DISPERSION DES COLLECTIONS

 

Légende :
ASSO : collection de l'association, à donner à des musées ou associations patrimoniales.

COPR : collection privée, à vendre à des particuliers ou à des musées...
NDIS : objets non disponibles, donnés, vendus ou repris par les donateurs.
ASSO
  COPR : l'objet concerné est présent dans les deux collections, à un ou plusieurs exemplaires.

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INSTRUMENTS DE MESURE DE VOLUMES

 

 

 

SUBSTANCES  SÈCHES  OU  LIQUIDES

 

 

Les difficultés pour réaliser cet article sont à l'image de l'histoire des unités de mesure utilisées depuis plus d'un millénaire. Nous ne ferons donc qu'aborder le sujet. Les internautes qui voudront en savoir plus pourront toujours se reporter aux références bibliographiques que nous indiquons en fin de ce document.

Dès les temps les plus anciens, ou, plus précisément, à partir du moment où le commerce se développe, la connaissance du volume d'un liquide ou d'une substance sèche, pulvérulente ou granuleuse, devient nécessaire. Plus tard, cette connaissance apparaît tout aussi indispensable dans les sciences chimiques, physiques, médicales…

Il semble qu'un système relativement homogène part de l'Egypte des pharaons, du Moyen-Orient et de l'Extrême-Orient pour se répandre dans les pays européens. La base des mesures de longueur - qui permettent de déterminer un volume – se trouve dans le corps humain : pas, coudée, pied, palme, pouce, doigt. Quel que soit le pays, les étalons sont conservés en lieu sûr, laïc ou religieux, parfois sous la surveillance de gardes armés.

La France utilise ce système, sous la surveillance de magistrats qui veillent à cette uniformité sur le territoire et en contrôlent l'exactitude à l'aide d'étalons conservés dans les archives royales, jusqu'au règne de Charlemagne. Si ce consensus entre États facilite les échanges commerciaux, il n'est pas du goût de tous à l'intérieur du pays. A partir du IXe siècle, apparaissent en France des mesures  nouvelles, créées par des seigneurs féodaux, laïcs ou religieux, souvent au détriment des paysans et des artisans. Ces nouvelles mesures, variables d'une région à l'autre, d'une ville à l'autre, d'une seigneurie à l'autre, d'un produit à l'autre (sel, blé, orge, … ; vin, huile, fromage ou farine… ; tissu …; foins, bois…), si elles portent le même nom, n'ont pas la même valeur : près de 800 sont référencées en 1795.

Les deux mesures principales pour les matières sèches sont le boisseau et le setier :
- Le boisseau (ou bichet) : du gaulois bosta, creux de la main. A priori, c'est la mesure de base. Elle était utilisée pour les céréales, les graines, les farines, les matières sèches (charbon, bois, sel…). Sa valeur variait énormément : 7,68 l, à Blois, 76,70 l à Bordeaux, 102,30 l à Dieppe…
Dans notre région du Forez, la variation est moins importante, de 11,36 l à 34,74 l. Bichet, boisseau, métier, carte ou quarte, livrot  contiennent, environ, 20 litres, de quoi remplir le semoir pour ensemencer 1000 m2. En théorie, du  moins !
- Le setier ou septier. Il vaut 12 boisseaux à Paris. Cela n'est pas le cas sur tout le territoire du Royaume. Sa valeur passe de 13,94 l à Beaucaire, à 83,30 l à Carcassonne, 214,85 l à Montauban.


On peut citer également :
- La mine ou l'émine. Elle est utilisée pour les grains et les farines et vaut à Paris, environ 78 l, soit un demi-setier.
- Le minot : de la valeur d'une demi-mine, utilisée pour les céréales, le sel, les charbons de bois ou de terre. En réalité, sa valeur varie en fonction du produit mesuré de 2 à 6 boisseaux !
- Le muid. Il vaut 12 setiers pour les matières sèches.

Ces mesures, d'inégales valeurs d'une région à l'autre…, sont les plus fréquemment retrouvées. Mais, bien évidemment - le contraire serait trop simple -, il en existe bien d'autres propres à chaque territoire du royaume comme la pugnère à Toulouse qui vaut 8 boisseaux… de Toulouse !

Les mesures citées correspondent à un volume. D'autres mesures indiquent la quantité nécessaire pour ensemencer une surface. C'est le cas de la quarte pour ensemencer une cartonnée, du bichet pour une bicherée, d'un métier pour une métérée, d'une sétérée pour un sétier, d'une éminée pour un émine…

Mais ce serait encore trop simple. Suivant la façon dont la mesure-récipient est remplie, les quantités de marchandises sont très variables. C'est juste une question de contrat ou de … fraude. On définit ainsi :

- une mesure pelle remplie à la pelle, sans précaution ni débordement.
- une mesure secousse, secouée et arasée. 
- une mesure rase, c'est-à-dire arasée ; la plus fréquente.
- une mesure comble surmontée d'un cône représentant 1/16ème de plus.
- une mesure chauchée est tassée au fur et à mesure et arasée. Elle contient 1/8ème  de plus.
- une mesure comble et chauchée est tassée, terminée par un cône et contient ¼ de plus.

 

Pour les liquides, essentiellement le vin :

- La chopine ou sétier (!?). Elle vaut une demi-pinte.
- La pinte. Elle vaut à Paris 0,9305 l. C'est la mesure la plus fréquente du commerçant de détail.
- Le pot ou quade. Il vaut 2 pintes.
- La velte. Elle vaut 8 pintes. Sous la même appellation, on trouve un instrument de mesure utilisé par le tonnelier pour déterminer le volume d'un tonneau (voir ce métier).
- Le quartaut vaut 72 pintes ou 9 veltes.
- La feuillette contient 144 pintes ou 2 quartauts.
- Le muid correspond à 288 pintes.
- Le foudre d'une valeur de 1152 pintes ou 4 muids.

 

A ces mesures, il faut en ajouter d'autres utilisées en un ou plusieurs points du royaume : la mesure en Alsace, la barrique à Bordeaux, la pipe à Paris utilisée pour les grains en Bretagne, la ruche et le demeau en Normandie, la queue en Champagne, le scandal, pour l'huile,  en Provence.

Pour certains liquides, comme le vin et l'huile, on évalue le poids plutôt que le volume. Une notion importante pour le muletier qui prévoyait ainsi le nombre de mulets ou de chevaux nécessaire pour le transport d'un chargement.

