LES  OUTILS   DE   L'IMPRIMEUR

 

 

 

 

Comme à l'habitude, cet article illustre "l'Histoire de l'imprimerie" que vous retrouvez dans les Métiers d'antan.

Nos collections concernent essentiellement la typographie et la lithographie. Nous tenterons de donner des explications pour la plupart des objets que nous présentons. Pour certains, nous espérons que des professionnels viendront combler nos lacunes. Nous essayerons également de garder une certaine chronologie de l'utilisation de ces objets. Enfin, nous ne traiterons ici que l'impression sur papier. Pour les tissus, nous préparons un article dans lequel ce sujet sera abordé.

La typographie utilise des planches en bois : le dessin ou le texte est réalisé sur cette planche ; le sculpteur enlève le bois autour de ces caractères. On obtient des imprimants en relief.

    

     

 

     
 

                                                                       Imprimants en relief en bois

                                         1   13 x 8,5 x 4,5  relief 0,7                  2  16 x 6 x 3,3  relief 0,7             
                                         3      14 x 13 x 3,5   relief 0,7               4    16,5 x 3,8 x 4   relief 1     

 

     

Ces imprimants sont sans doute très anciens. Quelle était leur destination ? Impression de tissus (vraisemblable) ou de papier (papier peint, par exemple) ?

Ce procédé perdure jusqu'au XIXe siècle pour les illustrations. Pour les lettres, la fabrication des caractères en alliage plomb, antimoine et étain débute dès le XVe siècle : c'est une partie des découvertes que l'on peut attribuer à Gutenberg. Pour réaliser ces caractères, on utilise des poinçons en acier très dur, des petites barres sur lesquelles un graveur cisèle les formes inversées, de gauche à droite, des caractères. Ce poinçon est martelé sur un bloc de cuivre, la matrice, qui sert de socle intérieur à un moule en acier, de section carrée ou rectangulaire, dans lequel est coulé l'alliage. Pour réaliser ces poinçons, le graveur dessine la lettre, puis élimine les parties qui l'entourent à la lime. Pour obtenir l'intérieur de lettres fermées comme le o, le p…ou pour creuser l'espace entre les différentes parties d'un caractère comme le m, le…, il utilise un contrepoinçons en acier encore plus dur. La dextérité et la vue des graveurs sont capitales pour répondre à la demande des créateurs de nouvelles polices.

 

     
                                              Poinçons de l'alphabet   L 10,5  Caractères 0,8   Poids total 3,960 kg  

 

     

 

   
                                        Poinçons de l'alphabet (série F)  L 7 et 8,5   Caractères 0,2  Poids total 1,180 kg   

 

     
                                          Poinçons de chiffres  L 9   caractères 0,4 (un seul poinçon pour le 6 et le 9)  

 

Limitée d'abord à quelques formes (gothiques, antiques…), la production devient beaucoup plus variée à partir du XVIIIe, et plus encore au XIXe siècle pour répondre à la demande des lecteurs, ces lecteurs de plus en plus avides de romans, d'informations.

Une police de caractères peut comporter jusqu'à 10 000 pièces. L'investissement est donc très lourd pour l'imprimeur. Des meubles de rangement et de stockage particuliers à multiples tiroirs sont donc nécessaires.

 

   
                                                        Deux meubles de rangement des caractères accolés
                                                       (le meuble : 152 x 85  h 105 au niveau des tiroirs)
 

 

Chaque tiroir contient une série de caractères de même police, de même taille : Antique grasse étroite, mi grasse étroite, Diane, Univers 55, Rosita, Banco, Amazone, Vendome étroit, Vendome gras italique, Europe gras.

 

   

 

   

 

Ces meubles de marque "JUD" comportent chacun 18 x 2 tiroirs. Au total, près d'une tonne de caractères pour l'ensemble.

