, le transport, en particulier Anne-Laurence, Maurice, Bernard, Jean-Paul, John, Pierre, Jean-Pierre, Laurent.
Vous n'avez pas eu la chance (!) de venir nous voir. Nous n'avons pas eu celle de vous rencontrer. Nous vous proposons quelques photographies.
Préparation de l'exposition
Fabrication de deux cadres (2,50 x 2m et 2,30 x 1,70 m) supportant des draps sur lesquels ont été peintes des cheminées : le grand pour la cuisine, le petit pour la salle à manger. Une tablette a été rajoutée sur chacun pour poser des objets propres à chaque pièce.
Habillage des mannequins : coiffure un peu moderne. Heureusement, nous disposons de quelques chapeaux. Il faudra sûrement revenir sur ce problème.
![]() |
Petite chirurgie : Mise aux normes 1880 de mannequins 1950 - 1980 : poitrine et thorax.
Les mannequins habillés sont emmaillotés pour le transport : les trousseaux d'autrefois ont encore leur utilité. A gauche et au centre, les personnages sont destinés à l'accueil ; ceux de droite auront le droit de s'asseoir à table.
Derniers coups de pinceau : les vitrines de table prennent un petit air de neuf. Habituellement placées horizontalement sur les tables, nous les avons munies de tasseaux verticaux. Ceux-ci, lorsque la vitrine est posée verticalement, deviennent horizontaux et supportent une étagère en verre, ce qui permet de présenter des objets plus hauts. Pour en assurer la stabilité, nous avons fabriqué ces supports discrets visibles au milieu de la photographie.
Choix des objets à emporter : les cartons de banane sont très utiles. Ils supportent une charge importante et sont munis de 2 poignées.
Le matériel indispensable est réuni : grilles Beaubourg, grilles ARCOMA (fabriquées par nos techniciens), cadres des cheminées, outils indispensables (clefs, marteau, tournevis), produits divers pour nettoyer, faire briller, coller, agrafer…
Il ne reste plus qu'à charger :
Au total, dans la camionnette, 7 vitrines de table, une vitrine sur pied, une table Henri II, un buffet-dressoir, deux guéridons, une table de toilette, une table de couture, 16 mannequins, 9 grilles, les cadres de cheminées, 8 cartons…, tout cela en 1h15 à 4.
Dans les deux véhicules : 6 chaises, un miroir, 12 cartons …
L'exposition
Vous êtes accueillis par les maîtres de maison dans la … cuisine ! L'entrée principale était en travaux !
La grande cheminée de la cuisine avec tout le matériel nécessaire au sol, sur table ou dans des vitrines.
A gauche, torréfacteurs, bassine en fonte sur trépied, tournebroche à horloge, lèchefrite, poissonnière, bassine à confiture, servantes d'âtre, pot à cuire, crible-cendres, fer à gaufre, fer à bricelet.
A droite, moules à gâteaux, pot à graisse, pot à conserver les œufs, pressoirs à viande ou à fruit, hachoirs mécaniques, râpe à fromage, bouteille en verre soufflé, pots en fer blanc ou en grès, baratte.
A gauche, pain de sucre et dans la vitrine, marteau, hache, pince à sucre.
A droite, tirebouchon à crémaillère, battoir à œufs à contrepoids, pompes à boissons gazeuses, éteignoirs, mouchettes, poche à eau monoxyle, coupe-frites, pince à raisin…
A gauche, hachoirs-berçoirs, hachinettes, rouleau-couperet pour ravioli, couteau à pain, dénoyauteurs, molettes à pâte.
A droite, ouvre-boîtes, pics à glace, pilons, moule cannelé ouvrable, mâche-croute et masticateur, cuit-œuf.
Certains de ces objets auraient dû se retrouver dans la salle à manger : masticateur, mâche-croute, ciseau coupe-raisin. Bien d'autres auraient pu être présentés. Dans les deux cas, le temps nous a manqué pour corriger les erreurs ou pour remplir d'autres cartons.
Et justement, à la salle à manger :
On commence par se laver les mains : bassine et pot en faïence de Sarreguemines sur la table de toilette.
Vue générale, d'un côté, |
Vue générale, de l'autre... |
Les tables avec les convives et les visiteurs : habits de 1880, tenue de 2020
De quoi perdre la tête !
La table est mise pour 8 personnes : les couverts sont en métal argenté, le manche des couteaux est en corne. Leur mise en place suit la tradition française, anglaise et à l'ancien régime. La porcelaine de Limoges, des années 1930, vient de chez "F. Legrand" spécialisé aujourd'hui dans la production de petit matériel électrique (!). Au centre, un chauffe-plat à bougie Christofle sert de surtout.
A gauche, le buffet-dressoir surveillé par Nestor et une collection d'objets en étain. Ce meuble date de la fin du XIXe siècle. Il comporte des sculptures évoquant le bas Moyen-Âge. A sa gauche, un petit guéridon de style Louis XVI.
A gauche, gobelets et seau à glace en étain.
A droite, sur une table de couture, lampe à pétrole abat-jour bordé d'un rideau de perles, rehaussé de trois cabochons en cristal de couleurs différentes.
A gauche, sur un guéridon Louis-Philippe, verres à liqueur en cristal de Saint-Louis, flûte à champagne en cristal d'Arques, sous-tasses en porcelaine de Limoges.
A droite, dans une vitrine en position verticale, divers objets en étain. A noter tout particulièrement, une bonbonnière, un moule à sorbet et un biberon.
Vitrine consacrée à l'argenterie |
En avant, quelques pièces en métal argenté et porcelaine dont un déjeuner de l'Ancienne Manufacture Royale de Limoges.
Service à fraises en vermeil et argent fourré Service à gâteaux en vermeil et résine |
Service à hors-d'œuvre en métal argenté |
Un petit clin d'œil aux visiteurs |
Comme nous l'avons vu plus haut, la deuxième exposition d'ARCOMA était consacrée aux travaux de la maîtresse de maison après le dîner. C'est le domaine de notre groupe de dentellières.
Vue générale |
Village en dentelle : une maison, une dentellière Tableaux, éventails, ombrelle |
La table des bijoux |
Colliers avec, en bleu-turquoise, des boucles d'oreille |
Les dentellières au travail |
Notre tapissière de Saint-Chamond |
On ne peut terminer sans évoquer les châtelaines nées de la Révolution Industrielle du XIXe siècle. Cette main, avec bague et bracelet, à la fois si fine et si lourde, était-elle le fruit d'un superbe moulage ou d'une idéalisation de ce symbole de l'instrument du savoir-faire qu'est la main ?
FONDERIES FORGES CONSTRUCTION L'HORME |
FIN