Pour le bois de chauffage, on peut citer encore la corde, le moule, la charretée…

Dans la grande ordonnance de Charles VI, en date de février 1415, les "étalonneurs et visiteurs des mesures" devaient "adjuster sur les estalons de cuyvre qui sont à l'Hostel de ville", et poinçonner après examen les mesures destinées au commerce du sel, et à celui des grains : minots, boisseaux. Ces étalons sont toujours conservés à l'hôtel de ville en décembre 1672 dans une armoire à deux serrures dont les clefs sont conservées par le plus ancien et le dernier nommé des mesureurs.

Dès le Moyen-Âge, les rois de France, conscients du problème et poussés par les Etats généraux au XVIe siècle, tentent d'uniformiser toutes les mesures – poids, volume, longueur – sur l'ensemble du territoire. C'est le cas, notamment, de Charles II, Philippe IV, Charles IV, Louis X, Louis XI, François Ier, Henri II, Henri IV, Louis XIV. Le plus souvent, le gouvernement central cherche à imposer les valeurs des mesures de Paris, sans que cela soit justifié. Sous tous ces règnes, c'est un échec.

En 1670, J.B. Colbert impose un boisseau de Paris de 10,84 l au lieu de 13,0008 l

En 1680, J.B. Colbert déclare la pinte (0,93 l) unité de base pour le vin.

En 1766, le boisseau devient mesure officielle

Le 4 août 1789, c'est l'abolition des droits seigneuriaux, confirmée en mars 1790 pour les poids et mesures et le droit d'étalonnage.

Durant le règne de Louis XVI, Turgot puis Necker vont s'atteler à la tâche. Leurs projets ne verront pas le jour, en partie à cause des troubles sociaux, mais aussi devant la crainte des difficultés que cela allait engendrer, en particulier pour les contrats en cours. Mais ce n'est que partie remise, et c'est de ces troubles que va naître le système métrique, à la demande du peuple français, à travers les cahiers de doléances rédigés au début de 1789.  

En 1790, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord propose de reprendre les travaux de Gabriel Mouton sur la définition du mètre.

En 1791, l'Académie des Sciences propose un système décimal. L'Assemblée Constituante adopte ce projet.

Le système métrique décimal est adopté - provisoirement - le 1er août 1793, par décret de la Convention nationale. Les mesures pour les liquides sont le cade (m3), le décicade, le centicade et la pinte (le nom reste, le volume change et correspond à un litre). Ce nom de pinte devient "cadil" le 19 janvier 1794 (30 nivôse an II) et "litre" le 7 avril 1795 (18 germinal an III) dans le cadre d'une loi relative aux poids et mesures : le système métrique est né.  Sont institués le mètre, l'are, le litre, le gramme et le bar.  Pour les multiples, les préfixes sont grecs : déca, hecto, kilo, myria. Pour les fractions, ils sont latins : déci, centi, milli. Les étalons sont en platine et non plus en fer. Une Agence temporaire des poids et mesure, constituée de 3 membres assistés de 12 scientifiques chargés de nouvelles mesures ou de la fabrication des étalons.

En 1796, l'Agence temporaire est remplacée par le Bureau consultatif, futur Bureau des Poids et Mesure.

Le 14 octobre 1799 (21 vendémiaire an VIII), le système métrique devient obligatoire dans le département de la Seine.

Le 4 novembre 1800, un décret fixe l'utilisation du système métrique dans le reste de la France au 23 septembre 1801. En même temps, il autorise l'utilisation des anciennes appellations.

Comme pour tout changement de ce type, l'application de cette loi ne fait pas l'unanimité, notamment pour le commerce de détail : problèmes de compréhension liés à un manque de formation. Souvenons-nous du passage du franc au "franc lourd" ou, plus récemment du franc à l'euro.

En 1812, une autorisation ministérielle permet  d'utiliser d'anciennes dénominations, mais dans le cadre légal du système métrique (!) : le boisseau-métrique (1/8ème hl).

La confusion va ainsi régner pendant près de 3 décennies. Le 4 juillet 1837, une loi oblige l'utilisation des "nouvelles" mesures à partir du 1er janvier 1840, avec sanction pour les réfractaires. A la même date est créé le corps des "Vérificateurs des Poids et Mesure".

Nous voilà arrivés au terme de ce bref historique, parfois difficile à suivre, reflet de l'évolution des idées et des instruments de mesure. Encore une fois, pour plus de renseignements et, peut-être une meilleure compréhension, nous invitons l'internaute à consulter les quelques sites dont nous donnons la référence à la fin de ce document et, pourquoi pas, tous les autres sites qui portent sur ce sujet.

Il est temps de passer aux mesures elles-mêmes. Nous en distinguons deux types. En bois, elles sont utilisées pour les matières sèches : grain, farine, sel, charbon… ; certaines, comme le tonneau et le foudre, sont utilisées pour des liquides. En étain et en fer blanc, de petite taille, on les retrouve essentiellement pour les liquides : vin et alcool (étain), lait et huile (fer blanc).

 

MESURES A GRAINS et SUBSTANCES SÈCHES

Les mesures à grains sont fabriquées par le boisselier. Elles sont le plus souvent en hêtre, bois sans tanin, ne provoquant pas de modification du gout et de la couleur des marchandises, et séchant en gardant ses dimensions originelles. Leur forme est cylindrique, de hauteur variable. Elles sont renforcées sur la circonférence soit par un doublage en bois, soit par les lattes de fer plat. Le fond est renforcé par des lattes disposées en étoile qui remonte sur la paroi. Des poignées en fer forgé ou une barre transversale facilitent la préhension.
Les deux premières mesures sont du XVIIIe siècle. Quarton, quarte ou demi-bichet ? Nous ne pouvons répondre à cette question. Nous avons vu dans nos documents des mesures semblables, de même volume, qui portent indifféremment ces trois noms. Cela dépend également de l'origine géographique des ces mesures : Var, Alsace.
 

COPR

   

 

     
 

                                                    Quarton, quarte ou demi-bichet (?)
                                                    Var
                                                     h 18  Ø 37 volume 19,354 l.

 

 

 

COPR

   





 

     

     
 

                                                    Quarton, quarte ou demi-bichet (?)
                                                    Alsace
                                                     h 19,5  Ø 37  volume 20,967 l.

 

 

La deuxième est beaucoup plus lourde. Les renforts métalliques sont très importants. A noter le travail de forge en une suite d'arrondis réalisée sur les renforts des circonférences inférieure et supérieure. Sur les renforts de la base, 6 plots évitent le contact du bois avec le sol. Enfin, on retrouve sur la paroi et le fond ces deux symboles ou lettres en forme de "C" (initiales du propriétaire ?).

Les deux suivantes, des doubles décalitres, sont plus classiques et plus récentes. Leurs dimensions répondent aux normes imposées par l'ordonnance de Louis-Philippe du 16 juin 1839 : diamètre et hauteur intérieurs ont la même valeur.

