LE MONDE AGRICOLE

 

 

DU PAYS DU JAREZ ET D'AILLEURS

 

Du Xe au XIXe siècle

 

Propriétaires, tenanciers, impôts

 

 

 

À côté des ecclésiastiques et des nobles tout puissants, on trouve, au bas  de l'échelle sociale, les vilains et les serfs. Ce sont eux qui s'occupent du travail de la terre, même si certains d'entre eux peuvent être remarqués par leur seigneur, se spécialisent et sont à l'origine des artisans libres. Si l'on met de côté les quelques terres possédées par des vilains en franche propriété, l'alleu ou franc-alleu, libre de tous droits et impositions, on distingue deux catégories de paysans :

  • d'une part, ceux qui sont libres, les vilains (habitants d'une "villa", domaine) et roturiers (laboureur, de "rutura", action de  rompre  la  terre du soc de  la  charrue) ; ils  sont  soumis à de nombreuses taxes, ne sont pas indemnisés en cas de guerre. Leur terrain peut être vendu s'ils ne peuvent acquitter les taxes dues au seigneur.
  • d'autre part les serfs, aux libertés limitées, mais qui, contrairement à l'esclave romain qui est un objet, reste une personne. Il a une famille, une maison, un champ et paye des redevances. Seule obligation : il ne peut quitter la terre qu'il cultive - comme le noble, d'ailleurs -, mais inversement, on ne peut pas l'en chasser, ce qui fut considéré comme un privilège par rapport aux tenanciers libres - une véritable assurance chômage, avant l'heure. Autre conséquence positive de cet attachement : l'absence de responsabilités civiles et d'obligations militaires. Il fait donc corps avec sa terre. Tout n'est pourtant pas parfait. Sur lui, le seigneur jouit :

        * du droit de suite : il peut ramener de force le serf qui est parti de chez lui, sauf si c'est pour un pèlerinage. A partir 
           du Xe siècle
, l'Église crée, avec le roi et les comtes, des terres de refuges ou sauvetés qui font bénéficier ceux qui s'y
           installent d'un droit de suite qui les rend libres, eux et leurs familles. C'est, aussi, pour le seigneur, le moyen de créer
           de nouveaux villages pour faire travailler ses terres.

        * de formariage, encore dit "du seigneur", c'est-à-dire l'interdiction de se marier en dehors du domaine. Celui-ci fut
           contesté par l'Église et peu appliqué dès le Xe siècle ; il fut remplacé par une indemnité financière.

        * de la mainmorte, qui donnait au seigneur tous les biens acquis par le serf à sa mort, s'il n'a pas d'héritier direct
           (l'échute). Heureusement, le serf put rapidement transmettre par testament ses biens à ses enfants.

Dès le XIIIe siècle, le serf peut être affranchi, soit individuellement, moyennant une certaine somme ou une taxe payée annuellement, comme le roturier, soit avec tous les habitants d'une cité (d'où les noms de Francheville, Villefranche…). À St Chamond, Gui I de Jarez accorde à ses sujets la Charte de Franchises le 10 novembre 1224, avec notamment la clause suivante : "Le serviteur qui aura demeuré par an et jour, en la ville franche, sans faire calomnie à son maître, il est libre et franc, et mis au rang des bourgeois". C'est à cette même époque que se multiplient les Communes : avec l'accord du seigneur, des magistrats, les Consuls, sont élus par la population pour participer à la gestion du domaine, notamment, lever les impôts, arbitrer en cas de conflit…

Le servage personnel disparaît dès le XIVe siècle, mais n'est aboli définitivement qu'en 1779 par Louis XVI, 10 ans avant la fameuse nuit du 4 août.

