VIE QUOTIDIENNE ou DOMESTIQUE
LE CHAUFFAGE DOMESTIQUE
À l'origine est le feu de bois, né sans doute de la foudre, parfois d'un volcan. Nous sommes en 400 000, même 750 000 avant J.C. d'après certains et suivant les régions. Ce feu est le bienvenu pour cuire les aliments, pour s'éclairer, pour faciliter des liens sociaux, pour se protéger des prédateurs, pour durcir la pointe des épieux, et, bien sûr, pour se chauffer. Ce feu peut être à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur des grottes ou des abris faits de branches et de peaux de bêtes. Tout déplacement du campement nécessite d'emporter des braises pour créer un foyer dans le nouvel habitat jusqu'à ce que l'homme sache allumer un feu. Pour cela il utilise soit les étincelles produites par le choc d'un silex avec un minerai de fer, soit l'échauffement obtenu par la rotation d'une baguette de bois sur une autre pièce de bois.
Cette situation ne va guère changer durant des dizaines de millénaires. L'évolution vient de la sédentarisation des populations, avec la construction d'habitats durables en torchis ou en pierre.
Les grecs utilisent le braséro, en céramique ou en fer, transportable d'une pièce à une autre : l'escharion. C'est un chauffage provisoire dans un pays où le climat est plutôt clément. Par ailleurs, le chaud provoque la mollesse alors que le froid relatif constitue un élément propre à l'endurcissement du corps, en particulier pour les sportifs. Dans des établissements publics ou des palais, dès le Ve siècle av. J.C., on trouve des pièces dédiées à des bains de chaleur sèche obtenue à l'aide de pierres chauffées : le but est une hypersudation, avant un bain d'eau froide, pour le bien-être et l'endurance du corps, donc sans rapport avec le chauffage domestique. Dès le IVe siècle av. J.C., un autre système, de type chauffage au sol, apparaît : il est perfectionné et utilisé par les Romains.
L'évolution réelle nous vient effectivement du monde romain avec la création d'un véritable chauffage central, l'hypocauste, de hypaucostum, chauffer en dessous ou par le dessous. Cette technique nécessite une construction adaptée rencontrée dans les thermes avant tout, mais aussi dans les palais ou les demeures des plus riches. Il consiste en un foyer extérieur souterrain. L'air chaud obtenu est dirigé sous le plancher construit sur des pilettes de briques de 50 cm ou plus de hauteur. De l'intérieur à l'extérieur, les murs sont constitués d'un galandage perméable à l'air chaud, support de la décoration, puis de briques creuses, les tubuli, conduisant air chaud et fumées éliminées au niveau de la toiture et enfin briques pleines pour éviter la déperdition de la chaleur. Pour les moins riches, le braséro transportable reste d'actualité. Le combustible est soit le bois sec, soit le charbon de bois.
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Hypocauste |
L'ère trouble des invasions barbares du haut Moyen-Âge n'apporte aucune évolution positive. Au contraire. Mise à part son utilisation dans certains baptistères (abbaye de Saint-Pierre-aux-Nonains, abbaye de Saint-Denis) l'hypocauste disparaît au profit du chauffage au brasero en terre cuite, en fer ou d'un feu central, maçonné en brique ou en pierre, sur terre battue, propice aux incendies ; un trou de fumée peut être aménagé dans le toit. Les premiers châteaux-forts du IXe siècle en bois courent les mêmes risques que les maisons des manants en torchis et chaume. Le chauffage comportemental est essentiel : regroupement des personnes dans une seule pièce, la nuit comme le jour, plusieurs épaisseurs de vêtements, bonnets ou capuches, doublage des murs par des tentures… et, dans les fermes, pièce principale et étable en relation la nuit pour profiter de la chaleur animale. Dans certaines régions, le lit armoire a toute sa place, de même que le lit à baldaquin fermé par des rideaux jusqu'au XIXe siècle. La lutte contre le froid peut également se faire au niveau du sol, recouvert de paille, un isolant naturel, éventuellement source de chaleur par fermentation ; des joncheurs, un métier inconnu de A. Franklin et de D. Boucard, sont chargés du renouvellement de cette paille dans les châteaux.
À cette époque, et pour longtemps encore, l'allumage se fait toujours par friction d'un bois dur contre un bois tendre soit par rotation manuelle entre les deux mains, soit à l'aide d'un archet (voir nos articles sur les outils du serrurier). Plus fréquemment, on utilise le choc d'un silex contre une pièce forgée en acier ; l'étincelle produite enflamme de l'amadou séché (substance d'origine mycologique) ou des brindilles sèches.