 

 ASSO  COPR

   

 

     

 

     
 

                                                      Double décalitre
                                                      Loire
                                                      h 29,4  Ø 29,4  volume 19,958 l

 

 

Le renfort inférieur est en bois, plus ou moins épais.

 

Et pour terminer, nous vous présentons deux petites mesures, un double litre et un litre, dont les dimensions répondent également à l'ordonnance de 1839.

COPR

     
 

                                          Double litre et litre
                                          Puy-de-Dôme
                                          1 h 13,6  Ø 13,6  volume 1,995 l
                                          2 h 10,8  Ø 10,8  volume 0,989 l  

 

 

Les renforts métalliques sont limités à deux cercles horizontaux qui paraissent surdimensionnés par rapport à la hauteur des deux mesures. Celles-ci devaient servir au commerce de détail.                          

 

 

MESURES EN ÉTAIN pour LIQUIDES (Vin, alcool).

L'étain est utilisé depuis l'Antiquité pour éviter l'oxydation de la vaisselle. Non toxique lorsqu'il est pur, il a également l'avantage de ne pas donner un goût particulier aux aliments. Il rentre dans la composition du bronze, en alliage avec le cuivre.

Phéniciens (XIIe – IIIe siècle av. J.-C.) et Chaldéens (XIe – VIe siècle av. J.-C.) en font le commerce, notamment à partir de l'Inde. Il est, en partie, à l'origine de l'invasion par les romains de la Grande-Bretagne (îles Cassitérides ? De "cassiteros", en grec, "étain"). Il est utilisé en orfèvrerie comme l'or et l'argent. Trois siècles avant notre ère, il est évoqué pour la fabrication de plats, de récipients pour la conservation des vins et des confitures.

Comme on peut le constater dans de nombreux domaines, de la chute de Rome à la fin du 1er millénaire, nous n'avons plus d'informations sur ce métal. Il réapparaît à partir du IXe siècle dans les communautés religieuses qui ont su conserver l'art de le travailler. On le retrouve dans les objets de culte : calices, burettes, boîtes à saintes huiles…, mais aussi dans les ustensiles courants de la vie domestique : brocs, coupes, salières…

Les artisans qui travaillent l'étain sont appelés potiers d'étain, mais aussi estaimiers, estainiers, estaingniers, ces dernières appellations pouvant également désigner les étameurs. Ils présentent leurs premiers statuts vers 1268 au prévôt Etienne Boileau. Le travail à la lumière est interdit "quar la clartez de la nuit n'est mie si souffisans que ils peussent faire bone oevre et loial de leur mestier". Inversement, tout travail au marteau est interdit de 8h du soir à 5h du matin. Pour devenir maître, il y a trois types de chefs-d'œuvre : la fabrication d'un "pot dont le corps doit être tout d'une pièce ; la réalisation au marteau d'une jatte et d'un plat ; le coulage, après fusion, d'un écritoire. Chaque maître est identifié par marques, une grande et une petite, comportant nom, initiale du prénom et devise ou simplement initiales et devise. Suivant la qualité de l'étain (fin ou commun), ces poinçons de maître étaient dessous ou dessus l'objet : le "Tardy" présente le poinçon de maître le plus ancien et identifié : il date de 1559.

La production concernait la vaisselle, mais aussi les objets de culte, les instruments de soins médicaux (l'étain aurait un pouvoir antibiotique, notamment vis-à-vis du staphylocoque (!?) ; on sait l'usage qui en sera fait à partir de la Renaissance pour la fabrication des clystères), les luminaires, l'habillement (boutons et boucles), les jouets d'enfants… Le potier d'étain spécialisé dans la réalisation de récipients pour liquides était appelé pinctier ou pintier.

Le contrôle des récipients sur le plan qualitatif ne semble pas préoccuper notre prévôt, même si pots et écuelles sont vérifiés par les maîtres-jurés du métier. Il devient obligatoire sous Louis XIV, pour des raisons douteuses : quand on manque d'argent, l'imagination n'a pas de limites. En 1657, un édit exige que les potiers d'étain présentent leur production à un bureau de contrôle qui en échange d'un sol par livre appliquera un poinçon sur l'objet examiné. Curieusement, cet édit n'est pas appliqué. Le roi récidive en 1674 : les objets contrôlés sont marqués d'un L/F entrelacés et couronnés pour l'étain fin, d'un L/C entrelacés et couronnés pour l'étain commun. Ce nouvel édit est annulé en 1676. A partir de 1681, l'impôt est perçu sur l'étain entrant dans le royaume et non plus sur l'objet lui-même, puis, en 1691, un nouvel édit crée la fonction d'essayeurs-contrôleurs chargés de poinçonner tous les objets en étain après contrôle : poinçon dit primitif ou de vérification première.  Les poinçons, en général ronds, comportent la date (1691…), le nom de la ville ; une lettre ou plusieurs, couronnés ou non indiquent la qualité de l'étain : F pour l'étain fin, C pour l'étain commun et, à partir de 1728, C et E pour un alliage composé de 2/3 d'étain, la claire étoffe (boutons, produits sans contact avec l'alimentation). Cette nomenclature ne concerne pas tout le territoire, en particulier le quart nord-est du royaume. Le contrôle est supprimé en 1776. Un an plus tard, les potiers d'étain sont regroupés avec les chaudronniers et les balanciers. Les poinçons de contrôle conservés par des maîtres-potiers sont retrouvés au XIXe siècle : ils relèvent plus de la fraude.

Le travail de l'étain  a nécessité de tout temps la réalisation d'alliages soit pour le durcir, avec le cuivre, voire le fer et l'antimoine, soit pour en faciliter la fusion, avec le plomb. Les conséquences sur la santé ne sont pas négligeables lorsque les objets sont destinés à l'alimentation. Avant même les statuts de 1268, les potiers sont sous la surveillance de prud'hommes désignés par le Prévôt des marchands. A partir de septembre 1382, obligation est faite aux maîtres-potiers de signer leur ouvrage à l'aide d'un poinçon. Suivant le mode fabrication, celui-ci doit être appliqué deux fois si la pièce est réalisé au marteau, une seule fois si elle l'est par moulage. Le poinçon doit répondre à un certain nombre d'exigences : inscription "ETIN FIN", date de réception du potier à la maîtrise, symbole évoquant son nom, initiales ou nom entier du potier et de la ville… Les symboles utilisés sont souvent propres à une région, sans toutefois être exclusifs : l'ange pour l'Alsace, l'aigle en Franche-Comté, en Anjou, en Auvergne, le lion en Flandres et à Lyon…

Après les poinçons de contrôle de la qualité, les poinçons de maître, restent les poinçons de jaugeage. Ceux-ci sont attribués par l'autorité royale ou seigneuriale avant utilisation, puis renouvelés régulièrement : on en trouve la trace dans les écrits du XIVe siècle, en particulier pour les pintes et les chopines. Bien sûr, tout cela n'est pas gratuit ! Le système D existait déjà : pour compenser le coût de ce contrôle, le marchand pouvait réduire de 1/20e le volume délivré pour le même prix, et ce, tout-à-fait légalement. De 1415 à 1698, ces poinçons sont les mêmes, marqués des armes de la ville. Ils sont détruits en 1698, remplacés par des poinçons portant les mêmes armoiries. Ils sont supprimés en 1790. Le contrôle est alors réalisé gratuitement par les municipalités, jusqu'en 1801.

