TONNELIERS & BOISSELIERS
MERRANDIERS, DOLEURS, CERCLIERS…
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RÉALISATION DU JABLE
FOND : FABRICATION ET MONTAGE
La futaille est montée. Égalisation de la longueur des douelles, chanfreins terminaux et pas d'asse ont été réalisés. Il ne reste plus qu'à creuser le jable, fabriquer les fonds et les mettre en place.
Le jable est cette rainure où vient s'insérer le fond. Il est réalisé tout naturellement avec un jabloir ou ruelle.
Le jabloir est composé d'un conduit (1), d'une tige (2) et d'un fer denté appelé "rat" (4). Suivant la taille du tonneau, fer et tige peuvent être déplacés longitudinalement. Ils sont bloqués par des coins (3, 5). Comme pour le stockholm, le conduit est placé à l'extrémité des douelles, le rat vient entamer l'épaisseur du bois pour faire la rainure.
La forme des jabloirs varie d'une région à l'autre, suivant les habitudes du tonnelier, suivant la taille du tonneau.
N° 1
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Jabloir |
Ce jabloir est intéressant par ses deux poignées. Cela permet de voir comment le tonnelier tient cet outil pour réaliser le jable. Bien souvent, ses poignées ne sont pas matérialisées, mais la façon de tenir un jabloir est toujours la même.
N° 2
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Jabloir
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N° 3
Jabloir |
N° 4
Jabloir mâconnais |
N° 5
Jabloir |
N° 6
Jabloir |
N° 7
Jabloir |
N° 8
Jabloir |
N° 9
Jabloir pour grand tonneau |
Après ces jabloirs classiques avec un conduit, une tige et un rat, voici quelques jabloirs légèrement différents.
N° 10
Bouvet-jabloir (?) |
En voyant la taille des dents, leur écartement, peut-on encore parler de rat ?
Les deux jabloirs suivants sont pourvus chacun de deux rats de taille différente
N° 11
Jabloir double |
N° 12
Jabloir double |
Autre jabloir doté de deux poignées opposées, alors que cet outil est habituellement tenu suivant deux axes perpendiculaires, comme on a pu le voir sur le premier modèle présenté.
N° 13
Jabloir à 2 poignées opposées |
Les trois derniers jabloirs sont pourvus d'un fer comme on en trouve dans les rabots.
N° 14
Jabloir Verdondaine |
N° 15
Jabloir |
N° 16
Jabloir ou Stockholm ? |
Il est temps, maintenant, de réaliser le fond. Le tonnelier prend le traversin qu'il a préparé (voir chapitre 3). En règle générale, il utilise de 4 à 6 planches, le plus souvent 5 : les deux latérales sont les chanteaux, les deux intermédiaires, les aisselières et la centrale, la maîtresse pièce. Il les place côte à côte sur le fût, les réunit à l'aide du sergent.
Sergent ou serre-joint ou davier |
Les planches sont fermement maintenues ensemble. Le tonnelier trace le cercle avec un compas qu'il ouvre de la sixième partie de la circonférence du jable. Il place la pointe de celui-ci au milieu de la pièce maîtresse et trace la circonférence du fond. Deux types de compas sont à sa disposition :
- compas à deux branches, en bois ou en acier :
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Compas bourguignon |
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Compas bourguignon |
Compas bordelais |
Compas bordelais trouvé dans les Ardennes !? La différence entre le compas bourguignon et le compas bordelais tiendrait dans l'épaisseur de l'arc : épais dans le premier, fin dans le deuxième.
Compas à embrèvement 2/3 |
- compas à verge, pour les tonneaux de plus grande taille.
Compas à verge (blocage par un coin) |
Compas à verge (blocage par un coin) Saône et Loire (même atelier que le compas de Mâcon) L 80 poupées L 14,5 |
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Compas à verge (blocage par vis bois) |
Le tonnelier porte, ensuite, ces planches sur la selle à tailler (voir chapitre 2). Chacune d'elles est sciée (avec une scie à chantourner, à lame étroite) le long de l'arc de cercle, mais à l'extérieur, de façon à ce que le trait marqué par le compas soit toujours visible. Puis, il place successivement chaque planche dans la mâchoire de la selle, régularise avec une plane les arcs de cercles et, toujours avec la plane, taille, sur les deux faces, dans l'épaisseur, en biseau, l'extrémité de ces arcs sur environ 1 à 2 cm, de façon à pouvoir les faire rentrer dans le jable.
Le fond peut, alors, être mis en place : après avoir enlevé le cercle de jable, il fait entrer le chanteau, puis l'aisselière ; il place, ensuite, l'autre chanteau, l'autre aisselière. Il martèle sur l'épaisseur les deux aisselières pour les rapprocher des chanteaux et les faire pénétrer dans le jable. Ne reste au centre que la place de la maîtresse-pièce. Ne pouvant la soutenir de la main par dessous, il va utiliser un piton à pas de vis très large, le tire-fond, qui ne peut traverser la planche de part en part.
Tire-fond |
Le premier fond est bien enfoncé dans le jable. Le cercle de jable est remis en place. Il suffit de mettre l'autre fond et le tonneau est prêt à être livré.
En théorie, du moins. Pour la commodité de notre présentation, nous avons omis volontairement les finitions intérieures (régularisation des surfaces) et extérieures (régularisations des surfaces, cercles, bonde). Le tonnelier aura, également, à intervenir pour l'identification de son tonneau. Nous allons aborder ces sujets dans les deux chapitres suivants.
A suivre…
A.R.C.O.M.A NOS OUTILS ANCIENS DE TONNELIER – BOISSELIER … 4