Amadouvier |
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Briquets à percuter en fer forgé |
Bien que très rustique dans sa conception, le foyer, là où l'on fait brûler du bois pour se chauffer et cuire ses aliments, constitue un signe de richesse justifiant la création d'un impôt : on en trouve des traces aux VIIe – VIIIe siècles dans l'empire byzantin. Cette idée sera reprise un millénaire plus tard en Angleterre, avec tout de même de nombreuses exemptions…
Les premières cheminées (du latin caminus, foyer, feu, âtre) apparaissent au Xe siècle, essentiellement dans les demeures seigneuriales, mais pas seulement. Au début, il ne s'agit que d'une hotte au-dessus d'un foyer, contre un mur ou au centre de la pièce. De grande taille, elles sont ensuite construites systématiquement contre le mur. Le sol et les côtés du foyer sont recouverts de briques réfractaires qui protègent le mur et restituent la chaleur. Le "manteau" est constitué de deux piliers, les jambages, supportant un linteau, le chambranle. Il est en pierre, en marbre en bois et devient un élément de décoration dans les grandes demeures. Les sculptures sont très variées : moulures, armoiries, personnages mythologiques ou religieux, animaux, végétaux… Le tout est donc surmonté d'une hotte permettant l'évacuation des fumées, mais aussi d'une grande partie de l'air chaud produit par la combustion du bois. La montée de l'air chaud provoque un appel d'air froid indispensable à la combustion, air qui provient de portes ou de fenêtres ouvertes ! La chaleur se ressent très près du foyer, le reste de la pièce étant toujours froid. Des sièges en pierre sont aménagés dans la structure de part et d'autre du foyer. Les membres de la famille, les amis, se réunissent donc au plus près provoquant une convivialité certaine, un autre moyen de se réchauffer… Dans les maisons seigneuriales, deux cheminées peuvent être dos à dos dans deux pièces différentes, utilisant le même conduit d'évacuation des fumées. Dans le même but, un trou peut être réalisé dans le mur, bouché par une plaque en fer ou en pierre réfractaire qui distribue la chaleur dans la pièce contiguë. Ce trou peut être réalisé au-dessus de l'âtre pour chauffer la pièce de l'étage. Le foyer peut être partiellement fermé par une plaque métallique empêchant le froid de rentrer et le chaud de sortir : c'est le principe de la cheminée dite "à la prussienne". Dans les fermes à pans de bois, l'âtre surmonté d'une hotte reste souvent au centre de la pièce. La cheminée nécessite divers accessoires : le chenet, connu des romains, appelé aussi queminel, chemineau, chiennet ; le landier, plus ou moins décoré suivant l'époque, est un grand chenet avec crochet, dit hatier ou à corbeille, dit rigodet ; pelles et pincettes en fer forgé, puis en cuivre, voire en argent ; le pare-étincelles ; le soufflet ou buffet.
Au XIIIe siècle apparaissent les premiers poêles en maçonnerie de briques. La chaleur obtenue par combustion du bois est emmagasinée par des briques réfractaires qui la restituent à la maçonnerie : c'est le principe du poêle à inertie. La décoration avec des carreaux extérieurs viendra à la fin du siècle. Suivant la région, mais essentiellement dans l'est de la France et au-delà, il en existe plusieurs modèles : indépendant, alimenté directement ou appuyé contre le mur et alimenté depuis la pièce voisine, avec ou sans banquette. Le foyer fermé améliore considérablement le rendement par rapport à la cheminée. Dans ce type de construction, il faut évoquer le potager destiné à la cuisson des aliments, accessoirement source de chaleur pour la pièce où il est installé (voir, à ce sujet, notre article "Autour de l'âtre").
Les premières plaques de cheminée sont recensées au XVe siècle. Situées au fond de l'âtre, elles protègent le mur, réfléchissent la chaleur vers l'intérieur de la pièce et restituent cette chaleur lorsque le feu s'éteint. Ces plaques en fonte, parfois en pierre, en bronze ou en cuivre (!?) sont souvent décorées de motifs religieux, d'armoiries… À la Révolution, les plaques comportant des symboles royaux doivent être modifiées ou fondues.