Nous avons vu qu'en 1680, J.B. Colbert déclare la pinte comme unité de base pour le vin. Pour Paris, elle équivaut à 0,93 l, au moins pour certains quartiers, mais pas pour tous. La même disparité est retrouvée en province.

7 avril 1795 (18 germinal an III) : le système métrique décimal nait. Son application demandera quelques années…

La loi du 4 juillet 1837 le rend définitivement obligatoire à partir du 1er janvier 1840. L'ordonnance du 16 juin 1939 donne des précisions sur les mesures. Il en existe désormais 4 formes : un cylindre simple, un cylindre à poignée, un cylindre à poignée et couvercle couvrant, un cylindre à poignée et couvercle rentrant. Chaque capacité doit répondre à des normes très précises de hauteur et de diamètre. Par exemple, le litre mesure 172 mm de hauteur et 86 de diamètre (rapport 2/1). Le volume doit être indiqué en toutes lettres. L'alliage ne doit pas contenir plus de 18 % de plomb. Ce pourcentage est abaissé à 10 % en 1890, confirmé par un poinçon rond : "TITRE  GARANTI".

A partir de 1793, des poinçons primitifs officiels pour tout le territoire vont se succéder, en fonction de l'instance gouvernante : République, roi, empereur… La date de leur utilisation ne correspond pas toujours à celle du dirigeant en présence. Inversement, il est possible de voir sur la même mesure les poinçons de plusieurs régimes.

 

       
 

                          1793 – 1805                                           1795 – 1810                                                  1795 – 1810
 
                           R et F liés                                     LA RÉPUBLIQUE DEBOUT                    LA RÉPUBLIQUE ASSISE

 

                                                                                                                 

 

         
 

                  1799                                           1800 – 1810                                 1800 – 1810                                 1801 – 1840 !

LE QUART DE MÉRIDIEN          LE QUART DE CERCLE            LE QUART DE CERCLE        LE FLÉAU DE LA BALANCE

 

 

 

         
 

            1805 – 1808                                  1808 – 1812                                    1815 -1824                                       1815 – 1830 

            L'ABEILLE                          L'AIGLE COURONNÉ       LES FLEURS DE LYS COURONNÉES      LA FLEUR DE LYS

 

 

 

         
 

              1831 – 1848                                   1831 – 1848                               1849– 1862                                1862 – juin 1873

 LA COURONNE ROYALE          LA COURONNE ROYALE                LA BONNE FOI                LA COURONNE IMPÉRIALE

 

 

 

   
 

                                                                               Juillet 1873 à aujourd'hui

                                                                                    LA BONNE FOI

 

 

Comme toujours, il y a des variantes : nous en verrons plus loin, sur une mesure, dont une que nous n'avons pas trouvée dans nos documents. Il en est d'autres qui sont le pur fruit de l'imagination de faussaires.

Ces poinçons de jaugeage autorisent la mise en vente de ces mesures. Le contrôle est ensuite obligatoire au fil des années. Il est matérialisé par une lettre de l'alphabet et n'est réellement utilisé sur tout le territoire qu'à partir de 1810. Malgré la loi, il n'est pas réalisé tous les ans.
 

A 1802

A 1827

A 1840

A 1853

A 1866

A 1880

A 1892

A 1906

A 1920

A 1933

A 1946

A 1959

A 1972

A 1994

 

B  1803

B 1828

B 1841

B 1854

B 1867

B 1881

B 1893

B 1907

B 1921

B 1934

B 1947

B 1960

B 1973

B 1995

 

C 1804

C 1829

C 1842

C 1855

C 1868

C 1882

C 1894

C 1908

C 1922

C 1935

C 1948

C 1961

C 1974

C 1996

 

D 1805

D 1830

D 1843

D 1856

D 1869

D 1883

D 1895

D 1909

D 1923

D 1936

D 1949

D 1962

D 1975

D 1997

 

E  1806

E 1831

E 1844

E 1857

E 1870

E 1884

E 1896

E 1910

E 1924

E 1937

E 1950

E 1963

E 1976

E 1998

 

F  1807

F 1832

F 1845

F 1858

F 1871

F 1885

F 1897

F 1911

F 1925

F 1938

F 1951

F 1964

F 1977

F 1999

 

G 1808

G 1833

G 1846

G 1859

G 1872

 

G 1898

G 1912

 

 

 

 

 

 

 

H 1809

H 1834

H 1847

H 1860

H 1873

H 1886

H 1899

H 1913

H 1926

H 1939

H 1952

H 1965

 

H 2000

 

I   1810

I  1835

I  1848

I  1861

I  1874

I  1887

I  1900

I  1914

I  1927

I  1940

I  1953

I  1966

I  1988

I  2001

 

J   1811

J 1836

J  1849

J  1862

J  1875

J  1888

J  1901

J  1915

J  1928

J  1941

J  1954

J  1967

J  1989

J  2002

 

K 1812

K 1837

K 1850

K 1863

K 1876

K 1889

K 1902

K 1916

K 1929

K 1942

K 1955

K 1968

K 1990

K 2003

 

L  1813

L 1838

L 1851

L 1864

L 1877

L 1890

L 1903

L 1917

L 1930

L 1943

L 1956

L 1969

L 1991

L 2004

 

M 1814

M1839

M1852

M1865

M1878

M1891

M1904

M1918

M1931

M1944

M1957

M1970

M1992

M2005

 

N 1815

 

 

 

N 1879

 

N 1905

N 1919

N 1932

N 1945

N 1958

N1971

N 1993

N 2006

 

O 1816

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P  1817

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Q 1818

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

R 1819

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

S  1820

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

T  1821

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

U 1822

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

V 1823

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X 1824

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Y 1825

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Z  1826

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour évoquer ces mesures en étain, nous vous présentons quelques modèles. Les unes sont anciennes comme l'attestent les poinçons de maître identifiés grâce au "Tardy".  Cette recherche tient parfois de l'enquête policière – sans conséquences. D'autres sont des faux, impossibles à dater, mais de réalisation acceptable.

