CHARPENTIER
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LES RABOTS
Les Rabots de corroyage
Dans la construction de la charpente, le charpentier utilise des rabots que l'on retrouve chez le menuisier, l'ébéniste. Ils servent, essentiellement, au corroyage, éventuellement à des assemblages. Ils peuvent se distinguer de ceux du menuisier par leur taille, souvent plus importante. Nous en verrons quelques exemples assez communs et non spécifiques de ce métier.
A côté des charpentes, il fabriquait, également, les parquets à l'aide de rabots plus originaux, toujours destinés au corroyage, les galères.
Nous nous sommes inspirés de l'ouvrage très complet et passionnant de Pierre Bouillot, Xavier Chatellard et Jean Claude Parent, "LES RABOTS", aux Editions Vial, 2010.
Les plus grands de ces outils sont la varlope et le riflard, tous deux pour le dégrossissage, le corroyage. D'après le livre "Les Rabots", le riflard, à fer légèrement arrondi, était utilisé en première intention pour enlever des copeaux plus importants. La varlope venait, ensuite, pour les finitions. Récemment, nous avons eu un contact avec un menuisier retraité qui nous a déclaré exactement le contraire ! J'aurai tendance à croire davantage le livre, à cause du détail technique sur la forme du taillant du fer.
Remarques de J.B. (Voir "Charpentier 1, 3, 5") :
"La varlope venait, ensuite, pour les finitions. Récemment, nous avons eu un contact avec un menuisier retraité qui nous a déclaré exactement le contraire ! J'aurai tendance à croire davantage le livre, à cause du détail technique sur la forme du taillant du fer. " Ce qui compte en fait, c'est la forme de la lame et la taille du rabot. La lame ronde permet d'attaquer plus fort le bois et évite que le rabot se bourre de fibres, d'où son utilité pour le travail grossier. Quant à la taille du rabot, sa fonction est évidente, mais attention on peut faire du travail grossier avec un petit rabot (ex : rabot n°5 + lame très arrondie).
Riflard, en chêne vert Riflard |
La longueur du riflard de gauche est importante : riflard ou varlope ? L'artisan qui l'a utilisé a pris la peine de mettre une étiquette portant le mot "riflard", à comparer à la varlope de gauche, ci-dessous, qui, elle, était bien étiquetée "varlope".
Le charpentier avait, également, l'habitude d'appeler demi-varlope ce que les autres artisans appelaient riflard. La photographie, ci-dessous, montre ce type de rabot de corroyage : faute d'avoir connu le propriétaire, il est difficile d'être complètement affirmatif quant à l'artisan propriétaire. Sans doute fait-il partie des rabots de montagne que nous verrons plus loin. L'avis d'un spécialiste nous serait utile.
Demi-varlope monoxyle |
Semelle en acier de 0,2 cm …L…OO…. |
La lumière, assez large, fait penser à un outil de corroyage. L'inscription sur le fer est très altérée, difficile à lire. Une comparaison avec un fer en meilleur état permettrait sans doute de préciser l'époque, l'origine géographique (là encore).
Détails de la poignée et du coin chanfreiné |
Ce rabot est sans doute très ancien. Quant à son origine, on peut penser à des provinces françaises de l'est (voir, ci-dessous, rabots de montagne) ou à des pays germaniques.
Remarque de J.B. (Voir "Charpentier 1, 5, 3") : "J'appuie votre conclusion sur l'origine de l'Est ou germanique, ça ressemble fortement aux rabots en bois allemands d'aujourd'hui. Je ne me fierai pas à la taille de la lumière pour déterminer son usage par contre."
Le charpentier utilise, ensuite, la varlope pour affiner le travail du riflard, enlever les éclats.
Varlope Varlope Loire Loire S . L Fût L 73 l 7 h 7,5 Fer GOLDENBERG 4,8 Fût L 70 l 6,7 h 7,6 Fer 4,8 |
La différence entre varlope et riflard classiques est difficile à faire sur des photographies : seules les dimensions permettent de les distinguer. Et encore ! On l'a vu plus haut.
Pour l'ultime finition, pour éliminer d'éventuelles rayures laissées par le fer de la varlope, le charpentier utilise un rabot dit ordinaire.
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Rabot ordinaire |
Ce rabot ordinaire a, en réalité, différentes fonctions suivant la largeur de la lumière au niveau de la semelle. Plus celle-ci est étroite, meilleure est la finition : le rabot ordinaire devient le rabot à replanir, pour l'ultime finition. Si la lumière s'élargit, le rabot devient rabot à tout faire. Plus tard encore, l'usure de la semelle provoque l'élargissement de la lumière : le rabot sert au dégrossissage, après modification du taillant, au même titre qu'un riflard.