Au XVIIe siècle, une grille est ajoutée sur le sol de l'âtre pour permettre une arrivée d'air à débit réglable sous le combustible. F. Kessler et L. Savot publient des ouvrages l'un sur la construction détaillée du poêle, l'autre sur celle du foyer et d'un nouveau modèle de cheminée.
Au milieu du XVIIIe, Benjamin Franklin invente un four, qui portera son nom, à foyer fermé et en fonte, à circulation interne de l'air chaud avant de sortir par la cheminée : le poêle moderne est né. Il améliore ainsi le rendement, restituant la chaleur même après extinction du feu et diminuant la pollution par les fumées. Créé à l'origine pour le chauffage, il servira ensuite pour la cuisson des aliments. Des modifications internes (plusieurs chambres de combustion), la diminution du coût de fabrication de la fonte - invention des anglais Abraham Darby père et fils - en feront un élément indispensable dans la plupart des foyers à partir des années 1850. À noter qu'en ce Siècle des Lumières, "le chaud ramollit, le froid renforce" reste vrai pour beaucoup, en particulier J.J. Rousseau qui privilégie le froid dans les écoles.
À ce nouveau procédé sont associés deux noms : d'une part, l'entreprise Godin célèbre non seulement par sa production, mais aussi par son action sociale à l'égard de son personnel, d'autre part, l'entreprise Chappée créée en 1895, toutes deux spécialisées dans le chauffage et la cuisson. De nombreux modèles ont été créés pour répondre à la demande :
- par rapport à la conception : certains sont mobiles, sur roulettes. D'autres, profonds, ont un foyer mobile coulissant pour faciliter le chargement. Le foyer peut être semi-ouvert, la partie inférieure étant visible, la partie supérieure étant obstruée par un ou deux abattants, dits souffleurs, pour bloquer les étincelles ou la fumée ; ce foyer semi-ouvert peut tourner sur lui-même pour donner un foyer ouvert.
- par rapport au mode de fonctionnement : à rayonnement direct (combustible et parois en contact) ; à convexion (combustible enfermé dans une cage intérieure) ; à tirage direct (évacuation des fumées au-dessus du foyer ; à tirage inversé (évacuation des fumées en-dessous du foyer ; à retour de flamme (évacuation des fumées par un circuit indirect, interne) ; à départ renversé
- par rapport à l'emplacement : récupérateur sans foyer de la chaleur d'une cuisinière située dans la pièce voisine ; poêle d'applique, contre un mur et pouvant prendre la forme d'un meuble : en cheminée, en buffet, en commode, en pyramide… ; poêle de milieu, à l'avant d'un mur ou d'une cheminée ; poêle d'angle dont l'arrière forme un angle.
- par rapport à une fonction particulière combinée : le poêle lyonnais pour chauffer la lessiveuse ; les poêles à calotte (dessus concave pour chauffer un aliment) et à cloche (dessus en cloche servant de petit four fermé).
- par rapport au combustible : poêle à braises, à bois, à charbon ; à pétrole, à alcool, à gaz d'alcool, à acétylène.
- par rapport au chargement : par devant ou par derrière, à partir d'une pièce contiguë.
Poêle à chargement arrière |
Poêle lyonnais à 2 foyers Poêle d'applique à encastrer à foyer semi-ouvert et souffleur |
Poêle en tôle de milieu roulant, à bois Poêles à charbon à buse d'évacuation arrière |
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Poêle à charbon en fonte émaillée verte Poêle à charbon en fonte noire |
Poêle à buse d'évacuation renversée (meilleur rendement, mais moins bon tirage et dangereux) |
Cheminée portative en fonte |
Depuis l'Antiquité, et même avant, une question n'a pas été réglée : comment peut-on faire du feu simplement ? Datant du IIe siècle de notre ère, des petits bâtonnets brulés à une extrémité ont été retrouvés en France. Étaient-ils utilisés pour transporter le feu ou l'allumer ? Plus sûrement, des bâtonnets du VIe siècle, enduits de soufre, ont été trouvés en Chine ; on retrouve ces bâtonnets soufrés au Moyen-Âge : ils s'embrasent seulement au contact de la braise. Appelés aussi bûchettes, chénevottes ou fidibus, ils nécessitent au préalable une flamme obtenue avec un briquet à amadou. Fin XVIIe siècle, l'utilisation d'un mélange de phosphore et de soufre ne donne pas les résultats attendus. C'est le XIXe siècle qui va apporter deux réponses faisant abandonner les anciens procédés quelque peu fastidieux. La première allumette moderne est inventée en 1805 par un français, J.J.L. Chancel ; elle utilise un mélange de chlorate de potassium, de soufre, de sucre et de caoutchouc fixé sur une baguette de bois qui, trempée dans un mélange d'amiante et d'acide sulfurique, prend feu. Chère et dangereuse (!), elle n'est finalement pas utilisée. En 1826, un anglais (encore !), John Walker, invente l'allumette chimique : à l'origine, la friction d'une petite baguette de bois imprégnée d'un mélange de sulfure d'antimoine, de chlorate de potassium, de gomme et d'amidon. Explosives et malodorantes, elles font l'objet de nouvelles recherches avec, notamment, l'utilisation de phosphore blanc, en 1832 ; très utilisées, mais aussi très toxiques, celles-ci sont interdites en 1906. Moins sensibles à cette friction, nécessitant une surface particulière (poudre de verre et phosphore rouge), les allumettes de sûreté les remplacent (sulfure d'antimoine, dioxyde de manganèse et chlorate de potassium) ; elles sont appelées également allumettes suédoises, inventées par … un suédois G.E. Pasch en 1844.
