TONNELIERS & BOISSELIERS
MERRANDIERS, DOLEURS, CERCLIERS…
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PRÉPARATION DU MERRAIN
ÉBAUCHE DE LA DOUELLE
Le chêne a été abattu, ébranché. Un fût, encore vert, et de la longueur des douelles, est scié à l'aide d'un passe-partout.
Ce fût est ensuite partagé en quartiers soit avec un coin, soit avec un départoir : c'est le travail du tonnelier ou mieux du merrandier. Comme son nom l'indique, cet outil fait des parts. Placé sur le fût vertical, il est frappé avec une mailloche en bois et pénètre, suivant le fil du bois. S'il ne peut plus être frappé pour descendre plus en avant, l'artisan lui donne un mouvement de balancement qui va permettre, finalement, de séparer le quartier qui comprend, encore, l'écorce et l'aubier.
Mailloche |
(Rappel : vous pouvez voir des fils métalliques sur cette mailloche. Ils permettent simplement de la maintenir sur un panneau présenté lors de nos expositions itinérantes. 1500 outils sont ainsi fixés ; vous en avez déjà vus, vous en verrez d'autres.)
Le départoir est un couteau à lame droite, à bords parallèles : le supérieur est épais et frappé avec la mailloche ; l'inférieur, au contact du bois, est constitué d'un biseau double. En coupe transversale, il ressemble à un coin. Le manche est sensiblement perpendiculaire au fer. Tonnelier et boisselier utilisent des départoirs de même forme, mais de taille différente : le plus petit, le moins massif et le moins lourd, appartient, en principe, au boisselier.
Départoir de tonnelier |
Départoir de tonnelier
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Départoir de boisselier |
Départoir de boisselier |
A noter que dans les documents du XVIIIe siècle que nous avons observés – la Grande Encyclopédie, l'Art du Tonnelier - le mot départoir n'existe pas. L'outil est appelé coutre : nous allons voir ce qu'est un coutre, à partir du XIXe siècle.
Le merrandier ou le fendeur ou le tonnelier utilise ensuite un coutre ou queue d'hirondelle, pour dégrossir la planchette, retirer le cœur et l'aubier, toujours dans le sens du fil du bois. Il tient l'outil, très près du fer, par le manche situé au-dessus de fer.
Coutre |
A noter la longueur du manche : peut-être un moyen d'équilibrer le poids du fer comme le renflement terminal de la hache à bûcher de sabotier ?
Coutre |
Coutre |
Pour faire sécher ces lattes, le merrandier ou le tonnelier va les empiler de façon à laisser passer l'air : d'une rangée à l'autre, les lattes sont placées perpendiculairement, pendant 2 à 3 ans.
Au terme de cette longue attente, le tonnelier va, enfin, pouvoir ébaucher la douelle, en éliminant les irrégularités, en diminuant son épaisseur en dos d'âne, c'est-à-dire en réduisant davantage aux extrémités qu'au centre. Il utilise pour cela une hache très lourde, plutôt rectangulaire, pourvue d'un manche courbe et déporté, dont la longueur dépend de celle du bras de l'artisan. C'est la grande doloire.
Pour ce faire, il pose sa pièce de bois sur un billot appelé aussi charpi ou tronchet. Il place, ensuite, l'extrémité du manche de la doloire sur sa cuisse. La main tient le manche près du fer, oriente la lame qui va régulariser la surface grâce à un mouvement de haut en bas. Il va réduire l'épaisseur progressivement en allant vers les extrémités en partant du centre qui va rester le point le plus épais de la douelle. C'est ce que l'on appelle "tailler en roue". On obtient, ainsi, l'ébauche de la douelle, arrondie à l'extérieur, plane à l'intérieur.
Le tonnelier peut laisser faire ce travail par un ouvrier spécialisé, le doleur.
En premier lieu, nous vous présentons une doloire pourvue de son manche d'origine qui répond aux critères que nous avons décrits plus haut.
Grande Doloire |
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Manche à section octogonale ; décoration à volutes aux 2/3 |
Les grandes doloires suivantes sont munies d'un manche sensiblement droit, sans doute ancien, sans doute, aussi, non d'origine.
Grande Doloire |
Grande Doloire |
Grande Doloire |
Pour planer les pièces de bois qui vont permettre de réaliser le traversin ou la fonçaille, c'est-à-dire les fonds du tonneau, le tonnelier utilise d'autres doloires, plus petites, encore appelées taille-fonds.
Petite Doloire ou taille-fond |
Petite Doloire ou taille-fond
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Ce taille-fond interpelle, d'abord, par ses symboles compagnonniques : arbre de vie, rouelle, sceau de David, sceau de Salomon, mais aussi par son manche qui se termine de façon anormale pour une doloire. Est-il d'origine, conforme à l'original ou simplement inventé ?
Le tonnelier va maintenant travailler les douelles et les planches du traversin avant de les assembler pour construire le tonneau. C'est ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.
A suivre…
A.R.C.O.M.A. NOS OUTILS ANCIENS DE TONNELIER - BOISSELIER... 1