COMMENT ENLEVER LA ROUILLE

 

Le problème de la rouille est la hantise du collectionneur d'outils anciens qui étaient fabriqués, dans leur grande majorité, en fer forgé.

Comme nous avons eu l'occasion de le dire, cette rubrique correspond au choix que nous avons fait. Nous ne prétendons pas détenir la vérité. Simplement le résultat obtenu nous a semblé conforme à ce que nous attendions : conservation de la patine, protection durable.

Nous avons commencé par un traitement chimique, avec de l'acide chlorhydrique du commerce dilué au 1/3. Par manque de rigueur sur le temps de contact, nous avons abandonné cette technique car les pièces, heureusement sans intérêt particulier, étaient fortement attaquées.

Autre acide utilisé : l'acide phosphorique. Le résultat  a été très insuffisant. Nous l'avons, donc, très vite abandonné.

 

 

Nous sommes passés à l'électrolyse. Le générateur est un chargeur de batterie. Les électrodes sont composées d'un côté d'une pièce en acier, de l'autre par une pince-étau qui permet de tenir l'outil à traiter. Le bain est une solution de chlorure de sodium, plus ou moins concentrée. Le résultat est intéressant car la pièce est attaquée dans sa totalité, même dans les parties inaccessibles par des techniques mécaniques, comme certains petits anneaux. La pièce est noircie. En principe, il suffit d'enlever ce film noir à l'aide d'un chiffon. Mais cela s'est avéré insuffisant et il a fallu compléter par un ponçage. Ce ponçage, par contre, est plus rapide que pour une pièce non traitée. A terme, nous avons constaté un retour précoce de la rouille, malgré l'utilisation d'un produit anti-rouille (voir plus bas). Est-ce dû au traitement, à la qualité du fer ? Nous avons donc abandonné cette technique.

Finalement, nous avons utilisé un procédé mécanique : une perceuse électrique munie d'une brosse : brosse métallique, brosse nylon rouge ou bleue, brosse laiton de différentes tailles ou formes. Le choix varie suivant la nature du fer ou de l'acier. Parmi les pièces les plus longues à traiter, on se souvient de la chaîne d'arpenteur, avec une brosse métallique classique. Plus long encore, le ruban d'arpenteur : poncé à l'aide de la brosse nylon bleue, l'acier a été légèrement rayé. Il a fallu refaire le travail avec une brosse laiton, beaucoup plus douce : au total, plus de 6 heures pour ce ruban de 10 m. Pour les petits anneaux, l'emploi de mèches réformées sur lesquelles nous avons collé du papier abrasif nous a paru satisfaisant, à condition, bien sûr, de faire tourner le moteur à faible vitesse. Nous avons préféré fixer l'outil dans un étau et tenir la perceuse à la main, ce qui permet de moduler la vitesse. Certains préfèrent l'inverse : l'outil est tenu dans la main.

Inconvénient majeur de cette technique, la poussière brun-orangé qui se dégage et retombe allègrement alentour.  Si vous n'avez pas des cheveux rouquins naturels, il vaut mieux porter une casquette, et pour les poumons, un bon masque. Nous avons réservé ce genre de prestations pour les jours sans pluie, pour travailler en plein air. L'achat d'un petit établi transportable et pliable nous a grandement simplifié la vie.

 

   

 

 

Pour les objets présentant une attaque plus importante, des petites meules, à grain très fin, se sont révélées très efficaces, à vitesse très faible. Ce procédé plus agressif a concerné un nombre très limité d'objets, en général sur une surface très faible.

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 

Une fois dérouillé, le fer doit être protégé. Certains utilisent la cire qui s'incruste dans tous les trous, même microscopiques, du métal. Nous avons opté pour le "Rustol" ou équivalent, dilué au 1/3 dans du White Spirit. Le temps de contact est limité à 2 heures. Au-delà, le White Spirit s'évapore et laisse une couche collante et gluante. L'outil est, ensuite, essuyé, puis laissé 24 heures à l'air libre. Il est alors complètement sec. A défaut d'être exposé, il est placé dans une pochette hermétique en matière plastique et conservé à l'abri de la lumière.

 

   

 

Qu'il soit dans une pochette ou fixé sur un panneau, l'outil semble garder le même aspect pendant des années. La rouille est réapparue dans un nombre très faible de cas au bout de plus de 5 ans.

Quant au résultat obtenu, certains critiquent l'aspect noir et brillant donné par le Rustol. La dilution au 1/3 diminue ce défaut. Aucune remarque ne nous a été faite lors de nos expositions.

Dernière question : jusqu'où faut-il poncer ces outils, les débarrasser de leur rouille ? Cette appréciation est très personnelle, propre à chaque collectionneur, affaire aussi d'esthétique et de goût. Là encore, les remarques qui nous ont été faites nous laissent penser que l'aspect obtenu respecte l'ancienneté de l'outil, les traces d'usure et la "propreté" que demande le visiteur.

 

 

   

 
        AVANT         APRÈS  

 

 

 

FIN