SANTÉ ET HYGIÈNE
APOTHICAIRE PHARMACIEN
MÉDICAMENTS
L'histoire du médicament débute alors même que l'homme n'est pas encore l'homme. Le règne végétal fut sans doute le premier utilisé. C'est ce que nous laisse supposer l'observation de certaines tribus d'Afrique ou d'Amérique latine qui n'ont pas encore eu de contact avec les pays dits "civilisés".
Nous n'irons pas si loin : ce n'est pas notre propos. Avant de voir quelques instruments d'apothicaire, il nous semble intéressant d'évoquer l'évolution de ce métier jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Le mot apothicaire provient du grec "apothêkarios", garde-magasin, dérivé de "apoteke", magasin, boutique.
Au milieu du XIIe siècle, "apotécaire et espicier" exercent le même commerce : ils vendent des épices dont certaines ont des vertus thérapeutiques. Ils ne sont pas les seuls : les herbiers, les ciriers, les pévriers, les regrattiers leur font concurrence. Quant aux médicaments, ils sont souvent préparés par les médecins eux-mêmes, bien que cette pratique manuelle, tout comme la chirurgie, soit déshonorante.
En 1336, une ordonnance oblige les apothicaires à soumettre leurs marchandises aux médecins de la faculté.
En 1353, les épiciers-apothicaires sont soumis à des statuts royaux : nul ne peut entreprendre ce commerce s'il "ne sçait lire ses receptes ou s'il n'a entour luy personne qui le sache faire". Nul ne vend " médecines venimeuses ou périlleuses". Tout apothicaire qui a confectionné une "médecine de longue conservation inscrira sur le pot l'an et le mois de la confection". Tout apothicaire vend "à loyal, juste et modéré prix".
Pour l'application de ces textes, un maistre du métier d'apothicaire, assisté de deux médecins, est chargé du contrôle. Si ces obligations sont louables, leur application n'est pas toujours possible tant les prescriptions sont complexes et nécessitent des matières premières soit d'origine lointaine, soit rarissimes.
Tout apothicaire doit disposer de l'Antidotaire de Nicolas, pharmacopée rédigée par un médecin grec du XIIIe siècle, Nicolas Myrepse. Ce document, traduit en latin, comporte 2656 formules ! Il sera la référence jusqu'en 1637. D'autres documents ont été rédigés comme les pharmacopées de Jean de Renou (médecin du roi Henri IV), de Moyse Charas et de Nicolas Lémery, et encore Médicaments simples, Pratique, Secrets (Grand Albert)…
Devant le danger de certaines substances, l'autorité royale, par ordonnance d'août 1484, exige désormais une formation pour être admis à préparer des médicaments. Bien qu'appartenant à la même corporation, apothicaire et épicier n'ont désormais plus les mêmes droits. Cette décision est confirmée en 1514 : "Qui est espicier n'est pas apothicaire et qui est apothicaire est espicier". Cet axiome permet à l'apothicaire de vendre des épices comme le poivre, la cannelle, le gingembre, le girofle, mais aussi le sucre, le riz, les dattes, l'huile d'olive, les confitures et le jambon. D'autres ordonnances précisent les mesures à prendre pour que les préparations magistrales soient de bonne qualité. Malgré ces précautions, la profession est mal vue : les tromperies sont nombreuses. C'est à cette époque que nait l'expression "compte d'apothicaire" qui conduira les patients, à la fin du XVIIe siècle, à ne payer que la moitié de la facture présentée par l'apothicaire (voir Molière et le Malade Imaginaire).
En 1599, le Parlement ordonne de réaliser un nouveau Codex établissant les formules des compositions utilisées pour le traitement de malades. A cet effet, un laboratoire est créé à la Faculté (de Médecine) et 18 médecins, apothicaires… s'attaquent à cette tâche immense qui s'achève en 1637. Tout apothicaire est tenu de disposer de ce nouveau Codex officiel.
En 1624, les apothicaires héritent du jardin botanique de Nicolas Houël.
En 1638 (ou 1636 ?), la profession a de nouveaux statuts qui vont régir la profession pendant plus d'un siècle. La profession, c'est-à-dire épicier et apothicaire toujours réunis. Mais la formation diffère notablement. Au départ, l'aspirant au titre d'apothicaire, âgé de 14 à 25 ans, comparaît devant les jurés de la corporation "pour connoître s'il a étudié en grammaire, et s'il est capable d'apprendre ledit art" et s'il détient quelques bases en latin, indispensable pour lire les prescriptions du médecin. Chaque postulant doit suivre un apprentissage de 3 ans pour l'épicier, 4 pour l'apothicaire. Cet apprentissage comporte des cours magistraux, avec démonstrations, dispensés pendant 1 an par la faculté de médecine. A noter que dès 1601, à Montpellier, et 1604, à Toulouse, une chaire de pharmacie a été créée.
Devenu compagnon, il poursuit sa formation pendant 3 ans ou 6 ans. A l'issue de ce compagnonnage, l'étudiant apothicaire subit un interrogatoire. Si celui-ci est convainquant, il doit être confirmé par l'Acte des herbes ou reconnaissance de substances médicinales. Enfin, comme pour les autres corporations, l'admission définitive est obtenue après réalisation d'un chef d'œuvre constitué de cinq préparations, accompagnées d'explications sur leur action thérapeutique.
Après un banquet copieusement arrosé et, donc, très couteux, le nouveau diplômé prête serment :
Je jure,
de rapporter tout ce qui me sera possible pour la gloire, l'ornement et la majesté de la médecine ;
de n'enseigner point aux idiots et ingrats les secrets et raretés d'icelle ;
de ne donner aucun médicament purgatif aux malades affligés de quelque maladie aiguë, que premièrement je n'aie pris conseil de quelque docte médecin ;
de ne toucher aux parties honteuses et défendues des femmes, que ce ne soit par grande nécessité, c'est-à-dire lorsqu'il sera question d'appliquer dessus quelque remède ;
de ne donner jamais aucune sorte de poison à personne et ne conseiller jamais à aucun d'en donner, pas même à mes plus grands amis ;
d'exécuter point en point les ordonnances des médecins, n'y ajouter ni diminuer, en tant qu'elles seront faites selon l'art;
de découvrir et fuir comme la peste la façon scandaleuse et totalement pernicieuse des charlatans, empiriques et souffleurs d'alchimie à la grande honte des magistrats qui les tolèrent ;
finalement de ne tenir aucune mauvaise drogue dans ma boutique.
Fort de ce diplôme, l'apothicaire peut commencer sa carrière sous la surveillance étroite de contrôleurs ou gardes chargés de vérifier la qualité des produits, matières premières ou compositions, ainsi que l'exactitude des balances et des poids. Ce contrôle des ustensiles de pesée est réservé à cette corporation qui use de ce droit sur tous les commerçants qui débitent des "avoir de poids", c'est-à-dire qui vendent des marchandises au poids.
L'arrivée du Codex et les nouveaux statuts s'accompagnent de modifications dans la boutique de l'apothicaire. Triste au XVIe siècle, elle se signale extérieurement par une enseigne composé d'un palmier entortillé d'une vipère. Intérieurement, elle s'égaye d'abord avec l'exposition de mortiers, d'amphores, de boîtes ou silènes. Ces dernières sont ornées de "figures joyeuses et frivoles, comme de harpyes, satyres, oysons bridez, lièvres cornus et aultres telles painctures contrefaictes à plaisir pour exciter le monde à rire…, mais au-dedans l'on réservoit les fines drogues, comme baulme, ambre gris, muscq, civette, pierreries, et autres choses précieuses". Ces boutiques deviennent plus vastes, sont ornées de boiseries qui comportent des tiroirs où sont entreposées les substances médicamenteuses. Des alignements de pots de faïences italiennes, de Rouen… montrent l'importance de la profession.
