INSTRUMENTS D'OPTIQUE

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LOUPE et MICROSCOPES ANCIENS

 

 

Notre vocation de "généraliste" ne nous permet pas de posséder tous les outils ou instruments rencontrés dans les métiers que nous évoquons. Le risque est de ne pas traiter le sujet à fond et, donc, de décevoir les visiteurs de notre "musée". Inversement, la diversité permet d'attirer le plus grand nombre. C'est, du moins, ce que nous espérons.

Dans le cadre des Instruments de mesure, après la mesure des masses, nous vous présentons les instruments d'optique qui servent surtout à observer le "tout petit" et parfois, avec certains accessoires, à le mesurer, à l'identifier ou, même, à le doser.

Premier groupe d'instruments : les loupes et les microscopes. L'histoire des microscopes démarrerait, pour certains, au XIIIe siècle, avec l'apparition des lentilles pouvant corriger la vue. Plus certainement, l'apparition du microscope date du XVIIe siècle. Nos microscopes bien que déjà anciens, presque obsolètes, sont, bien sûr, beaucoup plus tardifs. 

A l'exception du microscope de contrôle, ces instruments sont en rapport avec la biologie végétale ou animale.

 

 

1 TRILOUPE

Le système optique de cette loupe est constitué de 3 lentilles convexes superposées, de trois tailles et de trois convexités différentes. Elles tournent sur un axe central et peuvent être utilisées seules ou ensemble. La plus petite a le plus fort grossissement. Une platine permet de déposer la préparation à examiner. La boîte contient 6 lames porte-objet. Les préparations sont à attribuer à un insectologue (suivant le terme de l'époque), à un botaniste ou encore à un parasitologue.

  

   

                                                                                          Coffret       13,7 x 9 x 6,3

 

 

   

 

 

 

 

     
 

                          Triloupe
                           Loire  (à l'origine : MALIZARD PARIS)
                           h 11   diam. base 5   miroir 2,8   platine 3,3 x 4
                           supports de lentilles 1,6   lentilles 1   0,8   0,5

 

 

La vis moletée déplace la platine. L'objet est éclairé grâce au miroir qui dirige le faisceau lumineux, par réflexion.

 

   

 

 

 

 

 

 

La  photographie de gauche montre la triloupe avec ses accessoires : pince en laiton, lames porte-objet à centre concave pour l'observation des liquides ou lames planes classiques.

Dans la photographie de droite, on trouve les six préparations : pou de tête, cornée de mouche, aigrette de marguerite, aile de papillon, patte d'araignée, puce humaine.

 

2 MICROSCOPE DE CONTROLE

Ce petit microscope est composé d'un simple tube vertical terminé d'un côté par l'objectif, de l'autre par l'oculaire. La vis moletée n'a qu'un effet de blocage dans la position obtenue par poussée du tube à travers les pattes de la potence. A noter la présence d'une poignée pour le transport, le positionnement direct sur l'objet à observer (absence de platine).

Une échelle graduée de 0 à 8, un micromètre, situé juste en-dessous de l'oculaire (bague noire) en fait un instrument de mesure. Il peut être utilisé dans les industries textiles, graphiques…

Aucune information n'apparaît sur les optiques pour en préciser les possibilités de grossissement.

Seule est indiquée le nom du fabricant ou du revendeur : S.O.M  PARIS N° 155.

 

   

 

 

 

 

 

 

 
 

                               Microscope de contrôle
                                Loire
                                Tube 18,7 x 3   support h 14,5   diam. base 6

 
 

 

3 MICROSCOPE A NICHE

Plus élaboré que le précédent, ce microscope, dit de "botaniste amateur", comporte un tube vertical mu par une vis moletée. Juste au-dessus de l'objectif, une loupe, fixée sur le tube, permet d'éclairer les objets opaques. Sous la platine, un disque en laiton, moleté, est percé de trois trous de différents diamètres qui servent de diaphragmes.

 

   

                                                                                  Coffret en acajou     22 x 9 x 8

 

   

 

     
                            Microscope à niche
                           Loiret
                           h mini 20,5  maxi 22   platine 7,1 x 2,1   diam. base 7
                           Loupe et miroir 3,3  
                           Disque des diaphragmes 4   diaphragmes 0,25  0,6  1   
 

 

     

                                                      Diaphragmes sous la platine                                     Platine, diaphragmes et miroir

 

 

4 MICROSCOPE A ROTULE ET CRÉMAILLÈRE

Aucune inscription ne permet de connaître le fabricant de ce petit microscope. On trouve la mention "DÉPOSÉ" et le chiffre "21" sur le support. Grâce à une rotule, il peut passer de la position verticale à une position inclinée quelconque maintenue par le bouton vissé dans le socle.