En parallèle à ces recherches, en 1823, apparaît le premier briquet moderne, inventé par un chimiste allemand J.W. Döbereiner, où se mêlent hydrogène, platine dans un récipient en cristal : ça marche, c'est magnifique, mais pas à la portée de tous. Le briquet évolue, utilisant le choc d'une pièce métallique contre un silex en présence d'amadou ! Nouveauté dans la conception, non dans le principe. L'amadou est remplacé en 1840 par une tresse de coton imprégnée de chromate de plomb, un peu toxique : l'appellation briquet à amadou est conservée. Si le principe de la friction perdure, il subit une énorme évolution en 1903 avec l'invention par un chimiste autrichien, C.A. von Welsbach, du ferrocérium, un alliage de fer et de terres rares, qui produit une étincelle par frottement avec une molette en acier. La mèche incandescente s'embrase sous l'effet du souffle de l'utilisateur. Le briquet à pierre est né. Cette innovation ne passe pas inaperçue pour le ministère des finances qui impose une taxe pour tout achat de ce type, de 1911 à 1945 ! Cette taxe est matérialisée sur le briquet par une estampille variable suivant la date. L'évolution suivante arrive avec la guerre de 14 – 18 et l'invention du briquet des poilus, un briquet à amadou (en fait, mèche en coton) associé à un réservoir contenant de l'essence qui sera remplacée par un gaz dans les années 1940, suivant l'invention du français Henry Pingeot. On trouve là l'origine du briquet Bic produit à partir de 1948. Bien d'autres modes de fonctionnement apparaîtront ensuite, profitant d'inventions en d'autres domaines : briquet solaire, briquet tempête, briquet à induction…
Hypocauste, cheminées, fours… consomment énormément de bois. Dès le XIVe siècle, des mesures sont prises pour éviter la déforestation du pays. Au niveau local, des chartes sont signées entre seigneur et manants autorisant ou non la récupération de fagots, dans les forêts domaniales : l'abattage d'arbres est interdit, sauf dans le cadre d'un droit de chauffage. Le charbon de terre, la houille, et le charbon de tourbe remplacent partiellement charbon de bois et bois sec, devenus rares et donc chers, dans les régions qui en sont pourvu. La Révolution industrielle développe considérablement l'extraction du charbon avec la création de compagnies nationales en remplacement des petites exploitations privées en activité dès le XIe siècle (voir, à ce sujet, notre article sur les mines). Il faut attendre le XIXe siècle pour voir arriver de nouveaux combustibles et, en premier, le gaz, à partir des années 1820. Utilisé dans les zones urbaines pour l'éclairage public, il nécessite la mise en place de conduites qui desserviront également les particuliers. Il faudra tout de même attendre un siècle pour que son utilisation se vulgarise. Dans le cadre de l'industrie pétrolière, le fioul est découvert vers 1857 par distillation du pétrole : il ne sera vraiment utilisé pour le chauffage qu'à partir du début du XXe siècle.
À la fin de ce même siècle, le développement de la distribution de l'électricité va changer la donne. Les premiers radiateurs électriques transportables apparaissent au début du XXe siècle.
