PAYS DU GIER
HISTOIRE DES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS
Dans ce dossier, nous abordons les professions de santé. Le domaine est très vaste et très complexe. Les professionnels de santé ont évolué au fil du temps ; leurs dénominations, leurs qualifications, aussi. Nous allons faire pour le mieux. Et, comme toujours, n'hésitez pas à nous donner votre avis, à nous conseiller…
Avant de parler des hommes (nous aimerions parler, aussi, des femmes, mais l'époque à laquelle nous allons faire référence était très misogyne), nous allons évoquer les établissements de soins de notre Pays du Gier.
Au Moyen-Age, les établissements de soins, les hospices, les hôpitaux, les asiles … sont construits dans trois buts principaux : soigner et accueillir les pauvres, soigner les pèlerins qui se rendent à Saint-Jacques de Compostelle et soigner, ou plutôt isoler, les malades atteints de la peste. Il y a également des asiles pour les personnes âgées, les malades mentaux.
Dans notre vallée, les deux plus grandes villes possèdent depuis très longtemps de telles maisons d'accueil : Saint-Chamond et Rive-de-Gier.
CHAPITRE 1
A SAINT-CHAMOND
Le premier hôpital "semble" dater du XIIe siècle. Il est désigné "Hospitalis Beate Marie Pontis Ennemundi", soit "Notre-Dame du Pont de Saint Chamond". Ce pont enjambe le Gier, rivière qui descend du Mont Pilat et dont les crues violentes sont à l'origine de nombreuses catastrophes. Plusieurs textes du XIVe siècle plaident en faveur de cette existence ancienne : ils en parlent toujours comme d'un établissement bien établi, notamment dans le cadre d'attestations de dons et de legs. Des lettres patentes de Louis XIV déclarent que "cet Hôtel-Dieu est établi depuis si longtemps qu'on n'en peut connaître le commencement et l'origine."
A la fin du XIVe siècle et au début du XVe, toujours grâce à la déclaration de dons, il semble que la ville possède deux hôpitaux : celui de Notre-Dame du Pont de Saint Chamond, déjà cité, et l'Hôpital des pauvres des Religieux de Saint-Antoine de Viennois ou Hospitaliers de Saint-Antoine. L'emplacement de ce-dernier n'est pas certain, mais il pourrait fort bien se trouver près du premier, le pont de Saint Chamond devenant au XVIIe siècle le pont Saint-Antoine ainsi que le quartier environnant, sans doute en souvenir de ces religieux et de leurs propriétés. Il n'en reste pas moins que les historiens sont très partagés sur cette double existence. Certains d'entre eux remettent en cause l'existence de l'hôpital des Hospitaliers de Saint Antoine. Peut-être n'y avait-il là qu'une chapelle sous la responsabilité des Antonins ? D'autres considèrent que l'hôpital des Antonins a été créé avant l'hôpital Notre-Dame-du-Pont et est à l'origine de ce dernier. Par contre, les dons faits à l'hôpital de la ville et aux hospitaliers de Saint-Antoine font bien l'objet d'une distinction de la part des donateurs. Leur présence sur les rives du Gier au XVIe siècle est confirmé par des actes notariés de transactions : "Eschange entre Dame Garielle, marquise de Sainct-Chaumont, et frère André du Teil, religieux et procureur du Chapistre de St-Anthoyne en Viennois, d'un pré dict Simon contre un pré du Commandeur, situé près de la rivière de Giers, le 4 juing 1588 2." Le doute subsiste donc. F. Reymond, dans son livre "Les Hospices de Saint Chamond", publié en 1888, déclare : "L'on peut présumer l'Hôtel-Dieu de Saint-Chamond être dérivé et sorti de l'ordre de MM. de Saint-Antoine, qui anciennement étaient hospitaliers…2" Présumer n'est pas donner la solution historique.
Les Hospitaliers de Saint-Antoine jouissent de privilèges très particuliers concédés par le roi. Citons notamment celui d'élever des troupeaux de pourceaux et de les laisser errer dans les rues de la ville. "Solennellement reconnu par lettres royales de Louis XI (1475), ce privilège avait été reconduit successivement par Charles VIII (1483), par Louis XII (1498) et François I (1515). Les animaux immondes, l'oreille fendue ou ornée d'une clochette, et marquée du Tau des armes des Antonins erraient donc dans les villes, à leur bon plaisir ; et, sous peine de manquer de respect à un Ordre puissant, il fallait bien se garder de les toucher. Mais c'était, pour les villes, une véritable plaie ; car au Moyen-Âge, au lieu d'installer des fosses dans chaque maison, on laissait un intervalle entre deux maisons et, là, au milieu des immondices qui s'accumulaient, venaient s'engraisser les pourceaux qui portaient ensuite partout des émanations fétides." Dans une ordonnance de police de 1580, le seigneur de Saint Chamond, Jacques de Chevrières, interdit l'errance des pourceaux dans la ville sans qu'il soit précisé si cette mesure concerne aussi les Antonins.
En 1412, un nouveau legs est réalisé pour la construction de l'hôpital Sainte-Marie (Notre-Dame ?) de Saint-Chamond : est-ce un troisième hôpital ? Plus vraisemblablement, il s'agit de l'agrandissement de l'hôpital de Notre-Dame du Pont, également appelé Hôpital de la ville.
Dons et legs font partie de ces habitudes prises par les seigneurs locaux, parfois même par les simples citoyens les plus riches : c'est une façon d'attirer sur soi les indulgences divines. L'hôpital de Notre-Dame en profite et prend de plus en plus d'importance. On retrouve des témoignages sur ces dons dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Ils sont soit en nature comme celui de noble Arod, châtelain de la Valla : "pension annuelle de 3 bichets de froment et 3 bichets de seigle, mesure de Saint-Chamond, due le jour de Sainte Madeleine", soit en écus sonnants et trébuchants.
Par contre, à partir du XVIe siècle, l'hôpital des Antonins régresse, peut-être par un excès de spécialisation dans ses activités : traitement du mal des ardents provoqué par l'ergot de seigle, des démembrés, des victimes de la peste. Les dons sont moins nombreux et irréguliers. La concurrence de l'hôpital de Notre-Dame entraîne l'interruption de l'activité hospitalière des Antonins qui, dès lors, se consacrent à leur mission religieuse jusqu'à la Révolution. En 1551, l'Edit de Fontainebleau confie la gestion des hôpitaux à des notables élus par la population.
Au milieu du XVIIe siècle, l'hôpital de Notre-Dame ne peut plus répondre aux demandes des malades. Il doit être déplacé. Au même moment le marquis de Saint-Chamond décide de démolir les fours banaux. Le nouvel hôpital, désigné désormais sous le nom d'Hôtel-Dieu, occupe leur place pour quelques années, à partir de 1659.
En 1662, un nouveau don permet de construire une église ou une chapelle proche de l'Hôtel-Dieu.
En 1671, Le marquis de Saint-Chamond, Jean-Armand Mitte, impose, en faveur de l'hôpital, à chaque boulanger, une rente annuelle de 12 livres et, à chaque fournier, une rente de 6 livres.
En 1672, un nouvel édit supprime les ordres hospitaliers, faisant perdre à l'Eglise une partie de son pouvoir temporel.
La même année, l'Hôtel-Dieu, situé dans des locaux inadaptés et ruinés par les crues répétées du Gier, est à nouveau transféré à seulement quelques centaines de mètres, rue du Garat, dans un immeuble avec dépendances. Les malades y sont installés immédiatement. Le bâtiment n'est pas très grand. La première construction, en 1674, concerne la chapelle. L'afflux de dons, soit en espèces, soit en maisons ou domaines permet de recevoir dans de meilleures conditions les malades. Le legs de Pierre Brossy, curé de Saint-Julien et de Saint-Pierre Sainte-Barbe, est considérable, mais accompagné de deux exigences : d'une part, la création des Petites-écoles des Pauvres, en 1675, d'autre part le curé de Saint-Julien doit être recteur perpétuel et président du bureau de gestion de l'hôpital. Cette dernière clause est à l'origine de conflits entre les curés des trois paroisses de la ville, les chanoines de la collégiale Saint-Jean-Baptiste et le maire. Les rivalités vont s'étaler sur près d'un siècle. La question concerne avant tout la présidence. Le bureau est composé de recteurs religieux, de recteurs laïques élus par le peuple et du maire. Au début, la présidence est confiée au juge de la ville, puis au maire ou au marquis. Arguant du legs Brossy, les curés réclament la présidence ce que refusent le maire et le chanoine. L'arbitrage de l'archevêque de Lyon confie la charge, à tour de rôle, aux religieux. Le maire est donc écarté. Finalement, les chanoines remportent la présidence : le maire n'a qu'un rôle subalterne, les curés ne participent plus à la gestion à partir de 1716. L'affaire est relancée en 1764 par le nouveau curé de Saint-Julien. Les recteurs laïques, les véritables gestionnaires, comme ils l'ont fait dans le passé, essayent de faire entendre raison aux religieux. Finalement, il est décidé que chacun siègera à son tour. On arrive tant bien que mal en 1789. Un décret confie l'administration de certains hôpitaux aux municipalités. La maison des pauvres est, ainsi, censée devoir être gérée par la mairie. Les recteurs laïques se sentent désavoués et donnent leur démission, au grand étonnement des élus qui évoquent un malentendu. Ces recteurs considèrent également que la maison des pauvres vit de dons et de legs et relève donc du droit privé ; par ailleurs son patrimoine immobilier est réparti sur plusieurs communes. Il serait donc normal que chaque mairie ait un droit de regard sur la gestion. Ces tergiversations, ces rivalités vont prendre fin avec le gouvernement révolutionnaire qui confie la gestion des hôpitaux à une commission administrative désignée par la mairie. Cette commission sans droit de propriété, source de revenus, va désormais manquer de finances.2
Depuis ses origines, l'Hôtel-Dieu n'existe que par le seigneur et les habitants de Saint-Chamond. Il faut lui donner une existence légale vis-à-vis du pouvoir. En 1711, le maire de Saint-Chamond, le recteur de l'hôpital… montrent à l'Archevêque de Lyon la nécessité de "mettre à l'avenir cet hôpital à l'abri de toute insulte". Soutenu par celui-ci, le nouveau marquis de Saint-Chamond, Charles-Emmanuel de la Vieuville, obtient du roi Louis XIV, en 1713, ces fameuses lettres patentes qui officialisent l'existence même de l'établissement.
En 1728, les Recteurs de l'Hôpital font appel aux sœurs de Saint-Joseph pour soigner les malades. Elles remplacent les "filles de service" jugées sévèrement par la hiérarchie : "Comme il n'y avait, en effet, que les gages qui les attiraient et qu'elles n'avaient point de zèle particulier qui les animât, ou elles se mariaient, ou elles se mettaient en service chez des ecclésiastiques." Leur nombre variait de 3 à 8, suivant le nombre de malades.
En 1730, il est décidé d'augmenter la surface d'accueil. Il faut dire que la demande dépasse de loin l'offre : une vingtaine de malades peut être accueillie. Et la précarité des habitants est grande : "cette ville est remplie d'un grand nombre d'ouvriers en soie et en fer, qui ne peuvent dans leurs maladies et autres besoins avoir recours qu'au dit Hôtel-Dieu ; que d'ailleurs il y a beaucoup de soldats, passants et autres personnes qui y sont nourris et médicamentés ; et que les secours que le public en reçoit y font abonder un si grand nombre de pauvres, qu'il est nécessaire d'en agrandir les bâtiments, à quoi beaucoup de personnes charitables sont disposées de contribuer…2" Les travaux commencent lentement, sans doute en fonction des finances. Une nouvelle impulsion est donnée en 1789. Ils ne sont achevés qu'en … 1830.
En 1733, Antoine Dumaine, riche propriétaire d'Izieux, lègue à l'Hôtel-Dieu une grande partie de ses propriétés. En contrepartie, il exige que les hospices réservent quelques lits aux malades d'Izieux et que, chaque semaine, ils envoient à la cure de cette paroisse 60 livres de pain pour les pauvres 5.
En 1753, malgré les dissensions du bureau, des travaux non négligeables sont exécutés : construction du grand escalier, d'un réfectoire, d'un cloître…
En 1757, l'idée d'un nouvel établissement pour les vieillards et les enfants fait son chemin. Par lettres patentes de 1761, Louis XV autorise la création " d' une maison de charité et école de travail, pour y retirer les pauvres vieillards septuagénaires nés ou établis depuis longtemps dans la paroisse, et les enfants de l'âge de huit ans pour y être instruits de leur religion et formés à des métiers jusqu'à l'âge de quinze ans." Parmi ces métiers, celui de cloutier fait l'objet d'un enseignement dispensé par un professionnel payé par l'établissement. L'Hospice de la Charité accueille ses premiers résidents en 1768. Le règlement est, toutefois, très strict : "… ne seront assistés ceux qui se seront adonnés à la débauche, les fainéants de profession, les jureurs et généralement tous ceux et celles qui seront notoirement de mauvaises mœurs et ceux qui négligeront d'envoyer leurs enfants aux écoles, catéchisme et instruction publique. Le travail obligatoire des pensionnaires passe pour être une thérapeutique et un gage de salut.2" Situé aux confins de Saint Chamond et d'Izieux, il fusionne avec les Petites-Ecoles des Pauvres sous le nom de "La Charité" qui s'installe près de l'hôpital au début du XIXe siècle 2.
En 1781, l'hôpital obtient, par lettres patentes du roi, le droit "d'acquérir", lui permettant ainsi d'acheter les maisons voisines pour s'agrandir. Pour la construction de nouvelles unités, il bénéficie de la générosité du dernier seigneur de Saint Chamond, le marquis de Mondragon, qui fait don de toutes les pierres tirées de ses carrières. Ce droit et ce don permettent d'accélérer les travaux décidés en 1730. A cette même époque, les Petites-Ecoles des Pauvres administrées jusque-là par les recteurs le sont désormais par l'hôpital.
La Révolution perturbe la vie de l'Hôtel-Dieu : ses biens sont confisqués, les religieuses doivent fuir. Et, pourtant, son rôle n'a cessé de se développer : entre 1750 et 1790, le nombre annuel de malades passe de 160 à 615. Une seule salle accueille enfants, vieillards, malades des deux sexes et de toute nature, contagieux ou pas. Les travaux de construction de l'aile orientale vont être interrompus avant leur achèvement, à cause de la Terreur.