Les apothicaires doivent affronter une concurrence sérieuse : l'automédication, encouragée par certains médecins, comme Gui Patin, président de la faculté de médecine et ennemi juré des apothicaires. Chacun peut trouver des conseils et des recettes dans le Naturalisme charitable, l'Empiric charitable, ou le Médecin charitable.
En 1724, les apothicaires obtiennent le droit de visite des malades en l'absence de médecin.
Enfin, le 25 avril 1777, ils sont distingués des épiciers et constituent une corporation indépendante, avec le titre de collège de pharmacie dont l'étymologie grecque "pharmakôn" signifie "remède et poison". Dans le même temps, ils perdent le droit de vendre des épices. Ils sont "tenus de se renfermer dans la confection, préparation, manipulation et vente des drogues simples et compositions médicinales".
La loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803) institue les trois premières écoles de pharmacie ouvertes en France : Paris, Montpellier, Strasbourg, puis Nancy et des écoles mixtes de médecine et de pharmacie. Toutes ces écoles deviennent facultés en 1920.
Après ce survol rapide de l'histoire des apothicaires-pharmaciens, nous allons survoler celle des médicaments, sur la même période. L'affaire n'est pas simple et, dans de nombreux cas, va nous pousser à sourire ou à être dégouttés, sinon même terrifiés. Il faut dire que la "Faculté" (de médecine, de Paris) ne voulait rien entendre, barricadée qu'elle était derrière ses dogmes et ses privilèges. Nous avons déjà parlé de ce problème, de ce véritable obstacle dans l'Histoire des établissements de soins du Pays du Gier.
Le règne végétal est le premier qui est exploité par l'homme pour se soigner. Les gaulois connaissent les vertus du gui, du sélago, de la verveine, de la sauge et de la petite centaurée. Au XVIIe siècle, les simples font l'objet de culture, notamment dans les monastères. La rose rouge de Provins est utilisée pour les lavements. Avec le développement des échanges commerciaux par voie maritime, de nombreuses plantes apparaissent dans les antidotaires : rhubarbe, casse, séné, manne (issue du frêne) pour les purges, quinquina pour les fièvres (mais aussi en apéritif), anis aux multiples effets (essence comme antispasmodique, carminatif, antiglaireux ; en infusion contre l'inflammation gastro-intestinale, contre l'anorexie, la toux et comme stimulant de la lactation) ; camphre, santal, ipéca… Ce ne sont là que quelques exemples : il est impossible d'être exhaustif.
Le règne animal vient compléter cette panoplie du parfait apothicaire. Au premier rang, quelques insectes ou animaux de petite taille sont utilisés entiers : cantharides, cloportes, vermisseaux, fourmis, scorpions, araignées, frelons, lézards, vipères, grenouilles, écrevisses, sangsues, oiseaux… Pour en faciliter la consommation, ces petites bêtes sont transformées en sirops (fourmi, escargot, vipère) ou en huiles dans lesquels on peut rajouter d'autres ingrédients. Les gros animaux étaient partiellement utilisés : poumon de renard contre la phtisie, foie de bouc, "os de cœur de cerf", pied postérieur gauche de l'élan, corne de la licorne… Mais, comme dans le cochon où tout est bon, on n'en reste pas là : graisse, moelle, sang, lait, sperme, poils, ongles, mais aussi bézoards (concrétion calcaire d'origine gastrique), urines et fientes d'origines diverses : chèvre, chien, cigogne, paon, pigeon blanc…sont d'usage courant, pris isolément ou dans des compositions détaillées, prescrites par les médecins. Ajoutons quelques produits beaucoup plus couteux comme l'ambre et le corail. L'homme ne fait pas exception dans ce règne animal : le crâne humain non enterré, provenant d'un jeune homme mort de mort violente ou d'un criminel récemment pendu ; l'extrait de momie (provenant d'Egypte, surtout) appelé mumie, à effet anticoagulant.
Le règne minéral, sans doute plus tardif (encore que Cléopâtre semble avoir consommé des perles…!), n'en est pas pour autant oublié. C'est le cas des pierres précieuses : lapis-lazuli, améthyste, agate… mais aussi saphir, émeraude, rubis. Elles sont utilisées par contact ou en poudres. D'autres éléments sont largement employés : l'or, l'argent, le mercure, le plomb, le zinc, l'arsenic, le soufre… l'antimoine. Cette médecine chimique débute à la fin du XVIe siècle. L'antimoine est certainement l'élément minéral et chimique qui fit le plus polémique, avec une opposition forcenée de la Faculté. Considéré par certains comme "émétique souverain", par d'autres comme poison, "bon pour les héritiers, pour les maris qui veulent être veufs", il est tout de même introduit dans le Codex de 1637 sous forme de vin émétique. En 1658, au cours de la bataille des Flandres, le roi Louis XIV est atteint de fièvres putrides (typhoïde). A l'article de la mort, il est sauvé par un traitement à base d'antimoine. Cette guérison est sans doute responsable de l'approbation de son utilisation par le Parlement en 1666. Il ne peut toutefois être délivré que sur prescription médicale.
Toutes ces matières premières rentrent souvent dans des compositions très complexes. Nous n'en citerons qu'une, la thériaque. Créée par Galien, elle ne comporte pas moins de 70 produits, jusqu'à 100 pour certains auteurs, du moins pour les malades riches. Pour les pauvres, il y a une formule simplifiée ne contenant que 4 ingrédients. La diversité des principes actifs autorise à penser qu'elle possède une réelle activité thérapeutique. Sa préparation fait appel à des spécialistes. Elle se fait en février, en public, sous la direction d'un apothicaire et la surveillance de la Faculté. Elle est ensuite distribuée aux apothicaires de la ville.
Pour être complet, il faudrait parler de la naissance de la médecine chimique au XVIIe siècle. Nous retenons le travail de Nicolas Lémery qui sut allier pratique et théorie, en les vulgarisant auprès d'un large public : médecins, apothicaires, princes, aristocrates des deux sexes… Par ses conceptions sur la chimie, son rejet de l'alchimie, son indépendance vis-à-vis de la pensée théologique, il pourrait être considéré comme le précurseur de Claude Bernard.
L'astrologie et l'étude des nombres ont été savamment utilisées, sans doute parce qu'il fallait chercher dans toutes les directions les causes des maladies et la façon de les guérir. Les charlatans savaient aussi tromper leurs clients...
On ne saurait terminer sans évoquer les empiriques, souvent médecins sans diplôme, ou cherchant à s'évader du moule par leurs innovations. Citons, en particulier Nicolas de Blégny.
Nous connaissons maintenant quelques principes actifs. Il faut maintenant les utiliser à bon escient.
A la base de toute thérapeutique, l'affirmation d'Hippocrate, 2 000 ans après sa mort, reste toujours la ligne directrice : "Le corps de l'homme a en lui sang, pituite, bile jaune et bile noire (ou atrabile) ; c'est là ce qui en constitue la nature et ce qui crée la maladie et la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes sont dans un juste rapport de crase, de force et de quantité, et que le mélange est parfait ; il y a maladie quand un de ces principes est soit en défaut (cacochymie), soit en excès (pléthore) ou s'isolant dans le corps, n'est pas combiné avec tout le reste". Il faut avant tout éliminer les mauvaises humeurs dites "peccantes".
