CHARPENTIER
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BISAIGUES BEDANES CISEAUX
L'assemblage des pièces d'une charpente nécessite la réalisation de mortaises et de tenons. La solidarisation durable des poutres de bois est ensuite obtenue grâce à des chevilles.
Dans ce chapitre, nous verrons les outils qui permettent de réaliser tenons et mortaises : en premier lieu, les bisaiguës, puis les bédanes et les ciseaux.
BISAIGUËS
La bisaiguë constitue l'outil emblématique ancien du charpentier. Il est constitué d'une lame d'acier, longue et étroite, terminée à une extrémité par un bédane, à l'autre par un ciseau. Elle est tenue grâce à une poignée-douille fixée en son milieu. Elle permet de réaliser sur une poutre une mortaise et sur une autre un tenon. Le ciseau creuse la mortaise dans le fil du bois, tandis que le bédane enlève les fibres perpendiculaires au fil. L'introduction du tenon dans la mortaise réunit les deux pièces de bois. Pour ce faire, le charpentier travaille sur la pièce au sol. Il tient l'outil de la main droite (s'il est droitier !), l'oriente de la main gauche. L'outil repose en même temps sur l'épaule du compagnon.
Remarque de J.B. (Voir "Charpentier 1, 5") : " ... la bédane sert surtout à atteindre le fond de la mortaise, il n'y a pas de "sens" de coupe à proprement dit."
N°1
Bisaiguë |
Extrémité en ciseau chanfreiné Extrémité en bédane
La marque de gauche figure au recto et au verso. Sur celle de droite, on arrive à voir quelques lettres et, peut-être, un visage au centre.
J.P., charpentier et internaute, nous a transmis cette information (06/2020) : "Ce qui est marqué sur le tampon de la première Bisaiguë de charpentier de vote site : "Goldenberg Acier Fondu" en cercle. A l'intérieur du cercle, le logo de Goldenberg : un œil.
Merci pour cette précision que nous n'avions pas su donner.
N°2
Bisaiguë Essonne COMPAIN AU VAXE L 115 ciseau l 4,5 bédane l. 2 poignée 15 |
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La lecture du marquage sur cette bisaiguë n'est pas évidente. Un internaute, Richard F., nous fait remarquer qu'il ne faut pas lire "VAXE", mais "MANS". La différence est de taille : au temps pour nous ! Nous le remercions pour son intervention. Voici un extrait de son mail :
"... la bisaiguë Compain (n°2 sur la page charpentier) a très probablement été forgée au Mans au tournant du XIXe/XXe.
Au lieu de "vaxe" il faut lire au Mans.
Le nom de Compain, toujours porté en Sarthe, apparait dans l'annuaire des artisans et commerçant du Mans au début XXe."
N°3
Bisaiguë Loire I . A . B L 106 ciseau 5,5 bédane l. 1,5 poignée 12 |
Une légère ornementation, cachée en partie par la fixation sur le panneau d'exposition, fait penser à un outil du début du XIXe siècle.
N°4
Bisaiguë |
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L'ornementation très fine au niveau de la poignée autorise à penser que cette bisaiguë est du XVIIIe siècle. Les deux marques, illisibles et ininterprétables, situées sur le même côté, semblent identiques (?) quant au texte, mais l'une est en creux, l'autre en relief. Cet outil a fait l'objet d'une greffe d'acier au niveau du ciseau, dans la deuxième partie du XIXe siècle. On peut y lire l'inscription :
Acier Fondu Anglais – (Lion) – PEUGEOT FRERES – GARANTI
N°5
Autre bisaiguë sensiblement différente, celle-ci est pourvue, normalement, d'un long manche (absent sur la photographie), ce qui la fait ressembler à une pioche, d'où son nom de piochon. Utilisé dans les Alpes, celui-ci nous vient de Gironde ! Habituellement, les taillants du bédane et du ciseau sont dans deux plans perpendiculaires. Ici, les plans sont parallèles…
Piochon (?) |
N°6
Sans doute, le modèle suivant n'a pas été utilisé dans notre pays du Gier. Il l'était par contre dans l'est de la France et au-delà. Sans bédane, il prend le nom de demi-bisaiguë ou pontache.
Demi-bisaiguë |
BEDANES
Les bédanes sont, contrairement aux bisaiguës, utilisés dans tous les métiers du bois. Son fer massif par rapport à celui du ciseau permet tout à la fois de couper et d'enlever par effet de levier les fibres de bois. Pour des raisons de solidité, ils sont, pour la plupart, emmanchés à soie noyée. Le manche peut être renforcé par une ou deux frettes pour mieux "encaisser" les coups de maillet.
Bédanes sans marque Loire 1 L 27 Fer L 13 l 0,9 2 L 26 Fer L 14 l 0,6 |
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Quelle est l'origine de ce taillandier "RIECKE" ?
Bédane |
Le croissant de lune correspond à la seconde qualité de l'acier Peugeot. La première est représentée par le lion.
Bédanes |
Le dernier bédane, cruciforme, est plus rare. Les uns y verront un symbole évoquant tout à la fois le charpentier Joseph et l'instrument du supplice du Christ. D'autres y verront un élément de sécurité pour le compagnon. D'autres, enfin, pourront voir les deux à la fois (l'évocation est source de sécurité).
Bédane cruciforme |
Un internaute, FP, nous donne une autre interprétation sur cet outil : "Ce bédane servait surtout à faire des avant-trous dans des poutres ou planches pour le passage de gros clous forgés et la croix servait de surface de frappe pour le marteau pour désengager le ciseau. Je pense que cet outil était utilisé par des charpentiers de marine. La surface sous la croix devrait porter des traces de frappe".
CISEAUX A BOIS
Comme les bédanes, les ciseaux à bois ne sont pas des outils propres au charpentier. Ces outils sont frappés à l'aide d'un maillet : on retrouve l'emmanchement à soie noyée, le renfort du bois par des frettes. Nous voyons dans ce chapitre des modèles classiques ; d'autres sont présentés chez le menuisier.
Ciseaux à bois |
La lame du ciseau "1" est chanfreinée ce qui permet une coupe plus nette, en particulier au moment des finitions.
Les deux ciseaux sont pourvus d'une virole doublée d'une frette dans le modèle "2".
Ciseau à bois (sans marque) |
Nous terminons par un ciseau à taillant arrondi : la gouge.
Gouge |
Après les outils à couper, à tailler, nous voyons, dans le prochain chapitre, les outils à percer.
A suivre…
A.R.C.O.M.A. NOS OUTILS ANCIENS DE CHARPENTIER 5