La Charité ne peut plus accueillir de vieillards ou d'enfants : les dons ne rentrent plus à cause de la cherté de la vie ou du départ des familles riches. En 1795, elle doit fermer. Les locaux sont loués ; le matériel est vendu aux enchères. En vain, elle tente de confier les enfants à l'hôpital.
Le renouveau pour l'Hôtel-Dieu arrive en 1796 avec la restitution de tous les biens et la création d'une commission de gestion.
Grâce à un don privé, un nouvel établissement, la "Providence", voit le jour en 1804, dans un immeuble situé en face de l'hôpital et acquis par celui-ci avant la Révolution. Appelé aussi et encore la Charité, il reçoit les enfants provenant de familles indigentes. Animé par les sœurs de Saint-Joseph, il propose aux filles une formation pour le dévidage de la soie, la couture ou les tâches ménagères. Quant aux garçons, ils sont toujours dirigés vers la fabrication de clous.
Le 8 mai 1806, le Conseil municipal de Saint-Chamond prend connaissance du rapport de la Commission administrative des Hospices des malades et de Charité. Ce rapport a pour but de montrer que la gestion est en harmonie avec le décret impérial du 30 thermidor. La Commission observe :
" que deux maisons sont confiées à ses soins et à sa surveillance, savoir celle des malades et celle des orphelins et enfants indigents ou atelier de Charité. La première de ces maisons dont l'établissement remonte à des siècles déjà éloignés, a environ vingt mille francs de revenus annuels tant en propriétés rurales que maisons en ville, desquels il faut déduire 8100 francs pour contributions publiques, rentes viagères, redevances et aumônes auxquelles elle est assujettie, ce qui réduit son revenu net à 11 900 francs qui suffisent à peu près aux dépenses annuelles à moins que le déficit des récoltes ou des réparations extraordinaires aux immeubles ne lui rendent de secours extraordinaires absolument indispensables, ainsi que cela a eu lieu pour l'année dernière et qui a nécessité le secours de 3 000 francs demandé par la Commission sur le budget de l'an 14 …,
que la seconde maison est un établissement moderne et fondé depuis une trentaine d'années par le zèle et la bienfaisante sollicitude d'un des derniers pasteurs de cette ville, (Mr FLACHAT, curé de Notre-Dame) et auquel, concoururent par d'abondantes offrandes, diverses personnes charitables de cette ville,
que le patrimoine de cet établissement consistait dans la valeur de la maison d'habitation et dans un legs de 10 000 francs à lui fait par le sieur Nolhac, mais principalement dans le cœur des âmes bienfaisantes,
que cet établissement avait été fondé sur la plus aine morale puisqu'il n'avait pour but que de recueillir tous les enfants des deux sexes, abandonnés, pauvres ou orphelins, et de les élever dans l'exercice du travail et de la vertu, mais que n'ayant pu subsister au milieu des tempêtes révolutionnaires et du débordement de l'impiété, cette maison de Charité avait été forcée de rendre à la misère et à tous les inconvénients qu'elle entraîne des enfants qu'elle avait adoptés,
qu'autorisée par la loi du (date en blanc), la Commission administrative de l'Hospice a réuni à son domaine les propriétés de celui de la Charité, qu'elle a administrées en donnant à leur produit une destination conforme aux intentions des bienfaiteurs de cette maison,
que depuis deux ans une nouvelle maison de Charité a été ouverte à Saint-Chamond, par une suite des soins et de la constante sollicitude de M. DERVIEUX, curé du canton, et des bienfaits des personnes charitables qui se sont associées par là à cette bonne œuvre, mais qui ayant plus consulté leur cœur que leurs moyens ne pourraient seules suffire à l'entretien de cet établissement,
que déjà trente enfants trouvent dans cette Maison un asile contre la misère, l'ignorance et l'immoralité, qu'ils y sont nourris et entretenus, qu'ils y prennent une profession analogue au sexe de chacun d'eux et qu'ils y reçoivent les instructions convenables à leur état,
que cet hospice ayant hérité du patrimoine du précédent, il possède donc : une maison et jardin, un capital de 10 000 francs, un secours de 3 000 francs sur l'octroi…,
que les dépenses sont beaucoup plus considérables à cause des réparations qu'il a fallu faire et du mobilier qu'il a fallu acheter,
que la Commission s'est crue dispensée par le décret qui l'a réunie à son administration et jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, d'employer en acquisition des rentes sur l'Etat les 10 000 f du legs de M. Nolhac, ayant sollicité l'autorisation de Sa Majesté l'Empereur pour faire l'emploi de cette somme dans l'achat d'une maison de la valeur de 16 000 F qui réunit à l'avantage d'être contigüe aux bâtiments trop resserrés qu'occupe l'hospice de Charité celui de procurer à une personne charitable et bienfaisante l'occasion d'enrichir cet hospice de 6 000 F qu'elle offre pour compléter le paiement de cette maison.
Six préposés de l'un et l'autre sexe sont attachés au service de cette Maison, savoir : 4 chefs d'atelier employés à enseigner aux enfants les professions propres à chaque sexe et 2 autres préposés chargés de pourvoir à la propreté de la maison et aux besoins de la vie.
Hospice des malades.
La Commission toujours soumise aux volontés du souverain n'a pas cru avoir transgressé les proportions voulues par le décret du 30 thermidor an 13, en conservant dans l'hospice les préposés qui y existaient avant ce décret. Elle observe à cet effet :
que l'hospice reçoit 37 malades
que le nombre des préposés, tant pour le service intérieur qu'extérieur est, il est vrai, de 17, et que le décret impérial veut que le nombre des préposés soit réduit à un au plus pour 8 malades ; mais que la Commission n'a pas dû penser que ce nombre ainsi restreint put comprendre les préposés à tous les services, ce qui serait alors absolument impraticable ; qu'il lui a donc paru naturel de l'expliquer dans le sens qu'il n'y aurait qu'un préposé pour 8 malades, que l'hospice de Saint-Chamond est au-dessous de ce rapport, n'occupant à ce service que 4 individus : ce sont 4 sœurs.
que deux autres ont la direction de la pharmacie formées à celle du Gand Hospice de Lyon, elles possèdent à fond l'art de la composition des remèdes, et la juste confiance qu'elles ont acquise devient pour l'hospice un objet de revenu, par la vente des médicaments qui se fait au-dehors et qui couvre au-delà la dépense des remèdes employés dans la maison d'environ 1 200 F, cette dépense qui est aussi évaluée 1 200 F présente un résultat de2 400 F en bénéfice dans la balance des affaires de la Maison,
qu'une 7e sœur acquitte une charge imposée à l'hospice par fondation d'un bienfaiteur, en tenant une école gratuite pour les petites filles de la paroisse de Saint-Pierre,
que la 8e, plus que septuagénaire, a soin du ménage, du bouillon pour les malades, de l'achat des provisions et layettes pour les enfants abandonnés ; elle est secondée par une fille de peine et à gages,
que deux frères hospitaliers sont employés aux travaux de leur sexe, comme la boulangerie, le soin et l'hébergement des récoltes des domaines à moitié grains, le creusement des fosses de sépulture, et autres travaux du ressort des hommes, auxquels ils ont peine à suffire, ce qui porte le nombre des préposés intérieurs à 11 individus.
Les préposés extérieurs sont :
un médecin faisant le service toute l'année,
deux chirurgiens de quartier qui se partagent le traitement d'un seul,
un aumônier faisant aussi les fonctions de trésorier,
un inspecteur des domaines et des propriétés, chargé encore de l'inspection des enfants trouvés,
un secrétaire de la Commission.
En tout six individus salariés conformément à l'état ci-après :
Dépense :
Impositions annuelles 4800
Rentes viagères et perpétuelles 700
Redevances en aumônes conformément aux fondations 2600
Un médecin 300
Deux chirurgiens ensemble 300
L'aumônier trésorier 500
L'inspecteur des domaines et propriétés 250
Le secrétaire de la Commission 300
Reste pour l'entretien de 37 malades et 11 employés intérieurs 10250
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20000
La dépense par jour de 48 personnes tant malades qu'employés intérieurs sans déduire de cette somme le montant des réparations ordinaires, s'élève à raison de 59 centimes par individu.3"
Le conseil municipal, par des subventions répétées, cherche à soutenir les deux établissements. Mais le 10 juillet 1806, Napoléon Ier prend un arrêté pour limiter ces dépenses.
Un document de 1807 montre le montant et l'origine des revenus des hospices :
Loyers des maisons : 1378 francs.
Fermage des biens ruraux : 14067 francs.
Produits de grains, froment, seigle, avoine, œufs et beurre des métairies cultivées "à moitié fruits" : 5200 francs.
Rentes diverses.
Produit de la pharmacie.
Dons et legs.
Total : 33 963,90 francs2.
En 1807, la direction crée une salle des vieillards en remplacement d'aide à domicile. Cette institution, connue sous le nom de "Rang des Vieux", jouera son rôle jusqu'en 1970.
En 1807, encore, le curé Dervieux est à l'origine de la création d'une Salle des Vieillards à l'Hôtel-Dieu. A la fin du siècle, elle accueille une centaine d'hommes et de femmes. Les sœurs de St Joseph sont remplacées par des religieuses Augustines. Leur statut est approuvé par décret le 8 novembre 1910.
En 1808, un décret relatif aux enfants trouvés oblige l'administration de l'Hôtel-Dieu d'envoyer ces enfants à l'hospice de Saint-Etienne, car ils doivent être centralisés dans un seul établissement par arrondissement ou par département. A la suite de nombreuses réclamations, ces enfants retrouvent l'hôpital de Saint-Chamond quelques années plus tard.
Deux témoignages nous sont restés :
De Saint Martin, Le 6 auxt 1822 : Mes sœur on vous prie de veiller sur Les jours de deux petits inocent qui apartiene a la meme mere Il Nont que 7mois le 3 aoust on vous prie den avoir tout Les soin possible Lainnée sapelle filibert Le segon sapelle êtiene elle est de la grand cotte de Saint Andrée.
De Saint Martin 1822, 22 Mai : Mes sœur on n'a pas fait Batizée ce petit à cause de tropdocupation on vous prie den faire un petit crétien Il y a le billet de lenregistrement de la maison de ville je vous sallue Antoine.
En 1810, la "Charité – Providence" achète de nouveaux locaux : la demande est croissante. Elle accueille 12 enfants en 1804, 45 en 1810, dont 30 filles de 6 à 14 ans, formées au dévidage de la soie, à la couture …, résidant à Saint-Chamond depuis plus de 10 ans et n'ayant pas fait leur première communion. 15 garçons sont instruits dans la fabrication des clous.
A cette époque, les soins sont sous la responsabilité des sœurs Augustines.
L'hygiène corporelle ne fait pas partie de priorités que ce soit dans les logements privés ou les établissements publics. Le docteur Frédet, membre du Conseil municipal, demande l'ouverture de bains publics. L'eau, à la charge de la ville, proviendra la nuit des fontaines publiques. Ce à quoi le Conseil répond : "Le conseil considérant que les besoins de la ville, par suite de son agrandissement exige la création de plusieurs nouvelles fontaines. Que pendant la sécheresse de l'été, l'eau devient insuffisante pour le service des fontaines actuelles, puisque l'administration s'est vue dans la nécessité d'y adapter des robinets que l'on avait la précaution de fermer chaque nuit. Le conseil rejette à l'unanimité la proposition de M. Frédet tout en reconnaissant la nécessité d'un tel établissement.2"
Les soins à domicile arrivent à Saint Chamond, en 1834, grâce au travail des sœurs Saint-Vincent-de-Paul. Devant une demande de plus en plus importante de la population, elles se rapprochent de l'hôpital, créent une pharmacie en 1850. Leur nombre passe de 3 à 10.
En 1863, l'administration de l'hôpital crée deux lits pour les accouchements, tout en considérant que cela n'est pas de son ressort. Jusque-là, et du fait de l'insuffisance des moyens, les futures mères sont assistées par des matrones sans connaissance théorique, en particulier quant à l'hygiène.
Entre 1865 et 1870, des initiatives privées vont pourvoir aux insuffisances des pouvoirs publics. La famille Alamagny fonde un asile, une crèche et un hôpital pour enfant. Ces établissements seront repris par les Manufactures réunies pour en faire un asile et un hôpital pour ses ouvrières.
En 1890, l'hôpital compte 104 lits.
A la fin du XIXe siècle, la mairie envisage de déplacer l'hôpital à la limite de la ville, dans la propriété de l'Ollagnière. Un architecte de Lyon en dresse les plans. La commission administrative des hospices de Saint-Chamond, dans sa séance du 21 août 1876, présente un projet de règlement de l'hôpital et de l'asile de convalescents, rédigé par les médecins et les chirurgiens.
"Toutes les personnes admises à l'hôpital à quel titre que ce soit sont tenues de se conformer aux mesures d'ordre et de discipline que la Commission Administrative, d'accord avec les médecins, croit devoir prescrire.
ARTICLE 1
- Ne sont acceptés dans les salles de l'hôpital que les indigents de blessures et affections internes et de certaines maladies chroniques telles que rhumatisme, l'état catarrhal, etc…
- Tout ouvrier et toute ouvrière appartenant à une usine, à la Compagnie des Mines, à un établissement industriel quelconque, à une compagnie d'assurances, à tout corps d'état, et blessé pendant son travail, ne sera reçu que comme payant et par conséquent avec une lettre de son patron qui se déclarera responsable de ses frais de séjour à l'Hôpital, ou sur la présentation au médecin qui assumera à lui-même cette responsabilité pour le compte d'une compagnie dont il serait le délégué.
- Ne sont pas admis ceux qui ont des maladies chroniques réitérées, des maladies contagieuses et certaines affections de la peau, maladies vénériennes, etc…
- L'admission des blessés ou des malades est prononcée par le médecin de service.
- Pour les cas d'urgence, constatés par un médecin quelconque, les malades ou blessés ne seront reçus que le matin de 8 heures à 10 heures après avoir été visités par l'un des chefs de service.