Le mouvement de bas en haut du tube est obtenu par la vis moletée et une crémaillère.

L'objet à examiner est éclairé par la loupe du bas ou, s'il est opaque, par la loupe fixée sur le tube, au-dessus de l'objectif.

Le valet pour tenir la préparation est en forme de lyre comme dans de nombreux microscopes français de cette époque.

 

   

                                                                                           Coffret       22 x 12 x 9

 

 

     

 

     
                                     Microscope à rotule
                             Maine-et-Loire
                             h mini 23  maxi 26   platine 4,7 x 4,2   diam. base 8
                             Loupe 3,3   miroir 3  
 
 

 
                                  

     

                                                 Valet en forme de lyre                                                  Crémaillère et vis moletée

 

5 MICROSCOPE C. VERICK

Avant de faire la description de ce microscope, nous vous proposons quelques notes sur le fabricant de ce microscope, Constant VERICK.

A l'origine indirecte de cet opticien, on trouve Georges OBERHAEUSER (1798 – 1868). Installé à Paris, 21 Place Dauphine, il est également opticien et fabrique des microscopes. En 1857, il s'associe avec son neveu Edmund HARTNACK (1826 – 1891), opticien lui aussi. Celui-ci a fait ses études à Berlin. En 1860, il crée sa propre société "HARTNACK & CO, Paris et Potsdam". Il a comme élève Constant VERICK qui va prendre son indépendance en 1870 en créant sa propre entreprise, 2 rue de la Parcheminerie, à Paris. A la même date, E.HARTNACK est obligé de quitter la France suite à la guerre Franco-Prussienne : il ne garde que le site de Potsdam. En 1882, C.VERICK cède son entreprise à son gendre, Maurice STIASSNIE. L'entreprise, après plusieurs rebondissements, fait faillite à l'issue de la deuxième guerre mondiale. Pour plus de précisions, voir l'article d'Alain BERJONVAL (Cliquer ici).

Ce petit historique permet de dater avec un peu plus de précisions les microscopes sortis des ateliers de ces 4 fabricants.

 

Le microscope que nous allons voir appartenait, sans doute, à un botaniste. Les préparations qui l'accompagnent sont consacrées à des tiges, à des racines et à des rhizomes de plantes diverses.

Le coffret en acajou a pour numéro "1765". Il contient le microscope, une loupe sur pied. Quelques accessoires, les oculaires et le porte-diaphragme ont leurs emplacements. Par contre, les objectifs et les diaphragmes sont dans une petite boîte gainée de cuir (?) vert.

 

   

                                                                                    Coffret          29,5 x 18,5 x 11,5

 

Le nom du fabricant est indiqué sur le pied.

 

   
                                                                              C. Vérick, élève spécial
                                                                                    de E. Hartnack
                                                                           rue de la Parcheminerie 2
                                                                                            Paris
 

 

Que signifie "élève spécial" ? Est-ce un moyen de se faire un peu de publicité en utilisant le nom du maître ?

 

 

   

 

 

 



 

 

Le microscope lui-même est en laiton, inclinable sur charnière. Le mouvement grossier du support de l'objectif est obtenu par poussée dans le tube optique ; le règlement fin se fait avec la vis moletée au sommet de la potence.

 

     

                                                En position verticale                Avec la loupe                  En position inclinée                

 

La platine est recouverte d'un verre noir. Elle peut tourner sur 360°. Deux valets en laiton permettent d'immobiliser la préparation.

 

         

 

Le support du miroir est inhabituel. Il permet un déplacement de haut en bas.

 

     

 

Les objectifs et les 3 diaphragmes (le 3ème est en place) sont disposés dans une boîte portant, elle aussi, le numéro "1765".

 

   
 

                             Oculaires   1    2    3     Porte-diaphragme 3
                        Objectifs    0    2    6    7
                        Diaphragmes

 
 

 

Enfin, un logement regroupe quelques accessoires nécessaires à la réalisation des préparations. Les branches de la pince servent de râpes.