L'étain est un métal fragile qui se conserve mal, notamment sous l'effet de vapeurs acides ou d'une température inférieure à 13° C. Les pièces qui ne pouvaient plus servir étaient confiées à l'étameur ambulant qui coulait de nouvelles pièces. Pour ces raisons, les étains antérieurs au XVIe siècle sont rares.  La pinte est depuis 1680 l'unité de base pour le vin, d'une valeur de 0,9305 l à Paris. Elle est contenue dans un pichet. Celui-ci a 3 formes possibles :

1 le pichet à épaulement, le plus fréquent, trouvé en Ile-de-France, en Normandie et en Aquitaine.

2 le pichet tronconique fabriqué à Lyon, en Auvergne, en Picardie et en Alsace.

3 le pichet à balustre, rencontré en Lorraine, en Flandre, en Artois et en Languedoc

 

 

           
                               1                                                              2                                                                  3  

 

 

 

   
 

    Photographies des pichets et carte extraites du livre "les étains" de L'ABC du collectionneur, Librairie Duponchelle, 1990

 

 

A ce jour, nous n'avons pas de pichets de cette époque.

 

L'adoption du système métrique en 1795 va obliger les potiers d'étain à produire des mesures plus standardisées, définies en … 1839 ! La forme cylindrique apparaît toutefois dès la fin du XVIIIe siècle.

L'étude des poinçons permet de dater quelques pièces avec certitude, mais les faux sont nombreux. Certains sont inventés de toutes pièces. D'autres, plus subtiles, sont réalisés à partir de moules d'anciens potiers qui ont conservé le poinçon originel. Avant d'acheter, se munir d'un "Tardy", par exemple, et d'une bonne loupe : les petits carrés devant contenir les lettres de l'alphabet pour le jaugeage sont parfois vides, mais bien noirs ; il est difficile de s'en rendre compte à l'œil nu.

Nous allons remonter le temps en espérant que les plus anciens sont authentiques. Le dernier semble vrai : la lecture des poinçons apporte des précisions et des interrogations.

 

 

1 Série de 6 mesures en étain

COPR       

   

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect mate.

Indication des volumes : absente.

Dimensions intérieures : litre 17,7 x 8,6 ; demi litre 13,5 x 6,8 ; double décilitre 10 x 5 ; décilitre 8,2 x 3,9 ;            demi-décilitre 6,3 x 3,3 ; centilitre 3,9 x 1,9.

[La détermination exacte des dimensions est difficile car certaines mesures ne sont plus parfaitement rondes. Parfois, nous donnerons deux valeurs pour le diamètre : la plus petite et la plus grande. Dans le cas de cette série, les mesures sont en bon état. Le rapport légal 2/1 n'est pas toujours respecté.]

Poinçon primitif : absent.

Poinçon de maître sur le fond extérieur : en très mauvais état, constitué de 4 fleurs de lys (?) en croix ; pas de nom ou d'initiales.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : aucun.

 

Conclusion : belle fabrication (mesures très lourdes) du XXe siècle, pour la décoration.

 

 

2 Série de 7 mesures en étain

COPR      

   

 

Type : cylindrique, avec bec verseur et poignée ; aspect brillant.

Indication des volumes : absente.

Dimensions intérieures (hors bec verseur) : litre 17 x 8,5 ; demi litre 14 x 7 ; double décilitre 10,5 x 5,2 ;
décilitre 8,8 x 3,9 ; demi décilitre 6,5 x 3,2 ; double centilitre 4,7 x 2,4 ; centilitre 3,9 x 1,9.

Poinçon primitif : absent.

Poinçon de maître sur le fond extérieur : 1 ou 2 "buissons ardents" ; pas de nom ou d'initiales.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : 8 marques carrées, noires sans aucune lettre à l'intérieur.

   

   

 

Conclusion : fabrication correcte (mesures moins lourdes que les précédentes) du XXe siècle, pour la décoration. Les faux poinçons de jaugeage sont-ils réalisés pour faire plus vrai ou tromper l'acquéreur ?

 

 

3 Mesures du maître-potier VINCENT de Bar-le-Duc

COPR              

   


Nous pensions avoir une série de 8 mesures comme pouvaient le laisser supposer la forme, l'aspect, la densité, le brillant. Une observation attentive nous a montré que ce n'était pas si simple : poinçon primitif, poinçons de jaugeage (à la loupe), forme de la poignée, indication des volumes, autant de caractéristiques qu'il convient de regarder tranquillement.

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication des volumes : oui.

Dimensions intérieures : demi litre 13,8 x 6,9 ; double décilitre 10 x 5 ; décilitre 8 x 4 ; demi décilitre : 6,3 x 3,2 ; double centilitre : 4,7 x 2,2 ; centilitre : 3,6 x 1,8. Aux "erreurs d'expérience près" et malgré l'usure, le rapport 2/1 est respecté.

Poinçon primitif : la bonne foi, sauf pour le décilitre marqué de la couronne royale.

 

     

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur : VINCENT, potier à Bar-le-Duc au XIXe siècle, selon Tardy.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : une dizaine sur les 2 premières, beaucoup plus sur les 4 suivantes.

 

 



   
 

                                 Demi-litre                                                                                        Double-décilitre

 

 

     
                                         Décilitre                                                                                          Demi-décilitre  

 

     
 

                                Double-centilitre                                                                                Centilitre

 

 

Particularités : le chiffre "226" sur chaque mesure.

La plus ancienne à la couronne royale :

Décilitre, couronne royale à l'opposé de la poignée. 31 poinçons de jaugeage, dont  F A F H I K M A G C D A N M K J.

On rencontre la lettre "N" qui n'était pas utilisée entre 1831 et 1848. Elle a pu être appliquée lors d'un contrôle plus récent : 1879, 1905… Il en va de même pour les suivantes.

Viennent, ensuite, les mesures dont le poinçon primitif est "la bonne foi".

Demi-litre indiqué en gros caractères partiellement effacés, bonne foi sur la poignée et à l'opposé. 14 poinçons de jaugeage dont B D C A F I K D A C. Un ovale en pointillé comportant deux lettres majuscules (F et I : poinçon de propriétaire ?).

Double-décilitre, bonne foi sur la poignée et à l'opposé. 17 poinçons de jaugeage dont  B A I K N A B C.

Demi-décilitre, bonne foi sur la poignée et à l'opposé. 15 poinçons de jaugeage dont B C K N G F A I H I A C L M N.

Double-centilitre, bonne foi sur la poignée et à l'opposé. 13 poinçons de jaugeage, dont C G H L N A B D.