La fièvre, aujourd'hui symptôme, est alors maladie, assimilée à "un effort de la nature pour cuire les humeurs corrompues". Un bon médecin peut distinguer une trentaine de fièvres différentes. A chacune d'entre elles correspond un traitement particulier : aliment rafraichissant, saignée, hydratation et bain. Dans les cas plus graves, les fièvres putrides, à côté de l'inévitable saignée, il faut faire ingérer un bouillon de poulet, réaliser un clystère et placer un pigeon égorgé sur la région précordiale. Antimoine et quinquina sont utilisés dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Enfin, pour les fièvres les plus graves (variole, rougeole, scarlatine, peste), il ne faut pas hésiter : thériaque, mithridate, orviétan, mumie, ventouses, vésicatoires…sans compter purges, saignées, clystères.
Le rhume du cerveau, considéré comme une maladie cérébrale, est traité par des purgatifs, des vomitifs, des ventouses, des cautères sur les épaules, derrière les oreilles et au cou. Il est conseillé de se faire raser la tête pour y appliquer des emplâtres à base d'opium. La migraine est traitée avec de la racine de bruyère cuite dans des cendres. L'épilepsie ou mal caduc est soignée avec la valériane, le glaïeul, le gui de chêne des druides, mais aussi le sang de goujon, le crâne humain en poudre, la fiente de pigeon blanc… Paralysie, apoplexie, mélancolie, la saignée abondante est de règle.
Pour la goutte, on conseille le lait tiède de femme, mais aussi la bouse de vache chaude. Pour les rhumatisants, rien n'est plus efficace qu'un bain de tripes…
La pleurésie est sensible au sang de bouc ou à la suie…
Suivant leur localisation, les coliques sont soulagées par divers traitements allant du mercure doux aux diurétiques. Pour les plus graves, les coliques du miserere, la chaleur, le clystère âcre et purgatif, l'opium sont couramment utilisés. En cas d'échec, on n'hésite pas à réaliser une préparation à base d'intestins de loup et de chardon bénit.
Le sang de bouc, la poudre de cloportes et l'huile de scorpions sont sensés traiter la gravelle ou lithiase urinaire.
Pour les maladies vénériennes, des frictions à l'onguent mercuriel sont à l'origine d'intoxication provoquant une hyper-salivation (jusqu'à 8 litres) salvatrice.
Pour la peste, la lèpre et le choléra, l'isolement était le seul remède non pour guérir le patient, mais pour endiguer l'épidémie.
Pour le plaisir, nous vous proposons quelques recettes courtes proposées par "le Grand et le Petit Albert" dans Les Secrets de la magie naturelle et cabalistique, éditions P. Belfond, 1975.
Pour les chauves :
De la fiente de souris : Il n'est rien de plus sûr que la fiente de souris mêlée avec du miel fait revenir le poil en quelque partie du corps qu'il soit tombé, pourvu qu'on en frotte l'endroit avec cette mixtion.
Pour les adeptes de l'astrologie :
Parfum pour le mardi, sous les auspices de Mars :Ce parfum doit être composé d'euphorbe, de bdellium, de sel d'ammoniac, de racines d'ellèbore, de poudre de pierre d'aimant, et d'un peu de fleur de soufre. Vous pulvériserez le tout ensemble et ferez une pâte avec du sang de chat noir et de la cervelle de corbeau et, de cette pâte, vous en formerez des grains, pour vous en servir trois à trois dans les occasions.
Pour les collectionneurs de vieux outils :
Pour nettoyer le fer, les armes et ce que l'on voudra : Prenez du plomb limé bien menu, mettez-le dans un pot avec de l'huile d'olive, bien couvert, laissez-le ainsi pendant neuf jours ; ensuite frottez avec cette huile le fer, l'acier, les armes ou ce que vous voudrez, ils ne s'enrouillèrent point. La graisse des pieds de bœuf bien bouillis est aussi fort bonne pour faire la même chose.
On est bien loin du métier d'apothicaire, même si ces formules nous en rapprochent.
Nous arrêtons là cet historique, conscients qu'il nécessiterait un développement beaucoup plus important. Mais, encore une fois, ce n'est pas le but de notre site. Pour ceux qui sont intéressés par ce sujet, nous conseillons vivement la lecture du livre de François Millepierres, La vie quotidienne des Médecins au temps de Molière, éditions Hachette, 1965, dont nous nous sommes largement inspirés. Bien qu'ancien, ce livre se trouve facilement sur certains sites bien connus des internautes. Nous avons également trouvé des informations dans le livre d'Alfred Franklin, Dictionnaire historique des Arts, Métiers et Professions exercés dans Paris depuis le XIIIe siècle, Bibliothèque des Arts des Sciences et des Techniques, imprimerie Hérissey, 2004.
Notre collection d'objets servant à l'apothicaire pour préparer ses médicaments n'est pas très importante. Nous vous les présentons, tout de même, en espérant faire mieux. On peut toujours espérer de bonnes propositions, et, pourquoi pas, quelques dons !
Avant de voir des pots typiques de l'apothicaire, voici deux petits flacons très anciens, sans doute de l'époque grecque ou romaine. Ils pouvaient être utilisés par l'apothicaire pour des parfums ou des onguents. Tout complément d'information sera "copier-coller" ici.
Flacon à parfum (?) en verre |
Flacon en argile |
Revenons au XVIIe siècle. On a vu que les pots à pharmacie en faïence prennent une grande importance à partir du XVIIe siècle. C'est une question de prestige. Leur décoration est particulièrement recherchée. Leur forme est variable suivant la consistance du produit à conserver : chevrette, bouteille, cruche, vase de grande taille. Les faïenceries trouvent là une source de profits non négligeables grâce à la fabrication du récipient et à sa décoration : Narbonne, Rouen, Nevers, Nîmes, Montpellier, Besançon, Paris…
A titre d'exemple, nous ne possédons que ce pot-canon ou albarello, à décor de Lille, malheureusement récent.
Pot-canon ou albarello |
A cette époque, l'étain est très utilisé dans le secteur de la santé. Il a la réputation d'avoir une action bactéricide. Nous en verrons dans le chapitre 12. En voici un qui est ancien.
Pot à pharmacie en étain |
Le poinçon est usé, en forme de couronne.
Cet autre pot est beaucoup plus récent. Pot d'apothicaire décoratif ?
Pot à pharmacie en étain |
Le poinçon est double : une fleur surmontée d'une couronne et un ange couronné sur le corps duquel sont inscrites quelques lettres : SDECOR.. ?
Au XIXe siècle, le verre semble avoir pris le pas sur la faïence. Ce verre, soufflé, prend une forme standard, cylindrique. Seules changent les dimensions et la couleur. La fermeture est double : bouchon en liège surmonté d'un couvercle en fer blanc peint.
Pots en verre soufflé bleu |
Produit végétal
CONIUM MAC: PULV: Poudre de Conium maculatum ou Grande ciguë
Produits chimiques :
PHOSPHAS SODICUS ou Phosphate de sodium
BI-CARBON: POTASSIC ou Bicarbonate de potassium
Pots en verre soufflé ambre |
PAST. EUCAL. MENTHOL Pastilles d'eucalyptol et de menthol
FLEURS DE PÊCHER
NOIX DE KOLA
ROSES DE PROVINS
Les étiquettes sont intégrées dans des fenêtres aménagées dans l'épaisseur du verre. La couleur ambre peut être utilisée pour les substances sensibles à la lumière.