Remarque de J.B. (Voir "Charpentier 1, 3, 5") : "Plus celle-ci est étroite, meilleure est la finition" Complètement faux, la lumière n'a pas d'impact sur la finition. Ce qui va la déterminer c'est la lame et son affûtage, son inclinaison et son réglage en profondeur. La lumière joue sur certains détails comme l'évacuation des copeaux ou la rigidité de la lame.
De nombreux rabots de corroyage, à semelle plate, classiques, font partie de nos collections. Ils diffèrent par la marque des fers. D'autres sont à corne. D'autres, encore, se distinguent par d'éventuelles ornementations. Quelques' uns sont d'origine étrangère. Nous les présentons dans les dossiers de menuisier, d'ébéniste...
Les pièces à corroyer ne sont pas toutes planes. Le charpentier est, alors, amené à utiliser des rabots à semelles rondes, convexes ou concaves.
Rabot rond convexe |
L'assemblage de la contre-joue est de type rhodanien.
Rabot rond concave |
Plus rare, le rabot à débillarder est convexe dans les deux sens. Il sert au dégrossissage des pièces cintrées. Avec les rabots ronds, il intervient dans la réalisation des trompes ou des arêtiers courbes.
Rabot à débillarder |
A côté de ces rabots "industriels" (à l'exception de la demi-varlope et, peut-être, du rabot concave), certains artisans ont fabriqués leurs propres rabots. Les causes en sont multiples. Retenons, surtout, un manque de moyens financiers et un certain isolement géographique. On trouve, ainsi, des rabots dits "de montagne", provenant des Alpes, du Jura, du Massif Central...
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Rabot monoxyle à "gros nez" (la barre de tirage manque) |
Pour certains, ce type de rabot est assimilable à une galère. La barre de tirage, la largeur du fer en font, effectivement, un outil avec lequel il fallait "galérer". Les formes les plus connues de la galère comportent deux poignées latérales et une tige transversale, ou deux tiges latérales avec une tige transversale, ou encore deux tiges transversales. Elles sont utilisées, notamment, pour corroyer les parquets.
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Galère monoxyle |
Galère monoxyle |
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Galère monoxyle |
Les Rabots d'assemblage
Nous présentons deux types de rabots : les bouvets et les guillaumes.
Les bouvets servent à réaliser les languettes et les rainures qui permettront l'assemblage des deux pièces. Ces fonctions sont réalisées par deux rabots ou réunies dans un seul. Les bouvets à approfondir à joue mobile semblent peu utilisés par le charpentier, mais couramment chez le menuisier et l'ébéniste.
Ce premier bouvet à rainure, sans doute du début du XIXe siècle, avec coin visible sur le côté et chanfrein s'arrêtant au niveau de la lumière est de type Ancien Régime.
Bouvet à rainure |
Bouvet à languette |
Les deux bouvets suivants peuvent réaliser tout à la fois rainure et languette. Le premier est massif, Ancien Régime avec le coin visible sur le côté. Les losanges métalliques correspondent à la fixation d'une plaque de fer, côté rainure.
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Bouvet d'assemblage |
Le deuxième rentre dans les bouvets de montagne avec ses deux barres de tirage.
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Bouvet d'assemblage à tiges (manquent coin et fer de la rainure) |
Enfin, les guillaumes, aux multiples fonctions, peuvent participer à l'assemblage, par exemple, en "abattant les angles intérieurs d'une rainure pour permettre à la languette d'y rentrer plus facilement".
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Guillaume |
Guillaume Loire R. MILLIAT Fût L 33 l 2,6 h 9 Fer PEUGEOT FRERES 2,7 |
Ainsi s'achève ce dossier du charpentier. Il se peut que nous le modifions, soit pour ajouter des outils oubliés comme le marteau de charpentier (ou de couvreur), soit pour tenir compte d'éventuelles remarques de la part des internautes.
Ce dernier chapitre a été particulièrement difficile à réaliser. La distinction des rabots suivant le métier n'est pas toujours simple pour les non-spécialistes que nous sommes. Nous présentons d'autres rabots de menuisier, d'ébéniste, de charron… Le livre "LES RABOTS", déjà cité, nous a été d'une grande utilité. Mais les erreurs d'interprétation sont toujours possibles. Alors, encore une fois, n'hésitez pas …!
FIN
A.R.C.O.M.A. NOS OUTILS ANCIENS DE CHARPENTIER 7