- Les malades ou blessés, qui après leur admission sont reconnus incurables, ne seront pas conservés à l'Hôpital.
- Le médecin adressera à la Commission Administrative un rapport constatant l'état précis des malades qui séjournent depuis plus de trois mois dans l'Hôpital, et les causes qui nécessitent leur maintien dans l'établissement.
ARTICLE II : ORDRE ET DISCIPLINE
- Les malades auxquels le médecin n'a pas prescrit de repos au lit se lèveront à 6 heures du matin et se coucheront à 7 heures du soir du 15 Avril au 15 Septembre et de 7 heures du matin à 6 heures du soir, du 15 Septembre au 15 Avril.
- Ils sauront tenir en ordre les meubles à leur usage, venir en aide à leurs camarades et exécuter toute espèce de travail qui leur sera commandé par la sœur de service pourvu que, de l'avis du médecin, ce travail ne soit pas incompatible avec le traitement ordonné.
- Au moment de la visite du médecin, le malade devra se trouver dans son lit et couché ; à celui de la distribution des vivres et des médicaments, il se tiendra près de son lit.
- Si un malade ne peut consommer la ration qui leur est allouée, il doit en faire l'observation à la sœur au moment de la distribution ou tout au moins lui remettre fidèlement ce qu'il aura en plus. En aucun cas, il ne doit donner l'excédent à un autre malade.
- Il est formellement interdit à tout malade ou visiteur de troubler le calme qui doit régner dans cet asile ; de parler à haute voix, de susciter des querelles, de cracher sur le plancher, de fumer etc…
- Les malades doivent garder le silence et se montrer respectueux quand un ecclésiastique, un administrateur ou les médecins visitent la salle et pendant les exercices religieux.
- Aucun malade ne peut, sous quelque prétexte que ce soit sortir de l'Hôpital sans la permission de médecin aux soins duquel il est confié, ou de la sœur à laquelle cette permission est confiée ; le malade est tenu de rentrer à l'heure exacte qui lui aura été assignée.
- Les malades ne doivent dissimuler aucune maladie en aucune circonstance qui s'y rapporte. Ils sont tenus de prendre les médicaments aux heures indiquées et de la manière prescrite.
- Les malades ne doivent prendre aucun autre traitement que celui indiqué par le chef de service.
- Il est défendu d'offrir ou de promettre aucune rémunération aux gens de service pour quelque cause que ce soit comme il leur est aussi formellement interdit de profiter de la sortie approuvée de l'un des leurs camarades pour se faire rapporter la moindre chose du dehors, à moins d'une autorisation expresse.
- Ils doivent respect et obéissance à la sœur de la salle et s'ils croient avoir quelque sujet de plainte, ils doivent s'adresser au médecin.
- Les médecins ont plein pouvoir dans la salle pour tout ce qui concerne leur service.
- Les parents ou amis des malades seront admis à les visiter tous les jours de midi à 2 heures. Il n'y aura d'exception qu'en vertu d'une autorisation spéciale.
- Il est interdit aux visiteurs d'introduire des comestibles ou des liquides dans les salles sans l'autorisation du médecin ; un contrôle rigoureux sera établi à cet effet. En conséquence, tout malade, tout infirmier ou tout servant qui, sans y avoir été autorisé aura introduit des objets de cette espèce sera immédiatement renvoyé.
- Messieurs de l'Administration ainsi que les sœurs de l'Hospice, espèrent que tous les malades qui, de l'avis des médecins, seront en état d'assister au service divin célébré chaque jour dans la chapelle de l'Hôpital ne manquent pas de le faire.
- Les malades qui enfreindront l'un des articles du règlement s'exposeront à être renvoyés.
- L'Administrateur de service et les médecins ont plein pouvoir pour faire exécuter le présent règlement qui sera affiché dans chacune des chambres des malades afin que chacun des intéressés puisse en prendre connaissance 4."
Ce texte est long. Il nous a semblé utile de le reproduire dans sa totalité. Chacun appréciera ..! A noter que le projet de construction reste à l'état de projet, de même que ce projet de règlement.
Au début du XXe siècle, les activités de l'hôpital sont plus sociales que médicales, même si certains secteurs comme la maternité en 1907, la pédiatrie (créée en 1908) font l'objet de travaux d'amélioration. Les enfants, filles ou garçons, ne reçoivent plus de formation professionnelle ; ils sont envoyés à l'école laïque, comme les autres enfants. A cette même époque, la famille Oriol fait construire un hôpital de vieillards, fermé dans les années 1970. La Croix-Rouge crée un dispensaire, un sanatorium.
En 1935, le Conseil municipal décide de créer un nouvel hôpital, avec la participation financière des entreprises locales. Celui-ci, en plein centre de la ville, est inauguré le 2 décembre 1940. Le personnel infirmier a, pour cadres, des Sœurs du Très Saint Sauveur. Elles habitent jusqu'en 1986 dans les anciens locaux du Carmel qui jouxtent l'hôpital et accueillent, depuis, le service des urgences. L'hôpital est pourvu, au fil du temps, de nombreux services indépendants comme on peut le voir dans tous les grands hôpitaux : chirurgie, médecine (interne), pneumologie, gynécologie, pédiatrie, O.R.L, radiologie...
Pour terminer cette longue énumération, il semble important de parler de la peste, ce fléau médiéval, source de tant de morts.
En 1386, la relation d'un don montre qu'une léproserie existe à proximité de Saint Chamond. Elle est mentionnée en 1475, 1507. Il semble que la peste qui avait été à l'origine de sa création est, aussi, à l'origine de sa fermeture dans les années 1640. Le lieu de son implantation en garde encore aujourd'hui le souvenir : la Maladière.
Saint Chamond est touché en 1586, l'année de la grande peste. En cette même année, les récoltes sont très mauvaises, provoquant l'augmentation des prix des denrées alimentaires. Cherté, donc famine et peste font que "ne demoura guère de mayson en ceste ville qui n'en fut frappée de ladicte contagion."
La peste revient en 1628. Pour éviter la contagion, les malades sont isolés dans des cabanes de bois, sur le territoire du Fay. Pour leur permettre de suivre les offices religieux, une chapelle est construite sur les lieux mêmes : la chapelle du Fay, modeste, mais toujours en place aujourd'hui. Quatre frères capucins se dévouent jusqu'à la mort pour ces pestiférés. La "Rue des Trois Frères" (et non 4 !?) garde le souvenir de cet épisode de l'histoire de la ville.
La peste est de retour en 1640, plus violente encore qu'en 1628. Les mesures d'isolement, de quarantaine sont, sans doute, à l'origine de l'arrêt de cette "contagion" en France.
CHAPITRE 2
A RIVE-DE-GIER, et alentours
L'hôpital le plus ancien date peut-être du XIIe siècle, contemporain de celui de Valbenoîte à Saint-Etienne. Il est dédié à Notre-Dame de Pitié et à Saint-Jacques, en référence à ses fonctions : accueil de ceux qui souffrent (malades, pauvres pour Pitié) et des pèlerins de Compostelle (pour Saint-Jacques).
Il est situé près du seul pont qui franchit le Gier dans Rive-de-Gier et de la Porte de Lyon. Sa chapelle est financée par la famille Gaco. Rive-de-Gier est, en réalité, à l'époque un carrefour important entre deux voies très fréquentées. La croix de Bellevue, sur [la route qui relie Lyon à Rive-de-Gier, connue sous le nom] "les montagnes russes" marque le croisement de deux voies sur le chemin de Compostelle : intersection du "magnum iter tendens de Lugduni versus Rippageriam" et de " l'iter tendens de Vienna versus Riverium" . C'était ainsi le confluent de la route venant de Vienne, donc de l'est (Germanie, Suisse, Italie) avec l'itinéraire menant de Lyon au Puy, au Puy où commençait la "Via podensis"" vers Compostelle. Quant aux hôpitaux où les pèlerins pouvaient trouver refuge et assistance, ils étaient nombreux : Dargoire [hospice authentifié par un don en 1348] ; St Martin-la-Plaine (dit "de Jarrisallem") appartenant sans doute à la commanderie de chevaliers de St Jean de Chazelles, situé "rives de Jarisolent…" (1406)8.
En 1327, Thibaud de Vassalieu, chanoine de Lyon, lui fait un legs de trois lits garnis.
En 1628, une annexe est construite hors de la ville, dans le vallon d'Egarande pour le traitement et, surtout, l'isolement des pestiférés, comme dans la plupart des villes du Royaume de France.
Très prospère à ses débuts, grâce aux dons et legs, il est très mal administré par les recteurs. Dès 1634, on sait que "tous marchands et notables habitant audict Rive-de-Gier, pour euls et leurs successeurs, considérant que les bastiments dudict Hostel-Dieu sont grandement ruynés et détériorés et qu'il n'y a fonds et revenus audict Hostel-Dieu capables de les réparer ; joinct que la plupart desdits bastiments sont inutiles et inhabités, une partie d'iceux estant plus que suffisants pour esberger les pauvres y affluant, le surplus n'estant qu'à charge. A ces causes, ayant deslibéré en assemblée publicque et [décidé] d'appensionner et alliener partie desdits bastiments par le moyen desquels le revenu dudict Hostel-Dieu sera augmenté…8" Ce document est signé par : Claude Blaize, chirurgien, Jean Chol, praticien, Jean Forey, marchand, Florys Poinct, voyturier à Saint-Martin-la Plagne, Claude Ancellin, compagnon cordonnier.
En 1718, un mémoire, conservé aux Archives départementales de la Loire, confirme cette gestion malheureuse et tente d'apporter les solutions à adopter.
"Il y a quelques années que je me suis aperçue [l'auteur de ce mémoire serait-elle une femme ? Ou est-ce une erreur au moment de la copie du texte originel ? Ou plus vraisemblablement une faute d'orthographe du rédacteur ?] avec chagrin que l'hôpital de Rive-de-Gier était très mal régi et administré, ceux qui ont eu l'administration de cette maison l'ont tellement négligée … qu'au lieu d'y avoir procuré une augmentation de revenus, ils se sont diminués infailliblement par leur peu de soin, ayant contractés des mauvaises dettes et fait des aliénations au préjudice du Bénéfice et des ajencements de la maison, en sorte que les personnes pieuses et de biens qui auraient été portées à faire quelque don s'en rebutent, voyant le peu d'ordre qu'il y a, puisque Il n'y a pas même la pluspart du temps de la paille dans les lits, n'y une table dans la chambre tandis qu'anciennement il y avait des draps, des chemises, des matelas et des couvertures…Il y avait une assemblée de femmes les plus distinguées du lieu qu'on nomait les DAMES DE LA CHARITE qui se faisaient un plaisir par leurs zelles pieux d'avoir soin du linge et autres ustensiles de cette maison et de faire une bonne quete les bonnes fetes de l'année et le troisième dimanche de chaque mois à la porte de l'église paroissiale pour les pauvres…Cette bonne œuvre et cette charité se sont perdues…
La situation de cette maison est très concevable soit pour le lieu de Rive-de-Gier que pour les pauvres passants. Elle est dans la ville à l'Entrée par la porte de Lyon sur le bord de la rivière Gier et proche le pont. Il y aurait même un logement assez étendu si une partie n'avait été alliénée sans pension avec un grand espace de terrain qui a été alliéné pareillement sans pension …
Comme il n'y a pas longtemps que j'ay pris connaissance de cette maison ne l'ayant pris que depuis [?] parce que Monsieur le Comte Dalbon, de St Marcel, seigneur mentionnaire du dit Rive-de-Gier ma fait l'honneur de me pourvoir de l'office de perceveur fiscal je n'ay encore pu savoir précisément son revenu qui d'installer a présent a Deux cent livres par année, je s'ay qu'il y a une Rente noble qui marque son ancienneté qui a été bien négligée à faire reconnaître par les Recteurs.
Je s'ay aussi qu'il est d'usage que l'on doit nommer tous les deux ans Deux nouveaux recteurs à la place des anciens, Mais bien souvent ils y restent des Sept à huit années sans rendre aucun compte. Ces Recteurs recoivent et payent egallement les mendats et lorsqu'ils y a quelques poursuites ou diligences à faire les Deux Recteurs se renvoyent la balle de l'un à l'autre ce qui cause une perte considérable à cette maison.
J'ay remarqué encore que la personne que l'on met pour garder cette maison est quelquefois une pauvre bonne ou un homme marié qui recherchent cette demeure pour s'exempter du logement des gens de guerre, pour épargner un mouage ou pour vivre de l'aumone des pauvres qui sont obligés d'y aller loger parce que ce sont ordinairement des personnes aussi pauvres quelquefois que les pauvres mêmes qui y sont loger et lesquels au lieu d'avoir soin de la maison bien loin de là Deteriorent et emportent jusqu'aux serrures.
Il est vrai que feu Monsieur de St George dans sa visite générale a fait des règlements pour le bien de cette maison et qui portent que le sr Curé était président né, que les comptes des recteurs se Renviennent pardevant lui et les officiers des lieux tous les deux ans à leurs sorties en présence des habitants a la Manière accoutumée, que l'on tiendrait au moins tous les premiers jeudi de chaque mois un bureau dans la maison du dit hôpital pour déliberer des affaires concernant cette maison que les papiers seraient fermés dans un coffre duquel il y aurait deux clefs une entre les mains du dit Sieur Curé et l'autre entre les mains d'un des recteurs, qu'il serait tenu un livre des déliberations, et un autre livre de Recettes et Dépenses, et que les mendats seraient signés par le dit Sieur Curé et par le Sieur Chatelain, Mais jusqu'à présent ces règlements n'ont pas été observés. Ils ne l'ont été que seulement à l'Egard des mendats. Quoi qu'ils soient tres judicieux on y a aliené peut être les observations que j'ai faites et qui me paraissent mériter encore plus d'explication et plus d'Etude. C'est pourquoi le zelle et l'interet public qui m'a été confié depuis peu m'obligent d'avoir recours à Monseigneur l'Archeveque à Messieurs les Doyens Chanoines, Comtes de Lyon seigneur de Rive-de-Gier Curés primitifs et a Messieurs les grands vicaires de Monseigneur l'Archeveque qui ont l'authorité en main pour contribuer par leurs services au bon ordre a la bonne régie et au rétablissement de cette maison et même à l'augmenter de Revenus que j'espère avoir reçu avec l'aide de Dieu sur les Recteurs en place et ceux qui succederont observent exactement les règlements qui seront statués au bas de ce mémoire et en conséquence.