Chaque flacon comporte en relief la marque du fabricant. Pour ceux qui sont destinés à un élément végétal, une étiquette indique le poids à vide, la tare (dans l'ordre, de gauche à droite : 800, 840, 870 g).
PARIS . P. L DEPOSE |
Sur le fond de l'un d'eux, une étiquette indique des coordonnées (pharmacien, fabricant, herboriste …?). Tout renseignement sera le bienvenu.
Pots en verre ambre |
FLEURS DE GENÊT
PIPPERMINT
SULFATE DE MAGNESIE
Cette deuxième série est plus simple. Pas de fenêtre ; la tare est plus faible (650g) pour ceux de gauche et du centre, plus élevée pour celui de droite. Sur l'étiquette, on découvre le pris au Kg (150,00) et au détail (0,50).
D'autres flacons en verre, sans décoration, servent au stockage et sont plutôt dans l'arrière-boutique.
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Flacon en verre simple |
La transformation des matières premières en poudre nécessite l'utilisation du mortier. Celui-ci est en pierre, en marbre, en fonte, en bronze, pour les plus récents en céramique ou en verre. En voici deux en bronze.
Mortier en bronze |
Mortier en bronze à deux anses |
On peut se poser la question sur la signification du chiffre 1825. Est-ce la date de sa fabrication ou une date anniversaire ?
Les matières premières sont ensuite transformées en formes galéniques : sirop, soluté, comprimé, suppositoire, ovule…
Le soluté peut être contenu dans des ampoules :
Ampoules pour soluté |
Le réservoir est effilé à ses deux extrémités. Une fois remplie, l'ampoule est scellée à la flamme.
La fabrication des ovules nécessite un moule en bronze.
Moule à ovules |
Pour terminer, nous vous présentons quelques sustenteurs, encore appelés marmites ou pots à bouillon, des pots en étain ou en porcelaine et étain qui permettent de réaliser un extrait de viande. Ce genre de récipient peut être utilisé à l'hôpital, mais aussi chez le patient. Dans ce dernier cas, il est, sans doute, vendu par le pharmacien (au XIXe siècle).
Comment procéder ? La marque "Au Coq" nous donne la recette :
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Sustenteur Loire (Coq) 2 h 14,5 diam. 13,5 |
Le coq pourrait être le poinçon de Meunier Martin, maître potier d'étain à Lille, au XIXe siècle, d'après le "Tardy".
Les deux sustenteurs suivants appartenaient vraisemblablement à l'Assistance Publique de Paris. Nous n'avons pas trouvé à quel potier d'étain pouvait correspondre le soleil et la grappe de raisin.
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Sustenteur |
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Sustenteur |
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Sustenteur |
Le seul à avoir une poignée mobile, il a été primé en 1875. Le "Tardy" indique, pour ce poinçon à l'abeille, le potier d'étain Lucotte qui a exercé à Paris de 1860 à 1885.
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Sustenteur |
Grâce au "Tardy", le poinçon des maîtres potiers nous permet de dater ce sustenteur ente 1850 et 1860, période d'activités des frères Laurent, à Toulouse.
Le dernier que nous vous présentons est moins fréquent : il allie porcelaine et étain.
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Sustenteur |
Dans le prochain chapitre, nous verrons des instruments que le médecin laissait volontiers à l'apothicaire qui les confiait, à son tour, à son assistant : les clystères.
A suivre…
A.R.C.O.M.A. NOS INSTRUMENTS ANCIENS POUR LA SANTÉ ET L'HYGIÈNE
APOTHICAIRERIE : MÉDICAMENTS
SANTÉ ET HYGIÈNE
12
APOTHICAIRE PHARMACIEN
CLYSTÈRES
La trilogie "saignée, purge et clystère" résume les moyens essentiels dont disposaient les médecins pour traiter les maladies, quelles qu'elles soient et ce jusqu'au XVIIIe siècle. Nul n'échappait à ces traitements, enfants, femmes, vieillards, manant ou roi.
Avant de voir quelques instruments, il est intéressant de voir de quoi étaient composées ces liqueurs et de quelle façon elles étaient injectées dans le "siège ou le fondement". Et qui est plus à même de nous l'expliquer que le plus grand médecin du XVIe siècle, Ambroise Paré. Nous avons conservé l'orthographe originelle. Donc n'hésitez pas à changer un "v" en "u", un "i" en "j", un "&" en "et", un "z" en "s"… Au bout de quelques lignes, on s'y fait très bien !
"Clystère, c'est-à-dire ablution ou lavement, est une injection appropriée au siège & aux intestins en première intention : car autrement sont aussi faicts & donnez des clystères tant pour le ventricule, ratte, reins, vessie, amarry, mésentères et autres parties voisines que mesme pour la teste, de laquelle souvent par clystère acre est faicte révulsion de la matière en bas comme il se pratique journellement, et non sans heureux succez, en l'apoplexie : de sorte qu'il n'y a aucune partie qui ne ressente quelque profit du clystère, mais les unes plus les autres moins. Il y a plusieurs espèces ou différences : car ou il est rémollitif, ou purgatif, ou anodyn, ou astringent ou détersif, ou farcotif, ou epulotique, ou nutritif. Toutes lesquelles différences sont composées & faites de plantes, des parties de bestes, ou des médicaments composez, tant résolutifs qu'autre selon les intentions du composant. Les parties des plantes sont racines semences, feuilles, fleurs, fruits, gommes, ius, mucilages. Les parties des bestes sont iaunes & aubins d'œufs, miel, poulet chappon, viel coq vené et préparé, la teste & pieds de mouton, laict clair, tripes, suif de bouc, exsungue : toutes lesquelles parties tant de bestes que de plantes, on fait cuire et bouillir, & en la décoction l'on mesle et destrempe les médicaments laxatifs & autres tant simples que composez. Quelquesfois, sans mixtion de médicaments composez sont faits clystères seulement d'huyle, comme d'huyle de noix pour la colique de laict clair, de décoction de pieds, de teste & tripes de mouton, potage de pois chiches et d'orge.
La quantité du clystère est aucunesfois grande, autresfois plus petites, selon les températures & complexions, & selon les intentions. Aucuns peuvent endurer grande quantité, les autres moindre, aux enfans débiles, femmes grosses conuient moindre quantité. Aussi où le ventre est fort serré et dur, en une colique, dysenterie, lienterie, & autres infections du ventre inférieur, faut que la quantité du clystère soit plus petite. Au contraire, où l'on voit seulement esmounoir le ventre, faut plus grande quantité : toutesfois la quantité de la décoction communément est d'une liure & demie, d'une liure ou tout au moins de trois quarterons : mais le plus souvent nous laissons la quantité au iugement de l'Apothicaire disant seulement quant. suff.
Il faut que le clystère soit tiède, plus ou moins, selon que les patients le peuvent endurer, de peur que s'il estoie froid, il n'offensait les intestins & autres parties voisines, qui sont nerveuses et froides de leur naturel: & davantage faut en faire l'iniection peu à peu & doucement, de peur que poussé d'impétuosité, & tout à coup, il ne chasse les flatuositez (qui ordinairement sont contenuës en la capacité des intestins) en haut, & par ce moyen n'excite des trenchées intolerables. Pour donner le tout à entendre, faut à présent venir à décrire les exemples de chacune difference des clystères.
Maluae, violarum, bismaluae, brancae vrfinae an. m. j. radicis altheae & liliorum alborum an., passularum & ficuum pinguium an., fiat decoctio adlb.j.in qua dissolue cassiae, butyri recentis an., j. violati, fiat clyster [clystère remollitif].
