SABOTIER

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OUTILS DE FORMAGE

Hache, paroir, tille

Avant toute chose, le sabotier doit trouver du bois. Soit il fait appel au bûcheron, soit il coupe lui-même l'arbre qui va lui servir à fabriquer les sabots. Dans les deux cas, l'abattage se fait soit avec une hache d'abattage, soit avec une scie, comme un passe-partout (voir "Outils du bûcheron").

Dans notre Pays du Gier, le bois utilisé, en priorité, est le hêtre. Ce peut être aussi le bouleau, l'orme, l'aulne, le peuplier, exceptionnellement le noyer.

Après avoir éliminé les branches, le sabotier débite le fût en bûches. Il peut utiliser une petite scie à cadre métallique en C ou tout simplement une scie à bûches utilisée aussi par l'agriculteur. Elles sont coupées aux dimensions des pieds de l'acheteur.

Les haches à bûcher

Sur un établi, le sabotier commence à transformer la bûche en sabot. Pour cette première mise en forme, il utilise la hache à bûcher. C'est une doloire, à fer déporté, à un seul taillant. Le manche est souvent terminé en boule qui sert de contrepoids au fer plutôt massif. Le sabotier tient le manche très près du fer. La forme générale et la pointe sont obtenues en une douzaine de coups.

Nous allons terminer cette série par une hache vendue, au départ, comme une hache à bûcher de sabotier, sur un site bien connu. La photographie, la naïveté, pour ne pas dire l'ignorance de l'acheteur sont à l'origine de cette acquisition . L'originalité du fer était une excuse, en soi. Au déballage, première surprise : le manche est neuf. Pourquoi pas, après tout. Après quelques échanges de mails, l'affaire s'arrêta là. Le fer était beau. Un peu curieux, tout de même, ce fer avec le trou en losange, au milieu de la joue. La hache a donc été classée dans les outils de sabotier.

L'achat de livres spécialisés allait nous donner une toute autre définition :

- Glossaire du collectionneur d'outils, 2^ème partie, de Roger Verdier, Ed. du cabinet d'expertises : " Servait pendant les deux dernières guerres (?) à l'infanterie allemande ou au Génie". Le trou sert à suspendre la hache (page 131, n° 43).

- Dictionnaire des Outils, de Daniel Boucard, Ed. Jean-Cyrille Godefroy : " Hachette de charpentier. Petite hache portée sur les charpentes par l'ouvrier pour rectifier les bois. Ces hachettes au manche court sont généralement pourvues de fentes, ou ouvertures arrache-clous" (page 376).

Si l'on peut exclure la hache à bûcher de sabotier, on a le choix entre les deux autres définitions qui ne sont, d'ailleurs, pas forcément contradictoires.

Si vous possédez la solution de ce problème (catalogue, inventaire de l'armée allemande …), nous nous ferons un plaisir de la faire paraître dans ce dossier.

Les paroirs

Après avoir donné la forme générale du sabot avec la hache à bûcher, le sabotier va affiner les contours à l'aide d'un paroir. Il s'agit d'un grand couteau terminé par un crochet qui vient s'encastrer dans l'anneau d'un établi souvent sommaire (souche, fût coupé en deux…).

La forme des paroirs est toujours la même : un grand couteau à lame longue et droite, terminée par un crochet. Font exception les talonnières dont le taillant est arrondi et court.

Grand paroir                                Gironde                             SOUET & FILS                                             A COUTRAS                                           BREVETE S.G.D.G.                                            ACIER FONDU L 95   fer L 55   manche 38   poignée 19

Grand paroir à lame interchangeable                          Gironde                            SOUET & FILS                                            A COUTRAS                                          BREVETE S.G.D.G.                                           ACIER FONDU  L 80   fer L 56   manche 22   poignée 18

Paroir de type américain Block-knife                          Pyrénées-orientales              (illisible)                L 89   fer tail. 36   poignée 19

Ces paroirs permettent, donc, de réaliser les arrondis, la forme définitive du sabot, au niveau du coup de pied, des flancs et de la semelle. Pour réaliser le talon, le sabotier utilise des paroirs différents. Pour en délimiter les contours au niveau de la semelle, une scie et une herminette sont nécessaires.   

Talonnière        Pyrénées orientales            C. AYRALE                                                   LA SOUTERRAINE         L 91   fer 56   tail. 11,5   manche 32   poignée 20

Talonnière Puy-de-Dôme       3     GUILLAUMIN                         (?)   ST ELOI-L-M (PdeD) L 86   fer 59   tail. 12   manche 24   poignée 18

Les herminettes ou tilles

Aussi appelées tilles, les herminettes du sabotier ont, théoriquement, certaines caractéristiques comme, par exemple, un taillant droit, une douille, un marteau plus ou moins long (esthétique, équilibrage de l'outil ..?). Pour une bonne utilisation, il semble préférable que le manche fasse un angle presque droit avec le plan du fer. Tout cela, encore une fois, en théorie. L'idéal serait de connaître le premier propriétaire : sabotier, tonnelier ou, même, charpentier. C'est comme cela que, dans nos collections, certaines herminettes ont changé de métier au fil des années, suivant l'évolution de nos connaissances. Mais la certitude n'existe pas.

Le sabotier va délimiter le talon au niveau de la semelle avec une scie, puis, d'un coup d'herminette, il va enlever la partie du bois correspondant à la cambrure.

Le sabot est maintenant terminé, extérieurement, du moins. Il va falloir le creuser pour que le pied y prenne sa place. Et puis, viendront les finitions, le ponçage, la décoration. Ce sera le sujet du prochain chapitre.

                                                                                                                                                                                A suivre…

A.R.C.O.M.A.  NOS OUTILS ANCIENS DE SABOTIER 1