 

     

                                         Pince, aiguilles courbe et droite                                                  Boîte de préparations

 

6 MICROSCOPE REICHERT

Encore une histoire de famille ! Carl Reichert était le gendre d'Ernest Leitz. Formé par son beau-père à Wetzlar, il crée son entreprise à Vienne, en 1876. Après de très nombreux succès, celle-ci est vendue en 1962, mais continue la fabrication au sein de "American optical". Cette société est rachetée, à son tour, en 1968 par Warner Lambert. La compagnie Reichert est regroupée avec une ancienne rivale également rachetée par Warner Lambert : la société Jung, créée en 1872 par Rudolg Jung, à Heidelberg. Nouvelle vente en 1986 : Warner Lambert se dessaisit de la branche "microscope" au profit de Cambridge Instruments, créée en 1881 par Horace Darwin, fils de Charles. Enfin, en 1990, Cambridge Instruments fusionne avec Wild Leitz pour former le groupe "Leica". La production des microscopes Reichert est interrompue en 1999.

Le microscope que nous allons vous montrer date des années 30. Il fut utilisé pour la recherche de la filariose chez les mineurs du Pays du Gier.

Ce microscope est assez imposant : au total, le coffret pèse 15 kg. Il est modulable en monoculaire droit, monoculaire incliné, binoculaire.

 

     

Coffret   37,5 x 24,5 x 26,5

 

Le microscope est en conformation binoculaire ; oculaires et objectifs ne sont pas en place. L'opérateur est libre de choisir les optiques. La potence sert de poignée.

 

       

 

 

         
 

                                                 Microscope Reichert
                                        Loire
                                        h 33 (maxi 42,5)   platine 12 x 12   pied 21 x 17
                                        Miroir diam. 5,2         

 

 

Les oculaires sont rangés par paire dans un tiroir-portoir. Le porte-oculaire de gauche est muni d'un verre d'œil réglable permettant de corriger la différence d'acuité visuelle entre les deux yeux de l'observateur. Une vis micrométrique permet le déplacement latéral des deux porte-oculaire.

Les objectifs sont placés dans un tiroir-portoir identique ; chaque objectif est à l'abri de la poussière dans une boîte qui lui est propre.

 

   


 
                           Oculaires      5x   5x         10x   10x        16x   16x
                                                S312             S221               S641

 

 

 

   
 

Correcteurs d'acuité visuelle et de l'écartement des yeux

 

 

 

     
 

Objectifs     2,3x      10x      45x    60x    74x    100x   

 

                      

Les objectifs 74x et 100x sont à immersion. 4 objectifs peuvent être montés simultanément sur le revolver. Chaque emplacement est numéroté de 1 à 4.

 

   

 

 

         

 

La platine peut être déplacée d'avant en arrière et vice versa par une vis moletée. La préparation, maintenue par un valet réglable en largeur et mobile transversalement grâce à une vis moletée. Des échelles graduées permettent de mémoriser les coordonnées d'une zone de la préparation et de la retrouver  lors d'un examen ultérieur. En place, un étalement de sang coloré par la technique de May-Grünwald-Giemsa qui permet d'observer noyau, cytoplasme, granulations intra-cytoplasmiques …

Parmi les accessoires, deux valets indépendants peuvent maintenir des préparations aux dimensions particulières. Deux trous sont agencés dans la platine pour les recevoir.

 

 

   

 

         

 

L'éclairage de la préparation nécessite une source lumineuse extérieure dont les rayons viennent se réfléchir dans le miroir, puis sont concentrés sur la préparation grâce au condenseur. Cette concentration est d'autant plus importante que le grossissement est fort ou que l'on utilise un objectif à immersion. Quant au diaphragme qui règle la quantité de lumière, plus il est fermé, meilleurs sont le contraste et la profondeur de champ ; par contre, la résolution est réduite.

 

   
 

Miroir, condenseur et diaphragme

 

 

Certaines observations nécessitent de réduire l'éclairage, avec, comme conséquence, un excès de rouge et de jaune. L'utilisation de filtre, notamment bleu, permet de régler ce problème.

 

     

 

Les objectifs à immersion sont mis en contact avec la préparation par l'intermédiaire d'une goutte d'huile de cèdre. Celle-ci est contenue dans un flacon brun, à l'abri de la lumière, et placée sur la préparation à l'aide d'une œse.

 

     

 

 

Reste à faire la mise au point sur la préparation. Deux vis moletées entraînent le mouvement vertical du tube optique, par l'intermédiaire d'une crémaillère : celle du haut provoque un mouvement rapide et approximatif ; celle du bas, une vis micrométrique avec un tambour gradué, parfait la mise au point.