Les clystères laxatifs sont faits de quatre sortes de medicamens, de la decoction de medicamens laxatifs, huyles & miel, ou autre qui ait vertu d'irriter. La decoction est quelquesfois propre à tirer les humeurs que l'on veut purger, comme pour tirer les humeurs froids & visqueux, elle se fera ainsi.
Saluiae, origani, abrotoni, camomille & meliloti an. m. seminum anisi, fœniculi, cumini an., seminis carthami, fiat decoctio, in qua dissolue diaphœnici & hierae simplicis ana. olei anethi & chamœm, ana. mellis anthosati & sacchari rubri ana. fiat clyster.
Vini albi gener. j. bul. ad consumpt mediata in qua in diff sachar.rubri iterum parum adendo vitell ouor num. & fiat clyster.
Pour tirer & purger l'humeur melancholique, l'on fera tel clystere
Fumiterrae, centaurij minoris, mercurialis ana. m. J. polypodij quercini, folliculorum senae ana seminis agni casti, thymi, epithymi ana fiat decoctio in qua dissolue confectionis hamech cassiœ recens extractœ olei violati & liliorum ana sacchari rubri & mellis violati ana falis communis.
Tels clysteres ne seruent qu'à seulement à euacuer les humeurs susdites, mais aussi souuent contrarient aux températures, comme le premier et le dernier alterent les intemperies froides : le second conuient aux intempératures chaudes.
Les medicamens laxatifs qui sont mis aux clysteres sont doux, ou forts. Les forts comme confection hamech, benedicta, diaprunis solutiuum, diafœnicum sont meslez à par soy iusques à [ ] tout au plus selon la nature du patient facile ou difficile à esmouuoir. Les debiles et benins, comme cathilicon, cassia, hiera simplex… selon les indications. Et tels medicamens l'on dissout le plus souuent en decoction commene de clystere qui est faite de quelques remollitifs auec fleurs de camomille et semence d'anis.
Le clysrere anodyn est fait sans medicamens laxatifs des medicamens anodyns descris en cette manière.
Florum chamaemeli, meliloti, anethi ana radicis bismaluae fiat decoct. in lacte colaturae ado cilaginis seminis lini & fœugranaeci extractae in aqua maluae sacchari albi oli camomillae & anethi ana vitellos duos ouorum fiat clyster.
Tels clysteres faut garder longtemps, afin qu'ils puissent mieux apaiser les douleurs.
Vn clystere astringent est fait de choses astringentes en la façon que s'ensuit.
Caudae equinae, plantigis, polygoni ana : fiat decoctio in lacte vstulato ad quart. iv. collaturae adde boli armeni & sangui. draconis ana olei rosati albumina duorum ouorum, fiat clyster.
De tels clysteres nous vsons en vne dysenterie, apres que les grosses matieres sont euacuees et nettoyées ou en flux excessif des hemorrhoiees. Les clysteres sarcotiques, epulotiques detersifs sont faits de medicamens decrits en leurs propres chapitres pour servir aux vlceres des gros intestins. Les clystères nutritifs sont faits de la decoction de poulets, chappons, vieils cols cuits iusqu'à pourriture et forte expression d'iceux, moüelles, gelée & autre telle viande plus cuitte que si on la vouloit prendre par la bouche, à raison que les intestins ont la vertu coctrice plus foible que le ventricule.
On fait quelquesfois lesdits clysteres de vin & decoction d'orge, quand il n'y a point de fievre ny douleur de teste : souuentesfois de laict & de iaunes d'œufs on y adiouste petite quantité de succre blanc, de peur qu'il n'irrite les intestins à excretion par la vertu detersiue qui lui est naturelle: ou rosat (car tel est aucunement astringent) comme apert par les exemples.
Decoctionis capi perfectae, sacchari albi, misce, iniiciatur cum syringa.
Decocti pulli & gelatinae an, vini optimi, iniiciatur.
Decocti hordei mundati & in cremorem redacti, lactis boni, vitellos ouorum duos, fiat clyster.
Nous vsons de tels clysteres pour nourrir enfans et gens debiles, comme en vu grand deuoyement d'estomach, quand il ne retient la viande qu'il prend : toutesfois en l'vsage de tels clysteres faut auoir esgard à trois choses :La premiere est qu'il faut auant que prendre tels clysteres, asseller le patient soit par art avec un suppositoire ou clystere, soit du propre mouuement de nature, de peur que tels clyteres nourrissants estant meslez avec les excrements, ne soient gastez & corrompus : La seconde est qu'il soit donné en grande quantité, afin qu'il soit porté par tous les intestins : La troisieme est, s'il est possible, qu'on dorme apres tels clysteres, tant afin que le malade fasse mieux son profit & concoction de tels clysteres, qu'aussi qu'il les retienne mieux : d'autant que le dormir arreste toutes les euacuations. Pour laquelle mesme raison les Medecins defendent de mesler en tels clysteres, sel, ou huyle, parce que les deux premiers en detergeant irritent l'excretrice : & la dernière en lubrifiant. Aucuns veulent affirmer que nul clystere peut estre nutritif, à raison que ce qui doit nourrir doitauoir receu trois coctions : dont la première est au ventricule, la seconde au foye, la tierce en chascune partie de notre corps. Mais telle opinion peut estre réprouuée tant par raison que par experience. Par raison, puis que les parties de notre corps ont vn sentiment naturel de la chose qui defaut, & que la nutrition est repletion de ce qui a esté inany & vacué, telles parties estant débilitées par trop grande inanition faite és maladies, attirent premierement tout ce qui est conuenable à leur nature : ou au defaut de tel aliment le premier qui s'offrira. Or clysteres nutritifs ne sont faits que d'alimens doux, amiables & familiers à Nature grandement ja preparez à concoction : & pourtant telles choses estants és intestins, seront attirées des veines & artères Mesaraïques (qui ont quelque faculté de sanguifier, ainsi que dit Galien au liure De vsu partium) des veines Mesaraïque sont distribuées à la veine Porte, & au foye : & du foye à toutes les parties du corps, lesquelles aux grandes maladies, quand le patient ne peut prendre aliment par la bouche, demandent à estre remplies de ce qui leur est plus propre que quelque autre partie commode.
Par experience aussi nous voyons, que gens malades estans long temps sans manger par vsage de tels clysteres nutritifs ont estez aucunement soulagez & substantz, à raison que les parties affamées attirent promptement ce qui leur est familier, le succant des veines, lesquelles estans vuidées attirent du foye & des veines mesaraïques.
Qu'est-il besoin d'exemples plus clairs, veu qu'aucuns (comme on a veu) ont reietté les clystères par la bouche, voire les suppositoires ? Ce qui montre bien que l'attraction n'est pas seulement faite des veines mesaraïques, mais aussi du ventricule, & des autres parties.
Telles trop curieuses disputes ie laisseray à présent, pour declarer le temps de prendre clysteres et l'vsage.
L'on a accoustumé de prendre clysteres à toutes heures deuant et apres disner, moyennant que ce soit loin du repas, de peur que ne soit faite attraction par le clystere de la viande estant encores à cuire en l'estomach. Parquoy on les peut prendre à 6.7.8.9. heures du matin auant disner, ou 4.5.6. apres.