Centilitre, bonne foi sur la poignée et à l'opposé. 13 poinçons de jaugeage, dont E F G H I J K M N A B D.

 

Conclusion : mesures anciennes du XIXe siècle répondant à l'ordonnance du 16 juin 1839, donc postérieures à cette date. La disparité au niveau du poinçon primitif, le nombre variable de poinçons de jaugeage et la différence des caractères montrent que la série, même si elle provient du même atelier, n'est pas homogène.

Les pièces marquées de la "couronne royale" sont de la période 1831 – 1848.

Les pièces marquées de "la bonne foi" sont soit de la période 1849 – 1862, soit postérieures à 1873.

 

 

4 Mesures du maître-potier PISSAVY de Lyon

COPR  

 4 - 1  

                                          

Comme on le voit sur cette photographie, la partie supérieure de la poignée comporte un décrochement. On le retrouve dans toutes les mesures de ce potier.

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication des volumes : oui.

Dimensions intérieures : demi-litre 14 x 6,7 ; double-décilitre 10 x 5 (les deux).

Poinçon primitif : la couronne royale.

 

       

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur :            PISSAVY
                                                                             A LYON

potier entre 1875 et 1910, selon Tardy. Ces dates posent question. Même s'il y a eu chevauchement des poinçons primitifs entre eux, l'utilisation de la couronne laisse penser qu'il y a eu un autre Pissavy, père ou grand-père et que ces mesures sont donc bien antérieures à 1875.

 

     

 

Poinçons de jaugeage :

                         

     
 

                              Demi-litre                                                                                       Double-décilitre

 

 

 

   
 

                                                                             Double-décilitre

 

 

Demi-litre, couronne royale à l'opposé de la poignée. 8 poinçons de jaugeage dont L K J A B C E.

Double-décilitre, couronne royale à l'opposé de la poignée. 8 poinçons de jaugeage dont L M A G M.

Double décilitre, couronne royale à l'opposé de la poignée. 22 poinçons de jaugeage dont E D C B H G F G H I J K L M N A F G.

 

Conclusion : mesures anciennes répondant à l'ordonnance du 16 juin 1839, mais fabriquées avant 1849 (couronne royale). La 3ème fait partie d'une autre série : le nombre de poinçons de jaugeage est beaucoup plus important.

                      

COPR        

 4 - 2  
                                                                                                 Litre  

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication du volume : oui.

Dimensions intérieures : litre 17 x 9,2 - 8 (déformé).

Poinçon primitif : la bonne foi.

   

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur :            PISSAVY
                                                                             A LYON

 

   

 

Poinçons de jaugeage : absence.

 

Conclusion : mesure datant de la période 1849 - 1862, éventuellement 1873 - 1910.

                                           

COPR

 4 - 3  
                                                                                         Litre  

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication du volume : oui.

Dimensions intérieures : litre 17,2 x 8,8 - 8,5.

Poinçon primitif : la bonne foi.

Poinçon de maître sur le fond extérieur :            PISSAVY
                                                                             A LYON

Poinçons ce jaugeage : 20, dont D I  G A L H J K et F G H I J K A B C. Chiffre 2 à côté du poinçon primitif (?)

 

 

     

 

 Conclusion : mesure datant de la période 1849 - 1862, éventuellement 1873 - 1910.

 

 

 COPR                                       

 4 - 4  
                                                                                      Demi-litre  

 

     

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication du volume : oui, sur la poignée.

Dimensions intérieures : demi-litre 13,6 x 6,8.

Poinçon primitif : illisible rendant la datation difficile (XIXe siècle).

Poinçon de maître sur le fond extérieur :            PISSAVY
                                                                             A LYON

Poinçons de jaugeage : 3, dont H J.

 

 

5 Mesure du maître-potier SCATTA de Châlons-sur-Saône

COPR

   
                                                                                      Litre  

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication du volume : oui.

Dimensions intérieures : litre 17,4 x 8,7.

Poinçon primitif : la bonne foi, associé au chiffre 292.

      

   

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur :   SCATTA      …
                                                                    A CHALON SS

Scatta jeune, potier à Châlons-sur-Saône en 1865, selon Tardy. A cette date, la couronne impériale est le poinçon primitif officiel. La bonne foi l'était jusqu'en 1862 et le redevient en 1873. Alors…?  Nouveau chevauchement des poinçons ou erreur du Tardy ?                               

                                   

   

 

Poinçons de jaugeage : 19, dont  B A D E F L K A G C.

 

Conclusion : mesure datant vraisemblablement de la deuxième moitié du XIXe siècle.

 

 

6 Mesure du maître-potier ANTHOINE de Paris

COPR               

   
                                                                                  Centilitre  

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant.

Indication des volumes : oui.

Dimensions intérieures : centilitre 3,8 x 1,9.

Poinçon primitif : la bonne foi (mauvais état).

             

   

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur :    A (SOLEIL) P
                                                                     A (      ?     ) P

 

   

 

Anthoine, potier à Paris de 1883 à 1917, selon Tardy.

Poinçons de jaugeage : 5 devant, 5 sur le pourtour, dont A F G D E. Le A peut correspondre à 1892 ou 1906.

 

 

   

 

Conclusion : petite mesure "rescapée" de la fin du XIXe siècle ou début du XXe, conforme à l'ordonnance de 1839.

 

 

7 Mesure du maître-potier GAILLARD de Rouen

COPR                                      

   

 

 

Type : cylindrique à poignée et couvercle rentrant ; aspect brillant.

Indication des volumes : oui.

Dimensions intérieures : double décilitre 10 x 5 ; décilitre 8 x 4 ; demi-décilitre 6,2 x 3,1 ; double centilitre 4,5 x 2,2.

Poinçon primitif : la couronne royale.

 

         

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur :   GAILLARD
                                                                    DE ROUEN

Ce maître ne figure pas dans le Tardy.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : 5 identifiables et retrouvées sur chaque mesure C F H J L.

 

Conclusion : bien que ce maître ne figure pas dans le Tardy, on peut considérer que ces mesures datent bien de la période 1831 – 1848. Par ailleurs, toutes les caractéristiques sont celles de l'ordonnance du 16 juin 1839. Entre 1839 et 1848, on ne rencontre qu'une seule fois les poinçons de jaugeage, à savoir : 1842, 1845, 1847 (1849 et 1851).

 

 

8 Mesure du maître-potier DOUENNE de Lyon

COPR  

   
                                                                                      Litre  

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect brillant

Indication du volume : oui.

Dimensions intérieures : litre 17,2 x 8,7 – 8,4.

Poinçon primitif : la couronne royale.

