SANTÉ ET HYGIÈNE
PNEUMOLOGIE
Objet de recueil, le crachoir est utilisé tant à domicile qu'à l'hôpital. Les recherches archéologiques ont permis de montrer que la tuberculose, sous sa forme osseuse (mal de Pott) existe depuis le néolithique. La tuberculose pulmonaire est décrite chez les Grecs, les Romains… en Orient. Les rois de France, de droit divin, étaient sensés pouvoir guérir les écrouelles ou scrofules, ganglions tuberculeux surinfectés. Gens du peuple, rois, princes, courtisanes en sont morts. Laennec, qui niait la transmission de la tuberculose d'un être humain à un autre, après avoir ausculté des centaines de patients avec son stéthoscope, n'a pas survécu à cette contamination. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que la prévention soit possible, avant de devenir obligatoire, avec le BCG (vaccin bilié de Calmette et Guérin) et 1943 pour que soit découvert le premier antibiotique actif sur le bacille de Koch, la streptomycine.
Du plus petit au plus grand, le crachoir doit pouvoir être utilisé en tout lieu, si possible discrètement.
Crachoir de poche |
Crachoir de chevet en laiton (XVIIIe) Var Diam. 13 h 9,5 diam. base 6 |
La toux, l'abondance des crachats, une baisse de l'état général, associés à une cyanose, une polypnée… incitent le patient à consulter son médecin. Jusqu'au début du XIXe siècle, l'auscultation est dite immédiate, par contact direct de l'oreille du médecin sur la poitrine ou le dos de son patient.
L'écoute des bruits audibles dans l'organisme est utilisée au moins depuis le XVIIe siècle avant J.-C., en Egypte. Hippocrate pratique une auscultation pour dépister la présence anormale de liquides au niveau de la poitrine. Au XVIIe siècle de notre ère, William Harvey (voir notre article sur la cardiologie) écoute les bruits du cœur de la même façon.
En 1816, "dans le feu de l'action", Laennec invente le premier stéthoscope, constitué d'un simple cahier de papier enroulé sur lui-même. Il évite, pour des raisons de pudeur, le contact direct avec la peau d'une jeune malade : c'est l'auscultation médiate. Il en résulte une amplification des bruits : "méthode utile et applicable ; non seulement à l'étude des battements du cœur, mais encore à celle de tous les mouvements qui peuvent produire du bruit dans la cavité de la poitrine, et par conséquent à l'exploration de la respiration, de la voix, du râle, et peut-être même de la fluctuation d'un liquide épanché dans les plèvres…". Tourneur sur bois et flutiste, Laennec réalise, en 1817, son premier "cylindre" en buis, un bois qu'il utilise pour réaliser ses instruments de musique. Poussé à donner un nom à cet "instrument", il l'appelle stéthoscope, assemblage de deux mots grecs "Je vois" et "poitrine". Cette 1ère version est composée de 3 pièces, les deux plus longues étant reliées entre elles par un pas de vis.
En 1826, une nouvelle version est présentée dans la deuxième édition de son "Mémoire sur l'auscultation" : le pas de vis disparaît et est remplacé par un arrondi convexe de la première partie qui vient s'emboîter dans un arrondi concave de la deuxième.
Stéthoscope de Laennec (version 2) |
En acajou et ivoire, ce stéthoscope n'a pas été facile à identifier. Non représenté dans les catalogues ou les livres dont nous disposons, il avait été placé dans le carton des instruments inconnus. Lors de la rédaction de cet article, nous avons cherché à en savoir un peu plus sur l'histoire du stéthoscope. La chance nous a souri avec cet article très documenté publié par "Medical antiques online".
Des modèles plus simples et monoxyles sont apparus dès 1830.
Stéthoscope dérivé Laennec |
Le catalogue Lépine de 1899 présente le stéthoscope mono-auriculaire de Giraud : dans notre modèle, seul le pavillon est d'origine, identique à celui du catalogue.
Par la suite, l'instrument évolue, en permettant, notamment, une écoute bi-auriculaire.
Celui que nous présentons a été conçu en 1894, par deux chercheurs italiens, l'un médecin, Aurelio Bianchi, l'autre physicien, Eugenio Biazzi. Ils appellent cet instrument le "Phonendoscope". Ce stéthoscope comprend deux membranes superposées sur lesquelles est centrée une tige terminée par un bouton tronconique. Celui-ci est déplacé sur les différentes parties du corps à examiner. La détection du moindre bruit peut y être obtenue, et pas seulement au niveau du cœur ou des poumons. L'écoute est bi-auriculaire, chaque tuyau étant terminé par une olive en verre introduite dans l'oreille du praticien. Cet instrument est fabriqué par C. Verdin, et commercialisé par Boulitte, à Paris. Le stéthoscope d'aujourd'hui en dérive par des possibilités quasiment équivalentes.