 

   

 

Si le microscope binoculaire n'est apparu qu'au début du XXe siècle, il semble que l'utilisation du microscope monoculaire s'est prolongée de nombreuses années. Dans le cas de notre microscope, il est possible d'enlever le support des oculaires en tournant les deux petites manettes latérales.

 

     

 

Deux autres possibilités sont, alors, proposées à l'utilisateur :

- Microscope monoculaire oblique :

     

 

- Microscope monoculaire vertical :

         

 

Ainsi s'achève la présentation de ce microscope. Certains pourront la trouver un peu longue. C'est pour nous l'occasion de rendre hommage à ce médecin qui, par son diagnostic, étayé par l'observation microscopique, a pu sauver de nombreux mineurs de notre Pays du Gier.                   

 

7 MICROSCOPE ERNST LEITZ WETZLAR

A l'origine de la société Ernst Leitz , Wetzlar, on trouve l'Institut d'Optique dirigé par Carl Kellner en 1849, remplacé à sa mort, en 1855, par Friedrich Behltle. En 1863, Ernst Leitz rejoint l'Institut et en devient seul propriétaire à la mort de Behltle. Il crée la société E. LEITZ, WETZLAR en 1869. Il continue de fabriquer des microscopes et des télescopes. En 1907, il présente le premier microscope binoculaire. A partir de 1914, il se lance, en parallèle, dans la photographie. En 1920, E.Leitz décède. Son fils, prénommé également Ernst, prend sa succession. En 1924, il crée la société Leica (Leitz camera) pour fabriquer des appareils photographiques. En 1925, il met sur le marché le premier microscope polarisant. En 1932, c'est au tour du microscope à fluorescence…En 1956, E. Leitz décède. Il est remplacé par ses trois fils. Entre 1956 et 2005, la société change plusieurs fois de nom, mais les produits ont toujours l'appellation "Leitz".

 

Le microscope que nous allons vous présenter date des années 50. Peut-être s'agit-il d'un Laborlux III, de 1954 ?                                              

 

 

   
                                                   Microscope ERNST LEITZ WETZLAR
                                        Loire
                                        h 34,5   platine 16 x 13,8   pied 19 x 15,5
                                        Source lumineuse intégrée       
 

 

 

     

 

Ce microscope est équipé de deux oculaires de 6,3x. Le porte-oculaire de gauche permet de corriger la différence d'acuité visuelle entre les deux yeux (photo de gauche). En fonction de l'écartement des yeux de l'observateur, les deux oculaires peuvent être déplacés latéralement : la position peut être mémorisée grâce à une échelle micrométrique devant laquelle se déplace le curseur (photo de droite).

Le révolver est équipé de 4 objectifs de marques ELW ou BBT KRAUSS France : 3,5x   10x   40x   60x. Le 60x est à immersion.

 

     

 

L'éclairage de la préparation provient d'une lampe intégrée branchée sur le secteur.

 

     

 

Un condenseur et un diaphragme iris permettent de régler l'intensité lumineuse au niveau de la préparation.

 

     

 

Le déplacement de la platine horizontalement (droite-gauche / avant-arrière) est obtenu grâce aux deux vis moletée superposées. Son déplacement vertical est réalisé avec la vis moletée noire : réglage grossier et fin. Les échelles graduées et les verniers permettent de mémoriser l'emplacement d'un point particulier de la préparation. Grâce à la mobilité du valet de gauche et à sa forme courbe, il est possible d'observer tout type de préparations classique.

 

 

 



   

 

Ce microscope était particulièrement utilisé dans les laboratoires de biologie médicale pour l'observation des frottis sanguins, des culots urinaires…A noter un défaut de luminosité pour l'éclairage des préparations et une performance des optiques qui laisse à désirer. Des oculaires 10x auraient amélioré l'observation. Quant aux objectifs, on peut se demander pourquoi ce microscope n'était pas équipé de produits Leitz ! S'agissait-il d'un problème de coût ?

 

Ainsi s'achève cette présentation de nos quelques microscopes. S'ils ne sont pas nombreux, ils permettent, toutefois, de voir l'évolution de cette technologie sur plus d'un siècle. Aujourd'hui, les possibilités techniques, la qualité des optiques ont fortement évolué. Nos descendants vous en parleront…

 

 

FIN

 

 

 

A.R.C.O.M.A.   NOS INSTRUMENTS DE MESURE ANCIENS  OPTIQUE