 

   

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur :  DOUENNE
                                                                          A
                                                                      LYON ●

Douenne E. et fils, fondeur à Lyon 1850, selon Tardy. Encore une fois, on rencontre une discordance entre le poinçon primitif et la date d'exercice du maître : chevauchement, erreur sur la date, existence de père-potier non signalé… A noter dans ce cas particulier que le poinçon présenté par Tardy est rond.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : 10 répartis sur la bordure supérieure et près de la couronne royale, à savoir H A B M I J L   F G   E.

 

     

 

Conclusion : mesure réalisée vraisemblablement au début de la deuxième moitié du XIXe siècle (!?).

 

 

9 Mesure du maître-potier AUSTER de Lyon

 COPR 

   
                                                                                    Demi-litre  

 

Type : cylindrique avec poignée ; aspect mat.

Indication du volume : non.

Dimensions intérieures : demi-litre 13,7 x 7 – 6,8.

Poinçon primitif : fleur de lys.

   

   

 

Rappelons qu'elle est utilisée dans l'Ancien Régime et entre 1815 et 1830 (Louis XVIII et Charles X).

Poinçon de maître sur le fond extérieur :     (Soleil / lion)                                                                        
                                                                      F. AUSTER

Auster F., maître à Lyon au XVIIIe siècle, selon Tardy.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : aucun. En faveur d'une utilisation antérieur à 1802, comme peut le laisser supposer l'époque d'activité de F.Auster.

Conclusion : mesure réalisée au XVIIIe siècle n'ayant pas servi au-delà de 1802, même si ses dimensions répondent aux exigences de l'ordonnance de 1839.

 

 

10 Mesure du maître-potier DUSAUSSOIS AINÉ de Paris

 COPR

   
                                                                                       Litre  

 

Une mesure de 1 litre à bec verseur, sans couvercle, en étain légèrement brillant est, a priori, bien anodine. Nous allons voir qu'elle a en fait beaucoup à dire et pose un certain nombre de questions auxquelles seul un expert pourrait répondre (l'appel est lancé). Il y aura donc inévitablement des points d'interrogation, mais, aussi, heureusement, quelques certitudes.

Type : cylindrique avec poignée et bec verseur : cela ne correspond donc pas aux exigences de l'ordonnance du 16 juin 1839 ; aspect légèrement brillant.

Indication du volume : oui, en biais sur la poignée (vraisemblablement réalisé a posteriori ?)                                     

    

   

 

Dimensions intérieures : litre 17,2 x 8,6.

Poinçon primitif : à priori, la fleur de lys. On la retrouve 6 fois, à l'intérieur du récipient : 3 au niveau du bec, 3 sur le corps, côté poignée :

 

   





 




 

 

Elles sont toutes de la même taille, sauf celle de droite dans la photographie de gauche qui est plus petite. La fleur de lys était utilisée dans l'Ancien Régime, mais aussi de 1815 à 1830. Pourquoi 6 ?

Mais ce n'est pas tout. Un examen un peu plus attentif nous permet de découvrir deux autres poinçons.

Le premier fait référence à la République Française. Il se trouve à l'extérieur, au niveau du col :

 

   

 

Ce poinçon ne fait pas partie des poinçons primitifs indiqués ci-dessus et nous ne l'avons pas trouvé dans notre documentation. Par contre, le hasard nous a permis de le voir évoqué dans un article consacré aux faux et à des vrais rares, rédigé par deux experts, Philippe Bertran et Philippe Boucaud. Ces auteurs citent 3 potiers dont les ouvrages portaient ce poinçon. Deux d'entre eux, Tonnelier et Boicervoise (! En fait, une dynastie) vivaient au XVIIIe siècle. Le troisième, Mollier, n'est pas cité dans le Tardy. La présence de ce poinçon signifie que la mesure a fait l'objet d'un contrôle durant les dix dernières années du XVIIIe siècle.

Le deuxième est plus mystérieux et nous ne l'avons trouvé nulle part ailleurs :

 

   

 

Là, l'imagination vagabonde, s'affole : c'est une première ! Sans renseignement, l'interprétation est impossible pour qui n'est pas expert. Nous nous contenterons simplement d'émettre une hypothèse séduisante, mais...: N. pour Napoléon, I pour Premier. Un poinçon utilisé au 1er empire en lieu et place de l'abeille ou de l'aigle. Nous n'affirmons rien, mais l'hypothèse est alléchante ! Comme toujours dans ces cas-là, tout renseignement sera le bienvenu.

Par contre, on peut déjà être certain que cette mesure est du XVIIIe siècle.

 

Poinçon de maître sur le fond extérieur : DUSAUSSOIS  AINE
                                                                               C

Dusaussois à Paris, fin XVIIIe – 1850, selon Tardy.

 

   

 

Poinçons de jaugeage : 28 dont Y U V X sur la partie supérieure et extérieure du bec, B M L A F H D C I J A R K G en dessous et D C Z B N A M sur le pourtour, près de la poignée. Certains de ces poinçons n'ont été utilisés qu'une seule fois depuis l'instauration du système métrique. Ils correspondent donc à une date unique : R = 1819, U = 1822, V = 1823, X = 1824, Y = 1825, Z = 1826. Quant aux autres, on peut juste penser qu'ils datent, pour le A (il y en a 3), de 1802, 1827, 1840, pour le B, de 1803, 1828…

 

 


   

 

     

                                             

     

 

A quoi et à qui a servi cette mesure ? Pendant combien de temps a-t-elle été utilisée (sûrement plusieurs décennies) ? De nombreux mystères planent au-dessus de ces poinçons primitifs. Un jour peut-être, un expert se penchera sur notre site pour nous en apprendre davantage.

 

Évoquer 8 maîtres-potiers, c'est bien peu par rapport aux milliers qui ont embelli le quotidien de nos ancêtres. Nous espérons, simplement, vous avoir apporté quelques précisions sur ces mesures et donné l'envie d'en savoir un peu plus sur les objets en étain que vous possédez.

 

 

MESURES EN FER-BLANC pour LIQUIDES (Lait, huile)

Le fer-blanc nous vient de Bohême et de Saxe, sans doute au XIIIe siècle. Il est constitué d'une feuille de fer, remplacé ultérieurement par de l'acier, recouverte sur ses deux faces d'une fine couche d'étain. Ce matériau a un double avantage : il ne rouille pas, il ne donne pas de mauvais goût. Il est fabriqué par trempage de cette feuille dans un bain d'étain. Le procédé de fabrication n'arrive en France qu'au XVIIe siècle, mais les manufactures voulues par Colbert ne parviennent pas à gagner le marché devant la concurrence anglaise. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la France doit donc importer ce matériau.