Premièrement pour faire baisser toutes difficultés entre les recteurs et pour établir une bonne règle à l'avenir qu'a commencer du premier de l'année courante le sieur RIVERSON qui a été choisi et nommé par Monsieur l'archeveque dans sa visite générale pour premier recteur, ferra la Recette et la depense et toutes les diligences qu'il conviendra à faire pendant deux années lequel est ordinairement appelé trésorier, l'autre recteur ne servira que pour servir d'aide dans les affaires qui le requerreront suivant les déliberation du bureau qui se tiendront, les poursuites se feront cependant sous le nom du tresorier et du recteur.
2. Que le Premier Novembre prochain Il sera fait une assemblée dans la maison de ville ou du seigneur au son de la grosse cloche a la maniere accoutumée pour nommer un Nouveau Recteur à la place du second pour rester deux années savoir la première année avec le dit Sieur RIVERSON en qualité de recteur et d'aide au trésorier pendant laquelle il [s'inira ?] et prendra connaissance des affaires de la maison pour être trésorier la seconde année et ainsi consécutivement les nominations se feront en sorte qu'il sera nomé tous les ans une personne qui sera la première année Recteur et la seconde trésorier. Par ce moyen il sera plus aisé de trouver un meilleur sujet que de nomer deux personnes à la fois.
3. Qu'il sera tenu deux bureaux par chaque mois de l'année, le premier sera tenu le premier dimanche du mois l'après-midi dans une chambre particuliere du dit hôpital dans lesquels bureaux le sieur Curé présidera, le Chatelain et a son absence le lieutenant et lorsque le Chatelain sera présent il aura la troisième place, le procureur d'assise la quatrième, le trésorier et le Recteur en suite.
4. Qu'il sera tenu un livre de toutes les délibérations qui seront écrites par le greffier en charge du dit lieu, lesquelles seront signées par les sus només et expédiées en cas de besoin par le greffier qui sera appelé secrétaire au bureau, le tout sans Retribution, lequel livre sera mis sous la clef après le bureau tenu dans un coffre et y restera comme les titres et papier de la maison pour avoir recours.
5. Qu'il sera fait deux clefs du coffre ou archives pour mettre les titres et papier qui seront remises l'une entre les mains du sieur Curé président et l'autre au tresorier et on ne fera aucune ouverture n'y on ne prendra aucun titre n'y papier qu'en la présence du président ou d'un officier qui chargeront ceux qui les prendront sur le livre de délibérations qu'ils signeront conjointement.
6. Pareillement il sera tenu un livre de Raison de toute la Recette et Dépense du Capital et Revenu de la maison dans lequel le trésorier raportera de son journal chaque bureau sa recette et Dépense en faisant apparaître de ses diligences, lequel livre restera aux archives.
7. Le Trésorier sera obligé d'avancer Cent livres savoir cinquante livres à son entrée de trésorier et les autres Cinquantes livres six mois après lesqu'elles cent livres lui seront rendues à l'apurement de son compte.
8. Le Président, officier, trésorier et Recteur qui composeront le bureau feront un [ un don au ? ] président tous les ans à l'entrée de leur premier bureau qui sera à leur volonté et discrettion, Si c'est de l'argent il sera remis au trésorier pour s'en charger et si quelqu'un d'eux fait faire quelques réparations ou ajencements dans la maison il en sera fait mention pareillement sur le livre du trésorier le tout pour être raporté sur le livre de raison.
9. Les comptes de chaque trésorier seront rendus à la sortie de leur charge ou un mois apres pour le plus tard pardevant le président et officiers des lieux en présence de l'autre Recteur qui deviendra pour son annee de trésorier et de celle des habitants à la manière accoutumée qui seront assemblés au son de la grosse cloche dans la maison de ville ou au bureau du dit hôpital.
10. Messieurs du bureau feront choix dans leur assemblée au commencement de chaque annee de deux femmes les plus distinguées du lieu qu'ils prieront ou feront prier par députation par le trésorier et le recteur ou le recteur seul pour faire la quete les bonnes fetes de l'année le jeudi saint et le troisième dimanche de chaque mois suivant leurs ancien usage leurs quetes seront remises au trésorier qui s'en chargera.
11. Les pretres et societaires qui demeurent sur les lieux pourront être només Recteur et fait tresorier leur seconde année comme il est expliqué à l'article 2 ci-dessus, à la référence qu'il n'y aura jamais qu'un pretre ou un societaire avec un laïque notable lequel pretre ou societaire aura sa place dans le bureau immédiatement fait en qualité de Recteur soit en celle de tresorier après le sieur Curé président né et présidera en son absence.
12. Ayant une parfaite connaissance de la sagesse et de la prudence des filles de la COMMUNAUTE ou SOCIETE qui sont établies à Rive-de-Gier que d'ailleurs leur établissement et leurs instituts sont de visiter les pauvres malades et de les soulager et d'enseigner les pauvres filles Elles seront obligées de se détacher à l'avenir trois filles de leurs communautés tous les ans chacune alternativement pour garder pendant une année ou plus longtemps le dit hôpital ou elles feront leurs habitations auront soin des malades et des pauvres qui y prennent leur logement, du linge qu'elles blanchiront et autres ustenciles, qu'elles feront les mêmes exercices que dans leur communauté et y enseigneront les pauvres filles, ce qui sera une séparation d'âme.
Les filles riches que la dite comunauté enseigne aussi, lequel linge et autres meubles dont elles seront chargées elles représenteront toutes et quand fois elles en seront requises par ceux qui tiendront le bureau et généralement feront les mêmes fonctions que font les sœurs des autres hôpitaux, et a leur deffaut en cas que cette communauté ne subisse plus qu'il en sera choisis par les sieurs du bureau trois autres filles de St Joseph ou autres sœurs grises qui sont établies dans le diocèse ou bien qu'il en soit établie trois sœurs grises autrement appellees hospitallieres afin qu'on ne soit plus exposé à y mettre des personnes qui n'auraient pas soin de cette maison comme c'est arrivé cy devant.
13. Les Mendats ne seront fait que sur le trésorier par le bureau et en cas que la nécessité le requiert par le sieur Curé ou par l'un des sieurs officiers comme anciennement.
14. Si le trésorier se trouvant absent les mendats pourront être tirés sur le Recteur qui sera obligé de les acquitter et de les remettre au dit tresorier qui sera tenu pareillement de le lui rembourser afin qu'il n'y ai qu'un compte rendu par le tresorier.
15. Et finallement laisser à la prudence des personnes qui tiendront le bureau comme il est dit ci-dessus pour ménager le capital et le Revenu de l'Hôpital et lorsqu'il n'y aura pas nécessité d'employer [ … ] assuré le surplus du revenu qui restera qu'ils pourront l'employer aux réparations urgentes et nécessaires et autres ajencements de la maison, même pour reprendre le logement et terrains y joignant qui ont été aliennés lesquelles réparations ne seront faites que par délibérations du bureau et que pour mieux persuader de l'attention qu'on aura a l'exécution des règlements ci-dessus demandés que le président ou l'un des officiers apportera tous les ans deux Extraits des délibérations qui auront été faites dans chaque bureau signés par les personnes qui le composent un au secrétariat de Monsieur l'archeveque et un autre au secretariat du chapitre de Messieurs les Comtes de LYON 7".
Ce texte, un peu long, a été reproduit à l'identique (orthographe, ponctuation …). Il montre les problèmes de gestion et les solutions théoriques apportées par ce "perceveur fiscal". Ces solutions s'avèrent insuffisantes ou, peut-être, sont-elles mal appliquées. Les bâtiments de l'hôpital sont finalement détruits vers 1750, la chapelle, avant 1770, sous prétexte d'élargissement de la route de Lyon pour faciliter le passage des charrois de charbon du Mouillon en direction du Rhône. Paradoxalement, cette démolition n'était peut-être pas seulement un problème de voierie. Entre 1718 et 1750, l'hôpital s'est enrichi grâce aux dons, aux legs et, surtout, aux ventes de locaux avec rentes. Et cet argent ne dore pas : l'Hôtel-Dieu fait office de banque locale en prêtant de l'argent contre rente. Cette activité est considérée illicite par les Trésoriers de France, institués par Henri III, pour surveiller les agents financiers. La sanction est brutale et se matérialise par la démolition pure et simple !
La Révolution aliène les capitaux provenant des rentes perpétuelles issues de la vente des biens légués à l'hospice et ses propriétés à l'exception de deux petites maisons dont les revenus reviennent au Bureau de bienfaisance.
Jusqu'en 1818, les malades sont soignés dans des conditions difficiles. A cette époque, les soins, les traitements sont très limités. L'issue est souvent fatale, et si ce n'est pas le cas, on ne peut pas dire que c'est grâce aux médecins.
En 1822, à l'initiative du curé Lancelot, l'abbé Velay, principal vicaire de la paroisse, crée une maison de charité destinée d'abord aux jeunes orphelines pauvres et aux nécessiteux. Son action est soutenu par l'assistance publique ce qui lui permet de louer de nouveaux appartements pour recevoir des ouvriers malades. Quatre lits sont installés dans un immeuble qui appartient aux sœur et frère Chambeyron. En 3 ans, 12 malades et une vingtaine d'orphelins peuvent être accueillis. Le service est assuré par les filles de notables de la ville. L'établissement porte le nom de "Hôpital de la Providence". Il comporte une pharmacie qui prépare des médicaments tant pour les pensionnaires que pour les habitants de la ville. Le décès prématuré du vicaire en 1825 et du curé en 1826 suspend le développement de cet établissement.
En 1823, le maire de la ville, M. Fleurdelix, entreprend de donner une existence légale à cet hôpital. Il obtient une réponse positive du ministère en mars 1824, sous condition "qu'on présente une dotation suffisante pour pourvoir à ses premiers besoins". A ces fins, il décide les membres du conseil à financer, à titre personnel, cette institution. Il lance une souscription auprès de ses administrés. Enfin, il réclame la restitution des biens que l'Etat avait confisqués par décision ministérielle du 3 prairial an 14 (23 mai 1806).
La dotation première s'élève finalement à 73 000 francs, composée par les biens immobiliers de l'ancien hôpital (18 000 f.), le mobilier de la pharmacie de la Providence (25 000 f.) et le montant de la souscription (30 000 f.).
Le 23 septembre 1825, la reconnaissance officielle arrive, enfin, par ordonnance du roi Charles X. Les locaux du Bureau de Bienfaisance sont affectés à l'hôpital. Celui-ci fonctionne dans les bâtiments loués depuis 1822, malgré le différend qui oppose les administrateurs et la propriétaire qui veut récupérer son bien. Un architecte, Jean-Baptiste Chambeyron, sans parenté avec les propriétaires de l'immeuble, est mandaté par les administrateurs de l'hôpital pour établir les plans des locaux utilisés. Le rapport, terminé en juillet 1826, montre, à l'évidence, qu'ils sont nettement insuffisants, d'autant que la population augmente, parallèlement à l'industrialisation de la ville. La propriétaire, Anne Chambeyron, y occupe deux pièces au rez-de-chaussée. A ce même niveau sont la pharmacie avec son laboratoire, la cuisine, le réfectoire. Au premier étage, se trouvent une salle pour les malades avec oratoire, un bureau administratif, une salle d'opération, une lingerie et une infirmerie pour les religieuses malades. Le deuxième est réservé aux sœurs : dortoirs et chambres. Enfin, le troisième ne comporte que des dépôts et séchoirs.
Un nouvel hôpital va donc être construit sur un terrain appartenant à l'hospice, à côté de l'existant. Les travaux débutent en janvier 1827. Les sœurs de la Charité de Nevers sont chargées des soins, dès le mois de juillet. L'autorisation ministérielle officielle pour cette construction n'intervient que le 30 mai 1828, après avoir eu confirmation que les ressources sont suffisantes. Le 17 avril 1829, le Conseil d'administration peut, enfin, se réunir dans le nouvel hôpital. Les locaux loués à Mme Chambeyron sont rendus à leur propriétaire.
Le nouvel établissement est décrit 30 ans plus tard par le chirurgien de l'hôpital, P. Hervier : "… notre hospice se trouve divisé en quatre parties distinctes. A rez-de-chaussée, la cuisine, la pharmacie, les bureaux, le laboratoire et la salle pour les classes. Au premier, les logements des sœurs hospitalières et les salles des femmes malades ainsi que la chapelle. Au second la salle d'homme. Il est éclairé au gaz et reçoit l'eau des fontaines publiques, l'hiver des poèles sont établis dans les salles, et en tout temps un fourneau y tient la tisane et les bouillons au degré voulu de chaleur…". Enfin, un jardin permet aux pensionnaires de faire de l'exercice.
En 1832, à l'occasion d'une épidémie de choléra, 30 lits répartis sur deux salles, sont destinés à ces malades.
En 1858, un nouvel asile accueille une vingtaine de vieillards.
En 1880, cet asile est transféré dans la vallée d'Egarande. Pourvu de plusieurs bâtiments et sur un terrain de 4,1 ha, il peut recevoir 200 pensionnaires des deux sexes. Il admet gratuitement les personnes de plus de 60 ans, sans ressource, venant des cantons de Saint-Chamond et Rive-de-Gier. Les personnes disposant de faibles ressources peuvent également y être reçus, à titre exceptionnelle s'il y a de la place. Les hommes valides participent aux travaux de nettoyage et d'entretien du jardin potager. Les femmes font du nettoyage, de la couture, du repassage. 17 Petites-Sœurs des Pauvres s'occupent de l'établissement. Elles ne disposent que de dons en espèces ou en nature. Elles n'ont aucune subvention. Les pensionnaires malades sont soignés gratuitement par les médecins de la ville. En 1912, l'asile accueille 100 hommes et 75 femmes. Le potager et la porcherie produisent une partie des aliments de base.
En 1896, l'hôpital compte 78 lits : 26 pour les habitants de Rive-de-Gier, 16 pour les communes rattachées, 2 pour la verrerie (à l'exclusion des teigneux, galeux et syphilitiques). 15 sont réservés au personnel soignant.