Autre nouveauté de ce siècle : le chauffage central qui, à ses débuts, peut nous rappeler l'hypocauste romain. Un poêle, des tuyaux qui en partent et sont intégrés dans les murs ou solidaires du plafond pour distribuer l'air chaud.
Surface de chauffe disposée dans l'épaisseur d'un mur |
Radiateur à vapeur a Coupe du robinet de réglage b Cadran |
Grâce encore une fois à un anglais, James Watt, l'air est remplacé par la vapeur dès 1817, à partir de poêles en fonte, avec la création des premiers radiateurs ; d'abord en fonte, parfois finement décoré, ils constituent la norme à partir de 1930. Dans les années 1870, le combustible est la houille, le coke, la tannée (provenant d'usines de tannage du cuir), le bois. Au début du XXe siècle, l'eau chaude remplace la vapeur : la fonte va laisser la place à l'acier, voire à l'aluminium, pour la fabrication des radiateurs. Ce nouveau chauffage central ne deviendra un élément de confort indispensable qu'à partir de 1950. En attendant, les appartements n'ont souvent qu'un poêle distribuant la chaleur dans toutes les pièces. Le combustible est le plus souvent le charbon livré dans des gros sacs de jute par le charbonnier et stocké à la cave, qu'il faut remonter régulièrement dans des seaux. Peuvent être aussi utilisés Des poêles transportables peuvent être placés d'une pièce à l'autre, non sans risque. Le fioul, l'huile de pétrole ou le gaz, à partir de 1960, remplacent le charbon.
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Évolution du chauffage central à partir du fourneau de la cuisine : nous sommes en 1926. |
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À la suite du choc pétrolier de 1973, l'électricité remplace souvent les autres combustibles dans les nouvelles constructions, grâce, notamment, à la construction de centrales nucléaires. C'est aussi le point de départ de la multiplication de nouveaux systèmes : meilleure isolation au niveau des murs, des combles, des ouvertures pour limiter les déperditions de chaleur ; chauffage par le sol (hypocauste !) ; radiateur électrique avec thermostat, radiateur électrique à bain d'huile transportable, radiateurs électriques secs (transportables, convecteurs, panneaux rayonnants, radiateurs à inertie aux performances de plus en plus importantes) ; chauffe-eau solaire (dès 1910). Inversement, en période de grosse chaleur, climatisation et ventilateur sont les bienvenus pour améliorer le confort. La cheminée classique à foyer ouvert n'est plus utilisée, voire même interdite. Dans ce foyer peut être intégré un foyer fermé, l'insert, qui fonctionne au bois avec un excellent rendement.
Pour des raisons financières et surtout écologiques, de nouvelles sources d'énergie renouvelables font l'objet d'importantes recherches : énergie résultant des mouvements de la mer (usine maréemotrice de la Rance en 1966 ou, plus récemment, utilisation du ressac), énergie solaire, énergie éolienne, énergie géothermique, pompe à chaleur... Chaque année apporte de nouvelles inventions sur cette utilisation des forces de la nature pouvant diminuer la pollution liée aux énergies fossiles.
Nous n'avons parlé que des systèmes de chauffage collectifs concernant la maison ou l'appartement. Il ne faut pas oublier les chauffages individuels : chaufferettes à main, à pied, bouillotte, brique, bassinoire.
Dans tous ces systèmes de chauffage et de bien-être, n'oublions pas une alimentation adaptée, chaude et calorique en hiver, fraîche et légère en été. L'invention de nouveaux tissus chauds et légers modifient le comportement et l'esthétique à l'extérieur.
Pour terminer cette histoire du chauffage, il nous paraît intéressant d'étudier celle-ci à un niveau humain plutôt que technique. Nous avons évoqué plus haut le chauffage comportemental. Sans doute était-il le moyen le plus sûr de garder un minimum de chaleur. Il montre aussi que le but était de chauffer le corps plutôt que la pièce. Au XVIIe siècle, Bossuet préparait ses discours dans une pièce plutôt froide ; il portait deux vestes et ses jambes étaient dans une peau d'ours ! Début XIXe siècle, une société savante lyonnaise avait monté la température d'une pièce à 19°C et invité quelques volontaires à donner leur avis. Tous partirent rapidement, trouvant cette chaleur insupportable. Au début du XXe siècle, une température de 12 à 15° semble encore bien suffisante, avec les vêtements nécessaires, bien sûr : manteaux fourrés, couvertures… Entre les deux guerres mondiales, il est conseillé de faire varier la température d'une pièce à l'autre, suivant l'utilisation. Jusqu'aux années 1950, il n'y a guère encore qu'une cheminée ou un poêle déplaçable, voire un poêle fixe avec un tuyau métallique sous le plafond pour gagner quelques degrés dans une ou deux autres pièces. En hiver, le givre sur les fenêtres n'est pas rare. La cheminée, lorsqu'elle existe et fonctionne, intervient peu dans le chauffage, sauf à proximité comme on l'a déjà vu. Par contre, elle exerce toujours une certaine fascination par la danse des flammes qui réunit famille et amis ; son rôle social se manifeste dans la synonymie entre maison et foyer (par exemple, fiscal !). Des logements plus petits ont fait disparaître ce lieu de rassemblement au profit de la radio, puis de la télévision.