 

Tout domaine appartient à plusieurs propriétaires ou ayants droit. En réalité, "il est constitué de deux parties : d'une part, la réserve qui est la partie fixe de la seigneurie, laïque ou ecclésiastique ; d'autre part, la censive qui peut évoluer continuellement. Cette dernière est la propriété du tenancier (ou fermier), mais reste sous la tutelle du seigneur". Les "contrats" entre propriétaire foncier et tenancier sont innombrables.  Suivant la province, mais aussi suivant la richesse de la terre, suivant son exposition, ils sont régis soit par le droit écrit, dit romain, dans le midi, soit par le droit coutumier, dans le nord. Lyonnais et Forez sont entre les deux et usent des deux. Dans tous les cas, le paysan, vilain ou serf, est soumis à des taxes. Si l'on se plaint aujourd'hui des trop nombreux impôts créés par l'État, il est certain que cela ne date pas de ces dernières décennies. Parmi celles-ci, on peut citer :

- la taille, basée sur la surface de la propriété, payée en monnaie, destinée à l'origine au seigneur, puis, à partir du XVe siècle, pour entretenir l'armée. En sont exemptés les nobles, les ecclésiastiques, les marchands des villes, les étudiants, les universitaires. Elle ne touche donc que les paysans ;
- la dîme, qui correspond au 1/10ème des produits de la terre et de l'élevage, est versée à l'Église et à ses serviteurs. Les curés de campagne n'en profitaient guère car ils étaient obligés, le plus souvent, d'en reverser la plus grosse partie aux instances dirigeantes : évêques, chanoines, abbés ou congrégations… Elle est obligatoire à partir du VIe siècle, due par tous à l'exception de quelques ordres religieux (Cluny, Cîteaux, Chartreux…). On distingue les dîmes novales, personnelles et mixtes…
- les cens et servis : redevances annuelles fixes correspondant au 1/5ème des revenus en contrepartie d'un titre appelé "emphitéose" ou bail à cens par lequel le propriétaire réel de la terre met à disposition celle-ci pour en jouir à perpétuité, à la charge du tenancier de la cultiver, de l'améliorer et de payer au bailleur une redevance annuelle ;

- la tâche, qui représente le quart de la récolte ;

- les corvées qui se traduisent par quelques jours de travail pour le compte du propriétaire ;

- les taxes de mutation foncière, si le tenancier désire "vendre" une partie "du droit au bail" de sa terre ;

- le droit de blonde ou fouage, pour faire du feu dans sa maison ;

- les droits de loads et miloads prélevés sur le montant de l'héritage ;

- le droit de champart, qui permet de lever une certaine quantité de gerbes ;

- les droits de porterage, de taille baptisée, de guet, de chasse, de retrait censuel …;

- les droits de banalité pour le pain, moudre le blé, faire le vin dans les ateliers du propriétaire.

- le droit de leyde sur les denrées alimentaires. Au début du XVIIe siècle, ce droit est contesté par les consuls de Saint Chamond. Il équivaut à un soixantième sur le blé et le seigle, un trentième sur l'orge, l'avoine, les pois, les fèves et autres légumes, les graines de lin et de chanvre.

Si l'on ajoute à cela les très nombreuses intempéries (gel, inondations) et épidémies (peste), les brigands et pillards (en particulier, les Tards Venus, au XIVe), les guerres dévastatrices pour les cultures qui touchent toute la population jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, on peut penser que la vie du paysan n'était pas très douce et paisible, même si les relations qu'il entretenait avec son protecteur étaient le plus souvent très humaines et basées sur une "considération réciproque".

 

 

 

 

 

L'ÉCONOMIE AGRICOLE

 

du

 

PAYS DE JAREZ

 

Cultures, Elevages, Commerce.

 

 

 

Avant l'invasion romaine (58 avant J.C.), le fond de la vallée du Gier est constitué de marécages surplombés par des forêts de chênes et de sapins.