En 1899, le Conseil municipal désigne une commission chargée de recueillir des dons et de trouver un emplacement pour la construction d'un nouvel hôpital pour recevoir la population qui a doublé depuis 1827, passant de 8 111 à 16 000.
En décembre 1900, MM Marrel frères, maîtres de forges, proposent à la ville de construire, à leurs frais, un hôpital de 100 lits, ce que la municipalité accepte avec empressement et remerciements officiels. Le terrain sur lequel doit se situer le nouveau bâtiment fait l'objet d'un échange avec son propriétaire, M. Juvanon, qui reçoit en contrepartie un terrain de surface double appartenant à l'hospice.
Cette décision est à l'origine de dons : 54 000 francs, de M. Guillemain, rente annuelle de 10 000 francs, de M. J.-M. Marrel. Les donations sont parfois accompagnées d'exigences qui sont source de longs débats. Les frères Marrel souhaitent, par exemple, que la chapelle soit ouverte les dimanches et les jours de fête à la population ripagérienne (habitants de Rive-de-Gier). La Commission administrative refuse : la chapelle est destinée aux malades et au personnel de l'hôpital. Des messes pourront y être célébrées en réponse à des legs et à des dons. Les messes funéraires y sont interdites…
A l'issue d'un concours, l'architecte Vernon est chargé de la direction des travaux exécutés par l'entreprise Gouyon, de Lyon. En janvier 1902, la première pierre est posée en présence de ministres : Waldeck-Rousseau, Président du Conseil, Général André, ministre de la Guerre, de Lanessan, ministre de la Marine, Decrais, ministre des Colonies et Millerand, ministre du Commerce et de l'Industrie.
L'hôpital est inauguré le 9 octobre 1905. Il a couté aux donateurs 1 100 000 francs. En vertu de la loi du 5 août 1879, il est géré par une Commission administrative présidée par le Maire qui désigne deux administrateurs. Quatre autres sont nommés par le Préfet. Chaque année, elle choisit parmi ses membres un vice-président et un ordonnateur des dépenses. Elle établit un règlement intérieur :
"Article 1. Interdictions diverses aux malades et blessés. Il est formellement interdit aux malades et blessés, en traitement à l'hôpital :
1° d'introduire ou de se faire apporter de l'extérieur, liqueurs, boissons alcooliques ou autres, tabac et remèdes, sans autorisation expresse du médecin. Le concierge devra veiller tout particulièrement, à l'exécution de cette interdiction ;
2° de fumer, faire du bruit, causer à haute voix et se quereller dans les salles ;
3° de cracher sur les parquets des salles ou les mosaïques des couloirs et vestibules, des crachoirs hygiéniques existant dans les salles et lavabos ;
4° de jeter quoi que ce soit par les fenêtres ou dans les lavabos ou cabinets ;
5° de se mettre aux fenêtres et d'avoir des rapports avec les malades des salles voisines ;
6° de toucher ou manipuler les appareils de chauffage et ceux d'éclairage. Les malades convalescents pourront se promener, aux heures et aux endroits indiqués, mais avec défense expresse de toucher aux fleurs et aux fruits des plantes et arbres s'y trouvant.
De plus, ils devront, lorsqu'ils y seront autorisés par leur médecin, prêter leur concours pour l'entretien des salles et au besoin aider au service.
Article 2. Visites du médecin
Lors de la visite du médecin, qui aura lieu tous les jours de 9 heures à 10 heures du matin, les malades devront être couchés ou debout au pied de leur lit.
Le silence le plus complet devra régner pendant toute la durée de la visite.
Le renvoi des malades ou des blessés guéris sera prononcé exclusivement par le médecin de service.
Article 3. Visites aux malades.
Les visites du public aux malades auront lieu les dimanches et jeudis savoir :
1° du 1er avril au 30 septembre de 3 heures à 4 heures du soir et
2° du 1er octobre au 31 mars de 2 heures à 3 heures du soir.
Des autorisations particulières pour les autres jours pourront être accordées, en cas de circonstances imprévues ou exceptionnelles par Madame la Supérieure.
Article 4. Sorties des malades.
Il est de règle générale qu'aucun malade ou blessé en traitement à l'hôpital ne peut sortir de l'Etablissement [Il et préconisé de faire venir un coiffeur sur place…].
Il n'y sera dérogé que pour des cas graves, et avec l'autorisation du médecin de service ou en son absence, de Madame la Supérieure, lorsqu'elle en reconnaîtra l'indispensable utilité.
Tous les malades et blessés en traitement à l'hôpital seront tenus de se conformer au présent règlement, sous peine de renvoi immédiat 7".
Chacun appréciera !
Claudius Chomienne dans son livre sur l'histoire de la ville de Rive-de-Gier décrit le bâtiment dans ses moindres détails. Nous retiendrons simplement que les femmes malades ont droit à 3 salles de 8 ou 16 lits, avec lavabos et cabinet d'aisance ; les water-closets sont à chasse d'eau… Pour les femmes atteintes de maladies contagieuses, sept cellules ont été installées avec une salle de bain réservée à ces malades.
Dès la première réunion de la Commission administrative du 14 octobre 1905, il apparaît que des aménagements doivent être réalisés. La morgue n'a pas été prévue ; "on se sert, en attendant, de la conciergerie pour le dépôt des corps, ce qui n'est guère convenable…la ville, qui est appelée à faire déposer dans ce local les cadavres des inconnus trouvés morts sur le territoire de la commune devrait en assurer la dépense". Il est suggéré d'en construire une dans les dépendances, près du cimetière. Le concierge ne touchera une rétribution de 6 francs par mois qu'à partir du 1er avril 1908.
Conformément aux décisions du Conseil Général de 1906 et 1907, l'hôpital est tenu de recevoir les vieillards, les infirmes et les incurables qui ne peuvent être traités à domicile. Leur nombre maximum est de 17. Le prix de journée est, comme pour les autres malades, de 2 francs par jour. Pour les accidentés du travail, les entreprises payent 3 francs par jour.
En 1909, le Conseil municipal achète 3 lessiveuses avec foyer pour laver les linges des malades pour éviter toute extension de maladies contagieuses.
En août 1910, afin d'améliorer l'hygiène des citoyens, le conseil municipal décide la construction d'un établissement de bains-douches, avec 11 cabines et toutes les pièces annexes indispensables. Le coût est de 45 000 francs, dont 25 000 versés par l'Etat. Le 22 décembre de la même année, le Ministère de l'Intérieur accorde la subvention espérée, financée par un prélèvement de 15% sur les jeux. En contrepartie, le tarif est fixé comme suit : pour adultes, savon compris : 0,15 fr ; pour enfants, savon et serviettes compris : 0,10 fr. Par ailleurs, deux mille bons gratuits sont réservés aux enfants des écoles publiques et 1000 au Bureau de bienfaisance.
En 1910, également, l'effort de la municipalité pour les plus pauvres se poursuit :
Subvention à l'hôpital 3 000 (en nette diminution)
Subvention au Bureau de bienfaisance 12 000
Dépense des enfants assistés 2 150
Dépense des aliénés indigents 6 500
Assistance médicale gratuite 13 600
Dépenses des incurables et sourds-muets 4 000
Secours aux indigents et passagers 600
Secours aux familles nécessiteuses des réservistes
et territoriaux 800
Subventions diverses 6 000
Assistance aux vieillards (part de la ville) 6 500
Soit un total de 55 150 francs
En 1910, les 7 docteurs de la ville assurent à tour de rôle et chacun pendant 3 mois le service de l'hôpital, moyennant une rétribution mensuelle de 100 francs. Les cas graves ou nécessitant certaines opérations sont dirigés vers St Etienne ou Lyon. Le service des salles, de la pharmacie et de la cuisine est assuré par neuf sœurs de l'Ordre de la Charité de Nevers. Les dépenses se sont élevées en 1910 à 70 424 fr sur lesquels il a été prélevé :
Honoraires des médecins 1 200
- du pharmacien 600
(il est responsable, mais vient rarement ; service assuré par les sœurs)
- du receveur 1 300
- du secrétaire 400
- de l'architecte 250
Les recettes atteignent 70 400 fr.
A compter du 1er janvier 1912, jusqu'au 31 décembre 1915, les vieillards, les infirmes et incurables touchent une allocation mensuelle qui ne peut dépasser 20 francs.
La guerre de 14-18 nécessite l'ouverture de tous les hôpitaux aux blessés. Celui de Rive-de-Gier ne fait pas exception. Mais pour ouvrir une ambulance, ou hôpital militaire ambulant, l'hôpital ne dispose pas de ressources et de personnel (les sœurs) suffisants. Il fait un appel aux dons auprès de tous les citoyens.
C'est à cette époque que l'hôpital est doté de douches, grâce une nouvelle fois à la famille Marrel.
Quelque 50 ans plus tard, dans les années 1970, la baisse de la fréquentation du service de chirurgie et – toujours, ou déjà – les problèmes financiers incitent au rapprochement avec l'hôpital de Saint-Chamond. En 1975, la construction d'un nouvel hôpital sur la commune de Saint-Chamond est envisagée. Un terrain de 5,3 ha est même acheté à Fonsala. Mais l'autorité de tutelle ne donne pas son accord. La maternité suit le même chemin que la chirurgie. Celle-ci se développe à nouveau grâce à l'arrivée de deux chirurgiens. Un service d'urgence est même créé. Les deux services de médecine fonctionnent correctement. Les nouvelles normes sanitaires vont sonner le glas de tous ces services. En 1991, les dirigeants s'orientent vers une nouvelle activité insuffisamment développée dans le Pays du Gier, la rééducation fonctionnelle. Finalement, en 1996, les deux hôpitaux fusionnent devenant ensemble le "Centre Hospitalier du Pays du Gier". Saint-Chamond garde les services de chirurgie, de médecine, la maternité, la pédiatrie ; Rive-de-Gier développe son service unique de rééducation fonctionnelle 10 ; il garde le souvenir de ses bienfaiteurs. Il est toujours appelé "Hôpital Marrel".
Qui a fait le bon choix ? L'évolution le dira. La proximité de l'Hôpital Nord de Saint-Etienne fait craindre le pire pour Saint-Chamond, à moyen terme. La pédiatrie a disparu depuis longtemps. Des services sont remis en question pour des raisons budgétaires comme dans toutes les villes moyennes de France. Et pourtant la qualité de l'accueil, des soins, la compétence des personnels soignants, la taille humaine des locaux, ne peuvent que nous faire espérer que l'hôpital de Saint-Chamond proposera encore longtemps les services de proximité qu'il a su développer depuis sa création.
CHAPITRE 3
Les Praticiens du Pays du Gier
Ce terme de praticien est volontairement imprécis. Il fallait un titre englobant les différents métiers de la santé et de l'hygiène. Nous avons fait ce choix. Est-il justifié ? Nous vous laissons juges de son opportunité.
Nous souhaiterions parler, en réalité, de cinq métiers : chirurgien, chirurgien-dentiste, coiffeur retrouvés jusqu'au XVIIIe siècle sous les noms de barbier, barbier-perruquier, chirurgien, médecin, arracheur de dent, apothicaire.
Il semble que les historiens aient davantage prêté attention au corps médical qu'à certains métiers artisanaux pourtant très importants dans la vie de nos campagnes comme les charpentiers, les charrons, les maréchaux-ferrants… On trouve quelques noms de médecins ou de pharmaciens. Il est même étonnant de constater que les plus petits villages disposent d'un médecin. Reste à savoir si les médecins qui sont évoqués sont titulaires du diplôme et de la licence leur donnant le droit d'exercer ou si, avec quelques connaissances, ils peuvent se targuer de ce titre. Il faut dire qu'à cette époque, ces connaissances ont peu évolué et les traitements se limitent à des purgations, des lavements, des saignées ou quelques bouillons à base de simples.
Voici, donc, quelques noms que nous avons trouvés dans notre petite bibliothèque.
A Rive-de-Gier, Clément Fabri teste en mai 1500 : il engage son apotheca (pharmacie) en garantie d'une dette de vingt-cinq francs 13.
Toujours à Rive-de-Gier, Jean Jacquet, dit BEGULE, barbier en 1551, dit ensuite Jehan BEGULE, chirurgien-barbier, décédé en 1578 ; Guillaume BLAYSE ou BLEUSE, chirurgien à Rive-de-Gier en 1566 ; Pierre BLAYSE (fils ?) en 1570 et François BLAYSE en 1572, chirurgiens. Estienne BLAYSE chirurgien en 1574 13.
En 1620, Artaud Mazenod est apothicaire à Saint-Chamond 11.
En 1625, Richaud, médecin, chirurgien, à Saint-Chamond 12.
En octobre 1634, Claude Blaize est chirurgien à Rive-de-Gier 13.
En 1660, Hierosme et Louys Cours, sont maîtres chirurgiens dudit St Chamond 1.
En 1709, Nicolas Rolland, chirurgien, médecin de Saint-Chamond, et Léonard Verron, apothicaire, praticien, place Saint-Antoine, à Saint-Chamond12.
Jusqu'en 1728, le personnel soignant de l'hôpital de Saint-Chamond n'est pas spécialement qualifié : il est composé de jeunes filles qui agissaient par charité, intérêt financier (!) ou… espoir de trouver un mari. Le 21 mai de cette année, elles sont remplacées par des sœurs de la congrégation de Saint-Joseph. Celles-ci sont, suivant la formule consacrée, logées, nourries, blanchies, avec une rente annuelle de 80 livres. Elles sont chargées du soin des malades, de l'enseignement de la religion et de la lecture aux plus jeunes. L'une d'entre elles est chargée de préparer les prescriptions médicales, à la pharmacie. Une autre accompagne le médecin dans ses visites auprès des malades : elles ont lieu matin et soir, sept jours sur sept. Le médecin est un médecin de ville 1.
En 1744, la sœur Marie Cabane, chargé de la pharmacie, est renvoyée "vu son manque d'expérience et de savoir, et attendu que la pharmacie, de manière qu'elle a été tenue jusqu'à présent, est plus à charge qu'utile à l'hôtel-dieu." L'origine de ce renvoi semble, en réalité, d'ordre financier : les médicaments confectionnés par la sœur pour les habitants de la ville enrichissent la pharmacie plus que l'hôpital !