Le changement de la façon d'aborder cette question n'arrive qu'en 1954 avec l'appel célèbre d'un homme très contesté aujourd'hui à juste titre aujourd'hui, l'abbé Pierre : un logement doit être chauffé, il y a une température minimale de confort. Tout cela passe par l'aménagement des locaux d'habitation : paroi isolante, protection contre l'humidité…
La crise pétrolière de 1973 marque un nouveau tournant bien temporaire. Un discours du président G. Pompidou incite les français à chauffer moins pour ne pas alourdir le déficit commercial de la France. Pull en laine, mitaines, petits chauffages électriques d'appoint, couvertures chauffantes… ressortent des placards. En même temps, la société a changé grâce à l'essor économique des "30 glorieuses". La chaleur de la pièce est prépondérante, le corps n'a plus besoin de plusieurs couches de vêtements, du moins lorsque les moyens financiers sont suffisants. L'appel de 1954 est renouvelé en 1985 dans la chanson de J.J. Goldman pour les "Restos du Cœur" créés par Coluche : " Aujourd'hui, on n'a plus le droit
Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid". En fait, si les intentions et la prise de conscience sont bonnes, les moyens financiers manquent. Les problèmes de passoire thermique perdurent souvent. Le problème se pose en particulier pour des logements anciens. Des lois ont été votées récemment : interdiction de louer un appartement insalubre, limitation conseillée de la température entre 18 et 19°C, à adapter suivant l'état de santé, l'âge ou simplement les habitudes… Les conjonctures actuelles, nationale et internationale renchérissent considérablement le coût du chauffage.
NOTRE COLLECTION
ALLUMAGE DU FEU
Les allumettes
Les briquets
Briquets à amadou en laiton |
Bien que l'amadou soit remplacé par une mèche de coton imprégnée de chromate de plomb, il s'agit toujours d'un "briquet à amadou". Une petite boule en fer (photographie de droite) obture le support en tirant la mèche et permet d'éteindre la flamme.
1 Estampille en fer blanc "Ministère des Finances" C.I. (Contributions indirectes) Tête de Mercure 1914 – 1945 |
Boîtes à amadou |
Briquets du poilu, à essence |
Briquets "tempête" |
1 Harley Davidson J J |
2 G E SEMICONDUCTOR PRODUCTS DEPARTEMENT BRADFORD ZIPPO PAT.2517191 PA |
3 THORENS SWISS MADE FAB. SUISSE LUCKY |
Briquet à essence BUTABLOC E FLAMINAIRE |
Briquets à essence |
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1 Briquets à essence 2 IMCO-TRIPLEX PATENT MADE IN AUSTRIA JUNIOR 6600 |
ACCESSOIRES
Seau à charbon Petit bac à charbon ou sabot Pince, pelle et pic-feu |
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Thermométrographe à mini et maxi |
Banquette de cheminée Environ 95 x 45 La planche du milieu peut être retirée pour conserver farine, sucre, sel… |
Autres accessoires : voir notre article "Autour de l'âtre"
CHAUFFAGE COLLECTIF
Braséros
Poêles
Poêle lyonnais en fonte avec tôle de protection et buse d'évacuation arrière |
Ce poêle provient d'un établissement scolaire. Il servait également chez des particuliers. Le foyer inférieur peut supporter une lessiveuse tandis que le foyer sert à cuire ou chauffer des aliments et la pièce. Il est aujourd'hui dans un musée de l'école. Environ 75 x 35
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Poêle à pétrole en tôle d'acier, lampe en cuivre |
D'après le catalogue de 1910 de Manufrance, "La combustion de la flamme, activée par un appel d'air très puissant, est absolument complète, de sorte que notre calorifère ne dégage ni fumée, ni odeur, et peut être laissé sans surveillance dans un appartement".