Dans les premiers siècles, l'habitat est fait de huttes de bois et de branchages : le paysan défriche quelques lopins pour les besoins de la famille. Quand la terre n'est plus fertile, il recommence ailleurs : c'est une vie de nomade. Avant la fin du 1er millénaire, les fermes sont construites en pisé pour la plupart, puis, à partir du XIIIe siècle, avec l'apparition de la notion de propriété, l'amélioration des voies de transport, et donc le développement du commerce, des richesses nouvelles, certaines le sont en schiste et grès du Jarez ou en granit du Pilat, près du château du seigneur. Elles comprennent une cour fermée, un plan incliné pour accéder à l'étable, le suel pour battre les céréales avec le fléau, un hangar pour ranger le bois du foyer, les outils agraires et la charrue. Un petit atelier permet de travailler le fer et le bois et de faire une place au sabotier qui passe pour rechausser toute la famille. Enfin, le puits et l'aître, balcon de bois protégé par le prolongement de la toiture où se balancent les chazères ou chazières.

Pour la consommation familiale, bien souvent frugale, chaque ferme possède son jardin, sa basse-cour, ses vaches, ses moutons, ses chèvres, ses lapins, ses porcs. Le moindre surplus est vendu, notamment les produits dérivés, le lait, le fromage, le beurre, les œufs. Le manque d'hygiène et la privation sont à l'origine de problèmes de santé, de décès précoces.

Dans le Pays de Jarez, les cultures varient suivant le versant considéré. Côté est, St Paul en Jarez, Doizieu, plus généralement le Pilat, versant du Gier (par opposition à la vallée du Rhône), il y a bien quelques cultures de céréales, quelques vignes, de l'élevage (mules, taureaux, chevaux), mais surtout un massif forestier important et versant Rhône, le soleil permet de cultiver la vigne (les vins du "Rivage"). Côté ouest, Cellieu, Chagnon, St Martin la Plaine, St Romain en Jarez…, outre les cultures de céréales et quelques arbres fruitiers, c'est la vigne qui domine.

 

Le Versant EST

Les terres du Pilat, moins ensoleillées, sont pauvres, difficiles à travailler. On y cultive, dès le bas Moyen-âge, le seigle, l'avoine, l'orge, un peu de froment, des choux et des raves pour la soupe, le chanvre, le lin, quelques vignes. On y trouve des sous-bois de hêtres, à basse et moyenne altitude, des pins sylvestres qui donnent les buttes pour la mine et en hauteur, les sapinières qui alimentent les scieries.

Dès leur arrivée, à la fin du XIIIe siècle, les Chartreux de Sainte Croix en Jarez deviennent de riches propriétaires terriens, par donations ou acquisitions. Ils disposent de prés, de terres, de bois et "pâquerages", et de trois scies sur le Furens. Rapidement, ils apprennent aux populations à travailler la terre, le bois, le fer.

Avec l'apparition des Chartes des Franchises, au XIIIe siècle, le jarèzien des montagnes peut multiplier ses activités, pour améliorer ses revenus, quand il ne peut plus travailler sa terre devenue trop dure :

-  les femmes filent la laine, tissent le chanvre cultivé sur place ou le lin.

- l'homme est cloutier grâce à sa petite forge. Juste pour gagner quelques sous de plus, pas grand'chose : "Il travaillait bien souvent pour des clous".

- à partir du XVe siècle, il n'hésite pas à envoyer ses filles, parfois encore enfants dans les petites usines de moulinage, le long du Gier ou du Dorlay.

- l'hiver, entre Perdrix et Oeillon, La Roche, Le Planil, il découpe des blocs de glace qu'il charge sur un tombereau tiré par les bœufs, la nuit pour garder le froid et, à travers Chavanol, Saint-Chamond, les livre aux glacières de St Etienne. De là, il va sur le plâtre d'un puits pour acheter de la maréchale, un charbon gras pour sa forge à clous.

- mineur en hiver, c'est un "blanc". Il retourne sur ses terres pour les labours. Et s'il s'installe à la ville, il revient pour les foins, les moissons, ou pour tuer le cochon.