L'vsage des clysteres est assez manifeste par la connoissance de la matiere qui entre en iceux : joinct que tous ont vn commun vsage, qui est d'aider l'expulsion des superfluitez contenuës és intestins : & successiuement des autres parties. D'auantage quand l'âge ou la vertu du malade (comme aduient aux enfans & gens debiles & malades) n'est suffisante à porter medecine, lors sommes contraincts d'vser de clysteres à cause qu'ils ne debilitent point tant les forces que les medecines. Pour cette cause, aucuns ont coustume de prendre clysteres de deux iours l'vn, encores qu'ils soient sains, quand nature est paresseuse à ietter les excremens. A gens malades ils sont ordonnez plus souuent pour tousiours tenir le ventre lasche. L'vsage desdits clysteres a esté inuenté des Cicoignes, lesquelles de leur propre mouuement naturel iettent de l'eau de la mer (qui pour la salsitude a vertu d'irriter & d'euacuer) en leur siege pour s'asseller, ainsi que recite Galien en son introductoire de Medecine. La maniere de prendre clystere est telle : lors que le patient le reçoit, qu'il ayt la bouche ouuerte, à cause que tous les muscles qui aydent à l'expulsion sont laschez, qu'il n'ait rien qui luy comprime le ventre, & qu'il soit situé en figure courbe pour le receuoir plus à l'aise estant couché sur costé droict. Car par telle situation le clystere receu penetrant iuques au haut des intestins quasi comme d'vn rauage, laue plus facilement tout le ventre : où au contraire le patient estant situé sur le costé gauche, il aduient que le clystere est contraint de demeurer au Rectum, ou au Colon : pource qu'iceux par telle assiette sont pressez de la masse & pesanteur des autres intestins superieurs. Apres qu'il a receu, il doit demeurer quelque temps sur son dos, puis se tourner de costé & d'autre, ou sur la douleur, s'il luy est possible.
Or il se trouue certaines femmes, qui pour nulles choses ne voudroient prendre vn clystere de la main d'vn homme pour une vergongne & honte qu'elles ont de se montrer: à cette cause i'ay fait pourtraire cet instrument, duquel elles se pourront ayder à receuoir un clystere, le mettant par deuant (ayant un peu les fesses leuées) la cannule dans le siege, puis versera la liqueur dedans la boëte."
En bon médecin, comme le veut la Faculté, Ambroise Paré rédige ses prescriptions en latin. Par chance, ses explications sont en français. Il attribue l'origine du clystère à la "Cicoigne" (Cigogne). D'autres la font remonter à l'ibis égyptien dont le bec courbe semble plus propice à cet exercice.
La purge précédait souvent le clystère comme le montre cette ordonnance rédigée un siècle plus tard : "Une once de catholicon double et une once de sirop de pommes composé dans une décoction de chicorée sauvage, et le lendemain de la médecine (purge), il faut prendre un remède (lavement) composé d'une poignée d'orge que l'on fera bouillir dans trois chopines d'eau réduites à la moitié, dans laquelle moitié l'on mettra une poignée de son de froment, et quand la décoction sera faite, l'on y dissoudra un jaune d'œuf."
Dans cette recette, les mots "clystère" et "lavement" n'apparaissent pas. La raison vient de Madame de Maintenon qui refusait ces termes trop évocateurs et préférait, donc, le mot "remède" pour le clystère, le mot "médecine" pour la purge. Il n'empêche que les médecins, pour montrer leur savoir en langues latine et grecque, continueront à prescrire des clystères (du grec khluster, seringue).
Revenons à ces clystères que les apothicaires préparaient et administraient. Les médecins considéraient que cette injection était un geste purement manuel, donc indigne de leur savoir. Jusqu'au XVe siècle, la "seringue" est constituée d'une vessie et d'une branche creuse de roseau. Les seringues en étain apparaissent au XVIe siècle. Ambroise Paré modifie la forme de la canule pour que les patients puissent se faire eux-mêmes l'injection. Au XVIIe siècle, un embout de forme tronconique, à stries concentriques, sur lequel vient se fixer un tuyau souple terminé par une canule d'ivoire ou de buis permet, là encore, de se traiter soi-même.
Le XVIIe siècle est celui du Roi Soleil. C'est aussi celui du clystère.
La seringue comprend une poignée en bois ou étain, prolongée par le piston réalisé dans le même matériau. Celui-ci est terminé par un joint en étain entouré de filasse. Ce piston court dans le corps de la seringue qui est terminé par la canule. La taille de la seringue dépend de la personne à laquelle va être injectée le clystère : enfant, femme, homme… La poignée est parfois creuse : on y met le médicament pulvérulent qui est rajouté à la décoction.
A gauche : poignée à réserve, piston en étain ; à droite, poignée et piston en bois ; joint étain + filasse
Nous présentons les clystères suivant leur taille, du plus petit au plus grand.
Clystère tout étain, poignée en anneau |
Clystère à poignée en bois tourné |
Clystère à poignée en buis |
Clystère tout étain, poignée en anneau Loire 7 L 27 corps L 14 diam. 3,2 canule 6 |
Clystère à poignée en bois tourné |
Clystère tout étain, avec réservoir dans la poignée |
Clystère tout étain, avec réservoir dans la poignée |
Clystère à poignée en bois tourné |
Pour terminer cette présentation de clystères, voici deux modèles qui se distinguent par leur canule.
Clystère à poignée en bois tourné |
Le corps du clystère est relativement petit. Par contre, la longueur de la canule est impressionnante. A qui cet instrument était-il destiné ? Avait-il une fonction particulière ?
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Clystère à poignée en bois tourné |
L'embout tronconique permet de fixer un tuyau souple terminé par une canule : le patient peut se faire lui-même son clystère.
Cela nous amène à une autre série de clystères désignés par le nom "soi-même", et pour cause. Nous avons vu qu'Ambroise Paré avait conçu un tel instrument pour "certaines femmes, qui pour nulles choses ne voudroient prendre vn clystere de la main d'vn homme pour une vergongne & honte qu'elles ont de se montrer".
En réalité, femme ou homme ne devait pas avoir grand plaisir à montrer ainsi leur "fondement" et les deux sexes pouvaient utiliser cet instrument sans se montrer dénudés, dans une position particulière. En fin de ce chapitre, nous verrons que le remède pouvait, aussi, se donner en famille…
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Soi-même à poignée en bois tourné |
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Soi-même à poignée en buis tourné |
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Soi-même à poignée en bois tourné |
Le "Tardy" nous indique que Scatta jeune était maître potier d'étain à Châlon-sur-Saône en 1865.
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Soi-même à poignée en buis tourné Loire PICCO . A ROMAN L 34 corps L 23 diam. 6 conduit 24 canule 5 |
Le "Tardy" ne fait aucune mention de ce maître potier de Roman.
A.FESCH |
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Clystère et soi-même Loire L 37 corps L 22 diam. 5,5 conduit 24 canule 6 & 6,5 |
Le "Tardy" ne fait pas plus mention de V. Zanone. A noter une petite curiosité non expliquée sur le coffret : le petit trou latéral est indispensable pour rentrer la seringue !?
Pour terminer, voici un soi-même très particulier, rencontré rarement, et dit "de voyage". Au début, ce n'est qu'un coffret, en noyer tout de même, avec des renforts en laiton et une fermeture à clef. Le couvercle est troué et comporte à l'opposé de la serrure une petite trappe.
Coffret en noyer |
L'ouverture du coffret dévoile le contenu : un bassin en zinc (ou en tôle ?), un clystère soi-même dont le conduit est entouré d'une filasse enduite de goudron (?) et, enfin, quatre pieds.