Poêle à alcool RUBIS en tôle d'acier h 49 poids 3,9 kg |
Radiateur électrique Calor UNIS.FRANCE 120 Volts 700 Watts |
CHAUFFAGE INDIVIDUEL
Bouillottes de lit
"Récipient en métal ou céramique en forme de bouteille ou de gourde que l'on remplit d'eau ou de sable chaud pour se réchauffer les mains, les pieds ou pour réchauffer l'intérieur du lit". Nous verrons qu'il existe d'autres formes.
Bouillotte en étain h 8 Ø 15 Bouillotte en étain 29 x 19 x 8 |
Bouillottes en fer et laiton h 29 Ø 9 Bouillottes en laiton 1 h 25 Ø 8 2 h 24 Ø 8,5 |
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Bouillottes en laiton 1 h 26 Ø 8 2 h 29 Ø 9 75 DEC MAI 767L 18H (?) |
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Bouillotte en fer et laiton h 27 Ø 9,5 BOUILLOTTE THERMOSTABLE DEUX SUPÉRIORITÉS DEUX USAGES |
1 Bouillotte en cuivre 31x 16 x 7 2 Bouillotte en laiton 25 x 14 x 5,5 Bouillottes en aluminium 1 h 25 Ø 9 2 h 21 Ø 7 |
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Bouillottes en grès |
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Bouillottes de poitrine 1 Laiton 31 x 20 x 2 2 Fer 29,5 x 21 x 1,5 |
Briques chauffe-lit
"Brique ou pierre chauffée soit dans un four, soit plongée dans l'eau chaude, que l'on glisse dans le lit pour le réchauffer ; la brique comporte généralement des trous pour la saisir avec un bâton sans se brûler".
Briques |
Céramique 28 x 9 x 4,5 |
Chaufferettes
(couvot, gueux, courtine, réchauffoir, cagnard)
"Récipient en métal, métal et bois, céramique, contenant des braises et qui, posé sur les genoux ou par terre, sert à se réchauffer les mains ou les pieds."
Chaufferette à braises Chaufferette à braises Fonte 24 x 15 x10 Bois et tôle de fer E D 26 x 20 x 15 |
Chaufferette à alcool Tôle de fer et laiton 24 x 17 x 11 |
Chaufferette de voyage Tôle de fer et laiton 23 x 13 x 6 |
La doublure intérieure reçoit braises, brique, pierre ou fer chauffé ; les trous servent à l'aération des braises. Appelé aussi "moine de voiture".
Bassinoires ou réchauffoirs de lit
"Chaufferette circulaire basse, à fond plat, en métal (cuivre, laiton, étain, fer) ou en céramique, munie d'un long manche en bois sur le côté que l'on glisse dans le lit pour le réchauffer. La bassinoire en métal peut comporter un couvercle à charnière généralement ajouré."
Pour commencer, ce modèle particulier à base d'une plaque de fer à repasser :
(Photo d'inventaire) |
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Deux bassinoires à braises en tôle de fer, à couvercle ajouré Ø 25 h 9 (manquent les manches) |
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Bassinoire à braises en cuivre, sans couvercle, manche en fer Environ Ø 20 h 17 ; manche 40 |
Bassinoire à braises en laiton, à couvercle ajouré Environ Ø 24 h 10 ; manche 37 |
Bassinoire à braises en cuivre,à couvercle ajouré, décoré de motifs floraux Ø 26 h 11 ; manche tourné 39 |
FIN
Bibliographie
R.Verdier, Les objets de la vie quotidienne, du 16e au 20e siècle, Editions du Cabinet d'expertises, 1994
C. Arminjon et N. Blondel, Objets civils domestiques, Imprimerie nationale Editions du Patrimoine, 1984
Nicole de Reyniès, Le mobilier domestique, Imprimerie nationale Editions du Patrimoine, 1992
Catalogue Manufacture Française d'Armes et cycles 1910, Le Manufrance du collectionneur, éditions du Pécari, 2003
E. Chancrin et F. Faideau Larousse Ménager Illustré, Librairie Larousse, 1926
L'histoire du chauffage et du métier de chauffagiste Belmard bâtiment
Persée Le laconicum des thermes romains
Collection de briquets à essence