- enfin, le Pilat est la voie de passage entre Vivarais et Forez. Le transport se fait à dos de chevaux, ou plutôt de mulets. Du Rhône et d'Annonay, les marchands apportent les épices, les drogueries, les draperies et surtout les vins du Rivage ; de Saint- Etienne, le charbon, les rubans, les armes et la clincaille. Au retour, d'Auvergne et du Velay, ils rapportent les blés, les pois, les lentilles. Par couble de 25 mulets, le vin est transporté dans des outres de peau de bœuf cousues. Ce commerce fait vivre, aussi, auberges, marchands de fourrages, maréchaux-ferrants.

- au village, les jours de marché, la fermière transporte dans son panier le companage, de "cum pane", ce qui se mange avec le pain : le beurre décoré au moule ou au rouleau, le fromage de vache, les rigottes de chèvre ; dans des cages en osier, les lapins, les poules liées par les pattes ; et puis, dans un panier, quelques légumes tirés du jardin, quelques fleurs, suivant la saison, des champignons, des châtaignes et du miel.

À Saint-Chamond, le marché du jeudi ainsi que des foires existent depuis au moins 1309. En 1586, Jacques Mitte demande confirmation des quatre foires annuelles et des trois marchés hebdomadaires des mardi, jeudi et samedi. On y trouve, là encore, l'indispensable de la vie quotidienne : denrées alimentaires, céréales déjà citées, fruits et légumes (pois, fèves, noix, châtaignes, pommes, poires…), viande de porc, poissons (harengs et anguilles), fromages, beurre, huile. Également, des animaux destinés à l'élevage (vaches, moutons, chèvres), au trait et à la boucherie (chevaux, bœufs), des graines de lin et de chanvre qui permettront de fabriquer des tissus (draps, vêtements…). Enfin des produits fabriqués pendant l'hiver : brouettes, jougs, outils de jardin. Ces marchés font vivre non seulement les paysans, mais aussi les médecins, les apothicaires, les muletiers (cotauds).

Aux derniers jours de l'école, les parents de la ville confient à ceux des champs le coissou, le petit dernier, pour garder les vaches et prendre des couleurs : "aller à maître ou à la queue des vaches". Pour le pauvre gamin, ce n'est pas toujours une sinécure.

Au XVe siècle, quelques vignes sont plantées à Saint-Chamond, sur le coteau qui domine le pré Saint Antoine (Place de la Liberté). Les raisins et le vin qui en sont issus servent à nourrir les malades de l'hôpital tout proche.

Malgré l'interdiction de François 1er qui veut réserver le droit de chasse aux nobles, celui-ci est maintenu en 1496 contre 300 livres. C'est un apport alimentaire important. Ce droit concerne tout le territoire de la baronnie, à l'exception des abords immédiats du château. Le seigneur autorise l'utilisation "d'arbalète et de deux chiens pour chasser les lièvres, les perdrix, les chevreuils, les cerfs, les loups, les sangliers et autres bêtes sauvages, le droit de les emporter, mais avec la réserve, pour chaque sanglier, d'en donner au baron la tête et un quartier de devant, le cœur de chaque cerf."

"Quant à la pêche le seigneur en restait le maître exclusif depuis Soulage jusqu'à Saint Julien".

 

Le Gier participe au développement de l'activité locale : en 1595, en haut du Gier, on trouve "deux moulins appelés seytes, à faire des ais (planchettes de bois servant soit à réaliser les plats des reliures médiévales, soit à séparer et presser les volumes mis en presse), l'ung appelé du Pallais, accompagné d'un boys sappin d'hauste fustée, l'autre appelé du Sault du Gier".

Au XVIe siècle, une dérivation du Gier sert à arroser les prés du château en aval du Creux.

Au XVIIIe siècle, le Mont Pilat est l'objet de toutes les attentions de botanistes renommés  et surtout de l'écrivain et philosophe Jean Jacques Rousseau "venu trop tard pour les fleurs et trop tôt pour les graines", en 1769.

