TONNELIERS & BOISSELIERS
MERRANDIERS, DOLEURS, CERCLIERS…
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DOUELLE et TRAVERSIN MISE EN FORME
MONTAGE DU TONNEAU
Nous avons laissé notre ébauche de douelle prête : un rectangle, épais au centre, s'amincissant progressivement jusqu'aux extrémités. Pour joindre ces douelles ensemble, il va falloir travailler les côtés. Le seul moyen pour qu'elles se joignent est d'une part, d'en réduire progressivement la largeur aux extrémités, en débutant au centre, comme on l'a fait pour l'épaisseur, d'autre part, de les tailler en biseau. Le biseau, appelé le clain, va permettre aux douelles de rester en contact à l'intérieur, alors qu'à l'extérieur va persister un espace, la serre, qui disparaîtra au moment du cerclage.
La réduction de la largeur se fait sur le charpi avec la doloire. Le tonnelier peut également utiliser le banc d'âne ou "selle à tailler". Il s'agit d'un étau sur lequel l'artisan s'assied, place la douelle sous l'étau qu'il maintient fermé en appuyant de ses pieds sur une traverse située sous le banc. Toujours en partant du milieu de la douve, il en réduit la largeur avec une plane.
Banc d'âne ou selle à tailler |
Planes droites
2 L 38 tail. 16, x 2,8 GOLDENBERG
3 L 34 tail. 14 x 3,2 COULAUX & CIE |
Ces planes droites sont retrouvées dans la plupart des métiers du bois. Seules celles du charron se distinguent par un double biseau.
Plane courbe Loiret ALEXIS .ORLEANS L 40 tail. 18 x 2,9 |
Plane courbe L 37 tail. 17 x 4,7 |
Planes courbes |
Pour affiner son travail, le tonnelier utilise, ensuite, la colombe. C'est une immense varlope reposant sur 3 ou 4 pieds, fer au-dessus. Mais, contrairement à l'utilisation habituelle d'un rabot, il déplace la douelle, en l'appuyant plus ou moins fort, sur le fer. Avec cet outil, il va pouvoir parfaire la largeur de la douelle et créer le clain. Pour que celui-ci soit constant d'une douelle à l'autre, il peut utiliser un gabarit, encore appelé calibre ou crochet. Ce gabarit permet, également, de vérifier la courbure donnée avec la plane dans la largeur de la douelle.
Colombe |
Colombe |
Gabarits ou calibres de boisselier |
Après avoir réalisé les douelles, le tonnelier s'occupe du traversin avec lequel il va réaliser les fonds. Sur le charpi, il travaille la surface extérieure avec la doloire, laissant la surface intérieure en l'état. Il vient, ensuite, sur la colombe pour dresser les côtés dans l'épaisseur. Ici, bien sûr, il n'est pas besoin de biseau. Bien au contraire, le côté doit être parfaitement droit pour "coller" à la planche voisine.
Avant d'en venir à l'assemblage, le tonnelier doit fabriquer des cercles de métal. Il utilise des rubans fabriqués à cet effet, notamment dans le Pays du Gier : nous l'avons vu dans la rubrique "Métiers d'Antan". Il coupe la longueur voulue, suivant la taille du tonneau, mais aussi suivant le niveau où va être positionné le cercle. Les 2 cercles de bouge sont les plus grands, situés à 10 – 15 cm de la partie la plus large du tonneau. Le cercle du jable ou de talus est, au contraire, le plus petit, situé aux extrémités du tonneau. D'autres, les cercles de collet, se positionnent entre ces deux premiers. Le tonnelier ferme ces rubans avec un rivet, sur une enclume, la bigorne, à l'aide d'un marteau.
Bigorne |
Bigorne Loire Table 48 x 7,5 h 25 h. totale 68 |
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Bigorne |
La rainure centrale et transversale sur la table est assez caractéristique de la bigorne de tonnelier.
Marteau |
Ce marteau à devant est assez banal. Il peut être utilisé dans tous les métiers du fer : forgeron, maréchal-ferrant ... Il provient d'un atelier de tonnelier de la ville de Mâcon.
L'assemblage des douelles est réalisé en utilisant un cercle de jable et un cercle de bouge. Le tonnelier place les douelles côte à côte à l'intérieur du cercle de jable. Si la première et la dernière se chevauchent, il en prend une plus étroite ou rétrécit la dernière sur la colombe. Inversement, s'il y a un espace entre ces deux douelles, il en prend une plus grande. Il obtient, ainsi, un tronc de cône. Il vérifie que toutes les douelles sont parfaitement jointives. Si nécessaire, il remet sur le banc d'âne et la colombe les douelles à retoucher. Il retourne, ensuite, toutes les douelles et les contrôle, les ajustent de la même manière. Pour les assujettir au mieux entre elles, il les frappe au marteau, dessus et à l'intérieur. Puis, il place le cercle de bouge supérieur qui va consolider l'ensemble. Avec quelques nouveaux coups de marteau, il les fait "ferrer".
Il place, enfin, le tronc de cône sur un brasero et humidifie régulièrement les douelles avec de l'eau chaude. L'effet combiné du feu et de l'eau assouplit les douelles. Le tonnelier va alors courber celles-ci à l'aide d'un bâtissoir qui va permettre d'obtenir la forme définitive du tonneau. On peut comparer cet outil à un treuil : la corde vient enserrer les douelles. En tournant la vis, on réduit la longueur de la corde et l'on fait se rapprocher les extrémités des douelles.
Bâtissoir (à côté du tonneau)
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(Corde fictive un peu courte ! Ce bâtissoir est actuellement inaccessible dans une cave. La photo a été prise lors d'une exposition).
Pour consolider le tonneau, le tonnelier introduit un cercle de jable, à l'extrémité inférieure, et le cercle de bouge inférieur, près de la partie la plus large. Le tonneau peut, alors, être déplacé sans risques.
Dans le chapitre suivant, nous verrons la préparation des extrémités des douelles avant la mise en place des fonds.
A suivre …
A.R.C.O.M.A. NOS OUTILS ANCIENS DE TONNELIER – BOISSELIER … 2