Les indemnités du médecin et du chirurgien sont relativement faibles : 200 livres en 1765. La commission municipale qui en décide se justifie en déclarant que "…les médecins des hôpitaux trouvent à la fois une large rétribution dans les connaissances qu'ils acquièrent et dans la confiance et la considération qui s'attachent à leurs fonctions. 2" 250 ans plus tard, les arguments n'ont guère changé !
En 1767, à Rive-de-Gier, Jean Baptiste RICHE est médecin et Gilles VIGNET, chirurgien14.
En 1779, le médecin de l'hôpital de Saint-Chamond s'appelle Meaudre. Il est assisté par un chirurgien, le docteur Orelut. Nous verrons dans le chapitre 4 que le chirurgien, un "manuel", est très mal considéré par les médecins 2.
A cette époque, les possibilités thérapeutiques sont très limitées. A côté des saignées réalisées par les sœurs, des lavements réalisés par les apothicaires ou leurs assistants, les purgations, les émétiques, les potions, les bols, "on fait plus appel à la nature qu'au médecin : cataplasmes, emplâtres et sinapismes, tisanes de plantes pectorales (mélisse, serpolet, bouillon blanc) pour les poumons ; eau de noix ou huile de ricin pour le ventre. Vin de sureau pour faire suer, bain de pied dans l'ougnon rouge aché pour tirer la fièvre, rue frite dans du sain doux sur la gorge pour l'angine ; eau-de-vie de vipère pour les froids ; pigeon coupé en deux appliqué sur la poitrine pour la pneumonie, sirop de limace pour la coqueluche15.
En 1806, le maire de Saint-Chamond évoque les établissements et les personnels en charge des malades et des pauvres :
"… Quatre sœurs plus deux autres ont la direction de la pharmacie, formées à celle du grand hospice de Lyon ; elles possèdent à fond l'art de la composition des remèdes et la juste confiance qu'elles ont acquise devient pour l'hospice un objet de revenu par la vente de médicaments qui se fait au dehors et qui couvre au-delà la dépense des remèdes employés dans la maison…
Une septième sœur acquitte une charge imposée à l'hospice par fondation d'un bienfaiteur en tenant une école gratuite pour les petites filles de la paroisse Saint-Pierre.
La huitième sœur plus que septuagénaire a soin au ménage, du bouillon pour les malades, de l'achat des provisions …
Que sept frères hospitaliers sont employés aux travaux de leur sexe comme la boulangerie, le soin et l'hébergement des récoltes des domaines, le creusement des fosses de sépulture et autres travaux du ressort des hommes auxquels ils ont peine à suffire …
Les préposés extérieurs sont :
Un médecin faisant le service toute l'année
Deux chirurgiens de quartier qui se partagent le traitement d'un seul…
Le médecin est payé 300 francs.
Deux chirurgiens ensemble 300 francs.
L'aumônier 500 francs [ ! ].
Le bon esprit qui dirige les sœurs hospitalières et qui ne peut être que l'effet de cette vocation miraculeuse inspirée par la providence à quelques personnes qui se vouent au soulagement des malheureux, les portent à confectionner entretenir et raccommoder tous les objets de consommation en linge, habillement des enfants trouvés …
Un décret impérial obligerait l'hospice à se séparer de trois sœurs dont celles employées à la pharmacie où elles procurent des revenus à l'hospice … Une requête est faite auprès de sa majesté l'Empereur pour conserver ce personnel…[ Economie, déjà ! ]2.
En 1810, les Religieuses Augustines remplacent les Sœurs de Saint-Joseph qui ont été chassées par la Révolution.
En marge des soins et de l'histoire des soignants, quelques dons peuvent faire sourire alors même qu'ils ont pour but le bien-être des malades. Ainsi celui de Jean-Baptiste Chaland : "en date du 15 février 1830, donne 4 000 francs au bureau de bienfaisance de Saint-Chamond, plus quatre mille francs à l'hôpital de la même ville pour être employés à l'achat de rentes sur l'Etat et dont le revenu sera employé, chaque année à acheter du tabac en poudre pour être distribué aux vieux et vieilles du dit hôpital 2."
En 1834, les sœurs Saint-Vincent-de-Paul s'installent à Saint-Chamond pour visiter les pauvres et les malades à domicile. Elles logent dans un bâtiment acquis grâce à la donation de Ml Marie Fournas – qui construit, également un asile : le nom de la rue porte, encore aujourd'hui, son nom. En 1850, elles déménagent à la Charité où elles créent une pharmacie 1.
En 1859, l'hôpital de Rive-de-Gier reçoit environ 270 malades par an et la mortalité y est d'environ un décès pour sept entrées. La maison est desservie par neuf sœurs de l'ordre de Nevers dont on ne saurait trop louer le zèle et la charité ; il y a, de plus, deux infirmiers. Le service de santé est fait alternativement par deux médecins 7.
En 1881, à la demande du Juge de Paix, des aménagements sont réalisés dans la pharmacie pour répondre aux prescriptions légales. Quant aux préparations du Codex, elles sont achetées à la Pharmacie Centrale de Lyon 7.
En 1886, la pharmacie prépare les médicaments pour l'hôpital, mais aussi pour la population de la ville, bien souvent gratuitement. Le pharmacien gérant et responsable doit avoir au moins 25 ans, être titulaire du diplôme de pharmacien et résider à Rive-de-Gier. Il doit surveiller les préparations et les ventes 7.
En 1896, devant le Conseil d'Administration de cet hôpital, M. le Président expose que "le prix de la journée des malades de l'Assistance Médicale est de 1 fr 85. Il comprend notamment les frais d'inhumation, soit 12 fr, de sorte que pour un malade demeurant à l'hospice une dizaine de jours par exemple et y décédant, on a : 10 j. x 1,85 = 18,50, - 12 = 6,50, soit 0 fr 65 par jour. Il y a donc un vœu pour que les frais d'inhumation ne soient plus à la charge des hospices 7."
Il faut attendre 1907 pour que soit créée une véritable maternité (Dr Laurençon), 1908 pour le premier service de pédiatrie (Dr Rigot).
En ce début de siècle, les plus pauvres font plus souvent appel aux rebouteux qu'aux médecins :
"…De vieilles femmes, guérisseuses, plus par expérience que par vocation coutaient moins cher que le médecin, la rebouteuse de la rue de l'Oie, la Rose, vous remettait les claquettes en alignement et une pieuse demoiselle spécialiste des luettes tombées vous coupait radicalement les crises d'impétigo des jeunes enfants. La pharmacopée locale bénéficiait d'une réelle renommée. On ne peut pas oublier le succès du Baume Sympathique fabriqué par la communauté des sœurs Saint-Vincent-de-Paul de la rue du Garat que l'on allait quérir dans leur pharmacie. Si sympathique, ce baume, qu'il fut interdit et la pharmacie fermée, sans doute pour cause de concurrence déloyale. Le sirop iodotannique phosphaté, des Frères Bleus de l'Hermitage, résista, lui, un peu plus longtemps 16".
Pour terminer ce chapitre sur les praticiens, nous nous devons d'évoquer le seul d'entre eux qui ait laissé son nom à l'Histoire de la Médecine, ou, plutôt, de la Chirurgie : Jacques LISFRANC de SAINT-MARTIN.
Jacques LISFRANC nait au plein cœur de notre Pays du Gier, à Saint-Paul-en-Jarez, le 12 avril 1787. Son père, Pierre, est chirurgien, descendant lui-même de trois générations de chirurgiens. Dans son enfance, il est formé aux belles lettres et s'adonne à quelques sports. Il pratique, aussi, le tournage sur bois, qui demande précision des mains et du regard. Deux ans d'études à l'Hôtel-Dieu de Lyon lui permettent de présenter le concours de l'internat à Paris, et d'y être admis en 1809. Après un bref retour à Lyon, où il réussit, là encore, le concours de l'internat lyonnais, il rentre à l'hôpital Saint-Louis en 1811, puis à Hôtel-Dieu de Paris, comme élève de Guillaume Dupuytren. Les relations entre le maître et l'élève ne sont pas des plus cordiales. L'avenir oubliera Lisfranc alors que Dupuytren sera à l'origine de nombreuses publications jusqu'à nos jours. Dupuytren fera tout pour briser la carrière universitaire et hospitalière de son élève qui ne parviendra jamais à obtenir une chaire à la faculté. D'où venait ce comportement ? Peut-être tout simplement de l'état d'esprit de Dupuytren décidé à discréditer et à faire rejeter tout jeune confrère brillant. Notre chirurgien local n'aura droit qu'à un signe de reconnaissance : la faculté de médecine de Saint-Etienne porte son nom.
Il soutient sa thèse en 1813, s'engage dans l'armée comme médecin-adjoint. A ce titre, la même année, il suit l'Empereur dans ce qui sera l'une de ses dernières campagnes, la campagne de Saxe. C'est l'occasion pour ce jeune chirurgien d'apprendre et d'exercer son art : amputations des membres, de la mâchoire supérieure, désarticulations au niveau de l'épaule, du pied … Il quitte l'armée en 1814.
En 1815, il publie le fruit de son expérience et de ses innovations : "Nouvelle méthode opératoire pour l'amputation partielle du pied dans son articulation tarso-métatarsienne", méthode qui sera dite "Lisfranc". Elle permet de conserver une part plus importante de la voute plantaire.
Emile Zola fait une description réaliste de cette dernière dans "La Débâcle" : " Cette fois, il s'agissait de la désarticulation d'une épaule, d'après la méthode de Lisfranc, ce que les chirurgiens appelaient une jolie opération, quelque chose d'élégant et de prompt, en tout quarante secondes à peine. Déjà, on chloroformait le patient, pendant qu'un aide lui saisissait l'épaule à deux mains, les quatre doigts sous l'aisselle, le pouce en dessus. Alors, Bouroche, armé du grand couteau long, après avoir crié: « Asseyez-le! », empoigna le deltoïde, transperça le bras, trancha le muscle; puis, revenant en arrière, il détacha la jointure d'un seul coup; et le bras était tombé, abattu en trois mouvements. L'aide avait fait glisser ses pouces, pour boucher l'artère humérale. «Recouchez-le!» Bouroche eut un rire involontaire en procédant à la ligature, car il n'avait mis que trente-cinq secondes. Il ne restait plus qu'à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat. Cela était joli, à cause du danger, un homme pouvant se vider de tout son sang en trois minutes par l'artère humérale, sans compter qu'il y a péril de mort, chaque fois qu'on assoit un blessé, sous l'action du chloroforme."
En 1819, il entre à nouveau à l'Hôpital Saint-Louis. Il obtient un poste de chef de service à l'hôpital de la Pitié en 1825.
En 1828, il rédige un "Mémoire sur la rhinoplastie". Son habileté lui vaut une clientèle très importante, souvent féminine, pour des problèmes gynécologiques, comme l'ablation du col de l'utérus.
Il s'intéresse également au traitement chirurgical du cancer du rectum, de la lithiase urinaire…
En 1842, il publie un ouvrage à propos de la "Clinique chirurgicale de l'hôpital de la Pitié" et, en 1845, un "Précis de Médecine opératoire".
Il meurt à Paris le 13 mai 1847. Il est enterré au cimetière Montparnasse : un bas-relief évoque sa campagne de Saxe, un autre son rôle d'enseignant.
L'évocation de la vie et des travaux de Jacques LISFRANC de SAINT-MARTIN nécessite un développement beaucoup plus important qui ne peut être réalisé dans cet article. Pour de plus amples renseignements sur ce chirurgien et gynécologue rejeté par nombre de ses confrères, mais admiré par des hommes de sciences, de lettres ou des politiques, nous vous incitons à lire l'article très complet rédigé par Louis-Paul FISCHER.
Ce troisième chapitre montre que les soins évoluent peu jusqu'au début du XIXe siècle. Les études sont très courtes. Les soins sont donnés essentiellement par des religieuses sous la responsabilité d'un médecin de ville. Elles réalisent les médicaments, sous la surveillance d'un apothicaire, de ville également. On rencontre de véritables dynasties, notamment en chirurgie : les Blayse, les Lisfranc. Nous n'avons pas trouvé de références concernant les dentistes dans notre Pays-du-Gier. Une seule fois, la profession de barbier et barbier-chirurgien est évoquée, englobant sans doute celle d'arracheur de dents.
Dans ces trois premiers chapitres, nous nous sommes contentés de regrouper des données qui se recoupent la plupart du temps, mais qui sont réparties tout au long des livres que nous avons consultés. Nous avons juste voulu faire une synthèse de ce qui a pu être écrit sur ce sujet depuis le XIXe siècle. Si nous en avons le temps, un jour, nous pourrons compléter ce travail d'historiens professionnels ou amateurs qui se sont penchés sur notre vallée.
Dans le chapitre 4, nous allons résumer, très modestement, l'évolution des connaissances médicales et des soins. Il constituera un support chronologique pour les instruments que nous vous présenterons. Ce sujet nécessiterait des centaines de volumes, sinon plus, ce qui sort de notre propos, et surtout, de nos connaissances.
CHAPITRE 4
EVOLUTION
DES CONNAISSANCES ET DES SOINS MEDICAUX
Voilà un titre bien prétentieux. Il va de soi que ce sujet ne peut être abordé que très partiellement. Une vie entière consacrée à ce sujet serait-elle insuffisante ? Plus simplement, il faudrait une documentation et des connaissances que nous n'avons pas. La raison d'être de ce quatrième chapitre est plutôt de situer les instruments que nous présenterons dans la rubrique "Outils d'Antan", "Les métiers de la Santé".
Depuis la préhistoire, les connaissances ont évolué lentement, mais sûrement, jusqu'au XVIIIe siècle. Elles ont fait un bon considérable à partir du XIXe siècle, bon qui s'accélère grâce aux nouvelles technologies et aux moyens financiers consacrés aux sciences médicales. Comme le dit F. Millepierres, "Il y a beaucoup plus de distance entre nous et Louis XIV qu'entre celui-ci et Péricles."