En 1765, on trouve "au bas de la montagne de Pila quelques scies à eau, sur la rivière de Gier, propres à travailler les sapins et à les convertir en planches".

Le Gier compte aussi 22 moulins à blé. D'où provenait ce blé ? Cette densité s'expliquait plus par l'importance de la consommation que par la production locale. Peut-être était-il apporté du versant ouest de la vallée ou d'Auvergne ? On peut citer celui de St Pierre, propriété du seigneur, ceux de la Grenette (place de la halle) et de Notre-Dame, propriété de l'ordre hospitalier de Saint Antoine de Viennois. Les moulins d'Izieux, aussi propriétés du seigneur, jouissent "de l'ancien droit local de suspendre les arrosages de la semaine, parce que la mouture était un cas d'utilité publique". "Ce moulin consiste en un corps de bâtiments composé d'un rez-de-chaussée où se trouvent une cuisine très obscure, une chambre au-dessus et un grenier régnant sur icelle ; deux moulins à moudre le blé avec leurs tournants, une pièce au-dessus avec un pigeonnier que dit avoir construit le fermier ; en bise dudit bâtiment est une écurie avec une fenière, un caveau et un grenier au-dessus…" Un autre bâtiment contient "un moulin propre à battre l'écorce de chêne", pour la tannerie ou la teinture, ainsi qu'un "emplacement servant jadis de battoir à chanvre".

En 1790, l'État cherche à conserver les forêts du Mont Pilat pour constituer une flotte de guerre.

A la fin du XVIIIe siècle, les propriétaires d'artifices, c'est-à-dire de biefs et de roues, ne peuvent utiliser les eaux du Gier qu'après l'arrosage des prairies du Creux, du samedi au lundi, et après celui de différents autres prés…

La Grange de Pilat, la Jasserie, est ferme, mais aussi auberge. Les troupeaux y sont nombreux : chevaux, mules, vaches, taureaux, chèvres. C'est le point de ralliement des pâtres. Les paysans de la vallée du Gier leur confient, au printemps, leurs génisses et les récupèrent l'automne venu. De quoi gagner quelques sous de plus pour ces bergers isolés.

A partir du XIXe siècle, apparaissent de nouvelles cultures : colza pour l'huile, pommes de terre.

De nouvelles technologies, mais aussi de nouveaux métiers vont modifier l'environnement du Gier. La machine à vapeur va provoquer la disparition progressive des moulins. Inversement, certaines professions – blanchiers, tanneurs…- vont altérer considérablement les eaux claires du Gier qui, à la sortie de Saint-Chamond, ne seront que boue et huile. Pour cacher puanteur, aspect sordide et rats, les travaux de couverture du Janon et du Gier débutent en 1896 pour se terminer dans la fin des années 1960.

 

 

Le Versant OUEST

Sur le versant ouest de la vallée du Gier, à part châtaigniers et noyers, on ne rencontre pas ou peu de forêts ce qui laisse plus de place à certaines cultures. Depuis le début du premier millénaire, on retrouve à la ferme, les volailles, les porcs, le jardin avec ses mêmes légumes. Avec le défrichage progressif, l'utilisation des araires, les prés et pâturages permettent l'élevage des vaches qui donnent lait, beurre, fromage, des bœufs pour l'alimentation et le trait, des moutons, des chèvres, des chevaux.

On y trouve également des ruches. Dans les terres labourables, à côté du seigle, de l'orge, de l'avoine, du chanvre – dans les chenevières -, du lin, on cultive le blé, le méteil (blé et seigle cultivés ensemble). Ces cultures permettent à d'anciens serfs de créer un petit artisanat local : meunier, fileuse, tisserand.

L'exposition au soleil permet aussi de planter vignes et arbres fruitiers.