Soi-même dans son coffret |
Le montage des pieds demande quelques secondes :
Il ne reste plus qu'à réunir le soi-même et le couvercle …
Le corps de la seringue passe par la trappe tandis que la canule apparaît dans le petit trou pratiqué dans le couvercle et situé au centre d'une petite sellette en cuir. Tout le confort !
Muni d'un tel instrument, c'est dans la joie et en famille, devant servante et serviteur qu'on s'administre son "remède".
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Estampe 1816 "Duo de seringues à bâton mécanique entre deux époux du Marais" Bibl. Nat. Paris Wellcome Library, London Couple using the very popular mechanical pump enemas of the 18th century; G. de Cari, for Martinet of Paris. |
Ce type de clystère a sans doute existé durant toute la première moitié du XIXe siècle. Napoléon Ier , grand voyageur, en possédait un. La seule différence avec le nôtre est qu'il était en vermeil, dans un coffret en acajou.
Ce coffret soi-même est, comme nous l'avons déjà dit, assez rare. Nous n'en avons vus que deux complets, chez des antiquaires, dans la Loire et l'Isère. L'antiquaire de la Loire pensait que le sien avait été fabriqué par un ébéniste de renom, Pierre Hache (1705 – 1776), troisième génération d'une dynastie d'ébéniste de Grenoble. Las d'être copié, il décida de ne plus signer ses œuvres. Isère, Grenoble, cela nous laisse penser que le nôtre, trouvé en Isère, a été fabriqué par ce même artiste. Bien sûr, cela reste à prouver. Seul un expert pourrait le confirmer. La qualité du travail est, toutefois, indéniable. Alors…
Pour la rédaction de cet article, nous avons utilisé Les œuvres d'Ambroise Paré, 12ème édition, de 1664 et le livre déjà cité de François Millepierres, La vie quotidienne des Médecins au temps de Molière.
Dans le chapitre suivant, nous aborderons les instruments de l'apothicaire chimiste et biologiste.
A suivre…
A.R.C.O.M.A. NOS INSTRUMENTS ANCIENS POUR LA SANTE ET L'HYGIENE
APOTHICAIRERIE : LES CLYSTÈRES
SANTÉ ET HYGIÈNE
13
APOTHICAIRE PHARMACIEN
ANALYSES, CHIMIE & BIOLOGIE
Jusqu'au XVIIe siècle, l'alchimie prédomine dans la recherche des "scientifiques" de l'époque. A la fois matérielle et spirituelle, pourvue d'un langage ésotérique que seuls les adeptes comprennent, elle vise à découvrir l'impossible : la pierre philosophale. A travers cette chimère, elle veut parfaire la nature minérale avec la transmutation des métaux simples en or, végétale en réalisant le remède contre toute maladie et humaine, l'alchimiste cherchant lui-même à atteindre la perfection. Cette philosophie, cette façon de vivre et de croire, cette recherche sont nées en Chine, adoptées ultérieurement en Inde et dans le monde arabe qui la fera découvrir et développer dans le monde occidental vers le XIIe siècle. Elle est considérée par certains comme de la magie, de la sorcellerie, du charlatanisme. Elle est, en fait, beaucoup plus sérieuse qu'il n'y paraît, même si son but nous paraît vain, du moins avec les moyens et les connaissances de l'époque. Elle est à l'origine de milliers de publications, d'articles dont un grand nombre reste encore à décrypter. Lavoisier avait démontré que les métaux étaient des corps simples impossibles à décomposer… "les physiciens nucléaires modernes ont décomposé tous les corps que l'on croyait simples, et vérifié ainsi la théorie alchimique traditionnelle de l'unité de la matière… Aussi d'éminents physiciens, comme Jean Perrin, n'ont-ils pas hésité à reconnaître dans les anciens maîtres de l'alchimie les précurseurs géniaux des magiciens modernes de l'atome."
Ce n'est qu'au XVIIe siècle que va naître ce que l'on va appeler l'iatrochimie, c'est-à-dire la chimie à la recherche de nouvelles molécules (le mot n'existe pas à cette époque) susceptibles de guérir les malades. Et l'un de ses premiers représentants est un maître apothicaire, Nicolas Lémery (1645 – 1715), auteur d'une Pharmacopée et d'un Cours de Chimie. Dans son laboratoire, il présente ses découvertes à toute la société : médecins, apothicaires, aristocrates (femmes et hommes) viennent suivre ses expériences. Il est seul à vendre du bismuth ce qui lui permet de réaliser ses recherches en toute indépendance.
Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour que se développe la chimie biologique. Claude Bernard (1813 – 1878), qui commence sa carrière dans le laboratoire d'un pharmacien, en est l'un des initiateurs.
A ce propos, faisons un petit aparté sur la biologie locale. Le Pays du Gier est très proche de Lyon où se trouve la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie. Depuis la création de la profession de pharmacien, en 1777, les élèves participent à la vie de l'hôpital, dans toutes les villes de France disposant d'une faculté et d'un hôpital. Ils sont nommés "internes", sauf à Lyon où ils sont affublés du titre de pharmacien-adjoint. Peut-être parce que la faculté est très récente par rapport à celles de Montpellier, Paris, Toulouse…
En 1842, on peut lire une remarque du Dr Pointe dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu : "De tous les départements de l'Hôtel-Dieu, la pharmacie est peut-être le plus imparfait et, sans aucun doute, elle était jadis mieux organisée qu'aujourd'hui. C'est une place très importante que celle de pharmacien d'un grand hôpital ; il faut que celui qui l'exerce possède complètement les connaissances chimiques et pharmaceutiques…" On retrouve, ici, la notion de connaissances chimiques : au fil du temps, elles se développeront par la création, à la Faculté de pharmacie, de chaires de chimie organique, de chimie minérale et de chimie biologique.
La création d'un internat, avec admission sur concours, est réclamée par les étudiants dès 1878. Cette nécessité est confirmée par la presse, l'opinion publique et le Conseil Municipal de Lyon. Le Conseil d'Administration des Hospices civils l'impose, finalement, en 1882. Si certains médecins souhaite cette création, comme Paul Diday, d'autres la refusent, empêchant l'installation de ces jeunes étudiants dans certains hôpitaux, comme celui de la Croix-Rousse où les pharmaciens adjoints ne purent s'installer dignement que 32 ans plus tard…
Petite parenthèse : les religieuses ne voient pas cette création d'un bon œil. Depuis plusieurs siècles, elles se dévouent au service du malade, notamment en préparant les médicaments. Malheureusement pour elles, aucune formation ne leur est donnée et leurs connaissances sont acquises sur le tas, sans connaissance scientifique particulière. Il n'empêche que tous ceux qui ont travaillé avec elles, jusque dans les années 1970, gardent un excellent souvenir de leur collaboration et de leur attachement à l'équipe médicale. Après ce modeste hommage, refermons la parenthèse.
"En juin 1923, …, à la suite d'un vœu émis par le Comité médico-chirurgical. Il fut décidé qu'à titre d'essai, les pharmaciens adjoints suivraient la visite dans les services de médecine, tiendraient le cahier de prescriptions et feraient, sous la direction du pharmacien-chef, les analyses courantes. Au mois de décembre, sur la demande des médecins, cette mesure prit un caractère définitif." Sur la demande des médecins, on appréciera le changement !
Dans sa séance du 10 décembre 1924, l'administration remplaça, enfin, le titre de pharmacien adjoint par celui d'interne en pharmacie.