Dès le paléolithique, on observe, grâce aux recherches archéologiques, des actes médico-chirurgicaux comme des trépanations parfois multiples, avec un silex (à visée thérapeutique ou religieuse), des amputations des doigts (mais aussi le cas d'un pied remplacé par une prothèse réalisée avec une patte de bélier) et des traitements de fractures, sans rétablissement des axes osseux, mais avec, sans doute, contention et immobilisation suivies de formation d'un cal osseux irrégulier. L'observation de crânes a montré, également, des cas d'avulsions dentaires. Plus généralement, on retrouve dès cette époque des atteintes osseuses encore bien connues comme l'arthrose. De cette époque, il ne reste que des squelettes, quelques momies dont l'examen permet de reconnaître des pathologies et leur traitement. Quelques gravures rupestres nous donnent, également, des informations. Par contre, bien sûr, nous ne disposons d'aucun texte !
Il faut attendre le 2ème millénaire avant notre ère pour découvrir des textes précis. Ils nous viennent d'Egypte : ce sont les papyrus. Le plus célèbre d'entre eux est celui d'Ebers, daté d'environ 1500 av. J.-C., reprenant des documents du 3ème millénaire ; y sont répertoriés les remèdes destinés aux maux de dents, aux hémorragies, aux inflammations. Le papyrus Edwin Smith est consacré à la chirurgie, notamment de la bouche et des maxillaires. L'examen des momies permet de voir une fréquence croissante, au fil du temps, des pyorrhées, des caries, des abcès alvéolaires dans les classes riches alors que dans les classes les plus pauvres, c'est l'abrasion qui domine. Un masticatoire, le pan, avait une action sialagogue et antiseptique. Parmi les remèdes, l'ingestion de "souris cuites écorchées" peut nous étonner. Plus étonnant encore, cette pratique a perduré chez les Grecs, les Romains… et, jusqu'à nos jours, au Pays de Galle, avec d'autres indications. Il semble que des extractions dentaires sont réalisées, de même que des obturations à base de silicate de cuivre hydraté, d'éclats de pierre ou de résine de térébinthe. La cautérisation figure sur des peintures murales. Des consolidations sont réalisées avec des fils d'or ou d'argent.
A cette époque, les futurs médecins sont formés, après un apprentissage, dans des maisons de vie dirigées par des médecins-professeurs proches du pharaon. Suivant leur origine sociale, leurs aptitudes, ils deviennent médecins de la cour, médecins du peuple ou simples rebouteux. L'anatomie et la physiologie sont abordées, avec insistance sur le "psychisme des organes". Ceux-ci sont souvent décrits avec une connotation religieuse et fonctionnelle. Un médecin soigne une seule maladie ; il n'y a donc que des spécialistes. D'après Diodore de Sicile, "Ils établissaient le traitement des malades d'après des préceptes écrits, rigides et transmis par un grand nombre d'anciens médecins célèbres. Si en suivant les préceptes du livre sacré, ils ne parviennent pas à sauver le malade, ils sont déclarés innocents et exempts de tout reproche. S'ils agissent contrairement aux préceptes écrits, ils peuvent être accusés et condamnés à mort". On ne peut pas dire que cela incite à innover.
Si la maladie est guérissable, le médecin utilise une formule composée de nombreux produits provenant des 3 règnes : minéral, végétal et animal. Si elle est inguérissable, seules des incantations et des amulettes sont proposées au patient : les croyances religieuses sont étroitement attachées aux connaissances et aux thérapeutiques. Les médications sont composées, le plus souvent, de miel ou de bière douce auxquels sont incorporés les principes actifs :
- pour l'arthrose, natron, graisse d'hippopotame, de crocodile ou de silure, térébinthe, cuits et en application locale,
- pour les maux de tête, coriandre, bryone, pyrèthre, pin, genévrier, ocre, malachite, en application,
- pour les dents, on retrouve l'ocre et la malachite,
- pour les coups et enflures, le miel associé à l'argile, la graisse de taureau, l'urine humaine, le vin de dattes, en application,
- pour les luxations et fractures, après réduction et mise en place d'une attelle, application d'abord de viande fraîche, puis de miel…,
- pour les brûlures, les excréments de petit bétail, de la résine d'acacia…
L'anesthésie locale est réalisée avec un gaz "stupéfiant", le gaz carbonique, obtenu par action du vinaigre sur de la pierre de Memphis (jaspe).
Les fumigations jouent, également, un rôle important contre "les souffles néfastes" en gastro-entérologie, en gynécologie et en pédiatrie. Elles utilisent térébinthe, graisse … Toutes ces médications n'agissent que si les incantations ont été réalisées correctement.
La chirurgie intervient dans quelques cas déjà évoqués antérieurement : trépanation, réduction de fractures, amputations ; mais aussi, opération de la cataracte. L'hygiène dentaire n'est pas négligée avec la consommation de pastilles de myrrhe sèche, de térébinthe … Des prothèses dentaires sont retrouvées sur des momies.
La médecine, la chirurgie et la pharmacie égyptiennes gardent un renom considérable dans les grandes civilisations qui vont suivre : grecques ou romaines.
Avec la civilisation grecque, puis romaine, les médecins commencent à s'individualiser par rapport aux prêtres, aux magiciens. Ce qui n'empêche pas la déification de certains d'entre eux, comme Asklépios, devenu Esculape chez les Romains.
La formation se fait toujours par apprentissage, éventuellement dans des structures regroupant les spécialités connues, comme l'Asclépiade de Cos dont est issu Hippocrate (vers 460 av. J.-C.). A retenir dans l'opuscule de celui-ci, "La Dentition", que les dents apparaissent chez le fœtus au 7e mois ; à l'approche de la première dentition, les enfants ont des agacements dans les gencives, des fièvres, des convulsions et de la diarrhée. Une réaction toujours d'actualité ! De nombreuses affections bucco-dentaires sont décrites : accidents dus aux dents de sagesse, odontalgies, abcès alvéolaires, aphtes…
Les traitements ne changent guère. Des instruments sont dédiés à des tâches particulières comme l'extraction des dents, le nettoyage des dents (cure-dents en argent, en os, en arête de poisson…).
Il faut attendre le IIIe siècle avant notre ère pour voir apparaître l'ancêtre de nos Facultés de Médecine et de Pharmacie. Grâce aux très nombreuses dissections, des progrès notables sont réalisés en anatomie, et notamment en neurologie, gastro-entérologie. Nous retenons trois praticiens du début de notre ère : Dioscoride Pedanios, médecin, pharmacologue, botaniste, à l'origine d'une Pharmacopée qui sera utilisée jusqu'au XVIe siècle. Aulus Cornelius Celsius, dit Celse, rédacteur de "De Medicina Libri Octo", imprimé en 1471 par Gutenberg, comportant la description de nombreux instruments chirurgicaux. Enfin Galien, dont les travaux furent surtout exploités en Orient, alors même que l'Occident oubliait, pour un temps, en partie, les connaissances antiques. Celles-ci sont de retour au Haut Moyen-Age, via le monde arabo-musulman. Durant cette même période, on trouve quelques femmes médecins qui se consacrent aux accouchements.
Les pathologies de cette époque nous sont révélées par des sculptures, des peintures, des bas-reliefs, des mosaïques, des ex-voto anatomiques.
Les médicaments ont toujours la même origine. Les produits diffèrent, suivant la disponibilité locale. Les plantes sont achetées chez le rhizotome, les produits chimiques chez le pharmacopole ; les médicaments sont composés par le médecin. Les formes galéniques sont nombreuses : infusions, décoctions, lavements, poudres, pâtes ou comprimés… Le lys sert pour les brûlures, le ricin est, déjà, laxatif, le fenouil diurétique, la marjolaine stomachique, la grenade tænifuge, l'écorce de saule anti-inflammatoire. Les sels de fer sont hémostatiques. Servent, également, les sels de plomb (!), d'antimoine (déjà), d'arsenic, de cuivre (en ophtalmologie)… Le règne animal n'est pas mis à l'index : toile d'araignée, urine, fiente de lièvre et de mouton, mais surtout sécrétions du castor (contre l'épilepsie, les maux de tête, les douleurs utérines…). Pour l'anesthésie et la lutte contre la douleur, les praticiens enivrent leurs patients avec du vin ou de l'esprit de vin auquel sont ajoutées des plantes : jusquiame, belladone, suc de pavot et même… ciguë.
Le médecin dispose déjà de quelques instruments : ventouse, seringue, clystère, spéculum, spatule…
Nous retrouvons le même type d'intervention chirurgicale concernant les os. D'autres sont décrites au niveau des viscères, comme l'intestin. Les instruments sont nombreux, de taille variable : scalpel, bistouri, cautère, pince, trépan, spécillum…
Pour l'anesthésie, et contre les douleurs, le chanvre et l'opium sont les plus employés.
En ophtalmologie, le médecin dispose de préparations à base de plantes (safran, rose, buis, coing, romarin…) auxquels sont associés des sels minéraux (voir plus haut) ; le chirurgien pratique l'opération de la cataracte.
En chirurgie dentaire, il semble qu'à côté des traitements médicamenteux contre la douleur, la pose de prothèse est fréquente. Il existe des préparations végétales pour donner une haleine agréable, des poudres dentifrices (cornes de cerf brûlée, mastic de Chio et sel d'ammoniac). Dans son ouvrage De re medica, Celse (30 av. J.-C.) évoque l'hygiène dentaire et la pathologie buccale. Parmi les soins, il préconise l'obturation temporaire avec de l'ardoise pilée, du plomb et des textiles.A la fin du IIe siècle, Galien précise l'anatomie des maxillaires et des dents, découvre la présence des nerfs et des vaisseaux des dents, distingue pulpe et racine, et leurs pathologies respectives. Il attribue la formation de la carie à des humeurs internes acides. Il donne plusieurs formules de poudres dentifrices et de médicaments contre les gingivites. Comme Celse, il est en faveur de la conservation des dents.
Avec le Haut-Moyen-Age, la médecine et la chirurgie arabes prennent un essor considérable alors qu'en Occident, on reste plutôt sur les acquis. Du IVe au XIe siècle, de nombreux ouvrages réunissent toutes les connaissances anciennes, mais aussi toutes les nouvelles découvertes. Trois noms, en particulier, sont rattachés à cette époque, en Orient :
Rhazès et l'encyclopédie "Totum Continens" issue de ses travaux, où sont décrits la goutte, les lithiases rénales et vésiculaires, la rougeole, la variole…Pour l'hygiène dentaire, il conseille un nettoyage après chaque repas. Il obture les cavités avec une résine de lentisque mélangée à de l'alun. Plutôt que l'extraction dentaire, il préconise l'éclatement de la couronne.
Au XIe siècle, Avicenne et le "Canon" (description de toutes les pathologies connues) qui sera utilisé pendant des siècles par les médecins. L'art dentaire n'y est pas oublié, avec la description de l'anatomie, la physiologie et la pathologie des dents.
A la même époque, Abulcasis, dans le "Serviteur", traite du détartrage, décrivant instruments (14) dont les rugines, et position du praticien qui est situé au-dessus de la tête du patient : "Faites asseoir le malade devant vous, et placez-lui la tête sur vos genoux. Ruginez les dents et les molaires qui vous présenteront des concrétions ou des dépôts graveleux, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien." Il évoque la cautérisation des dents, des gencives, l'utilisation de l'air chaud. Il s'oppose à l'éclatement de la couronne, cher à Rhazès. Il présente avec précision l'avulsion dentaire et l'ablation de parties molles, cancéreuses ou non, de la cavité buccale. Il décrit, schéma à l'appui, les instruments nécessaires à toutes ces interventions.
En Occident, Averroes, en Andalousie, découvre le rôle de la rétine.
Dans la deuxième partie du Moyen-Age, naissent les premières universités. En France, citons Paris en 1215, Montpellier en 1220, Toulouse en 1229. L'anatomie et la chirurgie évoluent plus que la médecine, grâce aux dissections dont le nombre reste, toutefois, limité puisqu'elles ne peuvent être faites que sur des condamnés à mort. Plusieurs maladies infectieuses font l'objet de descriptions détaillées : syphilis, phtisie, lèpre, peste, typhus… Pour la première fois, les théories des Anciens sont remises en cause par Paracelse qui est à l'origine de la chimie pharmaceutique.
En France, ce sont les moines bénédictins qui pratiquent les premières interventions dentaires. Les arracheurs de dents exercent illégalement. A partir de 1311, une maîtrise et une pratique suffisante sont nécessaires pour l'exercice de la profession.
En Italie, la feuille d'or est préconisée pour le bouchage des cavités dentaires ; l'effet nocif du mercure sur les gencives est avéré.
Avec la Renaissance, la physiologie expérimentale connaît ses premiers balbutiements. Les dissections se multiplient, même si la "matière première" est difficile à trouver : réalisées initialement en plein air, elles le sont désormais dans des amphithéâtres. La connaissance de l'anatomie du corps humain progresse et donne lieu à la publication d'ouvrages spécialisés permettant la formation des futurs médecins. En cardiologie, la circulation du sang au niveau du cœur et des poumons est précisée. Les chirurgies rénales, herniaires, nasales connaissent leurs premiers succès.
L'invention des armes à feu est à l'origine de nouvelles blessures étudiées et soignées, en particulier, par Ambroise Paré. Dans un tout autre ordre d'idée, celui-ci crée la première école de sages-femmes d'Europe.
Le follicule dentaire, avec ses deux pôles, superficiel et profond, ainsi que la genèse des dents définitives sont décrits pour la première fois. De nouveaux instruments apparaissent pour les extractions dentaires, le pélican, le levier ou pied-de-biche, la pince, ancêtre du davier anglais, le tiretoir.