La vigne, apportée sans doute par les romains, permet de préparer un vin consommé sur place : mineurs, forgerons, cloutiers, paysans en font une grosse consommation. Au-dessus de Rive-de-Gier, la vigne est plantée sur des challiers, terrasses étroites en escalier, soutenues par des murettes de pierres sèches. On en trouve sur tous les coteaux orientés au midi et sur les collines de Saint-Martin-la-Plaine.

Quant aux arbres fruitiers, ils sont présents de tout temps : cerises de Chagnon, de Saint-Genis-Terrenoire et de Saint-Martin-la-Plaine, pêchers de Saint-Martin bien avant le XVIIe siècle.

Comme les paysans du Pilat, ceux du versant ouest sont obligés de trouver des revenus en dehors de leurs fermes. Ce sont les mêmes tâches qui leur permettent de faire vivre leur famille, souvent nombreuse, et de payer les taxes : forgeron pour faire des chaînes, à St Martin la Plaine, mineur, marchand sur les marchés…

 

Au XIXe siècle, arrivent de nouvelles cultures : pommes de terre, maïs, betteraves fourragères. Les surfaces utilisées pour la vigne sont triplées par rapport au siècle précédent. L'arboriculture prend son essor dès les années 1920 – cerises surtout, mais aussi pommes, poires, pêches, prunes, abricots -, laissant loin derrière, progressivement, les cultures de céréales, la vigne, l'élevage – volailles, bœufs...

 

Cette étude bien incomplète de l'agriculture dans le Pays de Jarez a cherché à montrer les difficultés que rencontrèrent nos ancêtres : terres pauvres, donc cultures sans originalité, juste suffisantes pour permettre de vivre. Et pourtant, grâce à la "débrouille", au travail acharné, inhumain, souvent inimaginable à notre époque, à l'innovation, à la qualification de la main d'œuvre obtenue sur le tas dans la forge, le textile, ils s'en sont sortis pour créer au XIXe siècle la première région industrielle de France. Quel exemple pour les générations futures !

 

 Comme nous l'avons dit dans la rubrique "En bref d'août 2022", cet article ne fait que reprendre celui que nous avions édité, il y a quelques années, dans les Métiers d'antan, l'Agriculteur. Nous pensons qu'il a toute sa place dans cette nouvelle rubrique "La société en France". L'acquisition de nouveaux documents nous permettra de compléter ce texte.

 

 

 

                                                                                            FIN

 

 

 

Bibliographie

 

 1 Lumière du Moyen-Age, par Régine Pernoud Ed. Grasset 2000

 2 Saint Martin la Plaine, par Jean Combe Ed. Dumas 1960

 3 Le Bessat et ses environs, par Jean Combe Ed. Dumas 1969

 4 La vie quotidienne en Forez avant 1914, par B. Plessy Ed. Hachette 1981

 5 Cellieu, par Gérard Chaperon Ed. Arts graphiques 1999

 6 Saint Chamond, par Gérard Chaperon Ed. Arts graphiques 2010

 7 Le Jarez d'hier et d'aujourd'hui n° 21 "Au temps des eaux vives", par Louis Challet Les Amis

    du Vieux St Chamond Ed. Reboul imprimerie 1993

 8 Le Jarez d'hier et d'aujourd'hui n° 21 "Les Chartes du Forez", par G.Duranton et J.Figuet Les

    Amis du Vieux St Chamond Ed. Reboul imprimerie 1993

 9 Histoire du Forez, par M. Antoine Ed. de la Grande Fontaine 1883 Rééd. SEPEC 1999

    10 Le Jarez d'hier et d'aujourd'hui n° 37 et 38 "Saint Chamond du XIè au XVI8 siècle", par R.Defay

         Les Amis du Vieux St Chamond Ed. Reboul imprimerie 2001

    11 Histoire de la ville d'Izieux, par Lapourré 1921 Les Amis du Vieux Saint Chamond Rééd. Reboul

         Imprimerie 1990

    12 La Loire, par G.Touchard-Lafosse Ed. du Bastion Rééd. SEPEC 2002