 

     

 

Les caractères peuvent aussi être rangés dans des boîtes à compartiments, les casses, utilisées au moment de la composition du texte :

     

   
                                                                    Casse parisienne     65 x 44  

 

   
                                                                                          Casse 50 x 36,5  

 

En fait, il existe de nombreux types de casses : casses 2 pièces pour labeur et affiches, casses pour plusieurs œils, casse double-bas de casse, casse pour caractères d'écriture, casse pour filets systématiques et accolades, casses pour réglures, casse spéciale F.T.F., casses pour caractères étrangers (annamite, arabe, arménien, grec, hébreu). Chacune se distingue par la taille et la répartition des compartiments.

La composition du texte à partir de ces caractères n'est pas simple et nécessite un petit outillage posé sur un pupitre ou une table de métier haute pour permettre à l'ouvrier de travailler debout :

 

 

   
                                        Table dite de métier provenant d'une ancienne imprimerie
                                                                            152 x 85  h 90
 

 

 

Ce matériel comprend :

- le composteur : il est utilisé pour composer les lignes destinées à l'impression typographique.                 

                                                   

   
 

                                                                    Composteurs à corrections avec poignée

                                                                1 L 34,5   L utile 25              2 L 42   L utile 30

 

 

 

   
   
       Composteur de taille utile variable, de 5 en 5 cm, environ   L 104  

 

 

- la galée : plaque métallique qui reçoit les lignes réunies ensemble par de la ficelle pour former des paquets.

  

     
                                                      Galées   1 48,5 x 32,5       2  43,5 x 27,5  

 

- la ficelle :

 

   
     Paquet : l'ensemble du texte à imprimer est maintenue par une ficelle  

 

Les paquets qui composent une page sont réunis fermement dans un châssis placé dans la presse.

- le châssis, pour imprimer deux pages de même format,  et la ramette, un châssis sans barre centrale pour imprimer un document ne comportant qu'une page. Les plus anciens sont en bois.

 

     
                                     Châssis  33,5 x 33                                                                        Ramette  33 x 33  

 

Il existe de très nombreuses tailles de châssis et de ramettes en fonction du papier utilisé.

 

   

 

La taille des presses varie en fonction du travail à exécuter. Pour la seule que nous possédons (petite, plus de 300 kg), nous espérons qu'un professionnel (devenu rare) pourra nous donner quelques précisions sur sa manière de l'utiliser : mise en place du châssis, encrage…

 

   

 

 

 








 
                                                                            Presse B. DELAYE   h 1,20 m  

                                      

L'entreprise B.DELAYE était en activité à la fin du XIXe siècle. La BnF présente un catalogue très détaillé de cette entreprise qui présente le matériel proposé et les différentes techniques d'impression de l'époque.

Avant ou après l'impression, les dimensions des feuilles de papier doivent être ajustées. C'est le rôle du massicot.

             

   
                                             Massicot : table 130 x 120 ; cisaille 170 ; poids total : environ 250 kg  

 

A côté de la typographie, nous avons évoqué la lithographie. Nous vous proposons deux exemples de pierres qui datent vraisemblablement de la fin du XIXe siècle ou du tout début du XXe. Pas de place de perdue, nombreuses polices de caractères, illustrations…

  

   








 
 

                                                                Pierre de lithogravure  n° 87   32,5 x 27 x 4,3

 

 

 

   







 
                                                                           Pierre de lithogravure n° 62    38 x 27 x 6,2  

                          

Une fois imprimées, les pages ou les cahiers peuvent être réunis pour former un livre. C'est le rôle du relieur. De nombreux outils, souvent non spécifiques, sont nécessaires : ciseaux, scalpel, compas à pointes sèches, équerres, poinçons, marteaux, scie à grecquer, lime tiers point, pinceaux, aiguilles… A côté de ce petit matériel, le relieur doit disposer de plusieurs outils plus importants dont le cousoir qui permet de réunir les cahiers entre eux et une presse particulièrement utile pour les collages.

 

   
                                                                                  Cousoir 100 x 29,5 x 56  

 

 

 

 

   
                               Presse à relier d'imprimeur                                                           Presse à relier dite de notaire
                           33 x 27 x h 37  poids 19,5 kg                                                          36 x 3 x h 35  poids 16,5 kg
 

 

Ce matériel correspond, bien sûr, à un travail artisanal de relieur qui peut être encore utilisé. Pour les éditions importantes, industrielles, c'est une autre question ..!