A priori, on ne trouve pas de traces de mesures en fer-blanc dans l'Ancien Régime. C'est encore une fois l'ordonnance du 16 juin 1839 qui définit le matériau et les dimensions de ces nouvelles mesures, dans le cadre du système métrique. Les volumes des liquides destinés à l'alimentation doivent être mesurés dans des récipients en fer-blanc ; les mesures cylindriques présentent un diamètre intérieur égal à leur hauteur intérieure. Seule variante possible, la poignée qui peut prendre différentes formes, en fonction de l'usage qui en est fait : poignée en "[" soudée, en "[" non soudée dans sa partie inférieure, poignée dressée recourbée à sa partie supérieure.

 

 

5 Mesures en fer blanc

 NDIS

   
                                                                 Mesures à lait en fer blanc   S.I.F.  

 

     
                                         LITRE  11 x 11                                                           DEMI-LITRE  8,7 x 8,7  

 

     


 
            2 dl  6,3 x 6,3                                                      1 dl  5 x 5                                                           5 cl   4 x 4  

 

Poinçon primitif : La bonne foi.

 

 

4 Mesures en fer blanc

COPR

   
 

                                                                          Mesures dites "à huile" ou "à lait"

 

 

     
 

                     LITRE     11 x 11                                                                    DEMI LITRE     8,6 x 8,6  

 

 

     
 

            DOUBLE DÉCILITRE     6,4 x  6,4                                                                 CENTILITRE     2,4 x 2,4

 

 

 

Poinçon primitif : la bonne foi

 

   

 

Poinçon de fabricant : pour 3, CM  ; pour le double décilitre, RM

 

     

 

 Poinçon de jaugeage : absent.

 

 

2 Mesures en fer blanc 

COPR

   

 

     
 

                        LITRE  11 x 11                                                                     DEMI-LITRE    8,6 x 8,6

 

 

 

Poinçon primitif : la bonne foi

 

   

 

 

Poinçon de fabricant : P. J

  

   

 

Poinçon de jaugeage : absent.

 

1 Mesure en fer blanc

COPR

   
                                                                                    DOUBLE DÉCILITRE  

 

 



   

 

Poinçon primitif : illisible (la bonne foi)

Poinçon de fabricant : V    

Poinçon de jaugeage : absent.                                                                               

 

 

MESURES EN FER BLANC POUR L'ÉCOLE

Devant la réticence des marchands, des commerçants, du peuple, il a fallu plus de 40  ans pour que le système métrique devienne le seul légal et opposable. Pour activer la mise en place de la nouvelle base des échanges et permettre une meilleure compréhension, des établissements scolaires mettent à la disposition de leurs élèves des instruments de mesures de longueur, de poids, de volume… Pour en limiter le coût, le fer-blanc remplace l'étain pour la réalisation de ces mesures de volume. Chaque série comporte 3 éléments : l'unité choisie, son double et sa moitié. Hauteur et diamètre intérieurs respectent l'ordonnance du 16 juin 1839 (rapport 2/1). Un tableau explicite toutes les mesures du nouveau système.

 

3 Mesures en fer-blanc pour l'école

COPR 

   
                           DOUBLE DÉCILITRE    10 x 5        DÉCILITRE    8 x 4        DEMI-DÉCILITRE    6,3 x 3,1  

 

Poinçon primitif : la bonne foi, associé au chiffre 292

 

     

 

Poinçon du fabricant : P. J

 

   

 

Poinçons de jaugeage : 7, dont L G

  

   

 

 

1 Mesure en fer-blanc pour l'école

COPR

   
 

                                                                          LITRE     17, x 8,6

 

 

Poinçon primitif : la bonne foi, associé au chiffre 340

 

   

 

Poinçon de fabricant : I G

                                            

   

 

Poinçon de jaugeage : absent.

 

AUTRES MESURES

Mesure en aluminium

NDIS

   
      Mesure à lait en aluminium SER  

 

 

     
 

                                            DEMI – LITRE  8,7 x 8,7                              SER
                                                                                                               ALU. PUR

 

 

La vaisselle en aluminium apparaît dans les années 1880. Toxique ou non ?

 

 

 

Mesure en fer-blanc

Le volume de cette mesure est beaucoup plus important : 1 décalitre. Les proportions sont dans le rapport 1/1 comme pour les mesures de lait ou d'huile. Le poinçon primitif est peu lisible, vraisemblablement la bonne foi d'après la marque restante.  Deux lettres O D font, vraisemblablement, référence au fabricant (ou au propriétaire ?). La Maison du patrimoine et de la mesure de la Talaudière présente dans sa brochure un modèle identique, mais en cuivre, utilisé pour l'alcool ou le vin ou encore pour la préparation du sirop chez les limonadiers.

ASSO x 2  COPR x 1      

     
 

                                                          DÉCALITRE h totale 33,5  h utile 23,5  Ø 23,5

 

 

 

                      
 

                                                                                                                                 POUR CHAQUE LITRE

                                                                                                                          LE LIQUIDE DOIT RECOUVRIR

                                                                                                                     LA CANNELURE CORRESPONDANTE

 

 

 

 

Ainsi s'achève ce chapitre consacré aux mesures de volumes. Il s'agit essentiellement de récipients. Un autre instrument permet également de mesurer le volume d'un tonneau, la velte. Nous l'évoquons ici

Cette étude est limitée : nous n'utilisons que les objets de nos collections (hors les pichets dans cet article !). Nous rajouterons quelques éléments ultérieurement. Retenons surtout l'importance de l'observation des différents poinçons qui signent ou non l'authenticité de la mesure.

Si vous avez un objet en étain poinçonné, n'hésitez pas à nous envoyer une photographie. Nous consulterons le Tardy et vous donnerons quelques renseignements, si, bien sûr, ce poinçon est cité par l'auteur.

 

Bibliographie

Maison du patrimoine et de la Mesure, Trois siècles de l'histoire de la mesure, La Talaudière, imp. IGC Saint-Etienne 2001

Tardy, Poinçons d'étain

L'ABC du Collectionneur, Les étains, Artes Graficas Toledo, 1990

R.Verdier, Les objets de la vie quotidienne, du 16e au 20e siècle, Editions du Cabinet d'expertises, 1994

 

Sites internet (sélection : ils sont très nombreux)

Tout sur les unités de mesure

Les Précurseurs de la réforme des poids et mesures

Aviatechno, Les unités à la fin du XVIIIe siècle

Histoire-Généalogie Les poids et mesures sous l'Ancien Régime

Les mesures à grains du XVIIIème siècle

Geneawiki Poids et mesures

BnF Gallica

Réseau national de la métrologie française

L'histoire des unités de mesure

Poinçons RF : méfiez-vous des imitations

 

 

 

A.R.C.O.M.A.  NOS MESURES DE VOLUME