CHARRON - CARROSSIER
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QUELQUES OUTILS DE CARROSSIER
Certains seront déçus par ce nouveau chapitre. Il est certain que nous n'avons pas beaucoup d'outils de carrossier. A vrai dire, nous n'en avons qu'un seul, sûr ! Plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque : une recherche insuffisante de notre part, un moindre intérêt, une confusion avec les outils de charron, la relative rareté de ces outils.
Nous tenons, tout de même, à individualiser ce métier. Peut-être pourrons-nous le compléter au fil des mois ?
Le charron fabriquait les roues de tous les véhicules hippomobiles, mais ne carrossait que les charrettes, les tombereaux et autres moyens de transport de matériel. Par contre, la construction des habitacles des véhicules destinés au transport des personnes était confiée exclusivement au carrossier.
Dans le livre déjà cité "LES RABOTS", de P. Bouillot et X. Chatellard, aux éditons Vial, les auteurs abordent l'histoire de ces carrossiers et de leurs outils. D'après cet article, il semble que les outils de carrossier que nous trouvons encore ne sont pas très anciens, même si les plus fréquents trouvés sur Internet ont la forme des rabots à queue présentés dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Jusque dans les années 1930, les caisses des véhicules à moteur étaient en bois, recouvert de tôle.
Le carrossier utilise des rabots pour le corroyage, les moulures, l'assemblage proches de ceux du menuisier. La différence réside surtout – mais pas seulement – dans leur taille : environ 17 cm, au lieu de 22 – 24. Il possède toutefois au moins deux outils particuliers, le guillaume à queue et le bouvet à plat.
La semelle du guillaume à queue peut prendre différentes formes suivant le travail à exécuter : plate, cintrée, plus large que le fût…
Guillaume à queue cintré |
Guillaume à queue cintré |
Guillaume à queue à élégir |
La semelle de ce guillaume est particulière, de forme ovale, tronquée à ses extrémités.
Si l'on trouve chez le rampiste des guillaumes à queue proches de ceux que nous venons de voir, le bouvet à plat est une exception dans les métiers du bois : on ne le trouve que chez le carrossier qui l'utilise pour réaliser des rainures sur des surfaces courbes, dans le sens du fil du bois ou non.
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Bouvet à plat |
4 points : symbole compagnonnique ? Selon A. Mercuzot, "4" est le chiffre fétiche des compagnons.
Le carrossier de la fin du XIXe siècle, début du XXe, utilise également des marteaux soit en cuir, soit en laiton, soit en cuivre. On en trouve quelques exemples dans les catalogues de la Manufacture Française d'Armes et Cycles de Saint Etienne.
Dans le catalogue de 1910, on trouve le maillet en cuir, dit d'ajusteur, et le marteau en cuivre rouge, dit de mécanicien, tous deux "pour frapper sur les pièces polies et nickelées sans les mâcher".
Maillet en cuir |
Les quatre outils suivants proviennent de l'atelier d'un maréchal-ferrant chez lequel nous avons trouvé des outils provenant de plusieurs métiers : forgeron, bien sûr, mais aussi bourrelier, charron, carrossier …
Marteau ou masse en cuivre rouge |
Dans le catalogue de 1928, on voit ce marteau en "cuivre jaune" dit de mécanicien "pour frapper sur le métaux tendres sans les marteler".
Marteau en laiton Loire Tête L 9 manche 30 |
Pour frapper des pièces difficiles d'accès, l'artisan peut utiliser des cylindres ou prolongateurs de frappe en laiton.
Prolongateur de frappe (nom exact ?) |
Un internaute, FC, nous propose l'appellation de "Chasse", au même titre que chasse-clou, chasse-goupille. Nous émettons, toutefois, un doute car cet outil, à priori, ne sert pas à chasser, mais plutôt à modifier. À confirmer, donc.
Prolongateur de frappe (nom exact ?) |
D'autres outils plus récents sont présentés dans la rubrique "Chaudronniers – Tôliers …" du catalogue des Forges des Trois-ponts, société C. Bellin, au Chambon-Feugerolles.
Marteaux dits anglais |
A noter que l'on pourrait inclure, ici, quelques marteaux utilisés par le ferblantier, le chaudronnier.
1 Tas |
Pour terminer ce chapitre et ce dossier, nous vous présentons deux rabots qui nous posent quelques problèmes. Nous aurions pu les mettre dans le chapitre 3, avec les rabots classiques du charron. Mais ces rabots ne semblent pas être "classiques". Le livre "LES RABOTS" ne les mentionne pas, du moins dans les outils du charron.
Le premier provient du même atelier que le tour en l'air présenté dans le 1er chapitre. C'est un rabot à queue, ou plutôt à poignée, daté de 1856. Par analogie de forme, nous présentons un autre rabot pour lequel nous n'avons pas de précision sur l'atelier d'origine. Etait-ce pour un travail particulier ? Pour un charron ? Pour un carrossier ? Votre avis nous sera précieux, comme toujours.
Rabot à moulure |
Rabot à corroyer |
C'est sur ce point d'interrogation que s'achève ce dossier de charron. Comme toujours, il reste, donc, quelques incertitudes. N'hésitez pas à nous apporter des précisions si vous le jugez utile et si cela permet de présenter ces outils avec l'expérience et le savoir-faire nécessaires à leur bonne utilisation.
FIN
A.R.C.O.M.A. NOS OUTILS ANCIENS DE CHARRON – CARROSSIER 5