 

Tous ces outils concernent le professionnel, artisan ou chef d'entreprise avec des ouvriers plus ou moins spécialisés. Pour les petites productions, familiales ou scolaires, il existe quelques objets qui permettent d'embellir ou de reproduire des courriers.

La presse à gaufrage permet d'apporter une petite touche personnelle :

                                                  

       
                 Presse à gaufrage  8 x 4                                                                      Décoration en relief  

  

Pour une reproduction qui ne vaut pas celle de l'imprimeur, mais qui est rapide et peu couteuse, le maître d'école utilisait jusque dans les années 1960 le "Limographe de Maurice Eyquem". A l'aide d'un poinçon très fin ou d'une machine à écrire, on écrit le texte sur un stencil, c'est-à-dire une feuille enrobée de cire et qui se perfore facilement. Plus les trous sont proches, plus la ligne composant un trait, une lettre, sera continue. Le stencil ainsi préparé est placé sous une gaze de soie maintenue dans un cadre et sur le papier à imprimer. Un rouleau encreur est passé sur la gaze qui permet une bonne répartition de l'encre sur le stencil. Celle-ci traverse la gaze, puis le stencil et, enfin, imprime le texte ou le dessin sur la feuille de papier.

 

 

     

 

     

 

   
                                                       Limographe de Maurice EYQUEM    Coffret 38 x 33 x 13,5  

                   

La plaque en pierre sert à l'encrage du rouleau. Le cadre extérieur sert à maintenir la gaze de soie bien tendue qui vient au contact du stencil fixé dans le deuxième cadre solidaire du marbre par des charnières. Enfin sur le marbre, on place la feuille à imprimer.

Les deux cadres (gaze et stencil) sont fermement reliés par des crochets : si le rouleau encreur était appliqué directement sur le stencil, il provoquerait un froissement, voire un déchirement de celui-ci.

Pour des informations plus précises, voir "Les dossiers pédagogiques de l'éducateur".

 

Comme souvent dans nos articles, reste la question des inconnus qui nécessitent l'interrogation de professionnels :

D'abord, cette petite presse :

     

   

 

 

 





   
                                                                                                  Presse (?)  

   

Cette règle ultra plate n'est pas graduée.

   
                                                                                   Règle   90 x 5,8 x 0,3  

 

Autre inconnue, ces "tampons sur bois" qui ont servi à la constitution de catalogues, il y a sans doute plus d'un siècle. Par quel procédé ont-ils été réalisés ? Photogravure vraisemblablement, mais à confirmer. Leur qualité, leur finesse, nous incitent à partager ces quelques photographies.

 

   
                                                                       Catalogue MORIN : Le dessinateur  

 

   






 
                       Détail : le dessinateur devant sa table                                          Ses mains tiennent le hachurateur  

 

 

            

   
                                                        Catalogue MORIN : L'arpenteur-géomètre
                                                       (la lunette du bas fait partie du catalogue SECRETAN)
 

 

       
       Niveau d'eau de précision                                           Pantomètre                                                        Boussole  

 

 

   
                                                                   Catalogue MORIN (?) : L'horloger  

 

 

   
                                                                       Catalogue MORIN (?) : Le météorologue  

                                 

 

A travers ces quelques photographies, nous espérons avoir présenté un résumé fiable, même s'il est très incomplet, sur le matériel de ce métier d'imprimeur. Beaucoup de questions restent à clarifier. Il est difficile de rencontrer des typographes susceptibles de nous apporter quelques lumières, mais nous ne désespérons pas. Dès que possible, nous apporterons des précisions sur l'utilisation de certains de ces "outils". Nous le signalerons dans la page d'accueil, dans la rubrique "En bref".

 

 

 

FIN

 

 

A.R.C.O.M.A. : Nos outils d'imprimeur