En 1932, un interne en pharmacie montre l'intérêt de la biologie dans le quotidien : "Aujourd'hui s'est établie une harmonieuse collaboration médico-pharmaceutique… Chez tous, on constate un goût croissant pour la biologie." C'est ainsi qu'au fil des années l'internat se transforme : la plupart des internes se retrouve dans des laboratoires, à pratiquer des analyses de plus en plus nombreuses et complexes, 24 heures sur 24. Leur domaine s'élargit et concerne désormais la bactériologie, l'hématologie, la parasitologie et l'immunologie.
Il est temps, maintenant, de se pencher sur le matériel utilisé en biologie. Sans revenir en détails sur leur fonctionnement, nous vous présentons quelques instruments déjà évoqués dans d'autres articles. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez vous reportez à ces chapitres que nous vous indiquerons au fur et à mesure.
1 Triloupe utilisée en "insectologie", ou parasitologie, ou botanique.
2 Microscope de contrôle (à tout faire, mais peu performant). En parasitologie, le micromètre permet, par exemple, de mesurer la taille des œufs pour identifier le parasite.
3 Microscope à niche pour botaniste
4 Microscope à rotule et crémaillère pour botaniste, parasitologue…
5 Microscope C. Verick pour l'étude des plantes qui rentrent dans la constitution des médicaments.
6 Microscope Reichert utilisé dans les années 1930 pour la recherche de parasites (filaires) dans les mines de la région stéphanoise. Utilisé, également en hématologie, bactériologie, cytologie urinaire, anatomo-pathologie…
Pour plus de détails, voir l'article "Microscopes" dans la rubrique "Instruments de mesure".
7 Microscope Ernst Leitz Wetzlar à éclairage électrique intégré, utilisé, comme le précédent en hématologie, bactériologie, parasitologie, cytologie urinaire…
Les polarimètres sont utilisés pour le dosage du glucose et, pour certains, des protéines, dans des milieux acellulaires comme les urines.
1 Polarimètre E. Hartnack pour dosage du glucose et des protéines (albumine).
2 Polarimètre à pénombre de Laurent pour le dosage du saccharose.
3 Saccharimètre Soleil pour le dosage du saccharose.
Ebullioscopes, vinoscope et alcoomètre
Ces trois instruments permettent de doser le degré alcoolique d'un vin. Jusqu'aux années 1950, cette tâche était réalisée par le pharmacien.
1 Ebullioscope de L. Levesque
2 Ebullioscope de E. Malligand
3 Vinoscope correcteur de Contassot
4 Alcoomètre J.Salleron
Ce petit laboratoire permet d'évaluer l'acidité du vin.
Pour avoir des détails sur ces instruments, cliquez sur le titre concerné en italique. Vous arriverez directement sur l'article qui traite de ce sujet.
Passons maintenant à quelques instruments utilisés pas le pharmacien qui est, aussi, chimiste. Et en premier lieu, La verrerie de base (il en manque !)
1 Erlenmeyer h 13,5 l base 8 200 ml |
Les tubes sont très nombreux tant par la forme que par la fonction.
Tubes à essai |
La couleur provient d'une reste de liqueur de Fehling qui contient du sulfate de cuivre. Ce réactif permet de mettre en évidence des substances réductrices comme les sucres. Bien que non spécifique, cette technique remplaça avantageusement le doigt du médecin qui n'hésitait pas à goûter les urines de son patient pour déceler la présence de sucre.
Tubes à décanter |
Tube à extraire à col et bouchon rodés |
Autre instrument indispensable : la source de chaleur. Michael Faraday (1791 – 1867) invente un brûleur à gaz qui est modifié dans les années 1850 par Robert W. Bunsen (ou du moins, son assistant, Peter Desaga, mais on ne garda que le nom du chef de service). Au début du XXe siècle, Georges Meker, installé à Courbevoie, modifie le bec Bunsen en ajoutant une petite grille qui active le passage du gaz en fractionnant celui-ci et permet d'avoir une flamme plus chaude. Le bec est constitué d'une arrivée de gaz (méthane, butane, surtout), un gicleur ou un robinet qui régularise l'arrivée de gaz, une virole perforée pour modifier le rapport gaz/air et, enfin, une cheminée.
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Bec Bunsen |
A priori, ce bec Bunsen devait être vissé sur la table de travail, ce qui rendait son déplacement impossible. Sa base a été noyée dans une masse d'étain, elle-même contenue dans une coupelle en zinc.
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Bec Meker |
La grille visible sur la photographie de droite accélère la sortie du gaz.
L'instrument suivant est dédié à un dosage précis : la mesure du CO2 dissout dans le sang ou dans le… vin. Cet appareil de Van Slyke (Donald Dexter, 1883 – 1971) est composé d'un tube en verre divisé en plusieurs segments : un entonnoir gradué en ml où sont versés le plasma et de l'acide lactique, un tube gradué, une chambre de dégazage, le tout mis en relation à l'aide d'un robinet à deux voies avec un ballon mobile rempli de mercure, relié par un tuyau en caoutchouc. En descendant le niveau du mercure dans le tube, le mélange plasma-acide parvient dans la chambre de dégazage. Le tube est sorti de son portoir et agité. Cela a pour conséquence le dégagement du gaz CO2, sous l'effet de l'acide, du vide créé par la descente du niveau du mercure. On ramène, ensuite, au même niveau le mercure dans la boule et dans le tube. On lit le volume de gaz sur la graduation situé sous le premier robinet. On reporte le chiffre obtenu sur un abaque qui tient compte de la température pour obtenir la concentration en CO2. Ce dosage permet d'évaluer l'équilibre acido-basique, en particulier chez le sujet diabétique.
Appareil de Van Slyke |
Nous voyons, maintenant un instrument en étain qui nous pose quelques problèmes. Trouvé chez un brocanteur, il nous a été présenté comme une boîte à coton. En l'observant de plus près, nous avons noté deux anomalies pour ce genre de fonction : d'abord, son poids de 4 kg, ensuite, sa base arrondie qui fait qu'il n'est pas stable en position verticale. Nous avons trouvé une solution en visitant le Musée des Arts et Métiers, à Paris. Le laboratoire de Lavoisier y est présenté ; on y voit de nombreux appareils utilisés par ce célèbre chimiste. Et, dans une vitrine, notre "boîte à coton" présenté comme un densitomètre. Nous avons contacté ce musée qui nous a répondu très rapidement qu'il ne disposait pas d'explications sur l'utilisation de cet instrument. Des questions restent donc posées : Densitomètre ? Comment fonctionne-t-il ? Pour quelle substance est-il employé ?
Densitomètre (?!) |
Pour terminer, nous vous présentons de la verrerie du XVIIIe siècle en verre soufflé, "qui provient de la plus ancienne pharmacie de Saint Etienne", d'après son ancien propriétaire.
Ce sont, tout d'abord, deux cornues, en verre très fin, incolore ou vert.
Cornue |
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Cornue |
Et pour finir, voici une très grosse ampoule à décanter, en verre épais, munie à sa base d'un robinet, semble-t-il, en étain (à confirmer).
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Ampoule à décanter |
A noter, au niveau de chaque col, la présence d'une attache en ficelle pour le rangement ou le séchage (?).
Pour réaliser cet article, nous avons utilisé "La vie quotidienne des médecins" déjà cité ; l'article de René Alleau dans l'Encyclopaedia Universalis, édition 1984 ; Les Hospices Civils de Lyon, Audin Editeur, 1953 et Le Cinquantenaire de l'Internat en Pharmacie des Hôpitaux de Lyon, Edition G.-L. Arlaud, 1933
Nous en avons fini avec l'apothicaire. Le dernier chapitre de ce sujet "Santé et hygiène" est consacré au barbier.
A suivre…