Le XVIIe siècle, le Grand Siècle, est le premier point de départ de l'expérimentation, de la raison. Les théories des Anciens commencent à être remises en cause. Encore faudra-t-il attendre quelques décennies pour que cela soit admis. A cette époque, deux facultés s'opposent, se détestent. La Faculté de Montpellier, plus "concrète", se tourne vers Galien pour ses découvertes en anatomie et sa thérapeutique en liaison avec la connaissance des organes. Elle a bénéficié de toutes les connaissances du monde arabe (voir plus haut). La Faculté de Paris, par contre, qui se dit la Faculté "très salubre", la plus proche du Roi et de la Cour, garde Hippocrate pour seule "Autorité". Sans faire appel à l'expérimentation, se contentant de sophismes des plus intellectuels, elle néglige les conseils du Maître qui prône l'expérience raisonnée. L'étudiant médecin est donc formé davantage pour réfuter les nouvelles découvertes, les nouveaux médicaments que pour en réaliser. Cette formation est donc essentiellement livresque. Seule la botanique fait l'objet de travaux pratiques. L'anatomie n'est abordée qu'au cours de rares séances de dissection, auxquelles assistent, au premier rang, les Grands de la Cour ; les étudiants sont relégués au fond des amphithéâtres. Quant à la physiologie, l'obscurantisme des maîtres, imbus de leur "savoir ancestral", plaçant le dialogue en latin au-dessus de toute avancée, retarde les recherches et la reconnaissance des découvertes.
Il faut dire, aussi, que les sujets de thèse ne sont guère propices aux progrès : "Le bourgogne est-il plus agréable et meilleur pour la santé que le champagne ?", "Les Parisiens sont-ils sujets à la toux quand souffle le vent du nord ?", "Faut-il tenir compte des phases de la lune pour la coupe des cheveux ?", "Le libertinage est-il cause de calvitie ?", "L'amour est-il bon pour la santé ?", ou, plus médical "Est-ce l'impulsion du sang qui fait battre le cœur ?", "Les veines partent-elles du cœur ou du foie ?"… A considérer davantage ces sujets, il semble que certains d'entre eux soient toujours d'actualités !
Pour l'examen du malade, le médecin dispose de quelques observations. Le pouls est le premier élément. Il est multiple, avec autant d'appellations : égal véhément, égal languide, égal-inégal ou inégal-égal, myouros (effilé), myouros réciproque, inégal intermittent…, désordonné (de mauvais pronostic). L'expérience est capitale ! Le deuxième est l'examen des urines : couleur, trouble, écume, et, même, goût (sucré pour les diabétiques). Les selles sont le troisième champ d'observation : consistance, couleur, odeur, fréquence. Par son traitement, le médecin doit obtenir des "selles bien cuites et bien conditionnées". L'observation du sang, disponible grâce aux saignées, est décisive : couleur, fluidité… A côté de ces 4 éléments fondamentaux, le médecin dispose de données plus classiques : signes cutanés visibles, aspect de la langue, douleurs, toux, sueurs… L'auscultation arrivera bien plus tard.
Le diagnostic est fait. Il ne reste qu'à donner un traitement. A côté de la saignée quasi systématique, purgations, clystères, bouillons, à base de plantes, d'extraits animaux ou de produits chimiques sont fréquents, mais non exclusifs. Electuaires, oxymes, juleps, sirops, moxas, robs, loochs, alcoolats, bols pilules, trochisques sont également d'emploi courant. Les préparations sont souvent très complexes : la thériaque comprend 70 principes actifs. La nature des produits utilisés est parfois surprenante : lombrics et peau de jeune bélier dans un emplâtre pour hernies ; pour "exciter la semence", testicule de cerf et priape, emplâtre à base de sperme de baleine, frai de grenouille…; contre les maladies des nerfs, la sciatique, l'huile des petits chiens (petits chiens nouveaux-nés coupés en morceaux, mélangés avec des vers de terre vivants et cuits pendant 2 heures !). Les eaux ne sont parfois guère plus attirantes : eau de toutes fleurs à base de fiente de vache où se retrouvent toutes les essences de la flore des prés ; contre la goutte, l'eau de mille fleurs n'est autre que l'urine de vache : 2 à 3 verres chaque matin. ; pour les yeux, l'eau d'hirondelles comprenant de l'excrément blanc d'un paon mâle et du crâne humain râpé…! Il existe ainsi des centaines de préparation. Par chance, certaines sont plus simples et justifiées. Le médecin a donc le choix ; l'apothicaire peut se faire du souci : les principes actifs ne sont pas toujours faciles à trouver ; la proportion de chaque produit doit être respectée.
Les plantes sont les plus fréquemment utilisées. Pour en disposer, tant pour la formation des médecins que pour le soin des malades, des jardins botaniques sont créés : le premier à Montpellier, en 1598, à l'initiative d'Henri IV, le deuxième à Paris, en 1626.
Ces quelques constatations ne doivent pas cacher une autre réalité : la recherche a bien commencé et commence à aboutir :
En 1628, l'anglais William Harvey décrit la circulation du sang. Sa théorie est contestée, notamment par Guy Patin, à la faculté de Paris, comme toujours. Il faut attendre 1672 pour qu'elle soit enseignée à Paris. A la même époque est découvert le circuit lymphatique. Sur un plan technique, le microscope amélioré par Van Leuwenhoek permet la découverte des bactéries, des vaisseaux capillaires, des cellules chez l'homme, des follicules ovariens, des spermatozoïdes… Toujours dans ce siècle, les premières transfusions, inter-espèces, sont réalisées, sans succès. En obstétrique, le forceps est utilisé pour la première fois par l'anglais Chamberlen.
En odontologie, apparaît l'histologie dentaire. L'émail remplace l'écorce. La structure dentaire est décrite : tubes dentaires, capillaires de la pulpe. Des forceps permettent d'extraire les racines ou des dents mal positionnées. D'autres instruments apparaissent : ouvre-bouche à vis, abaisse-langue, sonde métallique d'alimentation en cas de constriction des mâchoires.
L'utilisation du quinquina, des sels d'antimoine, sont à l'origine de controverses, de procès au sein d'une même faculté, comme celle de Paris.17
Le siècle des Lumières est riche en évènements médicaux, comme en de nombreux autres domaines. Les chirurgiens jusque-là considérés par les médecins comme de vulgaires manuels, sans formation, ne sachant pas parler latin, sont reconnus par Louis XV, en 1731, dans le cadre de l'Académie Royale de Chirurgie. Les apothicaires deviennent pharmaciens, distincts des épiciers, seuls habilités à vendre drogues et préparations magistrales.
En médecine, de nouvelles avancées concernent la cardiologie, l'ophtalmologie, la pédiatrie. La variolisation réalisée dès 1701 est remplacée en 1796 par la vaccination, grâce à Jenner.
En stomatologie, des travaux se concentrent sur la transplantation des dents d'homme à homme. Les extractions font l'objet d'inventions de nouveaux matériels : les clefs. La plus connue en France est celle de Garengeot qui n'a fait que reprendre le principe d'instruments allemands. Si elles permettent d'arracher les dents, elles enlèvent, parfois, en même temps, un morceau de maxillaire. Pierre Fauchard, considéré comme le père de la Chirurgie dentaire moderne, invente le tour et la fraise pour le perçage des dents ; il utilise également la drille du bijoutier. Il invente le plombage, traite les erreurs de position des dents avec fils et ressorts, surtout par luxation au pélican : ce sont là les prémices de l'orthodontie qui se développera réellement dans la première moitié du siècle suivant. Il réalise les premières prothèses à partir d'yeux émaillés, façonnés à la lime et fixée sur une plaque métallique. Les premiers dentiers en porcelaine apparaissent à la fin du siècle, en remplacement des dentiers en dents d'hippopotame, mal odorants et brunissant rapidement. Autre découverte : le miroir endo-buccal, en acier poli ou étamé, éclairé par une bougie.
Les dentifrices commencent à être fabriqués industriellement.
Des enquêtes sont menées sur les épidémies, l'état de nutrition. Des progrès sont réalisés dans le cadre de l'hygiène des populations : déplacement des cimetières en périphérie, création d'égouts.
Révolution et 1er Empire mettent en œuvre une organisation moderne des professions médicales, notamment au niveau de l'enseignement théorique et pratique. Le Consulat crée un programme de Santé Publique définissant, en particulier, le rôle des communes. Une école de psychiatrie est créée à Paris. C'est aussi l'époque de la naissance de l'homéopathie.
Toutes les spécialités médicales et chirurgicales progressent. A noter tout particulièrement en pneumologie, l'utilisation systématisée de la percussion thoracique et l'invention du stéthoscope, en 1815, par Laennec.
En odontologie, le davier, adapté au collet de chaque dent, remplace la clef au milieu du XIXe siècle.
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"…la médecine, constamment forcée d'agir, a tenté d'innombrables essais dans le domaine de l'empirisme et en a tiré d'utiles renseignements. Si elle a été sillonnée et bouleversée par des systèmes de toute espèce que leur fragilité a fait successivement disparaître, elle n'en a pas moins exécuté des recherches, acquis des notions et entassé des matériaux précieux, qui auront plus tard leur place et leur signification dans la médecine scientifique…
Il est ainsi évident pour tout esprit non prévenu que la médecine se dirige vers sa voie scientifique définitive. Par la seule marche naturelle de son évolution, elle abandonne peu à peu la région des systèmes pour revêtir de plus en plus la forme analytique, et rentrer ainsi graduellement dans la méthode d'investigation commune aux sciences expérimentales.
… Pendant la période empirique de la médecine, qui sans doute devra se prolonger encore longtemps, la physiologie, la pathologie et la thérapeutique ont pu marcher séparément, parce que, n'étant constituées ni les unes, ni les autres, elles n'avaient pas à se donner un mutuel appui dans la pratique médicale. Mais dans la conception de la médecine scientifique, il ne saurait en être ainsi.
… Mais la médecine scientifique ne peut se constituer, ainsi que les autres sciences, que par voie expérimentale, c'est-à-dire par l'application immédiate et rigoureuse du raisonnement aux faits que l'observation et l'expérimentation nous fournissent. La méthode expérimentale, considérée en elle-même, n'est rien autre chose qu'un raisonnement à l'aide duquel nous soumettons méthodiquement nos idées à l'expérience des faits.23"
Ainsi parlait Claude Bernard, en 1865, dans son "Introduction à l'étude de la médecine expérimentale". Cet extrait est positif : il ne rejette pas l'empirisme si souvent utilisé jusqu'à la fin du Moyen-Age. Il dit aussi que le travail sera encore long, sans doute jamais fini. Il ne se doutait pas, à l'époque, des progrès techniques énormes réalisés dès le siècle suivant. Et malgré cela, il est certain que les recherches ne seront jamais finies…
Nous sommes arrivés au terme de ce dossier. A lui seul, le chapitre IV n'est qu'une petite et modeste introduction à cette Histoire des Sciences Médicales. Nous ne pensions pas nous être engagés dans une telle aventure. Mais nous n'en resterons pas là. Nous réaliserons un autre chapitre sur la formation du corps médical évoquée pour certaines époques. Avec d'autres documents, nous essayerons d'étoffer ce 4ème chapitre : Louis Pasteur, Pierre et Marie Curie, et bien d'autres, ont leur place dans ce document. Mais avant cela, nous vous présentons les instruments modestes dont nous disposons. Ce sera notre prochain article dans la rubrique "Outils d'antan", "Les métiers de la santé".
FIN
(provisoire)
Bibliographie
1 J. Condamin, Histoire de St Chamond, A.Picard 1890 réédition Reboul Imprimerie 1996
2 Gérard Chaperon, Saint Chamond Au fil du temps, Actes graphiques, Saint Etienne, 2010
3 Lucien Parizot, L'œuvre d'assistance à Saint-Chamond vers 1800, Amis du Vieux St Chamond, Gerval n°15, Imp. G. Reynaud 1979
4 Raphaëlle et Gérard Mathern, Le Jarez d'Hier et d'Aujourd'hui n°18, Les amis du Vieux Saint Chamond, Reboul imprimerie Saint Etienne, 1991
5 J. Lapourré, Histoire de la ville d'Izieux, Imp. De la Loire Républicaine 1921, Réédition 1990 par les Amis du Vieux Saint Chamond Reboul Imprimerie St Etienne
6 Claudius Chomienne, Histoire de la ville de Rive-de-Gier, Le Livre d'histoire-Lorisse Paris 2003 – Réédition du livre paru en 1912
7 J. Marion & A.M. Masson, Histoire de l'hôpital de Rive-de-Gier, A.R.R.H. n° 6, 7, 8 Imp. Bonny Rive-de-Gier 1996 (n° 6, 7) – 1997 (n° 8)
8 Robert Lacombe, Recherches historiques II sur la Ville de Rive-de-Gier, F.Paillart Editeur-imprimeur à Abbeville 1985
9 J-B Chambeyron Recherches historiques sur la VILLE de RIVE-de-GIER 1844 Impression offset Imprimerie A Bontemps Limoges réédition 4è trimestre 1980
10 Jacques Blaes, L'Hôpital Marrel et les turbulences de l'évolution hospitalière, A.R.R.H. n° 8 Imp. Bonny Rive-de-Gier 1997
11 J. Combe, Le Bessat, Editions Dumas, St Etienne, 1969
12 François Gonon, Notre Vieux Saint-Chamond, 1944, réédition par les Amis du Vieux Saint-Chamond, Reboul Imprimerie 1992
13 R. Lacombe, Recherches historiques II sur la Ville de Rive-de-Gier, F. Paillart Editeur-imprimeur à Abbeville, 1985
14 J-B Chambeyron, Recherches historiques sur la VILLE de RIVE-de-GIER, 1844, Impression offset Imprimerie A Bontemps Limoges réédition 1980
15 Bernard Plessy, La vie quotidienne en Forez avant 1914, Ed. Hachette 1981
16 Père Pupier et Georges Delorme, Sur les ruines du château…des Fleurs ont Poussé.
Chapitre IV
17 François Millepierres, La vie quotidienne des MEDECINS au temps de Molière, Hachette, 1965
18 Jacques Cayotte, La Médecine aux temps préhistoriques, cliquer ICI
19 Gilles Delluc, Les maladies de l'homme préhistorique, 2011, cliquer ICI
20 Fabienne Olmer, La Médecine dans l'Antiquité : professionnels et pratiques, Publications de la Sorbonne, 2009, cliquer ICI
21 Valentin Daucourt, Une petite histoire de la médecine, 2010, cliquer ICI
22 Michel Dechaume, Pierre Huard, M.-José Imbault-Huart, Histoire Illustrée de l'Art Dentaire, Les Editions Roger Dacosta – Paris 1977
23 Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Garnier-Flammarion, 1966