Le coffret (12 x 9) contient tous les éléments du phonendoscope : deux olives en verre, deux olives métalliques permettant de relier les tuyaux à la membrane inférieure, deux tuyaux en caoutchouc, deux tiges à visser au centre de la membrane supérieure ; la tige la plus longue est pleine, terminée par un bouton plein, la plus courte est creuse terminée par un bouton troué ; enfin, les deux membranes maintenues dans deux cadres en acier inoxydable.
Toutes les pièces sont assemblées : à gauche, on distingue encore les deux membranes.
Dans ces deux photographies, on voit le mode d'insertion des tuyaux dans le support des membranes, via les olives métalliques.
Tige et bouton pleins Tige et bouton creux |
Phonendoscope de Bianchi et Biazzi Loire BOULITTE A PARIS Diam. membranes 6,5 tiges : creuse : 5 ; pleine : 7 |
Le stéthoscope a ensuite évolué pour obtenir la forme que l'on connaît aujourd'hui. Le modèle que nous présentons n'est pas en parfait état (preuve de son ancienneté !?), date vraisemblablement du début du XXe siècle, de marque LÉPINE.
Les pavillons ont des formes, des tailles variables.
Pavillon en cloche ouverte, pavillon double à membrane (la plus petite pour enfant ou auscultation de la carotide)…
Autre instrument d'observation et d'écoute, le pleximètre. Placé sur la cage thoracique, il est percuté par un marteau. Le son qui en résulte permet d'apprécier l'état des poumons, de localiser une collection liquidienne. Certains pleximètres comportent une échelle graduée qui permet d'identifier les contours d'un organe interne.
Pleximètres en ivoire |
Le marteau utilisé est un marteau à réflexe de type Trömner à tête ronde.
Marteau à réflexe de type Trömner* |
*Ernst Trömner (1868 – 1930).
Le pleximètre a été combiné avec un stéthoscope par Pierre Adolphe Piorry, vers 1828
A côté de ces éléments de prélèvement, d'observation, de diagnostic, le pneumologue dispose de quelques instruments de soins.
Très utilisé par les égyptiens, l'inhalation est toujours d'actualité et constitue souvent une auto-médication. Le matériel nécessaire n'est pas très compliqué : un bol rempli d'eau chaude dans lequel on place le principe actif, souvent à base d'eucalyptol. Les vapeurs bénéfiques montent vers le nez… Une serviette sur la tête peut constituer une chambre plus ou moins fermée. Plus sophistiqué, mais guère plus, l'inhalateur en tôle émaillée permet de concentrer les vapeurs.
Inhalateur |
Plus récent, ce pulvérisateur-nébuliseur permet de réaliser des pulvérisations humides ou sèches.
Avec l'arrivée de l'électricité, il a été possible d'assainir l'atmosphère d'une pièce, de diffuser un principe actif volatil : l'instrument est un brumisateur.
Brumisateur Rhône EDLA COURBEVOIE SEINE 17 x 14 x 9,5 |
Autre traitement possible, le cataplasme ou sinapisme, décongestionnant des voies respiratoires et fluidifiant les mucosités. Les plus anciens s'en souviennent… Le plus connu est le sinapisme RIGOLLOT (un pharmacien stéphanois !) : en 1866, son inventeur eut l'idée de fixer, à l'aide d'une solution de caoutchouc, de la farine de moutarde noire déshuilée sur une feuille de papier. Le succès fut immédiat : le produit est adopté par les hôpitaux, le ministère des Armées… On le trouve encore aujourd'hui, sous la même présentation.
Pour terminer cet article, nous présentons l'habituel objet mystérieux. Il s'agit d'une mallette qui contient une trentaine de daguerréotypes cloués sur des planchettes de bois (7,2 x 6,7 x 2,3 cm) numérotés de 1 à 24. Elles représentent toutes une cage thoracique avec une image variable des poumons. Il y a également un tampon représentant l'ensemble poumons – cœur. Nous savons juste que l'ensemble servit de support à une thèse pour obtenir le grade de docteur en médecine. Connaissant le nom du postulant, nous avons cherché la thèse en question dans les archives de la fin du XIXe, début du XXe siècle (pour mémoire, l'utilisation de la radiographie débute en France en 1897). En vain. Un œil averti de spécialiste nous permettrait d'en savoir un peu plus.
FIN